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Le cinquième vol

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Lun 14 Jan - 16:02

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



Elle était folle cette fille.
Complètement ravagée dans sa tête.

Le piquet avait été tellement rapide et spontané, en mode “Ben allons crever tiens !”, que cela lui arracha un cri de surprise. Le copilote jura en maugréant dans son casque, se mettant tout de suite à la manoeuvre, pour tenter de rendre la vie au piaf des étoiles.
//Allez...allez...//

Il n’y avait que ses sangles qui le retenait. Sans elle, il se serait écroulé sur la verrière qui faisait la séparation entre sa cabine et celle de Chenoa. Les jambes serrées, le coeur à cent à l’heure, Greer appliquait sa solution tout en lâchant des plaintes régulière. Il sentait l’appareil plonger de plus en plus vite tandis que ce foutu bouchon ne voulait pas toujours partir. La modélisation sur son écran montrait bien que ça bougeait. Comme toute propulsion à réaction, il fallait une circulation de gaz pour assister le refroidissement et assister l’échappement. Ce modèle bien plus évolué en terme de technologie n’échappait pas à la régle. C’est bien pour ça que le F-302 passait d’une propulsion subluminique à un réacteur à réaction en passant dans l’atmosphère.

Avec toutes ces folies, EagleStar avait absorbé un tas de déchet dans la bouche d’aération. Pas de circulation de flux, pas de moteur. Mais ça bougeait, il voyait bien que ça bougeait. Chenoa s’écria à son tour, lui faisant une blague qui l’amusa beaucoup intérieurement. De la soupe à l’emplumée, hmmm…
Scott le nota mais il ne répondit pas.
Pleinement absorbé dans son écran, il se sentait comme le pauvre mec du Far West qui attendait le gong de l’horloge pour dégainer. Le copilote se ferma entièrement à la réalité, il repoussa tous les détails qui lui faisaient sentir qu’il approchaient du sol. Tout ça pour se préparer à enclencher la réaction le plus vite possible. Il ne fallait pas s’y fier : il se chiait littéralement dessus. Il respirait fort, il suait, ses mains tremblaient. Mais il n’allait pas louper sa chance.

La modélisation bougea. Les différents corps formant le bouchon s’étaient déplacés. Ils s’émiéttaient, ils se disloquaient. Et enfin, enfin, le tout fut soufflé par la puissance de l’air pénétrant dans la bouche d’aération. Ils tombaient à une telle vitesse que la pression, conjuguée à celle appliquée dans le collecteur, avait fini par dégager l’obstruction. Greer serra les dents si fort qu’il eut l’impression de les sentir se fissurer. Il activa la propulsion une première fois.
Comme à chaque essai, le moteur toussa et s’eteignit. Mais il recommença. Encore, encore, encore. Et encore une fois. Il su à la réaction de Chenoa à quel point ils approchaient. Mais Scott recommença encore.

BAM !

On aurait pu croire à une explosion interne. La fin du voyage ce coup-là.
Mais en réalité, EagleStar venait de lâcher comme une odieuse flatulence. Une nappe de gaz gras s’éjecta autant de ses tuyères détruites que de ses organes de circulation de flux. Le tout fut très vite chassé par la chute mortelle. Et en même temps qu’un hurlement comparable à un supporter trop passionné dans un stade bondé, toutes les lumières qui n’avaient pas fondu s’allumèrent d’un coup. PAF ! La reprise de la vie, et une saine vibration dans la carlingue qui correspondait au roulement du réacteur atmosphérique. Le F-302 avait comme déployé ses ailes. Chenoa pouvait sentir ses gouvernes en mode aérien lui répondre sur le champ.

//TIMBER !!!!!!!!!//

Un immeuble venait d'apparaître devant eux.
Une construction grise, comme du sable séché et solidifié, voir fossilisé. Mais comme un immeuble.
Ils allaient droit dessus ! Juste derrière, les bâtisses irrégulières et plus ou moins élevée d’une civilisation étrangère…

Au beau milieu d’une guerre avec les Wraiths !!



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Lun 14 Jan - 16:04

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


Bon… Cette fois c’était vraiment la fin. Le sol se rapprochait à grande vitesse. L’oiseau des étoiles était en train d'entraîner ses deux humains dans sa chute. Ils allaient crever à trois, éclaté à la surface de cette planète. Si un jour le Dédale venait dans le coin, il pourrait peut-être retrouver quelques restes à renvoyer sur Terre, éparpillés ici et là. Une petite cuillère suffirait à les ramasser bout par bout, puis finalement ils passeraient l’aspirateur et ça irait bien. Quoique la faune locale aurait certainement fait le boulot avant. Chenoa mourrait d’envie de tirer sur le manche, pour utiliser les panneaux latéraux et planer, mais le but était de faire redémarrer le moteur.

A chaque essai, la jeune femme était prête à tirer de toutes ses forces pour redresser la barre. Mais à chaque fois, le moteur toussait et s’arrêtait. A chaque fois, des sueurs froides lui coulaient dans le dos. Elle laissait encore quinze secondes à son avion pour cracher sa frustration et mettre les gazs, sinon ben elle tenterait de redresser et de planer jusqu’à poser l’engin sur un endroit à peu près plan.
14.
12 // Je suis désolée... J’aurai du mettre ces putains de peintures !//




09 // Au moins on n’aura pas mal. //
08

06 // C’était presque un plaisir Cross. //
...
03

Un immense bruit déchira le vaisseau de l’intérieur. Ils avaient touché le sol ? Ils étaient morts ? Non, la descente continuait toujours aussi rapidement. Pas besoin du cri de Scott pour que Chenoa sente son manche réagir. Eaglestar venait de renaître de ses putains de cendres chaudes !!
La bûcheronne ne se fit pas prier. Aussitôt, elle tira tellement le manche vers elle qu’elle le cala entre ses jambes pour s’aider :
// TIRE SUR LE MANCHE AVEC MOI CROSS !!!!! //, gueula-t-elle dans le micro.
//Reçu !//
Elle était bien bâtie mais pour le coup, elle avait besoin que son copilote tire avec elle. Il fallait à tout prix redresser le nez de l’appareil pour éviter la collision et quelque chose lui disait que l’aide au pilotage était HS à ce niveau là.
Soudainement, un immeuble se dessina devant eux. Il était leur prochaine point de passage obligé s’ils continuaient dans cette direction. Il ne fallait plus seulement tirer maintenant, il fallait tourner.
// A trois, tu tournes à gauche avec moi. UN DEUX TROIS !! //. Le F-302 s’inclina brutalement. Dans l’espace elle n’aurait pas eu besoin de contrer les effets de l’air qui se ressentaient dans le manche, malgré les multiples systèmes d’aide au pilotage embarqué. Mais là, avec les défaillances multiples, le F-302 devait répartir ses forces sur les systèmes vitaux.

L’aile frôla la structure qui s’émietta comme du sable. Une alerte arriva en même temps qu’un tir de blast qui passa près de l’appareil. Le suivant toucha l’extrémité de l’aile, sans endommager les volets fort heureusement. Ils étaient déjà bien dans la merde, si en plus ils devaient ramasser des tirs.

// Cross on en a un dans nos six heures, lâche les commandes de vols je m’en charge. Check-up de notre capacité à ramasser et de notre armement s’teu plaît. J’ai pas l’info sur mes écrans ! //


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Lun 14 Jan - 16:05

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



//Reçu !!//

Chenoa tentait des manoeuvres d’évitement pour ne pas ramasser d’autres tirs. Elle naviguait à vue entre les bâtiments de sable qui s’élevait comme des monolithes au milieu de nul part. Elle ne savait pas où ils étaient, mais ça se frittait sévère ici.

Pour l’instant, ils survolaient des ruines. Beaucoup de ces étranges bâtiments avaient été meurtri par des blasts de vaisseaux ruche, ça donnait tout l’air d’un bombardement planétaire. Beaucoup de corps de créatures bizarre jonchaient le sol. Mais étant pourchassé, il était impossible de s’y attarder. La bataille entre les Wraiths et ces curieux aliens continuait plus loin. Presque à l’horizon, une nuée de tirs d’énergie montaient dans les cieux comme des feux d’artifice. Comme une sorte de DCA où les darts, petits tant ils étaient éloignés, s’empalaient honteusement. Mais leurs mouvements indiquaient très clairement qu’ils attaquaient des cibles au sol. Ca devait être un vrai massacre là-bas.
Pourquoi ? Parce que l’endroit où Chenoa fuyait pour tenter d’éviter les tirs était vaste. Il n’y avait pas de sélection ici. C’était tout simplement un génocide massif, une destruction organisée de ces êtres. Des dizaines, des centaines de kilomètres carrés de surface rendus stériles et poussiéreux. Depuis combien de temps se bagarraient-ils ?
Une certitude, c’est que malgré ce qu’ils avaient subi, les wraiths étaient en train de gagner. Le secteur de la bataille à l’horizon semblait dérisoire face à tout le terrain qui avait été conquis et rasé par l’ennemi.

Le micro s’activa sur la voix de Scott :
//L’AMX fonctionne encore, tir missile possible. Soixante dix pour cent des réserves de munitions au canon. Assistance à la visée HS, poursuite radar HS, affichage OK. On a toujours les contre-mesures mais seulement trois coups. Le moteur fonctionne mais on cumule les défauts mécaniques de navigation. L’hydraulique tient bon !//



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Lun 14 Jan - 16:07

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


// Parfait c’est plus que ce qu’il m’en faut… //, rala-t-elle dans sa radio. Elle ne pouvait pas en vouloir à Cross, c’était le messager, pas le problème.
Cette mission était de pire en pire. Franchement, la prochaine fois, elle respecterait le protocole plutôt que de se laisser séduire par les voix tentatrices des Sirènes du Danger. S’ils n’avaient pas eu leur dose d’évènements spectaculaires et non routiniers pour deux ans, il fallait vraiment se demander ce qu’ils leur faudraient.
Il ne restait qu’un missile, et il allait falloir l’utiliser à bon escient. Du coup, elle se mit en tête d’abattre le dart qui les avait pris en chasse avec son canon et pas avec un missile qu’elle pourrait garder pour une meilleure occasion. On ne sait jamais si un sbire fêtait son anniversaire aujourd’hui !

// Est-ce qu’on continue d’émettre sur la balise de détresse ? //, demanda-t-elle, essoufflée, après un nouveau tonneau barriqué qui leur avait permis d’éviter deux nouveaux blasts et de garder assez d’énergie pour continuer à essayer de s’éloigner.
//On émet !//

Bon déjà, il fallait qu’elle augmente l’écart AOT avec son ennemi et c’était ce qu’elle faisait en effectuant les diverses manoeuvres d’évitement. Pour le moment, l’angle était trop faible, étant dans ses 12h. Il n’avait qu’à faire feu en ligne droite pour la dégommer.

// Accroche toi Cross, je vais essayer de le faire overshooter ce connard ! //

Il n’y avait que ça à faire dans cette situation. Chenoa était une jeune pilote. Certes, elle avait des heures aux compteurs en simulateur mais ce n’était pas pareil qu’un véritable engagement. Elle attendait une manoeuvre de type yoyo bas du pilote ennemi pour tenter un truc. Alors que ce dernier l’effectuait pour essayer de gagner en vitesse sur elle et de pouvoir se mettre plus proche afin de mieux l’ajuster, elle contra instinctivement avec un immelman à droite, prenant le contre angle de la manoeuvre du pilote ennemi. Le problème, c’est que sans radar de poursuite, elle ne savait pas bien où il se trouvait avant de voir passer les blasts. Ca devenait vraiment compliqué de se battre dans ces conditions qui étaient loin d’être académiques. L’autre arriva sur son aile tribord et piqua vers elle, l’entrainant dans un combat en ciseaux. Quand il piquait vers elle, elle piquait vers lui, l’un essayant de repasser derrière l’autre. C’était la merde.
Un combat en ciseau était la pire technique du monde de l’aviation, et tout le monde s’accordait à dire que si on en arrivait là, c’était qu’on avait merdé. D’un côté, merdé pour merdé, pour Chenoa, c’était pareil. Elle était dans les 12h de son ennemi, donc c’était quand même moins la merde d'être en ciseau que d’être en position de cible.
A chaque croisement, elle essayait de le shooter au canon, mais les tirs se croisaient et le risque de se percuter devenait alors le risque numéro un quand les deux aéronefs se croisaient. Elle avait presque réussi à le faire overshooté, c’est à dire à le faire passer devant elle en jouant sur sa vitesse, mais il avait contré avec cette mise en ciseau foireuse et maintenant, la sortie de ce combat merdique se ferait grâce aux capacités de virage des avions, et à celui qui arriverait à virer au plus tôt en gardant assez d’énergie et de vitalité dans son appareil pour tirer.
Peut-être que si elle avait été plus expérimenté, elle aurait réussit à s’en tirer un peu mieux au moment où l’autre s’était mis en ciseau avec elle. Elle n’avait répondu à cette stratégie que par une réponse similaire alors qu’il y avait peut-être d’autre chose à faire pour exploiter l’erreur de l’adversaire. Qu’importe, maintenant il fallait sortir de là. Ils se dirigeaient vers des monolithes de sable en se croisant et en se recroisant, toujours en essayant de passer l’un derrière l’autre. Soudainement, alors qu’ils arrivaient en direction de la succession de tours, elle vira à droite en imposant de lourde contrainte de charge, et aux deux humains, et à l’appareil. Les G montèrent en flèche alors qu’elle partait à l’oblique vers le sol pour gagner en vitesse. Le Wraith, surpris, passa à gauche des tours, lui imposant un contournement long et imposant à moins de repasser par dessus les édifices. Il choisit cette option, prenant de l’altitude assez sèchement, ce qui lui valu de perdre en vitesse.

C’était une erreur de plus que Chenoa comptait bien exploiter. Dans tous les cas, le Wraith allait passer devant elle pour la bonne et simple raison que s’ils faisaient le grand tour, avec la vitesse accumulée dans son virage, elle allait le rattraper, et s’il passait par dessus pour tenter de la rejoindre, elle serait plus rapidement derrière lui après une succession de virage oblige plongeant et montant visant à la remettre dans ses six heures. Elle réduisait donc l’angle et maintenant, il ne lui restait plus qu’à mettre son nez en direction de l’avant du Dart, sans passer devant comme une conne. Car une poursuite avec un angle d’avance réduit la distance entre les avions, et permet d’utiliser le canon sur une position hypothétique où se trouverait l’apapreil au moment où les balles arriveraient. Le pilote essayait de faire des virages d’évitement, mais la jeune femme gérait sa propulsion pour ne pas le dépasser. Il était doué, mais il allait y passer.

Elle pressa la gâchette pour faire chanter le canon électromagnétique. Les projectiles fusèrent à toute vitesse et arrachèrent une partie de la carlingue arrière du dart qui ne tarda pas à exploser. Chenoa traversa le nuage de débris et fonça vers le sol, essayant de prendre de la distance avec la guerre qui faisait rage. Elle transpirait à grosse goûte et ses capacités de concentration commençaient à décliner à vitesse grand V.

// J’vais plus tenir longtemps à ce rythme Cross. //, avoua-t-elle, hors d’haleine. Il n’y pourrait pas grand chose si un nouvel ennemi se présentait à eux, mais elle préférait être honnête. La prise en ciseau l’avait tellement tenue nerveusement qu’elle en tremblait presque maintenant qu’elle avait abattu son premier Dart de toute sa petite carrière. Elle n’en savourait pas vraiment la victoire, même si elle était plutôt satisfaite d’avoir commencé son tableau de chasse.


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Lun 14 Jan - 16:08

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



Durant tout ce duel, Scott avait été odieusement tiraillé entre ses multiples réglages sur son ordinateur pour donner un maximum de chance à sa pilote, et voir ce qu’il se passait sous son nez. Souvent il poussait des plaintes involontaire en se sentant ballotté et en découvrant ce jeu de centrifugeuse, qu’ils faisaient les ciseaux, et combien leur vies étaient misées. Scott avait la trouille, il ne pouvait pas se l’interdire, l’ignorer. Ça le prenait aux tripes, ça le saisissait d’une telle force qu’il avait cette conviction que c’était le point de non retour. Cette fois, pas de joker, pas de deuxième chance, c’était le dart ou eux.

Tout du long de ce combat, Scott avait tout tenté, il s’était arraché les tripes comme jamais. Ses doigts dansaient partout sur son écran, il naviguait d’un problème à l’autre, organisait rapidement, décrétait les priorités. C’était surtout le moteur qui se rebellait aux nouvelles contraintes qu’on lui faisait subir. Chenoa en avait impérativement besoin.
Il tentait de stabiliser la propulsion, à équilibrer les flux hydraulique pour les volets, à tenter encore et encore de récupérer le radar de poursuite. Le souffle et les plaintes de Chenoa le renseignaient sur ce qu’il se passait, ce qui se jouait de son côté. Il aurait tellement aimé pouvoir lui donner plus, il s’en arrachait les cheveux. Il avait besoin d’elle, il avait besoin qu’elle abandonne pas. Parce que, PUTAIN DE MERDE, ils n’allaient pas crever après tous ces efforts ! Pas après tout ça !!!

Quand la détonation du dart éclata et illumina leur verrière, Scott ressentit un soulagement d’une telle brutalité que s’en était presque orgasmique. Il cessa de travailler et se prit la tête entre les mains, malgré la présence du casque, tant le contrecoup était violent.
//Oh putain...putain...// Souffla-t-il en essayant de se reprendre.
Son oreillette laissait filtrer la voix de Penikett, il sentait qu’elle atteinte, qu’elle avait vécu ce duel à niveau inégalé. C’est le fait d’avoir eu cet avant goût de son côté, d’avoir vécu avec elle une telle pression, qu’il comprenait par compassion. S’il l’avait pu, il aurait franchi la séparation de la cabine pour lui agripper l’épaule et l’encourager.
//Timber...tu fais du bon boulot.// Lui souffla-t-il haletant pour la remonter. //T’es en train de nous sauver la vie. Ne lâche pas maintenant, ok ?//
Il se rendait compte qu’il respirait fort. Tout comme elle, il avait l’impression d’avoir couru un marathon. Un petit coup d’oeil en direction des jauges lui indiqua qu’ils avaient cramé leur oxygène encore plus vite. Il préféra ne rien lui dire. Il se disait qu’elle avait besoin de ne pas être seule, de ne pas se sentir isolée dans cet enfer. Elle avait vu sa vie dépendre de manoeuvre de vol et d’un tir bien placé.
Alors à défaut de pouvoir lui poser une main réconfortante sur l’épaule, il opta pour la voix :
//Je vais te ramener à la maison, Penikett. Je te le promets. Tu vas rentrer !//
Il était résolu, c’était une promesse qu’il lui faisait, un foutu serment. Autant pour elle que pour lui rendre l’espoir.
//Tout ce que tu as à faire, c’est de voler tranquillement avec EagleStar. Et moi je m’occupe du reste, d’accord ?//

La jeune femme restait silencieuse. Elle reprenait son souffle. Elle confirma la bonne réception par un // Hum hum. //, signifiant “oui oui” tout simplement. Elle était en train de se calmer et de se refaire une contenance. Le combat avait été éprouvant, autant en terme de manoeuvre que de stress. Autant, elle serait fraiche et dispo comme sur un début de mission, ça irait pour enchaîner, mais ils avaient toute l’aventure dans les pattes qui commençait à peser assez lourd dans la balance.
Ce n’était pas le genre de la maison de lâcher l’aventure maintenant, et elle ne se laisserait pas dézinguer sans tout donner, mais elle préférait être franche avec son comparse. La charge encaissée depuis le début commençait vraiment à la tanner sévèrement.

//Parfait...parfait...//
Le copilote se pencha de nouveau sur son travail. Il avait mal à la nuque tant il s’était raidi à chaque moment d’action. Il chercha à se masser et la soulager un peu avant de poursuivre son bidouillage. Le radar était mort, il n’y avait plus d’outil pour détecter l’ennemi et envoyer un missile. En revanche, il avait été étonné de recevoir encore des informations de terrains. Pression barométrique, signaux d’énergie, dont les moteurs ioniques des darts qui s’éteignaient les uns après les autres.

A force de farfouiller, Scott manqua de s’étouffer en découvrant que le Cerbère était encore actif. Il était désaxé de son pivot, toute sa structure visiblement déchirée et brûlée par la rentrée atmosphérique. Mais l’une des lentilles d’observation fonctionnait encore et des outils lui envoyaient des informations inespérées. Il pouvait donc récupérer une partie du cerbère et compenser la perte du radar.
Scott s’échina à récupérer la vidéo. Finalement, ils n’auront pas besoin de s’approcher du champ de bataille pour savoir ce qui se passait là-bas. Après avoir réussi son coup, il déduisit l’angle de blocage du télescope et fit un bref calcul pour que sa pilote compense.

//Pilote, manoeuvre de tangage. J’ai besoin que tu me fasses un cercle sur les coordonnées que je vais te donner. Parée ? //
Il attendit son accord pour lui donner l’angle, l’altitude et la vitesse. Elle procéderait naturellement à une très longue boucle qui se voulait à l’écart du champ de bataille inconnu mais l’entourant.
Scott manipula le cerbère et souffla, dans un sentiment de surprise et de découverte, avant qu’il ne murmure :
//Faut le voir pour le croire...//



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Lun 14 Jan - 16:09

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


Chenoa avait ajusté la position et la trajectoire du F-302 selon les coordonnées données par son copilote, se demandant ce qu’il voulait faire. Elle commençait à s’inquiéter des réserves de l’appareil également, surtout que ça faisait un moment qu’ils volaient. Pourquoi est-ce qu’ils ne se posaient pas pour économiser l’oxygène ? N’empêche, elle entendit son murmure et chercha un visuel sur ce qu’elle devait voir pour croire. Naturellement, elle demanda :
// Je te préviens Cross, si tu mates un porno sur ta tablette en essayant de me faire croire autre chose, ça va chier. //, fit-elle sur le ton de la plaisanterie.
Ca tomba tellement facilement, comme un cheveux sur la soupe, que Scott ouvrit de grands yeux avant d’éclater de rire. Il imaginait la scène, en se plantant dans le flux audio, envoyer l’environnement sonore de cette prestation. Le copilote continuait d’observer la vidéo sur son écran tout en ironisant :
//T’es jalouse ? Tu veux qu’on mate la vidéo ensemble ?//
Il ricana.
//L’actrice principale, c’est une emplumée à petits seins, je te dis pas sa souplesse, c’est top ! Quand à l’acteur...tiens ? Il me ressemble...//
// Jalouse ? Ouais si tu ne fais pas partager. //, répliqua-t-elle avant d’entendre son autre phrase : // C’est moi où tu es en train de t’imaginer avec moi dans des positions délicates ?//.
//Nannnnnnn...je n’oserai jamais !!!// Répondit-il en feignant l’outrage.
Il était en train de terminer le contournement pour envoyer le flux vidéo sur l’écran de Chenoa. Les instruments de vol encore intact et les différentes informations s’estompèrent pour une vidéo abîmée, parasitée, qui provenait de la dernière lentille du cerbère. Scott contrôlait le zoom et le focus, il amena la vue jusqu’au chant de bataille où le combat se disputait autant sur le sol que dans les airs.

D’étranges tourelles envoyaient des missiles très fins et rapides sur les darts. Et ceux-ci plongeaient en essayant de détruire cette sorte de DCA extraterrestre. Ils y parvenaient, petit à petit.
Avec le mouvement de cercle exercé par EagleStar, la vue était parfaite malgré les grésillements. On voyait très distinctement la différence entre le terrain conquis par les centaines de Wraiths qui grouillaient là-bas, jonchés de cadavres d’humanoïdes étranges ; et le terrain qui appartenait encore aux défenseurs.
Ils étaient encerclés, formant une ligne de front entourant une route si énorme qu’elle ressemblait pratiquement à une piste d’atterrissage. Des véhicules y circulaient lentement en sens unique. En bas, ce qui donnait l’air d’être une foule paniquée se pressant sur ces engins qui les chargeaient. Et tout en haut, comme un horizon des événements mais sans Porte des Étoiles. Les véhicules y disparaissaient.

C’était une évacuation de masse qui se jouait là. Ces extraterrestres se battaient pour tenir leur dernier secteur, là où des civils sans défense semblaient s’abriter pour être emmené loin de cette planète, loin de cette bataille. Quel que soit la raison qui conduisait les Wraiths à les anéantir, surement à cause de leur technologie, les autochtones avaient une armée en lambeaux qui se sacrifiait entièrement pour leur faire gagner du temps.
Le feu des armes et l’intensité des échanges leur permettait de voir, comme s’il s’agissait d’une carte tactique, les endroits où le cordon de sécurité semblait flancher.

//Tu crois à ce que tu vois alors ?//
// Ouais et j’aurai préféré voir une chatte en gros plan... //, fit Chenoa dans sa radio. Ce qu’elle voyait ne lui plaisait pas des masses. Ils étaient propulsés en pleine extinction d’une espèce par les Wraiths. Il n’était pas question de voir du bétail se faire rafler pour la nourriture pour le coup, mais c’était plutôt un massacre gratuit.
// Il vaut mieux qu’on reste discret Cross. Quid de nos réserves ? Est-ce que notre situation est susceptible de s’améliorer ? //
//C’est la merde...l’atmosphère est trop chargé en azote. On peut pas y respirer. Et il y a des séismes de plus en plus fort, alors se poser...//
Il soupira.
//On est passé en dessous des dix pour cents en carburant. L’ox, c’est pire. Nos groupes de secours font la gueule, il n’y a plus que le réacteur qui nous alimente...//
Son regard s’attarda sur l’horizon des événements où disparaissaient les véhicules.
//Et si ces types pouvaient nous aider ?//
// Tu crois qu’ils ont le temps pour ça ? //
//EagleStar agonise. On va pas compter sur les Wraiths et ils sont en train de prendre le contrôle du ciel...//
Il zooma sur l’horizon des événements et ce qui semblait être toute une structure plate entourant le dispositif.
//S’ils ont construit ce truc, c’est qu’ils ont de la conscience non ? Et s’ils ont pu construire ce machin, ils pourraient nous aider ?...Si on les aide...non ?//
Scott ne voulait pas. Il préférait s’éloigner avec Timber et ne jamais revenir. Mais pour aller où ?
Ils seraient encore plus durs à trouver sur la surface d’une planète enveloppée de son atmosphère que dans le vide spatial. Quelle autre possibilité ils avaient ?
Chenoa ne savait pas quelle était la bonne solution de la mauvaise. Quitte a crever, autant aider des gens non ? Elle tapotait sur ses commandes sans modifier quoique ce soit, regardant les images. Elle se demandait bien quel était ce dispositif qui faisait disparaître les véhicules comme ça. C’était peut-être une porte de sortie qui fonctionnerait pour eux également. S’ils fonçaient dedans avec leur F-302, ça fonctionnerait peut-être ? Mais pour cela, il fallait retourner dans le vif du combat. Chenoa n’y tenait pas vraiment, mais si la survie passait par là…
A ce moment là, sur la vidéo, il ne restait plus que deux darts en vol. Les autres avaient été détruit mais la DCA ne fonctionnait plus. Ils étaient devenus les maîtres et au lieu de dégommer les véhicules en mouvement...les darts plongeaient en couvrant les évacués de tirs de plasma. D’énormes mouvements de foules paniqués eurent lieu instantanément.
// Putain... //, maugréa Chenoa. Ses jambes sautillaient sur place, signe qu’elle était anxieuse, et particulièrement énervée. // Les fils de pute. //. Deux darts, c’était à sa portée, surtout que ces connards ne la verrait pas arriver tout de suite. Elle pourrait facilement s’aligner sur le premier et le tirer au missile. Le second demanderait un combat à l’image de celui qu’elle avait livré quelques minutes auparavant.

// Va falloir aller vite Cross. //, surtout avec les réserves qu’il nous reste, pensa Chenoa sans l’ajouter à la radio.


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Lun 14 Jan - 16:09

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



//EagleStar tiendra !// Lui promit-il en faisant de multiples analyses. //En vitesse max, il nous reste vingt minutes de temps de vol.//
Il regarda de nouveau la vidéo. C’était cruel, les deux darts s’organisaient pour que les fuyards reviennent en direction des véhicules. D’énormes trous sombres recouvert de cadavres s’accumulaient à chacun de leur passages. Les étranges créatures humanoïdes, rien que par leurs réactions, montraient combien elles étaient désespérées.
//On va leur faire payer à ces enculés.// Siffla Scott en reflétant ce que Timber pensait.
// Notre première mission et on se tape déjà un baroud d’honneur. J’vais me faire lécher les pieds par les gars de l’escadrille quand on rentre ! //, blagua-t-elle alors qu’elle cassait le cercle qu’ils effectuaient depuis quelques minutes pour observer la situation de loin.
//Ok mais les meufs sont à moi !// Railla Scott à la suite. //Eh, on en voulait de l’aventure non ? Ben on est servi, putain !//
// Je te les laisse volontiers ! Mais t’a raison, on est bien servi ! //, fit-elle en souriant dans son casque.

Elle descendit près du sol pour éviter de se faire repérer. Elle naviguait toujours à vue, anticipant les obstacles qu’elle voyait dans le lointain en adoptant une conduite prudente, mais néanmoins risquée. Elle espérait passer sous le contrôle radar des Wraiths et surprendre au moins l’un des deux Darts pour l’abattre sans autre forme de procès. Elle ne poussait pas le F-302 à toute allure pour économiser du temps de vol pour le combat qui s’annonçait. La jeune femme respirait par le ventre. La tension était en train de monter d’un cran dans sa verrière. Elle avait chaud mais ça allait. Son coeur battait de façon régulière, la faute à sa respiration ventrale très certainement. Elle s’imaginait ressentir le frisson des mecs qui allaient bombarder un endroit en ayant un bombardier B2-Northrop Spirit entre les mains. Scott était également sous pression. Il profitait de ce laps de temps pour faire des corrections, s’assurer que ses bidouillages tiendraient.
Le piaf des étoiles ronflait. Le réacteur toussait par moment et il semblait voler de manière bancale, comme un oisillon estropié qui n’acceptait pas d’avoir eu son compte. Malgré la douleur, malgré le choc, malgré la crainte : ils y allaient. Si ce n’était pas du courage ça !

// Cinq nautiques avant contact. Pour le moment ils ne modifient pas leur comportement. //, fit Chenoa pour son copilote, qui devait avoir le même retour qu’elle.
//La poursuite radar est toujours HS. J’arrive à les pinguer en passant par le Cerbère. // Lui répondit-il.
// Illumine moi le connard de ton choix. //, fit Chenoa en posant son doigt sur la gâchette.
Scott se concentra sur ce qu’il voyait à l’aide du zoom du cerbère. Les informations qui provenaient des systèmes encore fonctionnels ne lui suffisait pas pour lui trouver une cible de choix, il fallait qu’il observe ces engins faire pleuvoir la mort sur la population indigène. Au début, le copilote avait un mal fou à faire son travail tant il était difficile pour lui de supporter ce massacre, en bas. C’était trop facile, il n’y avait plus de défense antiaérienne, les Wraiths ne laissaient aucune chance. Une cruauté pareille était criminelle, les choses tentaient seulement la fuite comme des moutons désemparés. Sans arme, sans espoir. Et cette armée bizarre qui continuait de se sacrifier en vain...
Finalement, Scott découvrit une variation dans la propulsion de l’un des deux engins. C’était succint, discret. Mais quand ce connard tirait, son moteur ionique semblait faire des siennes, signe qu’il avait été bien abîmé par la bagarre. Celui-là...c’était le plus faible. C’était celui qu’il fallait garder.
//Ok Timber. Je t’ai trouvé un client pour lui balancer ton tomahawk dans les dents. Manifestement le plus solide de ces deux cons. Je t’en fais un beau papier cadeau ! //
Une fois illuminé, le dart serait verrouillé par le système de guidage du missile, affectueusement surnommé Pitbull dans le milieu étant donné qu’il ne lâchait plus sa cible. Si Scott parvenait à garder le Dart dans le rayon infrarouge du radar, la trajectoire du missile se calculerait en temps réel pour ne laisser aucune chance à l’ennemi. La portée efficace du missile était de 20 kilomètres en moyenne, et ils étaient largement plus près.
Dès qu’elle aurait la confirmation de son copilote, elle balancerait la sauce. Normalement, à cette distance, il était inutile de recourir à la liaison air-missile située sur la dérive. Le missile devrait verrouiller de lui-même la cible. A 3000 kilomètres heure, le dart n’aurait aucune chance. Il ne faudrait que quelques secondes à l’engin pour toucher sa cible. Elle pourrait essayer de prendre en chasse directement l’ennemi pour conserver l’avantage de la surprise. En tout cas, elle ne comptait tirer que lorsque le second serait en train de piquer du nez pour bombarder les humanoïdes au sol. Occupé, il lui faudrait du temps pour redresser en se rendant compte que son copain était ciblé. Ainsi, elle pourrait fondre sur lui. C’était risqué, mais avait-elle un autre choix ?

//L’autre présente des variations sur l’armement et les propulseurs. Je cale le faisceau de détection ! Trois...deux...un...VERROUILLAGE !//

Le missile fusa à une vitesse fulgurante, laissant une traînée blanche dans son sillage. Le Dart, prit au dépourvu, tenta une esquive en faisant une vrille assez brutale qui changea sa direction. Mais le missile effectua la correction quasi-instantanément et pulvérisa le chasseur dans une magnifique explosion. La carcasse brisée et fumante plongea en direction de l’aire d’évacuation où elle s’écrasa avec violence. L’élan lui fit racler la surface du sol sur une bonne dizaine de mètres en ligne droite. Une ligne incendiée.
L’autre Dart quitta immédiatement son vecteur de bombardement. Seulement, au lieu de chercher à s’éloigner, il vira de bord pour aller pile à leur rencontre. Avec la vitesse, les deux chasseurs se frôlèrent à un tel point que les mouvements d’airs les bouscula. Scott se contorsionna pour regarder au-dessus de son épaule, l’engin faisait déjà son demi-tour.
//Putain !!!// S’écria Scott. //Il est agile le fumier. Il cherche nos arrières, sort nous de là Penikett !//
Et déjà, deux blasts leur passèrent au-dessus de la figure.
//Sale fils de chienne ! Tu vas voir ta gueule dans deux minutes !!!//
De par les manoeuvres de Chenoa pour tenter de reprendre l’ascendant, le copilote découvrit que la masse de population en bas semblait animée d’une vigueur renouvelée. Elles faisaient toutes d’étranges signes comparables à de la joie, de l’exaltation, dans leur direction.
//On a fait des heureux, Timber. Ils survivent, on survit ! FONCE !//



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Lun 14 Jan - 16:10

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


// Rien à foutre de faire des heureux putain. //, grogna-t-elle dans son micro. Ce qu’elle redoutait était arrivé. L’autre connard avait réussi son coup plus rapidement qu’elle ne le pensait. Seulement voilà, elle avait déjà commencé ses virages d’évitements pour ne pas se faire toucher bêtement. Les darts étaient vraiment agiles comparé à un F-302. Peut-être qu’avec un Jumper ce serait plus équilibré. Enfin quoiqu’il en soit, elle avait son cul de vissé dans un chasseur terrien et pas dans un engin lantien, alors elle devrait faire avec pour que ledit cul y reste et ne finisse pas en compote d’indien qui retomberait sur la gueule des malheureux en bas. Qu’ils en profitent pour se tirer bordel !

Elle était contente pour eux, mais elle avait autre chose à penser et à gérer que leur joie retrouvée. Elle serait de courte durée si elle se faisait descendre. Vue d’en bas, le combat aérien devait être sympathique. Mieux qu’un meeting aérien qu’elle avait pu voir à Denver à l’occasion de l’anniversaire du musée Wings Over the Rockies Air and Space. Les deux chasseurs étaient engagés dans un combat tournoyant. L’appareil qui avait détruit un dart essayait de se sortir de l’angle restreint que lui imposait son ennemi. Les tirs de blasts fusaient, pour le moment toujours évités par des tonneaux barriqués de premier ordre. C’était hypnotique vue du bas, ce balais entre les deux aéronefs lancés à toute vitesse et qui cherchaient par tous les moyens à descendre l’autre. Ils s’éloignaient sans jamais aller en ligne droite puis il revenait à l’issue de manoeuvre impressionnante. Chenoa continuait de pousser son avion dans ses retranchements, car c’était là la nécessité du combat. Par trois fois, elle parvint à repasser derrière son ennemi, et par trois fois ce dernier parvint à s’esquiver avant de ramasser des tirs de canon électromagnétique.
La jeune femme transpirait à grosses goûtes dans sa combinaison. Son souffle était digne de celui d’un athlète de haut niveau lancé dans un sprint de 100 mètres, mais l’effort était plus long que ces foutus cent petits mètres. Son coeur était haut dans les tours mais elle conservait son sang froid. Ses bras tiraient mais prise dans le combat, l’adrénaline la préservait de tout ça. Elle était en plein shoot hormonale. Son corps voulait sa survie.

//Lâche rien ! Il fatigue !// Lâchait Scott dans ce qui voulait être un encouragement sincère.
*Il n’est pas le seul*, pensa Chenoa, mais elle ne répondit rien à son copilote. C’était sympa de sa part de l’encourager et cela lui permettait de donner un coup de rein supplémentaire pour tenter d’achever l’autre pilote.

Un tir de blast percuta l’aile tribord déjà abîmée. Une violente secousse ébranla le F-302. Scott poussa un cri en même temps que sa pilote, son regard s’était porté instinctivement sur la zone de l’impact. Le plasma surchauffé venait d’arracher les dernières plaques de blindage. Cette gerbe de débris avait rebondi contre leur verrière comme des billes de flipper dans un boucan infernal. Avec la vitesse, la vive lueur de l’explosion se remplaça par une traînée noirâtre épaisse accompagnant une perforation inquiétante de l’aile. La structure interne était clairement éventrée, Scott pouvait voir à travers la nouvelle mutilation d’EagleStar les armatures principales tordues ou arrachées. Il déglutit. La pression atmosphérique et les mouvements du chasseur faisaient tanguer l’aile sur une torsion très inquiétante. La lueur rougeoyante qu’il percevait à l’intérieur même du fuselage et la fumée noire qui ne se tarissait pas...les deux alarmes qui s’imposèrent sur son écran...ça allait mal. Très mal ! Ce n’étaient pas pour le rassurer. Le moteur crachota et se coupa. Ils commençaient à planer. Chenoa restait étrangement calme, ne gueulant pas dans son micro comme elle aurait pu le faire habituellement pour que Scott rétablisse la propulsion. Il connaissait son boulot, et surtout, elle surveillait l’espace aérien en cherchant tout autour d’elle depuis la verrière du cockpit. Elle bondissait littéralement d’un côté à l’autre autant que son harnais le lui permettait. Et là elle le vit ce connard. Certainement grisé par son tir, le Wraith n’avait pas ralenti autant qu’eux pour qui le moteur venait de s’arrêter. Et il passa devant en ligne droite. Les canons chantèrent et déchirèrent le fuselage effilé du Dart qui ne tarda pas à exploser en une gerbe de débris en fusion.

// Et deux de plus au compteur !! //, éructa-t-elle !

Scott aurait sauté de joie. Il aurait poussé un hurlement de victoire, se serait frappé la poitrine comme un gorille avant de faire une remarque bien sexiste. Mais comme la pilote précédemment, il demeura silencieux en essayant de faire son maximum sur ce qui restait d’accessible comme commandes.
Mais les problèmes n’étaient pas finis. La panne moteur et la tronche de l’aile tribord laissaient craindre le pire pour la suite de l’aventure. Soit le combat avait cramé l’essentiel des ressources de propulsion et ils étaient en vol libre, soit le moteur faisait des siennes. Soit les deux. En tout cas, la portance de l’aile tribord n’était pas optimale et ils descendaient quand même assez rapidement vers la terre ferme, vers la zone d’évacuation. Et Chenoa n’avait plus vraiment beaucoup de moyen d’orienter l’appareil. Heureusement que le Wraith avait présumé de sa vitesse et qu’il avait overshooté devant elle comme un novice, sinon ils auraient fait une proie facile… Coyote devait bien se marrer ! Cet enfoiré n’avait pas fini de les mettre à l’épreuve !

//Alerte structurelle critique. Notre aile tribord a trop morflé, il faut qu’on cesse les records de voltige.// Lui dit-il d’une voix blanche. //Les extincteurs automatique sont hors ligne. L’incendie se propage, j’essaie de le contenir. Le bloc réacteur est exposé.//
// Bien reçu. //, signala-t-elle dans son micro. Elle était blasée. Elle semblait avoir déconnecté la partie stress de son cerveau. Elle ne savait pas si c’était la joie d’avoir abattu trois chasseurs en quelques minutes ou si c’était parce qu’elle saturait réellement. A chaque fois que tout semblait aller mieux, une nouvelle merde leur tombait sur le coin de la gueule. Alors bon, à quoi ça servait de se mettre la rate au court bouillon ? Elle en avait marre, marre de cette mission, marre des conditions de vols, marre des problèmes, et marre du stress.

Tandis qu’ils descendaient, Chenoa pouvait constater un changement soudain dans l’attitude de l’armée Wraith en contrebas. Sans support aérien, sans vaisseau ruche, les Wraiths se suicidèrent en masse contre la défense étrangère en usant de leur explosif de poitrine. Cette terrible offensive de kamikazes fît peser une telle pression que la ligne de défense s’effondra littéralement. Toute la population venait d’embarquer dans les étranges véhicules qui filaient en direction du portail. Mais le tout dernier en queue de peloton fût surpris par l’effondrement d’un bâtiment qui l’ensevelit à moitié. Trahissant l’urgence de la situation, des soldats humanoïdes s’étaient pressés sur la montagne de gravats pour tenter de dégager la motorisation de l’engin. Le cortège d’évacuation s’éloignait, il était en train de gagner le portail, sauvant les derniers représentants de ce peuple inconnu. L’un après l’autre, les véhicules y disparaissaient. Mais ce tout dernier ne parvenait pas à se dégager. Ses mouvements démontraient que le conducteur tentait désespérément de forcer la barricade de rocaille qui le cernait, les autochtones dégageant ses propulseurs beaucoup trop lentement. La défense s’étiolait à vue d’oeil. De multiples infiltrations ennemies eurent lieu sur la piste d’évacuation, donnant place à des mêlées terribles et des poches de résistances disparates. Mais qu’il s’agisse du dernier véhicule d’extraction ou du portail, les deux étaient encore sous contrôle.

//CA Y EST !!! Je réarme le réacteur ! Attention...//
Et Scott parvint à rendre la vie au chasseur. Le moteur redémarra avec un bruit des plus inquiétant. Ses multiples avaries d’ordre mécanique s’entendaient même à travers le cockpit. Mais tant que ça pouvait durer, le F-302 refusait de rendre l’âme comme un garnement buté qui voulait aller encore plus loin dans sa dernière heure de gloire. L’éclairage du cockpit revint de nouveau et les commandes répondirent faiblement entre les mains de Timber. Elle pouvait à sentir à quel point son F-302 était affaibli, à quel point il agonisait dans une douleur partagée. Mais il n’était toujours pas mort, il volait encore !
//Je détourne l’alimentation carburant pour gagner du temps. Dix minutes, Timber, dix minutes ! C’est tout ce qu’il nous reste !!!// S’écria Scott, tout aussi buté.

// Profitons-en pour passer ce portail en espérant que cette fois ce sera la bonne. //, dit-elle d’un ton affirmé. Elle espérait toujours, même si ses espoirs avaient pris des coups dans l’aile depuis le début de ce merdier. En tout cas, et c’était humain, elle était soulagée de sentir le ronronnement du moteur dans son retour d’information de son manche. C’était rassurant, même si les bruits environnant n’avaient rien de bien naturel d’un point de vue mécanique. S’ils parvenaient à rentrer au bercail, les techniciens allaient perdre leurs cheveux en voyant un F-302 parti neuf revenir bon pour la casse.
Chenoa afficha un petit sourire fier et tapota la carlingue de son appareil avec son genou, en signe d’affection. Ce brave coucou ne les avait pas lâché. Il était au bout de sa vie, fatigué comme eux, et il trouvait encore le moyen de faire la différence pour essayer de s’en sortir. Lui aussi devait espérer que le salut se trouvait devant, après ce portail.

Le temps du vol plané, l’amérindienne avait eu le temps d’observer avec plus de sérénité l’environnement dans lequel elle pensait qu’ils allaient se crasher. En effet, un chasseur n’avait pas des ailes avec suffisamment de portance pour vraiment les tenir en l’air sans propulsion. C’était la bérézina en bas. Les wraiths se suicidaient en masse en essayant d’emporter avec eux un maximum de victime. Elle ne comprenait pas le mode de fonctionnement de ces créatures. Manifestement, ces humanoïdes s’étaient développés de façon trop importante et les prédateurs avaient décidé de leur faire la guerre en les éteignant pour de bon. Ils étaient vraiment détestable, et Chenoa avait le sentiment d’avoir bien agi en les défendant. C’était peut-être aussi de l’égoïsme car elle souhaitait profiter de leur technologie pour se barrer d’ici. C’est pourquoi elle se décida à ne pas laisser le véhicule d’évacuation dans sa merde. Ce dernier était prisonnier des gravats et les vampires comptaient bien se le farcir histoire de lui faire payer le départ des autres.

Les commandes répondaient, même si ce n’était pas tellement ça. Il ne lui restait que son canon électromagnétique et une autonomie de dix minutes, peut-être neuf maintenant.

// J’vais faire une passe de mitraillage en me dirigeant vers le portail. T’inquiète de rien. //, commenta Chenoa en commençant à anticiper sa manoeuvre.

C’était la première fois qu’elle pilotait un avion dans des conditions aussi dégradées. Jamais en simulateur on avait poussé le vice à faire poper autant d’avaries d’un coup. Du fait de l’aile tribord partiellement arrachée et trouée, la portance n’était plus exceptionnelle et la propulsion compensait l’envie de l’avion de descendre en vrille vers le sol. Limite, ils seraient mieux dans un environnement spatial et pas dans une atmosphère planétaire, les contraintes seraient moindres, et la portance de l’appareil se ferait par la gravité et non par l’air.

Elle ne comptait pas prendre de risque. Elle avait peur, avec son instrumentation détériorée et sa capacité à orienter le nez de l’appareil de façon fiable, de tirer sur le vaisseau plutôt que de l’aider. Quand elle pressa la détente, elle arrosa une partie de la structure qui s’était effondrée, au jugée. Elle espérait que son action permettrait de dégager plus vite l’engin enseveli. Elle s’aligna ensuite sur la trajectoire du portail non sans arroser une vague de qui convergeait vers des défenseurs déjà acculés par d’autres vampires. C’était une véritable mêlée là en bas. Ces types étaient condamnés, et ils se battaient avec l’énergie du désespoir pour que ce dernier vaisseau d’évacuation se sauve. Malheureusement, Chenoa ne pouvait pas faire grand chose de plus. Son autonomie venait de passer en dessous de la barre fatidique des cinq minutes, et il semblait qu’elle venait de cramer ses dernières cartouches de canon électromagnétique.

De toute façon, elle arrivait au niveau du portail.
// Tu sais Coyote, il parait que les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures. J’espère que c’était ta dernière blague et que là derrière... //, elle ne termina pas sa phrase. Inutile, Scott pouvait aisément savoir ce qu’elle espérait, la derrière ce portail.


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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



//Ouais...// fit simplement Scott.

Il s’était contorsionné pour regarder derrière eux, voir si la passe de mitraillage avait suffi à débloquer le véhicule mais il ne parvint pas à faire la déduction. Une énième fois, il se porta sur l’écran vacillant de son ordinateur de bord, ne sachant plus quoi tenter pour repousser l’échéance. Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir, et même plus, pour faire durer le chasseur. C’était vraiment une merveille d’ingéniosité conçu pour être endurant. Même si quelques tirs de blasts bien situés pouvaient mettre F-302 et équipage en morceau, il n’empêche que les autres civilisations pourraient les envier sur ces capacités d’adaptation et de résistance.
Peut-être un peu de manière folle, Scott se surprit à se projeter. S’il rentrait, il défendrait la peau d’EagleStar comme il les avait défendu tout au long de cette perdition. Il ferait en sorte que personne ne le foute au rebut !

Lorsque son regard se posa sur le portail qui grossissait de plus en plus à mesure que Chenoa s’approchait, il ressenti une pointe d’angoisse. Pas le choix, il fallait y aller et impossible de savoir ce qu’il y avait derrière. Impossible de savoir si les autochtones inconnus les laisserait voler dans leur ciel. Durant les quelques secondes qui s’écoulèrent sur l’approche finale, il articula gravement, en référence à ce qu’elle lui avait dit lors du plongeon en piqué :

//Ca a été un plaisir pour moi aussi, Penikett. Plus tôt que j’aurai pensé...//

Puis le F-302 estropié passa le portail.
L’impression du voyage fût particulière étrange. C’était comme si le chasseur avait cessé son envol pour se poser sur un plateau. Il était alors “guidé” sur une accélération folle d’une vue de l’univers, des systèmes solaires défilants autour d’eux comme un film de science fiction. Une planète à l’apparence hostile émergea alors devant eux, passant de la taille d’une balle de golf à une terre géante en une seconde, puis leur chasseur grinça affreusement en rencontrant un nouvel atmosphère.

Chenoa émergea de l’autre côté du portail et le piaf des étoiles se plaignit. Il vola au-dessus d’une grand place où les véhicules d’évacuations débarquaient sa population. Il semblait doué d’empathie puisque les habitants s’empressaient d’aller porter secours à ceux qui en émergeaient. Les immeubles à la matière fossilisé étaient encore plus nombreux ici, ils s’étendaient à perte de vue. Jusqu’à l’horizon.
Régulièrement, d’étranges complexes émettaient des piliers de lumière, comme de la texture exotique, informe, qui défiait la loi de la gravité pour “chuter” en direction du ciel et l’emplir d’une consistance étrange. Scott avait subi beaucoup trop d’avaries pour pouvoir l’étudier mais il était prêt à parier que c’était une sorte de camouflage anti-wraith. Et ce monde était bien trop étendu pour n’être qu’une simple colonie, c’était le monde natal des autochtones.

Fébrilement, le copilote rechercha une zone d’atterrissage et examina la consistance de l’atmosphère. Mais comme il le craignait, les conditions étaient similaires que sur l’autre planète : exclusivement de l’azote et le sol parcouru de micro-séismes constant. Scott jura dans sa barbe et voulu trouver un moyen d’annoncer la mauvaise nouvelle. Même si Timber se faisait surement le même constat, le jeune homme comptait la ménager.
//Désolé...// se contenta-t-il de dire.
Il remarqua des bâtiments défensifs, des sortes de tours à misiles, de la DCA qui les suivait au vol mais sans les verrouiller. Son impression était bien la bonne, les créatures humanoïdes les considérait comme allié maintenant. Scott était encore en train de chercher un endroit où se poser, n’y croyant plus, lorsqu’une scène attira son regard. Le F-302 fumant faisait un large cercle en l’attente de trouver une solution, ainsi ils avaient encore la vue sur le portail. Et un dernier transport venait d’en émerger, la carcasse complètement cabossée et encore couverte de rocaille.
Chenoa avait réussi son coup, elle avait libéré le dernier transport. Le portail semblait se modifier.
Le copilote se disait que celui-ci s’effondrerait, que l’équipage serait forcé de s’éjecter en crashant EagleStar dans un coin, d’essayer de demander de l’oxygène. Mais finalement, son regard s’aggrandit lorsqu’il remarqua que le portail muait simplement. Il grimpa…

Comme un disque parfait reflétant un horizon des événements, le portail grimpa dans l’air pour se positionner à une hauteur idéale. Il n’attendait plus qu’eux.
Chenoa n’avait pas vraiment le choix, c’est pour ça qu’elle entama immédiatement la trajectoire. Elle sentait le réacteur brouter sous le manque de carburant. L’extinction des feux était imminente, c’était maintenant ou jamais !

Après un dernier voyage, le duo se retrouva en plein espace.
Scott murmura des “non, non, non” désespéré en cherchant vainement une quelconque planète. Mais non, leurs alliés les avaient viré de chez eux en les renvoyant dans l’espace. Mais où ? Il ne reconnaissait pas l’endroit, c’était un vide complet et infini.
Le réacteur cala brutalement. Privé de ventilation, la propulsion atmosphérique s’éteignit pour de bon cette fois. Le bruit à l’intérieur de la cabine était atroce, à fendre l’âme. Si EagleStar avait vécu, il aurait donné l’air d’un aigle aux deux ailes brisées qui essayait encore de se trainer mollement en poussant un cri de détresse. Scott en eut le coeur serré, il ne pouvait rien faire pour cette machine et leurs ennuis allaient très vite commencer.
Puisque les piles des groupes de secours étaient vide, que la centrale était naze, c’était le réacteur qui alimentait directement leurs systèmes. Et celui-ci venait brusquement de s’arrêter. Le copilote recevait les différentes alarmes et un compte à rebours, signe que tout allait s’éteindre bientôt. Son regard se posa également sur les ailettes de ventilation, là où une fumée opaque commençait à y émaner comme de l’encens. Il savait que l’incendie avait débordé dans les réservoirs et que ça continuait de brûler dans les entrailles du chasseur, rejetant les gazs nocifs dans sa cabine.

//Timber...c’est fini.//

Scott soupira.
Cette fois, c’était l’échec et mat. Il consulta la jauge de sa cartouche d’oxygène, celle que Timber lui avait donné dans l’espace. C’était faible. Mais le cas de sa pilote devait probablement être pire. Sans attendre, Scott décida de supprimer la pressurisation des cabines. Il détourna les maigres réserves embarquées sur un réservoir à l’opposé de l’incendie et le connecta uniquement à l'ombilical de Timber.

//Je suis sûr qu’ils nous ont pas balancé ici par hasard...// Lui dit-il en guise d’encouragement. //Tu me partages ton optimisme sans faille ?//

Maintenant, l’aération vomissait des mottes de fumées épaisses. Un brouillard s’était installé autour de lui et il souffrait intérieurement de voir de moins en moins sa pilote à l’avant. C’était comme un pilier en moins, il savait qu’il allait finir isolé. L’écran signalait la défaillance catastrophique des derniers systèmes. L’éclairage du cockpit vacillait de plus en plus. Au moment où Scott avait vérifié que Chenoa ait toujours le contrôle des micros propulseurs, la totalité des écrans finirent par s’éteindre. EagleStar s’évanouissait, il voulait dormir et ne plus se réveiller.

//Allez...// Murmura-t-il pour regonfler sa pilote, volontairement indifférent au blackout. //Un phénomène de cet importance, ça à for….attiré l’att...on...u Dédal...//

Le copilote lâcha une plainte étouffée, dans un accès de terreur assez intense qu’il peina à dissimuler.
Il ne voyait plus rien maintenant. Que cette fumée qui l’entourait et l’avait envahi. Sans l’oxygène qu’il était parvenu à détourner pour sa pilote, l’incendie allait mourir. Mais des éléments internes sous chaleur continueraient de se consumer en dégageant des gazs toxiques. Il se rassurait à l’idée que sa dernière commande permettrait à la pilote de voir encore clair et de pouvoir orienter son chasseur. Peut-être de tenir plus longtemps. Mais sans énergie, plus de chauffage, ils allaient soit mourir asphyxiés, soit mourir de froid. Mais Scott ne pensait pas qu’il pouvait y avoir pire.

//Me...p...ou...noa. On...en...so...ra//

En plus de l’isolement visuel, de l’extinction du chasseur, le silence…
Il appela Timber à plusieurs reprises, son coeur faisant un bond à l’idée qu’elle ne répondrait plus et qu’ils mouraient chacun de leur coté. Pas de réponse...plus rien…
Mais après tout, peut-être était-ce mieux comme ça. Le copilote ferma les yeux et regarda autour de lui. Il ne voyait que du brouillard.
C’était fini, il était seul avec lui-même.
Timber aussi.

***Putain ! J’l’adore ce boulot...***



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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


Chenoa faisait de grands signes positifs de la tête, de grand “oui” pour dire que pour elle aussi ça avait été un plaisir. Elle ne s’avouait pas vaincu encore. Pas encore. Son copilote ne pouvait pas vraiment la voir, mais elle avait le sourire. Ils approchaient de la fin, quelle qu’elle soit. Elle se demandait ce que ça allait faire de passer dans ce portail. Forcément, le “et si ce n’était pas conçu pour nous ?” s’imposa à son esprit, avec tout son lot de conséquences dramatiques possibles et imaginables.
L’amérindienne n’était pas une lâche, mais elle se disait que si la mort devait la saisir, il fallait que ce soit rapide et sans douleur. Elle ne voulait pas agoniser pendant des minutes et des minutes. Elle avait parfaitement conscience qu’elle faisait un métier qui allait l’exposer à une mort certaine tôt ou tard, et cette journée en était la preuve suffisante. Un pilote pouvait se crasher, se faire descendre par un missile ou se faire exploser par une rafale de canon. C’était sans doute instantanée. La vie, la vue, d’un coup la mort, le noir. Pour des gens comme elle et Scott, il y avait la variante spatiale à ajouter, et la dérive sans oxygène ou sans chauffage. Selon elle, c’était nettement moins instantanée que les trois morts possibles évoquées plus haut. C’était comme ça, il fallait faire avec. Il n’y avait pas de sensation extrême comme celle là sans contrepartie.

Le portail les porta, comme une main qui souhaitait les prendre délicatement et les emmener vers un ailleurs plus sûr. Etait-ce enfin un signe ? Coyote les prenait-il en charge ? Elle avait de l’espoir, parce qu’elle était comme ça. C’était dans sa nature d’être optimiste.
Ils arrivèrent dans un monde à l’apparence hostile, où semblait s’étirer non pas une colonie mais tout un peuple d’humanoïde bizarre qu’ils avaient défendu plus tôt. Au fond, Chenoa savait que si l’atmosphère était viciée sur la première planète, il y avait peu de chance qu’elle soit plus exploitable ici. Ces gens semblaient vivre dans ce genre de condition atmosphérique. Dommage.
La jeune femme regardait le décorum sans vraiment le voir. Elle avait la haine en vérité. Rien ne s’arrangeait. Le destin continuait de se liguer contre eux et de leur jouer un mauvais tour. Ils allaient finalement crever comme des merdes et le “désolé” de Scott n’aida pas. Le pauvre vieux devait être au fond lui aussi.

// C’est moi… //, répondit-elle d’une petite voix. Elle avait les lèvres plissées et le regard humide, mais elle essayait de rester digne, et ça ne transparaissait pas dans sa voix. Elle vit le dernier transporteur émerger du portail.

*Bienvenue chez toi.*, pensa-t-elle, amer. Peut-être que si elle avait foncé vers ce portail sans se soucier des autres, elle aurait pu gagner un peu de temps pour trouver une autre solution. De les avoir sauvé allait les conduire à leur propre perte. C’était rageant. Une bonne action devait en entrainer une autre selon elle. Mais que pouvaient ces gens pour eux ?
Chenoa en vint à se dire qu’ils auraient pu rester sur la première planète pour se poser quelque part et essayer de chopper des ressources en oxygène aux Wraiths. Ces connards respiraient comme eux, et ils devaient avoir prévu de quoi tenir dans l’environnement azoté… M’enfin, c’était trop tard maintenant.

Mais voilà, le portail se modifia et grimpa dans les airs pour se placer à leur hauteur. La DCA suivait toujous leurs mouvements sans les déglinguer. Ils auraient été une cible facile dans cet état. Les humanoïdes leurs ouvraient une voie manifestement. Mais vers où ? Est-ce que c’était pour les remercier ? Ou pour les envoyer Dieu seul savait où ? Le Karma, le Karma.

La jeune femme se positionna et elle emprunta de nouveau cette étrange technologie. Ils émergèrent dans un vide spatial absolu. Pas une planète à l’horizon, rien. Fais chier… Ils venaient de se débarasser d’eux tout simplement. Non, ce n’était pas possible, pas après leur avoir rendu un service et leur avoir filé un coup de main ! Ils semblaient doués d’empathie, à s’aider tous mutuellement. Ils devaient vouloir rendre la pareille à cet étrange appareil qui leur avait fourni un soutien aérien efficace !
Chenoa soupira. Ils ne connaissaient probablement pas leur origine, ni d’où ils venaient. Alors comment diable auraient-ils pu choisir une destination qui aurait pu leur convenir ? C’était baisé d’avance.

C’est fini annonça Scott.
C’était fini pensa Chenoa.

// Je crois que je vais avoir du mal à te partager un quelconque optimisme Cross. //, fit-elle tristement.

Elle regardait, impuissante, la fumée s’échapper de la ventilation tandis que tous les systèmes semblaient s’être déconnectés. Ils étaient à l’arrêt au milieu de nul part, et un incendie consummait lentement mais surement leur Eaglestar… Eaglestar qui était au bout de sa vie. Cet engin avait eu autant d’optimisme qu’eux en essayant de tenir jusqu’au bout, mais là c’était le coup de trop. Il était comme eux. Il voulait se mettre en PLS dans un coin et se laisser mourir. Chenoa comprenait. Les volutes de fumées se calmèrent, certainement grâce à une action de Scott. Ce bougre d’idiot espérait toujours, et pour le coup, c’était lui le plus optimiste des deux.
Pour sa part, elle était au fond. Elle pleurait à chaudes larmes et sans retenue, rageant de ne pouvoir s’essuyer les yeux. Ils avaient tout fait pour se sortir de là, tout fait ! Et ça n’avait pas payé.
Elle n’entendait plus Scott distinctement, ça hachurait. Tout était vraiment en train de lâcher.

Elle tapa sur le tableau de bord, de rage et d’impuissance. C’était tellement injuste.

// F-302 US-6008, nous sommes en perdition. Demande assistance. //, tenta-t-elle. Mais si elle n’arrivait plus à communiquer avec son copilote, c’était qu’ils n’émettaient plus. Ou alors Cross était mort. Elle tenta de se tourner dans son cockpit pour voir derrière. Il faisait trop sombre. Elle ne discernait pas vraiment la verrière du bonhomme, tout semblait opaque.
Elle se repositionna. Elle pleurait toujours, et c’était d’une petite voix qu’elle continuait d’essayer d'émettre en répétant son message à tour de bras. Il y avait des variations, comme un “putain de merde” à la fin quand elle sentait la colère poindre en son for intérieur, ou un “s’il vous plaît” implorant, voir un “quelqu’un ? me reçois” plein d’espoir.

C’était fini, bel et bien fini.


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Lun 14 Jan - 16:12

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019



Sans système de chauffage, la température baissa à une vitesse hallucinante.
Au bout d’une heure, du givre avait fini par recouvrir l’ensemble de la cabine et il commençait à faire bougrement froid dans les combinaisons. Durant tout ce temps, Scott s’était effondré sur lui-même, comme dans une sorte de léthargie maladive. Il se sentait aussi faible qu’une limace, son esprit trop abîmé par l’inéluctabilité de la mort pour s’animer. Il n’entendait que sa propre respiration et ne voyait que ce brouillard toxique qui lui dissimulait la vue de l’espace. Prostré là, les bras serré contre son torse dans l’espoir de conserver un peu de chaleur, il avait l’impression de porter le bandeau du condamné. L’attente était pire que la mort elle-même. Alors pourquoi ne pas précipiter un peu les choses ?

Il lui suffisait juste de débrancher son casque. Il lui suffisait de l’ouvrir et le gaz s’infiltrerait illico, l’asphyxiant en deux minutes, même pas. Ce serait juste deux minutes de douleur et tout serait fini. Il partirait pour un sommeil éternel après s’être battu comme un putain de guerrier et non comme un vieux sénile couvert de pisse. Il ne voyait pas meilleure fin. Juste qu’il n’avait pas le courage d’attendre plus le longtemps. Il était à bout...

A force de songer à son passé et à ce qu’il avait fait de bon dans sa vie, à savoir presque rien, cette dernière solution lui paraissait carrément séduisante. Il avait même porté les mains autour de son casque pour amorcer le geste mais il n’en eût pas la force. Pourquoi ? Parce qu’il portait un regard hésitant en direction de la cabine pilotage. Le gaz l’empêchait de voir Timber mais il savait qu’elle était là dedans, isolée, horrifiée et paniquée. Lui il l’était au point d’accélérer la fin du film. Alors pourquoi pas elle ?

Il s’étonnait encore de voir combien, en quelques heures, tout avait pu changer du tout au tout. D’une bonne engueulade pour une question d’emblème à ce désir fou de survivre. De vouloir revoir sa putain de gueule d’emplumée. Noter son expression quand elle verrait l’emblème qu’il avait choisi pour elle. L’entendre faire ses monologues à rallonge. L’entendre jurer comme une charretière au point qu’il en vérifiait la présence de ses couilles quand elle repartait.
Ouais. Et Penikett savait jouer la gonzesse solide. Mais là, il avait la conviction qu’elle devait souffrir d’être seule, sans contact radio, paumée dans l’espace. Il voulait la soutenir, la rassurer. Si quelqu’un méritait d’y passer, ce n’était pas elle. Scott voulait être là pour ça et ne pas briller de son absence misérable. Ce même élan qu’il avait finalement, lui faisant quitter les ouvertures de son casque, était similaire à celui qui l’avait empêché de déclencher son éjection.

« On ne va pas mourir ici ! Putain ! Pas comme ça ! » Se résolu-t-il finalement.

Scott déboucla son brelage pour se pencher et approcher de la cloison qui le séparait de Penikett. Il fallait qu’il s’approche très près de la vitre pour la distinguer mais la présence de givre des deux côtés l’empêchait de la voir. Il y envoya un bon gros coup de poing, exprimant en même temps sa frustration, et espérant que sa collègue entendrait le bruit. Ou bien sentirait la vibration. Scott récupéra un outil qui servait à démonter les panneaux des organes de l’ordinateur et se servit de la mine pour écrire. Il commença par tracer un trait sur le givre de la verrière, puis un second, un troisième. Le copilote était très lent, il le faisait exprès, il savait que ça allait l’attirer. Chenoa était curieuse, il l’avait découvert pendant les parties de cartes. Elle s’intéressait toujours. Alors il faisait durer le suspens pour ensuite fignoler sa grille. Et en tout dernier...il traça un joli rond au beau milieu. C’était à elle, avec sa part de givre.

Paumé dans l’espace, gelé jusqu’aux os, Scott lui proposait une partie de morpion pour occuper le temps.
Après avoir marqué une petite pause, il inscrit difficilement en dessous :

“3 MANCHES. LE PERDANT FERA LA DANSE DU VENTRE !”


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Lun 14 Jan - 16:13

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début janvier 2019


Le temps défilait. C’était interminablement long. Les choses prennent plus de temps que l’on ne pense, même en tenant compte de la loi de Hofstadter, disait souvent un de ses professeurs à l’université. C’était souvent vrai. Elle s’attendait vraiment à mourir en quelques minutes ? Non, les réserves d’oxygènes permettaient de tenir encore un peu, et le froid peinait à traverser sa combinaison, même si depuis une dizaine de minutes maintenant, elle commençait à grelotter sur son siège.
Elle n’avait plus la notion du temps. Scott ne répondait plus, et elle se sentait seule. Elle avait cessé depuis vingts minutes d’appeler à l’aide dans sa radio, et depuis trente minutes de pleurer. Elle était résignée, les yeux gonflés, et avec la bougeotte. La mort serait longue à venir. Elle songea, comme son navigateur, à accélérer le processus, mais elle s’aimait trop pour se faire du mal. Ou elle était trop lâche. Ou elle avait encore de l’espoir même si l’étincelle était ténue.

Elle entendit le bruit en effet, mais elle mit cela sur le compte de son imagination. Si elle commençait à délirer, c’était que la fin n’était plus pour très loin. Ce pouvait très bien être un débris flottant qui venait de les heurter. Ou alors, c’était Scott qui venait d’ouvrir la verrière et qui s’était jeté dans le vide. Non, c’était trop con. Puis elle entendit gratter. Cette fois, elle était certaine que ça venait de derrière. Son harnais était défait depuis longtemps, et elle se retourna sur son siège, pour voir des lignes se tracer dans le givre de la fenêtre. Son côté aussi avait gelé. Mais il était vivant, et l’air de rien comme ça, ça fila du baume au coeur à l’amérindienne. Elle chercha un truc pour pouvoir elle aussi gratter la glace et elle trouva le même outil que Scott.

Il prenait son temps le bougre. Peu à peu, le jeu prenait forme. Un morpion. C’était tellement décalé que cela fit marrer la jeune femme. Ce type était vraiment tordu, ou alors il avait les neurones qui partaient en couille pour de bon. Le message qui suivit, qu’elle lu à l’envers, n’était pas mieux. La danse du ventre, rien que ça. Elle grava une croix dans l’angle droit pour elle du jeu, et répondit par un “OK DUDE” à son message.

Dans une certaine réciprocité, l’impatience de Scott prit fin en voyant la croix apparaître. Un sourire se dessina alors qu’il se mettait à réfléchir, décidant de ne pas être le perdant de ce petit duel. C’était con, complétement loufoque, et l’emplumée le suivait direct. Quand la réponse se matérialisa, il pencha la tête sur le côté en décodant le message puis rigola dans son casque. Il y avait ce petit quelque chose qu’ils partageaient et qui venait de prendre le relais de la radio.

« T’as pas la moindre chance ! J’le verrais ton bide ! » Se dit-il à lui même en traçant un nouveau cercle.

La partie se fit dans le silence et il en oublia même leur situation désespérée. C’était serré, vraiment serré. Un partout, la dernière manche allait définir le vainqueur et Scott réfléchissait à son coup comme s’il était en train de jouer aux échecs. Il marqua son prochain cercle, souriant à l’idée qu’il puisse gagner, mais quelque chose le fit soudainement lâcher son outil. De la lumière...une grande lumière sur sa gauche...est-ce qu’il ne rêvait pas ?!?

En se retournant, Chenoa verrait trois engins cernant son F-302 en morceau. Il y avait deux chasseurs, dont l’un plus proche avec un projecteur, qui longeait très lentement le flanc gauche et se portait sur sa hauteur. Et leur traits, leurs coupes, étaient clairement celles d’autres F-302. Ils débarquaient comme ça, ayant probablement tenté d'émettre depuis un bon moment. Celui-là était tout rutilant et neuf, signe que c’était un équipage de leur promo qui venait en renfort. Quand ils se rendirent compte qu’il y avait peut-être de la vie, ils firent clignoter leur projecteur pour leur faire un signe.
Ils étaient là. Ils étaient venu...
Sans attendre, le troisième véhicule que l’on surnommait affectueusement le “péniche volante”, une barge de récupération, se positionna sur le nez d’EagleStar et magnétisa ses attaches sur la carlingue. Il fit opérer au chasseur estropié un demi-tour qui ouvrit la vue sur le Dédale. Il était à distance de sécurité. Mais même là, il donnait un air de grandeur. Il était majestueux.

Chenoa était à fond dans la partie. Cela l’empêchait de trembler comme une feuille. Ça devenait pénible mais c’était encore supportable. Enfin… Elle tenait grâce à la partie, et par la force de sa volonté. Sinon, elle aurait flanché depuis longtemps dans une forme de léthargie passive et soumise.
C’était le grand tunnel qui l’appelait, avec la lumière au fond. C’était pour ça qu’elle voyait soudainement ce raie de lumière… Non, putain, c’était la cavalerie ! C’était la putain de cavalerie !!
Elle dessina sur le givre trois gros : !!! tandis qu’on bougeait le F-302 en avarie totale pour l’orienter vers le Dédale. Le Dédale était là. Le Camping Car le plus cher du monde aux mains d’un papi soixantenaire venait les récupérer en stop !!!

Chenoa se pencha et fouilla dans le bordel sous son siège. Elle extirpa une lampe torche. En deux trois mouvements, elle actionna la dynamo dessus et elle appuya sur le bouton SOS qui allait faire clignoter une partie de la lampe torche en orange. Elle la colla à la verrière givrée, et aussitôt, les flashs de lumières se firent plus rapides, comme pour lui signaler qu’ils avaient repéré qu’ils étaient encore vivant.
La jeune femme sentait la fatalité quitter ses épaules. Elle ne s’énervait pas pour ne pas s’asphyxier, mais ce n’était pas l’envie qui manquait. Elle tapa affectueusement sur la carlingue de Eaglestar :
« On l’a fait en équipe ! On l’a fait en équipe !! On est sauvé putain !! Putain ils sont là !! ». Elle rigolait comme une conne, tellement contente de voir débouler les copains.

Scott, de son côté, avait gueulé des tas de « Quoi ?!? » surexcités et plein d’espoir lorsqu’il avait senti la secousse des attaches magnétiques et les “!!!” de sa pilote. Quand il remarqua le sos d’une petite source lumineuse et la réponse qui venait de l’espace, l’homme comprit enfin. Il s’effondra en pleurs, le terme “comme une merde” était bien au-delà de la réalité. Il se prit la tête entre les mains en murmurant des moitiés de paroles pour lui-même. Le visage déformé par cette brusque libération, il dessina d’une main tremblante un smiley qui se bidonnait, histoire de lui partager sa joie.
Les gars étaient là. Dans tout ce putain d’espace, cette immensité de merde, la cavalerie était venue.

Le copilote n’eut pas le temps d’en faire plus. La lumière inonda tout son cockpit. Une lumière saine et bienveillante, technologique, avec un grésillement qu’il reconnaissait bien. L’instant d’après, il était couché sur le Dédale, recroquevillé sur son sol métallique et immuable. Scott ne ressentit jamais un tel plaisir que d’avoir toute cette surface, cet espace. Même s’il reconnaissait la cellule de confinement, il n’était pas effrayé, il était heureux et il en pleurait silencieusement. Au début, il ne sentit pas vraiment la paire de bras le soulever du sol. Juste une force, qu’il déduisait bienveillante, ou simplement parce qu’il n’avait pas envie de se battre. On l’aida à s'asseoir sur la civière et on lui enleva son casque.
Automatiquement, comme si on le mettait sous des projecteurs, le copilote chassa le toubib le plus proche et tourna son visage à quatre-vingt dix degrés pour qu’on ne le voit pas chialer comme une gamine. Ca y est, c’était fini. C’était vraiment fini.
« Ca va aller, mon gars. Laisse-toi faire. » fit le type en blouse blanche qu’il ne reconnaissait pas.
Le souffle court, la poitrine brusquée par ces affreux battements de ce qui devait être son coeur, il releva les yeux et trouva le visage de Pénikett. Elle était dans la même cellule, assise sur une civière juste à côté de lui, avec d’autres médecins. Il trouva un appui sur le type qui revenait à l’attaque, lui chopant l’épaule pour se redresser alors qu’on lui disait non. Mais Scott était sourd, il s’en foutait de tout ça. Il avança sur Chenoa avec une telle volonté et une telle brusquerie que les autres toubibs crurent qu’il allait l’agresser.
Mais non.

Il continuait de la regarder, s’étonnant de voir à quel point ça lui faisait plaisir de découvrir qu’elle allait bien, du moins physiquement. Les autres avaient levés leur mains dans sa direction, du genre à lui faire comprendre “du calme”. Mais ça aussi, Scott ne le voyait pas. Le pas supplémentaire qu’il fit dans la direction de Penikett ne les rassura pas...mais il lui tendit simplement sa main.
Un geste tout à fait anodin, qui pourrait paraître décalé.

Mais entre Chenoa et lui, ça signifiait infiniment plus.
Plus que des excuses pour ces engueulades. Et encore plus qu’un simple remerciement verbal.
Ils avaient réussi… ensemble.

Chenoa avait le sourire quand le rayon l’attrapa elle aussi et qu’elle fut ramenée sur le Dédale. Comme elle était à genoux sur son siège de pilotage, elle se retrouva à genoux dans la salle de confinement, et tout de suite, deux paires de bras l’attrapèrent sous les aiselles pour qu’elle ne bascule pas en avant. On la remit sur pied avec fermeté mais bienveillance et on la força à reculer vers une civière où elle pu s’asseoir. On lui retira son casque et son visage papillonait d’un faciès à un autre. Elle était contente de voir tout le monde. Elle était vraiment contente de rentrer à la maison !

Elle sentait la pression s’en aller de ses épaules, et la première chose qu’elle fit quand elle sentit l’air sur son visage fut de se gratter frénétiquement le nez et de s’essuyer les yeux. Non, elle n’avait pas pleuré ! Elle était tout sourire.

Elle vit son copilote lui tendre la main, alors que les gens tentaient de le retenir un peu, comme s’il arrivait un peu rapidement sur elle. Toujours le même, sans délicatesse ce mec. Néanmoins, elle lui attrapa la main pour la serrer, tout en lui décrochant un grand sourire. Elle se leva dans l’intervalle et alors qu’elle lachait sa main, elle lui fit un gros calin rapide avant de la lâcher et de lui faire un clin d’oeil. Pas besoin de causer. Cette expérience de vie avait créé quelque chose chez eux.

Il était temps de recevoir les premiers examens médicaux, et le binôme fut séparé. Mais maintenant, ils étaient en sécurité. Ils étaient à la maison.


END 14.01.2019


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