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The Christmas Decay [Solo]

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Shaun Kelly
Lieutenant
Bannière perso (image 901x180px) : Rangers lead the way!
√ Arrivée le : 25/08/2020
√ Date de naissance : 25/12/1981
√ Nationalité : Américain

√ Age : 42
√ Messages : 165
√ Localisation : Cité d'Atlantis

Liste de vos DC : Aidan Foster

Mer 5 Jan - 17:09

Shaun Kelly





The Christmas Decay

Solo





De très longs mois s’étaient écoulés depuis son dernier retour sur Terre, mais ce fut plus qu’un dépaysement qu’il ressentit lorsque Shaun posa le pied sur le sol américain, le cœur fluctuant de sentiments, pulsant d’une nostalgie nouvelle et d’un besoin presque irréel. Là-haut, si loin dans les étoiles, dans cette autre vie qui était la sienne désormais, tout paraissait à la fois si froid et immémorial, délesté des moindres apparats qui faisaient de lui un être humain. Au fil des semaines, son sourire s’était évaporé et son esprit asséché. Sa réputation s’était endurcie, ineffable et inaccessible. Une facilité pour lui, d'échapper aux affres de ses ressentis.

Mais sur cette planète, celle qui l’a vu naitre et grandir, celle qui l’a forgé et façonné, chaque seconde qui entrainait une respiration supplémentaire marquait une hésitation déchirante. Le froid avait envahi les rues de Denver depuis quelque temps déjà, et comme chaque année, ses habitants auraient le droit à un Noël blanc. Une fine couche avait envahi les boulevards, bien que la densité des précipitations n’était pas à son comble pour faire croître les hauteurs de neige sur les bas-côtés de la route. Et la vie continuait, au même degré qu'un train quotidien, un passage lassant des saisons sur le monde. Ici, tout paraissait authentique, comme cet homme semant du sable sur l’allée de son jardin ou ces deux enfants riant aux éclats des maigres boules qui se lançaient à la figure, récolté sur le rebord d'une ballustrade de bois. Tout était à l’échelle d’une innocence qu’une vérité avait perdue dans le néant.

L’autobus avait déposé ses voyageurs à quelques pâtés de maisons de la destination finale de l’officier, aux abords de ce quartier résidentiel calme et silencieux qui se préparait à célébrer ce jour saint de la naissance du Christ, en famille, autour d’une énorme Dinde aux marrons et patate douces, ou encore d’un jambon glacé à l’ananas, tous ces repas plébiscités du tout commun. Une immense colonne de vapeur d’eau s’extrada d’entre les lèvres et les narines de l’homme au souffle brûlant, qui observait, immobile et figé, ce lieu qui lui paraissait à la fois si étranger et si familier. Tout le monde avait déserté les rues maintenant, cadeaux aux bras, sourires aux visages, ces élans festifs qui marquaient leur trait et leur discours, laissant seul sur le vernis du manteau d'argent, cette silhouette solidifiée. Le ciel s’était un peu plus alourdi, et bientôt, de nouveaux flocons vinrent rejoindre le ballet du vent glacé, se collant aux dunes blanches, aux arbustes camouflés, au bitume salé, et fatalement au bonnet noir qui couvrait la tête du militaire, comme dans sa barbe légère ou sur ses épaules surplombées d’une épaisse parka sombre.

La luminosité avait baissé, le gris ombrageux des nuages se confondant avec la couleur des iris qui le braquait, d’une fixation aussi intense que ces pensées qu’elle masquait. Chaque instant qui est passé, était un nœud supplémentaire qui se formait au plus profond de ses entrailles. Qu’est-ce qui avait de plus terrible à affronter que des Wraiths déchainés, des Geniis vicieux ou des reptiles qu’un pas aurait fait trembler la terre et un souffle décimé une ville entière ? Il avait pourtant combattu tout ça, sauvé des individus, tués d’autre, et dans sa globalité, aidé l’humanité à conserver son rang prépondérant dans cette différente galaxie, sans même une seule once d’hésitation. Il était devenu le « robot » pour certains, si bien qu’une rumeur des bas dortoirs du pôle militaire l’eût même suspecté d’être un réplicant, confession entre deux parties illégales de poker.

Mais là, dans le Colorado, il n’était plus que Shaun Kelly, le natif des hautes terres du Michigan, le voisin qu’on ne voyait jamais, l’ex-mari déserteur d’une union qui fut si parfaite, un père regretté. C’était sans doute pour ça que l’hésitation le gagnait chaque fois un peu plus tandis qu’il avançait sur ce trottoir blanchi. Parce qu’ici, on lui demandait de ressentir et d’aimer, deux choses dont il ne se sentait plus capable avec le temps, plus depuis que cette tombe avait été creusée. Il voulait pourtant, et ardemment que ce jour soit un tournant, une page supplémentaire dans le livre de son histoire, un souvenir qu’il pourrait graver dans un marbre ivoire aussi nettement que l’épitaphe qui le hantait. C'est pour cela qu'il trouva l'élan d'avancer.

Ce n’était pas la première fois qu’il prenait ce chemin. Il avait cependant pensé que la dernière le serait véritablement, mais il était là, bien là, un sac large et épais qui affaissait son épaule droite sous son poids, les anses de tissu retenu par une main qui y était accolé. La neige continuait de tomber, clairsemant sa pilosité faciale poivre et sel de quelques taches blanches additionnelles, et s’échouant par moment aux abords de ses lèvres qui en captaient toute la froideur, et la faisait fondre sous l’intensité chaude de son épiderme. Les devantures s’enchainaient, sur les halos des lampions décoratifs qui pulsaient, multicolores. Les Greens avaient encore fait fort, cette année, agrémentant sans aucun doute la facture d’électricité de quelques chiffres supplémentaires. Un traineau avait été loué pour l’occasion, trônant dans l’avant du jardin, tracté par un majestueux renne de plus d’un mètre de haut et scintillant d’éclat d’azur. Le père qu’il était s’y était autrefois prêté au jeu, des années durant, perpétuant la tradition de cette période qui cherchait la chaleur des hommes. Le temps avait aussi tué ces célébrités pour lui.

Et tandis que la façade d’une maison bien particulière se profilait un peu plus loin, le visage de Shaun tombait peu à peu jusqu’à ce que ses iris n’en viennent à fixer le bout de ses chaussures, retardant ainsi l’échéance de la confrontation. Si le rythme de sa progression avait quelque peu ralenti, elle s’était rendue immuable, et si les minutes écoulées lui avaient paru effroyablement courtes, l’insigne de la boite aux lettres — au marteau replié, arriva enfin devant son attention qui devint rapidement anxieuse et perplexe. Là, juste derrière, garé sur l’allée, suivant la sempiternelle Ford grise familiale, se tenait une Dodge RAM sombre à peine nappée de flocon, l’arrière grossier dépassant sur le sentier dallé. Une voiture qu'il ne connaissait pas, tout comme la silhouette qui passa promptement au-delà du fin rideau du salon.
@DamianVK

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