Le cinquième vol

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Lun 10 Sep - 19:31

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Scott avait eu un certain empressement. Il s’était senti rajeunir jusqu’à devenir un vrai gamin la veille de noël. Pas celui que lui offrait son paternel à coup de trique, non. Celui qu’il s’offrait lui-même. Son enfance était loin d’être jouasse mais il y avait bien pire et le gaillard s’en était accommodé à sa façon. Pas de noël chez les Hicks (son ancien nom) ? Pas grave, il le ferait dans le secret.

Tout au long de l’année, Scott économisait pour s’offrir son propre cadeau. Il l'empaquetait même dans un paquet cadeau et attendait le lendemain matin, très tôt quand son paternel cuvait encore, pour le déballer sous un semblant de sapin qu’il avait constitué dans le coin de sa chambre.
Même si, avec l’âge, son intérêt avait évolué et qu’il s’offrait des cadeaux plus chers, ou largement plus osés, c’était devenu dans sa nature de se faire plaisir lui-même. Et de ne pas compter sur les autres. Ce faisant, il avait perdu l’authenticité du geste et n’avait jamais connu ce qu’on ressentait en “recevant” un présent.

Bien sûr, il y avait déjà eu quelques âmes généreuses et désintéressées pour lui offrir une boite de chocolat ou lui souhaiter un joyeux anniversaire. Mais le principe même de l’offrande était tout à fait inexploré, un simple soupçon de ce que ça pouvait représenter pour les autres.

Le cinquième vol, pour la tradition des F-302, ce n’était pas n’importe lequel. Les pilotes avaient reçu leurs noms de code depuis très peu de temps et ils devaient choisir pour l’autre un emblème à faire peindre sur la carlingue. Cela permettait de cimenter la cohésion du binôme au-delà des divisions internes et des ressentiments. En somme, le copilote faisait peindre un symbole de son choix représentant son pilote sous sa verrière. Et le pilote, lui, le faisait pour son copilote. Le cinquième vol devait donc se faire avec ces nouvelles peintures, cette double identité.

Pour une fois, Greer avait su mettre de cotés ses ressentiments à l’encontre de sa pilote. Quand Blue lui avait demandé de fournir un croquis et de ne pas être insultant, lui rappelant bien que l'emblème serait définitif, il avait accepté de prendre les choses sérieusement et il avait pris le soin de réfléchir. La nature “rentre-dedans” de Chenoa n’avait échappé à personne et, le jour où il l’avait traité de “bucheronne sauvage à poils longs”, le reste de l’escadrille avait commencé à murmurer un “Timber”. Cri caractéristique des bûcherons et apparemment issus d’un jeu vidéo.

Et c’est vrai que la jeune femme avait un sacré caractère. Brut de décoffrage dans ses moments et ayant de quoi rivaliser avec les mecs bien virils, le surnom de Timber semblait lui aller comme un gant. Et puisque cela venait du reste de l’escadrille...le baptême s’était imposé un peu naturellement.
Scott ne serait pas allé à dire qu’il voulait lui faire plaisir. Il ne manquait pas une occasion pour l’emmerder et lui faire regretter de l’avoir choisi comme copilote. Mais le symbole peint sur le F-302, ce n’était pas n’importe quoi. C’était quelque chose d’important, qui touchait leur passion commune, la seule chose qui les plaçait sur un terrain d’entente. On ne rigolait pas avec la tradition.

Après avoir posé les bonnes questions, Scott s’était rapproché d’un membre d’équipage qui assurait plutôt bien question dessin. C’était même un putain d’artiste et il l’avait convaincu de s’investir à fond dans le croquis en échange d’une bonne bouteille. A ce moment là, il ne savait pas encore à quel point il était impossible de faire entrer de l’alcool dans le Dédale…
Ils avaient passé un bon paquet de temps ensemble pour trouver le bon dessin. Faire plusieurs essais. Le croquis qu’il avait fourni à Blue avait de la gueule. C’était un coyote aux traits féminins, avec un regard défiant, prêt à rentrer dans le tas. L’animal avait été humanisé pour pouvoir tenir dans ses mains une hache de bûcheron. Le geste était amorcé par dessus l’épaule, prêt à abattre l’outil avec force et précision. Un attrapeur de rêve volait dans ce mouvement, rattaché à l’extrémité du manche.
Le tout devait représenter autant le caractère de Chenoa que ses convictions. Greer était plutôt content du résultat et se disait, malgré son aversion pour elle, qu’il ne s’était pas foutu de sa gueule.
Le copilote avait donc hâte de voir ce symbole peint sur la carlingue. La réaction de Chenoa lui importait peu. Pas parce qu’il s’en fichait, vu l’investissement que ça lui avait demandé, mais parce qu’il savait très bien qu’elle ne lui montrerait aucune satisfaction. Donc, le plus important, c’était de le voir matérialisé sur le blindage à côté du symbole qu’elle aurait choisi pour lui.

L’homme avait cette petite appréhension de la découverte, cette excitation du moment clé où, en s’approchant du bon côté de son chasseur, il s’attendait à trouver les emblèmes. Seulement, son sourire s’effondra quand son regard rencontra le vide absolu. RIEN ! QUE DALLE ! NADA !!!
Grondant dans sa barbe, Scott vérifia qu’il ne s’était pas trompé de coté. Puis il s’assura qu’il s’agissait bien de son F-302. Mais c’était bien le cas. Il se rendit d’un pas un peu trop rapide vers le peintre qui s’occupait d’un binôme de bâbord, les deux collègues fixant le chef d’oeuvre d’un rempart de château fort. Pour Scott, c’était cet abruti qui les avait oublié, qui n’avait pas fait le boulot. Mais ce qu’il découvrit alors le laissa pantois.

« J’ai pas pu mec, ta collègue a pas donné de croquis. »
« T’as fumé, personne part le cinquième vol sans emblème. Elle l’a forcément fait. »
« Et si, vous. Fallait être plus réactif. Je vais pas peindre qu’un seul symbole sur deux. Faut être raccord les gars... »

C’était une foutue douche froide.
Greer sentit tout de suite la moutarde lui monter au nez, si ce n’est le compte-tour déjà en zone rouge, et son esprit carbura à mille à l’heure. Il se ficha bien de l’expression du peintre ou des deux gars qui secouaient négativement la tête. Puisque, n’étant pas capable de fournir les croquis pour partir sur un cinquième vol en respectant la tradition, ils prouvaient à l’ensemble du croiseur être rien de moins que des incapables. Merci Pénikett !

Le copilote fulmina. Il fulmina sévère.
Est-ce qu’elle avait bâclé le travail parce qu’elle ne voyait pas l’importance du délire ? Ou est-ce que c’était pour se venger de l’avoir emmerdé ? C’était un acte de tradition là, c’était le boulot, ça avait une valeur professionnelle reconnue par toute l’équipe. Il avait mis ses griefs de côté pour faire le nécessaire. C’était une bonne occasion de lâcher l’affaire pour une fois et elle envoyait tout ça au trou ?!?
Greer se sentait piégé. Il savait qu’il aurait pu se barrer pour se calmer et revenir plus diplomate un peu plus tard. Mais pas là, ils décollaient ensemble dans un quart d’heure. D’ailleurs, la voilà qui se ramenait, comme une fleur, l’air de rien. Sa façon de ramener sa poire de manière innocente l’acheva pour de bon.

« TIMBER !!!! » S’écria-t-il rageusement. « T’as pas envoyé ton croquis ?!? »

Il se planta devant elle, sentant des colonnes de chaleur l’envahir.

« Bordel de merde ! ON VA PARTIR SANS EMBLÈMES ! Tu vas me faire croire qu’on t’as pas appris ce que ça veut dire à l’école de pilotage ?!? »

Greer l’avait vraiment mauvaise et ça se voyait.

« C’est toi, l’emplumée ! C’est toi la foutue indienne qui me saoule avec tous tes délires à la con ; et t’es pas foutue de suivre UNE coutume de l’escadrille ? Tu sais même pas faire ton travail ?!? »

La dernière remarque avait été tellement gratuite, visant volontairement à la malmener, à la secouer. Scott se savait mauvais quand il était en colère. Mais il se retenait encore moins du fait qu’il avait fait un effort qui n’avait eu aucun retour. Il songeait fort à cette devise imposée qu’il lui avait balancé à la Fac : “Penikett, chasseuse de chibres”. Ce montage qu’il avait fait de ses mains pour salir son honneur quand il n’était encore qu’un pourri qui trouvait sa satisfaction dans la misère des gens. Il crevait d’envie de lui ressortir ça, de la clouer littéralement sur place. De lui montrer que si elle le prenait comme ça, il pouvait recommencer à faire la grosse ordure.

Mais ce n’était que de la colère. Il n’était pas réfléchi et, fort heureusement, on lui avait appris le sang-froid dans ce boulot. Il n’aurait jamais atteint l’un des meilleurs postes sans ça. Mais dans cette circonstance, il était volontairement mauvais et il savait où frapper l’indienne en plein coeur : son travail.

« Tu avais qu’un truc à faire Timber ! Un seul truc que tu pouvais bacler en plus. Et tu te dis pilote alors que tu n’es qu’une foutue figurante. Un clown ! »


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Lun 10 Sep - 19:35

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



L’indienne s’était figée alors que son copilote lui tombait sur le râble tandis qu’elle arrivait pour prendre part à la mission. Le cinquième vol. Il n’était pas anodin non plus celui-là, même si une forme de routine s’installait progressivement. En tout cas, Greer n’était pas un mauvais copilote dans le ciel et dans l’espace, à défaut d’être un bon camarade quand ils étaient sur le Dédale. Elle ne s’attendait cependant pas à se prendre un déluge de la sorte sur le coin de la figure, surtout à froid comme ça et sans coup de semonce. D’habitude, quand il voulait la faire chier, elle le voyait plus ou moins arriver. Mais là… D’ailleurs, ce n’était pas de la méchanceté gentille, bête et conne, qu’elle avait coutume de subir chez lui. Là, c’était de la colère, blessante et mesquine, et elle monta dans les tours tout aussi rapidement.
Elle essayait bien de répliquer un truc mais il était lancé, et il venait de la prendre au dépourvu. Du coup, elle en fut rendu à pouvoir répondre au fait qu’elle était un clown.

« Tu sais quoi, va chier Greer. Si t’étais pas le dernier des connards de néo-nazi de merde, tu l’aurais ton putain d'emblème ! »

C’était vrai quoi. Il était le premier à la faire chier sur ses origines et la preuve était encore flagrante là maintenant. Il l’attaquait sur le fait qu’elle était amérindienne et que cette qualité aurait dû lui faire comprendre le sens des traditions. Ou pire, il l’attaquait sur son professionnalisme et sur sa qualité de pilote. C’était un peu facile et gratuit et cela la fit vriller également. Elle lui posa un doigt sur le torse, puis elle fit quelques petites pression en continuant de parler. Elle le regardait franchement dans les yeux et elle était manifestement en colère elle aussi, la tête légèrement penchée :

« Non Penikett, on ne peut pas peindre Hitler en train de saluer à la mode du troisième Reich sur votre carlingue. Non on ne dessinera pas un homme avec une capirote du Ku Kux Klan non plus. Pas plus que la tête à Mussolini ou Franco même si personne ne sait à quoi ils ressemblent. Mais vous avez perdu la tête ou quoi ? », fit-elle en imitant une autre voix plus grave et plus arrondie, pour indiquer que c’était là la réponse qu’on lui avait donné à ses idées. En réalité, elle n’avait pas eu d’autres idées, et du coup, elle séchait un peu, d’où le fait qu’elle n’avait pas transmis de dessin à faire peindre. Elle pensait que celui de Scott serait déjà sur la carlingue mais manifestement, ce n’était pas le cas. Elle était vexée comme un pou. Tant par ce qu’il venait de lui dire, que par le fait qu’ils allaient décoller à “nu”.

« Si tu me montrais autre chose, et si tu montrais autre chose à l’équipage que tes conneries à mon égard, ben peut-être qu’il y aurait quelque chose qui te caractérise là dessus. Sauf que là, y a rien, et ça te représente bien tiens ! RIEN ! Mais si tu veux, je demande au peintre de faire une belle grosse merde sous ta verrière ?! »

Elle poussa du plat de la main, et elle tenta le passage vers son appareil. C’était super tiens. Elle était dans de parfaite disposition pour piloter maintenant. Bien énervée, bien furax, bien blessée, et bien contrariée. Car oui, cela la faisait profondément chier de ne pas avoir d’emblème sur la carlingue. C’était la tradition merde. Avant que Scott ne réponde, elle avisa d’ailleurs le peintre sur la gauche. Lui et les deux équipiers du F302 qu’il venait de peindre, étaient en train de les regarder se prendre le bec. Fidèle à elle-même, et n’ayant pas peur de taper un scandale en public, elle le prit à parti :

« C’est bon, on a une idée : un clown pour moi, et n’hésite pas à lui foutre des plumes hein, et dessine une bite ou une merde pour lui, ce que tu sais faire le mieux, je m’en tape et colle lui un chapeau de cowboy sur la tête pour lui rappeler d'où il vient ! »

Elle jura en Navajo un truc comme : “bande de sales cons de merde”. Si un officier était dans le coin, elle allait passer un mauvais moment mais elle n'était pas dans ce genre de considérations. Elle s’en voulait de ne pas avoir eu d’idée pour Cross. Mais qu’est-ce qu’il lui offrait à part son animosité constante ? Ok, cela semblait être un jeu pour lui, et ça le devenait pour elle. Une sorte de rituel entre les deux qui se cherchaient des noises, mais cela empêchait son côté créatif de voir la part spirituel de ce type. C’était comme s’il n’était qu’une putain de façade d’emmerdement qui cachait le reste de sa vraie personnalité. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien trouver sérieux ? C’était lui le clown, dans son rôle à deux dollars là ! Elle était vraiment furax !


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Lun 10 Sep - 19:35

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Il n’avait pas dit un mot, encaissant silencieusement alors que son visage se déformait sous l’aggravation de sa colère. Il savait qu’il était en train de virer rouge tomate, que son regard se faisait meurtrier, qu’il avait le coin de la lèvre qui se soulevait d’un tic nerveux comme un foutu cleps prêt à lui arracher la tronche.

Le copilote ne savait pas vraiment ce qui l’irritait le plus. Le fait que Chenoa se soit limitée à le voir comme un raciste et déposer un croquis en la matière sans chercher davantage. Ou bien le fait qu’elle ne se sentait pas fautive en rejetant la faute sur lui. C’était un travail qu’elle devait réaliser. Lui avait joué le jeu, s’y était mis sérieusement, pas elle.

Le contact de son doigt contre sa poitrine, puis sa main qui visa à l’écarter un peu plus tard, eu l’effet d’une bombe en lui. Ca lui brûlait la peau à travers les vêtements. Jusque là il avait toujours veillé à ne pas avoir de contact direct avec sa pilote et il sentit brusquement ses démons se matérialiser dans les environs. Comme une résurgence d’un penchant prédateur qui ne demandait qu’à être libre. Scott savait comment il pourrait s’y prendre pour l’agresser. Il savait comment il pourrait lui tendre l’embuscade, qu’elle ne le voit pas venir lâchement pour que sa résistance ne serve qu’à nourrir davantage sa position dominante.
Elle ne savait pas qui il était. Et sa part sombre et criminelle se gargarisait à l’idée de la tête qu’elle ferait en le découvrant. Des cris et des plaintes qu’elle pousserait dans son impuissance. Il voulait lui faire payer chèrement d’ouvrir sa grande gamelle et de faire sa star.

Deux choses le séparaient de cette folie : son poste de copilote et sa promesse faite à Bradford, son sauveur de l’époque.

Scott se laissa dépasser tout en serrant les dents, regardant le sol avec une mine à faire peur. Il ne ferait jamais ça. Il ne recommencerait jamais, c’était du passé, c’était Hicks. Pas Greer. Mais hors de question de se laisser faire, surtout en la voyant lui tourner le dos après avoir fait son petit spectacle en public. Scott savait que s’il laissait faire, Chenoa prendrait la confiance et trouverait sur l’issue de cette confrontation la solution ultime. Et, bordel, la fierté entrait également en compte.

« Approche pas tes pinceaux de la carlingue toi. »

Le doigt menaçant et le regard haineux avait suffi à faire lever les mains du technicien qui, de base, s’était approché pour rigoler. Le binôme et le reste des personnes présentes étaient mortes de rire. Pas lui. Scott fît volte-face et vit sa pilote qui posait les pieds sur les premiers barreaux de l’échelle pour rejoindre son cockpit. Elle lui tournait le dos et elle avait laché un truc dans sa langue, forcément une insulte, putain !!!!
Ni une ni deux, Scott l’a choppa par la ceinture et lui refit descendre illico sur le plancher des vaches. L’expression “prendre par le colbac” n’avait jamais été si bien représenté et il attendit qu’elle se retourne pour lui répondre.
Ses mains l’avaient laché dès qu’elle avait atteint le sol. C’était un jeu dangereux qu’il ne voulait pas entretenir, surtout de manière physique, raison pour laquelle il gardait ensuite les mains bien le long de son corps. Il ne la brutaliserait pas, il était Greer, pas Hicks. Mais bon sang, qu’est-ce que ça chauffait dans son esprit.

« DONC ! T’es en train de me raconter que t’as proposé des symboles de discrimination dans un bâtiment de l’USAF, en espérant qu’ils allaient les accepter, parce que Pocahontas a eu la flemme d’aller chercher plus loin ?!? De se creuser la tête ? »

Greer secoua négativement la tête, dégoûté.

« C’était ton boulot de trouver quelque chose. LE TRAVAIL ! Pas un règlement de compte personnel. Moi j’ai joué le jeu, pas toi. » Il passa sur l’échelle. « T’as merdé et en plus TU ASSUMES PAS. Va te faire voir, Timber. Va te faire voir !!! »

Il avait articulé les derniers mots pour qu’elle les intègre bien avant qu’il ne monte, lui tournant le dos à son tour pour bien lui faire sentir ce que donnait ce mode de communication. La pression redescendait un peu. Trop peu même. Il était à deux doigts d’exploser. Tout ça pour une peinture à la con.
Non mais elle était sérieuse ?!? Elle avait proposé des symboles d’idéaux racistes. Aucun effort, rien.


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Lun 10 Sep - 19:39

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il l’attrape alors qu’elle montait les barreaux de l’échelle pour rejoindre le cockpit. Vraiment pas. Elle les redescendit plus vite que prévue, et elle se retourna. Franchement, elle était à deux doigts, mais véritablement deux doigts, de le baffer, et elle se mordit la lèvre inférieure de rage pour ne pas exploser, surtout que ce connard adoptait une posture non agressive. Elle le laissa cracher sa contrariété, sans répondre, toujours un peu choquée de s’être faite attraper pour se faire descendre. Elle restait interdite. Cela lui rappelait de très mauvais souvenirs. Très mauvais. Elle ne pensait pas qu’un contact physique un peu rude comme ça lui fasse remonter autant d’aigreur, de peur et de rage.

Elle était une putain de victime ou quoi ?

La jeune femme inspira, l’écoutant à moitié. Elle ne le regardait pas directement, fixant un point sur la droite mais elle l’avait dans sa vision périphérique, et elle gardait une main en hauteur, ouverte, au niveau de son menton. Il avait certainement raison sur le fond. Elle n’avait pas joué le jeu, ou plutôt, elle n’avait pas fait son travail. Pour elle, c’était un plus, quelque chose d’esthétique mais de pas essentiel. Pourtant, elle était la première à décorer les choses, son corps en était la preuve. Ouais, elle n’avait pas été sport, et elle sentait que Greer était plus déçu de constater qu’elle n’avait pas trouvé d’idée que par le fait de voler sans couleur à eux.

Elle ferma sa gueule alors qu’il montait dans l’appareil. Elle était fortement contrariée, elle aurait pu gueuler elle aussi et lui rentrer dans le lard, mais à quoi bon ? Elle tremblait de frustration et de colère, et certainement de peur encore un peu. Elle laissa filer quelques secondes après qu’il eut disparu dans le cockpit pour monter à son tour. Elle était à deux doigts de laisser passer la mission et de se porter pâle, mais elle n’était pas du genre à s’enfuir. Rien de tel qu’une petite virée en privée pour discuter.

Sans le regarder, elle s’installa dans son siège et commença à passer le harnachement et son casque. Elle se plongeait dans les vérifications d’usages. Ça lui changeait les idées et ça lui permettait de se calmer. Vivement le départ.



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Lun 10 Sep - 19:39

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



La colère, c’est toujours merdique.

Arrivé au summum, quand on se sent sur le point d’exploser et de faire n’importe quoi, juste pour que l’autre en face entende raison, il n’y a plus rien de réfléchi. Scott était fermé, le visage dur comme du bois. Il sentait la chaleur irradier le haut de ses tempes et le sang bouillonner dans son corps. La dernière fois qu’il s’était mis dans un état similaire, il s’était jeté sur le mec avec sa tige de billard. Un revers propre et net, envoyé à la façon d’un club de golf, pile dans le nez. Dans cet angle incertain et particulier, et avec la force employée, les cartilages lui étaient remontés à l’intérieur du pif. Le pilier de bar avait passé deux semaines à l’hosto pour une stupide histoire de drogue. Et lui n’avait jamais été inquiété.

Scott ne savait pas pourquoi il faisait ce parallèle, il n’utilisait plus ses poings. Et malgré ses doutes, la tempête à l’intérieur de lui ; malgré la part criminelle qui rêvait de détruire la pilote : il ne ferait jamais plus une telle chose. La haine, la baston, la violence, il avait tiré un trait dessus. Et l’Etat lui avait offert une nouvelle chance.
C’était tout simplement fini, terminé.

Mais le copilote n’aurait jamais pensé pouvoir s’emporter à ce point, comme un trop plein qui finissait par se déverser verbalement.

Tandis qu’il suivait ses procédures de vérification et activait ses systèmes, Scott retrouva peu à peu les repères sécurisant de sa cabine. C’était sa place, son “identité” dans l’USAF, sa valeur. Ici, c’était un type qui avait réussi l’impossible en devenant un excellent copilote de l’avion de chasse dernier cri. Et ce faisant, il redescendit petit à petit dans les tours.

//Tous systèmes ok, démarrage propulsion principale : mode veille. En attente feu vert du contrôle-mission.// Lâcha-t-il dans sa radio dans un ton qui se voulait neutre.

Qui se voulait seulement.
La rancune et la colère y était encore bien présente. Mais il ferait son boulot.
Là-dehors, les techniciens s’écartaient pour libérer la piste d’envol après avoir retiré l’échelle. Les lampes orange se mirent à tourner en signalant l’ouverture du sas, l’alarme sonore filtrant à peine à travers la verrière, et le bouclier d’atmosphère grésilla avant de laisser la vue sur les étoiles. Un vide constellé et magnifique qui les appelait, Chenoa et lui.
//Contrôle-mission a confirmé, autorisation de décoller. Propulsion contrôlée, paré partout.//

Voilà, c’était à elle de jouer. Le moteur s’était déclenché, puissant et imposant, faisant remonter des vibrations particulièrement excitante dans tout l’habitacle. Le décollage allait se faire de manière brusque par catapultage, c’était l’un de ses moments préférés.

Quand le contrecoup de l’accélération eut lieu, il remarqua la vitesse supplémentaire qu’y mettait sa pilote. Il avait beau la détester sur certains points, ils aimaient tous les deux la vitesse, être écrasé dans le siège au moment du départ. Cette impression d’être vivant, de voler, d’être seuls dans le vide pour naviguer au travers des dangers de l’espace.
Scott regarda le Dédale disparaître de son champ de vision puis observa l’espace tout autour de lui. Voilà...voilà pourquoi il était censé s’entendre avec sa pilote et se tenir. Ce moment-là, qui ne faisait que commencer, valait tout son pesant d’or.

Il y avait un reste d’amertume et de rancune, bien sûr, mais c’était difficile d’y rester. Parce qu’ils vivaient de nouveau leur passion commune. C’était à croire que le Scott et la Chenoa qui s’étaient joyeusement étripés sur le pont d’envol tribord y étaient restés, leur meilleure partie décollant seule dans le coucou.
Du moins, c’est ce que ressentait tout de suite le copilote.

Et c’est là qu’il déchanta.
Il traça la route qu’il envoya sur l’ordinateur de vol de Chenoa sans lui parler, il se contenterait du minimum. Peut-être pour s’effacer un peu. Peut-être pour l’effacer aussi.
Mais maintenant qu’il prenait peu à peu de recul avec le temps, en silence dans ce vide spatial, il se rendit compte qu’il n’avait pas été réglo. S’en prendre à son professionnalisme, c’était le coup en dessous la ceinture. Il le savait qu’elle avait dû se battre durant toute sa formation pour s’imposer. Déjà parce qu’elle était une femme et que le sexisme perdurait malgré tout dans les classes élitistes. Parce qu’elle avait ce comportement innocent et décalé, par moment, qui ne méritait pas ce mépris. Et aussi parce que, pour prouver sans arrêt qu’elle méritait sa place, elle avait passé sa vie à affiner ses compétences pour être l’une des meilleures.

Dans tout ça, la rabaisser verbalement au même rang qu’un pilote de canadair, c’était tout simplement humiliant. Et Scott n’avait eu aucun scrupule à l’attaquer sur ce sujet. Timber était une grande fille avec un caractère solide, ok, mais Greer savait qu’à sa place, il aurait buté le mec qui s’était permis cette liberté.

Et une autre chose commençait à le tarauder sérieusement.
Il avait remarqué cette main levée quand il l’avait ramené au plancher des vaches de force. Monsieur tout le monde n’aurait pas capté le délire. Mais Scott avait été un pourri qui s’en prenait aux femmes. Il savait qu’il devait se méfier d’une main positionnée dans ce genre s’il voulait garder son visage ou ses yeux. Les ongles, on ne s’en méfiait jamais assez.
Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il avait foutu la trouille à sa pilote. Il était encore en train d’apprendre à la connaître et, malgré tout, ce n’était pas le genre de la maison. En revanche, elle s’était sentie menacée pour avoir ce genre de geste. Un coup prêt à partir, juste là, à mi-chemin entre le poing serré et les griffes sorties.

Est-ce qu’il avait donné l’air si violent ?
Ou est-ce qu’il venait de lui rappeler quelque chose ?

Scott commençait à regretter d’avoir tenu ces propos.
Pour un type qui parlait boulot, et donc sang-froid, il n’avait pas été pro. Il aurait dû être plus diplomate mais c’était toujours facile de se dire ça après coup.
Son écran signala l’approche de leur secteur de patrouille. Une petite alarme venait de clignoter, ils franchissaient leur dernier checkpoint.
//Début de la patrouille dans quatre minutes. Je t’ai tracé plusieurs chemins, j’envoie sur ton ordinateur de vol. Le nuage de gaz doit être contrôlé aussi...//

Tout ça elle le savait.
C’était une tentative bien maladroite de reprendre le dialogue, ne serait-ce que purement professionnel.


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Lun 10 Sep - 19:42

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



L'indienne n'était pas dans son assiette. Elle ruminait sévère sur plusieurs points : l'attitude de Greer ; les proportions que cela avait pris ; les propos de son copilote ; sa propre attitude face à lui. Elle pianotait machinalement ses instruments pour préparer l'envol, la boule au ventre. Pour un peu et elle lachait quelques larmes bien malgré elle, mais elle ravalait tout ça en laissant l'habitude faire. Envolée l'excitation de partir en virée. Elle avait juste envie d'avoir la paix et de rester loin de son binôme. Pourtant, elle le savait, c'était en prenant la route ou l'air qu'elle se sentait le mieux et l'aigreur finirait par tomber après quelques minutes de vol. Sur Terre elle aurait pris sa moto, une grosse cylindrée italienne et elle aurait taillée la route. Peut être qu'elle aurait rejoint un aérodrome pour louer un coucou et voler un peu. Elle faisait souvent ça quand elle était en colère. Elle claquait la porte à en faire tomber les cadres et elle se barrait faire une virée.

Mais c'était sûrement différent aujourd'hui, dans le sens où elle avait l'objet de son énervement dans le dos. Elle ne pouvait pas vraiment être seule. Le protocole interdisait de couper les communications avec son copilote, du coup, ils pouvaient se parler même si manifestement, l'un comme l'autre s'en tenait au minimum.

Franchement, elle aurait du le baffer ce connard. Ou bien lui mettre son pied dans les roubignoles pour l'avoir touché. Il lui avait fait peur. Il semblait tellement en rogne qu'elle avait imaginé une seconde qu'il allait la frapper. Et après ? Pourquoi est-ce qu'elle avait eu peur comme ça ? Parce que c'était un homme et qu'il l'avait surprise ? Cela lui avait rappelé de mauvais souvenirs liés à son enfance. Jamais elle n'avait été confronté à une autre forme de violence par la suite, si ce n'était celle verbale, et le harcèlement sur son amour des bites à la fac. Pendant les classes pour être pilote, elle avait bien subit quelques cours de self défense et de sport de combat, mais c'était encadré et contrôlé, dans un cadre bien défini. Ce n'était pas pareil. Cela voulait donc dire une chose : elle était plus traumatisée qu'elle ne voulait bien le croire depuis des années et cette histoire n'était pas encore tout à fait derrière elle. Ne le serait elle jamais ? Elle devait vivre avec parce que trois connards le lui avaient imposé. C'était comme ça. Elle ne pourrait jamais vraiment l'enfouir. La preuve aujourd'hui en bas de cette échelle où une peur animale lui avait vrillé les tripes.

// Tous systèmes ok ici aussi. //

Elle fit écho à ce qu'il venait de dire. Pas plus, pas moins. Elle ruminait trop ses propos. Ok il n'avait pas tort sur le fait qu'elle n'avait pas fait son job vis à vis de la peinture, mais pour le reste… elle estimait être bonne dans son domaine et ne pas avoir volé sa place. Elle était bien classée en sortie d'académie militaire et elle n'aurait pas eu ce job sans ça. Alors qu'il aille se faire mettre lui et sa façon de la percevoir. Elle regrettait vraiment d'avoir accepté de voler avec lui. Chenoa savait que de toute façon elle n'aurait pas eu le choix parce que Ross n'avait pas semblé enclin à les séparer mais peut-être que si elle avait insisté en même temps que Scott, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Pourquoi diable fallait il qu'elle se frappe des environnements toujours hostiles à son égard ? D'abord son enfance où elle était une proie. Puis son adolescence dans un milieu assez marginal (de loin une des meilleure partie de sa vie quand même), puis son entrée dans l'âge adulte, quand elle était étudiante où des personnes faisaient circuler des fausses images grossières sur sa personne. Et enfin, l'armée, avec ce connard de Mitchell qui n'arrêtait pas de lui mettre des bâtons dans les roues. Pourquoi tous ces gens en avaient après elle ? Elle n'avait jamais rien fait de plus ou de moins que les autres filles… alors pourquoi le destin s'acharnait il autant ?

// Reçu. Décollage dans 3, 2, 1. //

Arrivée au bout du compte à rebours, elle autorisa le catapultage et elle mit directement les gazs quand le F-302 dégagea de la baie d'envol. Elle bourra littéralement dans le tas comme elle aimait le faire, et peut-être un peu plus encore. Le chasseur répondait toujours à ses attentes et elle ne se lassait pas de se faire coller au siège.

Le plan de vol s'activa sur son écran. Habituellement, Scott aurait accompagné ça d'une petite boutade ou autre. Il était toujours plus “normal” après un décollage. Comme s'il était grisé par la sensation. C'était du moins comme ça qu'elle le percevait. Ce n'était peut-être qu'une déformation faite au travers de son prisme personnelle de jouissance après ce moment fort. Elle ne dit rien, se contentant d'orienter le F-302 vers le bon secteur de patrouille. De toute façon, elle avait juste envie d'assurer le minimum syndical.

Il essaya de communiquer un peu maladroitement en lui présentant les différents chemins et aussi en lui précisant qu'elle devait vérifier le nuage de gaz. Elle aimait bien entendre les voix déformée par le masque à oxygène. C'était toujours une tonalité bien définie.
Quoiqu'il en soit, elle était au courant de tout ça. Elle savait que c'était une façon de renouer la conversation. Peut être qu'il se sentait con, peut être qu'il s'inquiétait de ne pas l'entendre causer, ou peut-être qu'il voulait lui mettre une seconde pile pour la forme. Peut être aussi qu'en disant ces banalités, il soulignait le fait qu'il devait repasser derrière elle puisqu'elle n'était pas foutue de faire son boulot correctement. Ça allait parfaitement avec les propos blessant qu'il avait tenu.

// J'ai étudié le plan de vol moi aussi. // Lâcha-t-elle d'un ton sec.

Elle poussa un soupir dans son casque. Il n'avait pas eu ce ton critique ou méchant. Il essayait juste de faire la conversation. Elle devait arrêter de se braquer. Ils bossaient ensemble, autant que cela se passe bien. Mais s'il pensait qu'elle allait s'excuser pour un foutu dessin, il se mettait le doigt dans l'oeil, aussi importante était la tradition.

// Hey Cross. T'es superstitieux ? Tu crois en qui ? //

Après tout, pourquoi s'était il autant énervé si ce n'était pas par crainte superstitieuse ? Parce qu'elle avait proposé de le représenter en Adolf ? Le pire c'est qu'elle avait juste dit ça à Blue pour blaguer en se plaignant qu'elle n'avait pas d'autres traits caractéristiques à faire valoir. Elle savait très bien que ça ne passerait pas… et puis au fond, il se donnait un genre cet abruti, rien de plus.


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Lun 10 Sep - 19:43

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Voler à bord du meilleur chasseur est déjà une belle aventure.
Si Scott avait essayé de remonter le temps pour se dire qu’il vivrait sur un croiseur de combat et ferait le copilote d’une indienne, le jeune lui aurait ri au nez avant de lui demander de la lui “présenter”. C’est vraiment étrange de voir à quel point on peut changer en quelques années, de passer d’un bout à l’autre d’un éventail.
Cette nouvelle existence ne lui déplaisait pas. Et depuis qu’il avait eu un aperçu des compétences de Chenoa, il n’était pas contre de s’envoler avec elle. Il ne l’avouerait jamais ouvertement, bien sûr, mais elle était bien la seule à bourriner son décollage par pur plaisir. Un plaisir qu’il partageait inévitablement.

Quelque part, c’est pour ça qu’il balisait autant et qu’il se montrait que sous une dégaine de raciste.
Parce qu’il ne voulait pas qu’on découvre son passé, des faits dont il s’était rendu coupable mais qu’il avait payé envers la société. S’il n’avait rien eu à perdre, il s’en moquerait certainement. Mais voler dans ce F-302, filer dans le grand vide spatial en étant entouré de ces étoiles, ça n’avait rien de comparable. Ca méritait d’être protégé.

Quand sa pilote lui rappela qu’elle connaissait le plan de vol, Scott l’interpréta comme un refus de converser. Il ne s’attendait pas à des excuses de sa part et il préférait crever que d’en formuler lui-même. Là, elle voulait surtout être seule et il respectait ça, même si ça le faisait soupirer. Ce n’était pas avec ce comportement puéril qu’ils allaient avancer mais, d’un autre côté, la responsabilité était surtout la sienne. Il aurait dû s’éloigner et attendre que ça se tasse.
Et sa façon de le renvoyer au minima de l’interaction professionnelle venait de lui confirmer qu’il l’avait blessé, dans son égo si ce n’était pas sur ses capacités de pilote. Il s’en voulait un peu. Comme sentiment, ce n’était pas habituel chez lui. Vraiment pas.

Greer se rembrunit, toujours maussade, puis décala son visage pour regarder l’extérieur. Le nuage de gaz grandissait à vue d’oeil et différents amas stellaire de différentes formes offraient un tableaux de couleur et de constellation sacrément beau à voir. On peut dire ce qu’on veut, les artistes sur Terre faisaient pâle figure face à la beauté spatiale. Personne ne pouvait le voir à l’oeil nu, même pas les astronautes dans l’espace interplanétaire, à seulement quelques kilomètres du plancher des vaches. Ce plaisir unique leur était réservé à eux seuls, pilote de F-302, et c’était tout aussi beau que flatteur.

Le copilote respectait un silence révérencieux. Il contrôlait régulièrement ses instruments et son ordinateur de vol mais l’essentiel du boulot revenait à Chenoa. L’homme pouvait en profiter pour s’isoler, profiter de l’occasion pour se perdre dans cette contemplation, se laisser bercer par sa respiration dans son masque à oxygène.
Il ne sortit de ses pensées qu’en entendant sa collègue ajouter quelque chose. Scott fronça les sourcils en décortiquant l’intonation, le propos, cherchant encore sa colère ou ses reproches. Mais cela le surprit de se rendre compte que ce n’était qu’une simple question.
Cela le surprit...mais ça l’effraya aussi. Conséquence de sa réaction stupide, Chenoa faisait l’effort de chercher à le connaître, ou du moins, de poser une question en rapport avec cette affaire, à apprendre quelque chose de lui. On était loin de l’approche fraternelle. Mais cette question prouvait qu’elle gambergeait sur cette altercation, qu’elle cherchait à comprendre. C’était bien la première fois qu’elle faisait ça et la réaction de Scott fut immédiate et négative :

//Je crois en rien...//

Encore un beau “va te faire voir” dont il avait le secret. Mais il ne laissa même pas filer une petite seconde qu’il se ravisa immédiatement, comme s’il reprenait la suite d’un phrase après une pause. Il avait essayé de lui tendre la main, Chenoa faisait pareil, ce n’était vraiment pas le moment de la baffer pour le plaisir de la mesquinerie.

//...si, je crois en quelqu’un. Il s’appelait Bradford.//

Une alarme sonna dans son esprit. Danger.
Scott regarda son ordinateur de vol, comme pour s’assurer que ça ne venait pas de là, puis il reprit. Il avait peur, au fond de lui, de livrer cette information. Surtout que Bradford était à l’origine de son changement de vie et qu’il avait été la personne la plus valeureuse et la plus impliquée qu’il n'eût jamais connu.
Greer ne savait pas pourquoi il prenait ce risque. Pourquoi est-ce qu’il se confierait ? C’était comme payer un tribut, une minuscule part de lui, pour essayer de faire la paix…

Et pourquoi faire la paix ?
Parce que Scott savait pertinemment que si Josh avait été là, il aurait été déçu de son geste, de cette prise de gueule. Il aurait été fier, quelque part, de le voir côtoyer professionnellement une amérindienne et atterré de ce qui en résultait ensuite.
Scott lui devait bien ça, au moins par respect pour cet homme, et aussi par respect pour la pilote qu’était Chenoa. C’était pas du sentimentalisme, loin de là. Il aurait tellement préféré s’en tenir à cette négation, la croix, rien, comme il l’avait baptisé dans l’escadrille. Elle n’avait pas tort finalement. Il se fermait tellement qu’ils l’avaient tous appelé “Cross”.
Scott était une impasse à chaque fois qu’on essayait d’apprendre quelque chose de lui.
Ordinairement, il servait les salades qu’on lui avait enseigné au Programme de Protection des Témoins. Mais le hasard lui avait imposé un élément phare du passé : Penikett. Qui ne se serait pas planqué derrière cette hostilité et ces aprioris ? D’autant plus que si Scott “détestait” les indiennes...c’est bien parce que dans le passé...ça avait été clairement son type.

//Je crois en lui...// lâcha Greer en espérant que ça s’arrêterait là.

Dire que c’était à elle qu’il confiait cette première info...le monde tournait à l’envers.

// Bradford…. C’est qui ? Un catcheur ? //. Ok, c’était petit de rabaisser le type en qui il croit à un catcheur, mais comme elle boudait encore un peu, c’était facile et rapide. Sans parler que ça lui balançait un truc du genre : “toi tu crois en un athlète factice”. Ca pouvait en dire long sur quelqu’un. Bref, elle avait un peu fait la salope sur le coup, surtout que Greer semblait se confier un peu.
//Hé ! C’était un flic...quelqu’un de bien. Un peu de respect.// Répliqua soudainement Greer, un brin trop râleur.

Il soupira en secouant négativement la tête et s’enterra dans le silence.
Ce type avait poursuivi les Hicks tout au long de sa carrière. Et au lieu de le balancer en taule, là où les gangs lui seraient passés dessus. Du genre violeur violé. Il lui avait offert une nouvelle vie : c’était son héritage avant un départ à la retraite mérité.
N’empêche, il lui manquait tellement ce flic. Il avait été le seul à s’attarder sur son cas, à ne pas le prendre pour le criminel qu’il était, et lui apprendre que le monde ne se limitait pas à une hiérarchisation du crime dans un troupeau de brebis. Le fait de parler de lui plaça le copilote dans l’embarras. Il aurait tout donné pour le revoir une dernière fois, lui expliquer sa situation, et lui demander quel était la meilleure solution. Parce qu’il ne fallait pas se leurrer. Il avait le couperet au-dessus de la tête.
Braford était la seule personne, de toute sa vie, à lui avoir enseigné quelque chose de bon.


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Mar 11 Sep - 5:07

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



// Désolé, je ne voulais pas te vexer… encore. // dit-elle dans la foulée, ne pouvant s’empêcher de faire une allusion encore une fois à leur prise de bec. N’empêche, c’était étonnant comme réponse. Pourquoi un flic ? Pourquoi croirait-il en lui et pas en quelqu’un d’autre. Il devait être spécial pour Greer. Peut-être un début de réponse pour son totem à dessiner sur la carlingue ?
// Pourquoi un flic ? Pourquoi lui ? Tu ne parles jamais de ton passé, tu fais chier aussi. //, ajouta-t-elle sur un ton de reproche qui n’en était pas vraiment un. Plutôt une constatation.
//Je suis un collègue, pas un pote...// Répondit-il du tac au tac.
En fait, il ne savait pas comment expliquer autrement qu’il ne s’ouvrirait pas davantage. Ca lui semblait le plus évident de compartimenter. Mais maintenant qu’il était lancé, autant peser soigneusement ce qu’il acceptait de partager.
//Il m’a sauvé, il était là au pire moment. C’est grâce à lui si je suis dans ce siège. Il a pris sa retraite en s’isolant sur une île, je ne l’ai jamais revu.//
// Et tu aimerais le revoir ? Si t’as besoin d’une “collègue” qui sait piloter, je te parachute au dessus de son île. //, fit-elle en accentuant le mot “collègue”. La jeune femme orienta le F-302 pour contourner un amas de roche en mouvement qui se détachait paresseusement du nuage de gaz. Elle faisait la parlote mais elle n’en gardait pas moins un oeil partout, autant sur ses instruments que sur la verrière.

D’ailleurs, Scott activa le radar anti-collision pour vérifier la présence des amas stellaire et pinga sur le hub de Chenoa les plus grandes menaces. C’était un parcours de santé jusque là et un terrain assez favorable à la discussion. Etrange d’ailleurs, c’était la première fois qu’ils échangeaient sans se friter et ça avait quelque chose de presque dérangeant.
//Ca marche pas comme ça, Timber.// Avoua-t-il, une pointe de regret dans la voix.
Il ne savait pas bien comment il devait prendre la dernière réplique. Pas de manière négative en tout cas. Mais elle venait de lui rappeler combien il aurait aimé retrouver Josh. Lui raconter ce qu’il avait fait durant tout ce temps, lui prouver que ses efforts n’avaient pas été vains. Ou surement, un jour, lui rendre visite avec Chenoa pour lui faire comprendre que tout avait changé.
Mais est-ce que ce jour là viendrait vraiment ? Et est-ce qu’il serait - ne serait-ce qu’envisageable - qu’il lie une amitié sincère avec une Amérindienne s’en avoir envie de lui passer dessus à la moindre prise de bec ?

La jeune femme haussa des épaules dans son cockpit tout en regardant à l’extérieur les différents amas que Cross avait pingué. C’était réellement impressionnant que de passer aussi près de roche en lévitation dans le vide absolu.
// Ben si ça marche comme ça. Tu y vas, tu vois, et tu es fixé. //
Il n’y avait pas que sa conduite qui était directe, mais c’était une facette récurrente de sa personnalité.
Scott fronça les sourcils, il contrôla son écran à deux reprises avant d’envoyer une nouvelle trajectoire.
//Si seulement c’était si simple. Il s’est isolé sur cette île pour avoir la paix. Tu me donnes envie d’essayer, arrête de me tenter !//
// Et après ? C’est pas de lui dont il est question, mais de toi. //, répondit-elle en prenant une courbe vraiment serrée pour changer sa trajectoire. Elle aurait pu faire plus souple, mais il ne fallait pas déconner non plus.
Scott lâcha une exclamation sous l’effet des G. Comme dans une fête foraine, c’était un mordu des parcs d’attractions et plus encore de voltige...enfin...sauf quand cette garce s’amusait à lui faire tourner de l’oeil et lui prouver qu’elle était plus résistante que lui. Ca, bon sang, il en faisait presque un complexe ! C’est elle qui devrait se sentir mal...mais elle était pilote.

Scott secoua la tête. Il fallait qu’il change de sujet, ça le dérangeait de plus en plus. Voilà maintenant qu’elle lui conseillait de penser à sa poire en priorité. A croire que ça l’importait de l’aider à trouver une solution à ce problème. Parce qu’elle l’avait bien senti que Bradford lui manquait. Et c’était vrai, il lui manquait sacrément. Pour le peu de temps qu’ils avaient passé ensemble, il s’était montré être le père qu’il n’avait jamais eu. Et qu’il aurait dû avoir.
//Et toi...tu crois en Coyote...// Se risqua-t-il à dire.
Il avait bien fallu s’y intéresser, elle avait prononcé ça la première fois qu’ils avaient erré dans les coursives du Dédale. Et depuis, c’était récurrent, ça valait quelque chose pour elle c’était certain. D’où son choix d'emblème, une coyote armé d’une hache.
//C’est un catcheur ?// Termina-t-il, un peu moqueur.

Chenoa observa un moment de silence avant de répondre :
// Oui il peut être un catcheur. Coyote est un décepteur dans ma mythologie. C’est un Dieu qui façonne le monde. Il prend beaucoup de formes possibles. Il est capable de capturer un homme, de prendre son apparence, et d’aller faire l’amour à sa femme, tu vois ? C’est un rigolo. Mais on le reconnait à son odeur. Il sent souvent l’urine. Faut toujours se méfier des personnes qui sentent l’urine, c’est probablement Coyote qui veut te jouer un mauvais tour. Donc oui, s’il voulait, il pourrait prendre l’apparence d’un catcheur, si ça sert son but. Les catcheurs sont des acteurs, Coyote aussi. Je suis sûre qu’il a déjà fait du catch. C’est amusant à imaginer. //
On ne l’arrêtait plus… Sauf que soudainement :
// Et sinon, ta couleur préférée, c’est laquelle ? //


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Ven 28 Sep - 21:43

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Sur le moment, le copilote eut envie d’éclater de rire. Qu’est-ce que c’était que cette histoire à la con ? Un farceur mythologique qui foutait la merde dans la vie des gens ? Scott ne savait pas s’il devait vraiment s’en moquer ou non. Après tout, il était en train de voler avec une navajo aux commandes. Si ce n’était pas ironique vu son histoire personnelle…
Il préféra écouter, faire l’effort de suivre ce qu’elle lui expliquait à ce sujet. Chenoa avait vraiment l’air d’y croire au point qu’elle était repartie dans son monologue infernal. Pour un peu, Scott aurait eu l’impression d’avoir branché sa fréquence sur “Radio Timber, le numéro un du blabla indien”. et avoir cassé le bouton off au passage. Pas moyen d’en placer une dans ces moments là, il fallait être présent physiquement, en face d’elle, pour trouver un moyen de l’éteindre temporairement. Et encore…

On aurait dit qu’elle prenait cette première ouverture comme acquis, qu’elle s’y engouffrait, ayant le droit de gratter et de creuser davantage. Elle comptait avoir quoi au final ? Tout savoir de sa vie ? Scott savait que des binômes d’avion de chasse tissaient parfois des liens si étroits que l’un ne s’en sortait plus sans l’autre. Il s’était toujours dit qu’il réussirait à placer les barrières avant ça, loin de se douter que son partenaire serait une femme et indienne en plus de ça.

Greer se referma comme une huître avant de lui balancer, sans colère ni haine cette fois :
//Le rouge, le blanc et le noir. Ca te revient pas ? Tu comptais le faire peindre sous ma verrière...//
// J’aurai du me douter que le rouge et le noir étaient en trop. //, répliqua-t-elle du tac au tac.
Scott fit une grimace de mauvaise grâce. Il recommençait à avoir envie de lui dire d’aller se faire voir mais il se contenait.
//Le blanc alors. Laisse tomber.//
Deux nouvelles alarmes successives passèrent sur son écran. Scott se replaça sur son siège pour étudier ça, trouvant curieux les informations qui lui parvenaient.
// On progresse… Un flic blanc. J’ai presque un dessin dans la tête là. //, dit-elle un peu sarcastique.
//Je te jure que si tu te sers de Bradford pour te moquer de moi, ça va pas le faire..// Balança-t-il d’un ton menaçant. //C’était un mec bien et il était à mille lieux de tes délires de persécution.//
Sur le coup, Chenoa se serait bien retournée pour le regarder d’un drôle d’air. Ses délires de persécution ?? Qu’est-ce qu’il racontait encore sérieux…
// Quoi ?? Mais qu’est-ce que tu racontes sérieux ? D’où est-ce que je l’ai mis dans mes pseudos délires de persécution ? Tu m’expliques ? Et ça veut dire quoi ? Que ce qu’on va dessiner sur la carlingue, c’est pour se moquer de la gueule de l’autre ? J’avais pas compris ça moi... //
//Il protégeait les amérindiens. C’était ça son boulot.//
Le mot de trop. Il aurait pas dû le dire, il le savait. Mais comment est-ce qu’elle pouvait ne serait-ce que s’amuser, insinuer, quelque chose avec son terme de “flic blanc” ?!?
Est-ce qu’il avait mal compris ? Est-ce qu’il était complètement à côté de la plaque ? Elle parlait d’un flic et son mentor était bien le seul qui pouvait être concerné. Alors quel message il fallait tirer de “blanc” et de ce ton moqueur ?
//Tu insinues quoi avec ton “flic blanc” et ton air ironique ? Tu te sers de ce en quoi je crois, en lui, pour te moquer ? Que tout ce qui tourne autour de moi est axé là-dessus ? Je t’interdis de faire une allusion de ce genre sur Bradford, surtout lui. Et merde, tiens ! J’aurais dû fermer ma gueule ! Ca m’apprendra. //
Ouais, ça lui apprendra d’avoir cru pouvoir s’ouvrir un peu, histoire de faire la paix avec Penikett. Ils n’étaient pas capable de s’entendre durablement. Ce n’était pas le contenu en soi mais le ton employé, comme s’il suffisait qu’un flic soit blanc pour qu’il soit partial. Et là c’était Josh qu’il voyait en entendant cette phrase. Le petit outrage sous-jacent surprise. C’est comme ça que Scott le prenait et se servir de ce qu’il lui avait raconté pour ce semblant de moquerie lui faisait perdre les pédales. Pourquoi lui avoir dit sa fonction ? Elle allait surement se dire que s’il protégeait les Amérindiens, il les protégeait aussi de lui ?
Non, elle savait que dalle, il n’y aurait que des suppositions et ils étaient seuls dans l’espace. Elle pouvait rêver pour avoir la moindre information supplémentaire. C’était déjà beaucoup trop et en-dehors de ce qu’il acceptait de confier. Mais ce qui touchait à Josh, c’était sacré. Peut-être qu’il avait voulu qu’elle sache à quel point il était important pour qu’elle ne se risque pas dans un terrain aussi dangereux. De toute façon, elle ne pourrait que divaguer et spéculer pour faire un lien entre lui et le boulot de Josh. Rien ne l’empêchait, à partir de là, de jouer du pipeau jusqu’au bout.

**Bon sang, Bradford, si seulement tu étais là. Si seulement tu pouvais m’aider une dernière fois, que j’arrête d’avoir le cul entre deux chaises !** Songea-t-il alors qu’il affinait ses outils de détection sur le mystère qui se profilait de plus en plus dans ce nuage de gaz.


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Dim 30 Sep - 11:18

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



La réponse de Cross sur la fonction de flic de Bradford fit réfléchir la jeune femme. Il avait sauvé la vie de Greer et il lui avait dit que c’était grâce à lui qu’il était dans ce siège. Pourquoi donc ? Parce qu’il était flic lui aussi et que dans une affaire, son coéquipier ou collègue lui avait sauvé les miches. Est-ce que c’était parce qu’il avait donc côtoyé beaucoup d’amérindiens qu’il était comme ça avec elle ? En avait-il eu marre de voir le peuple de Chenoa se soumettre au dogme des blancs ? En avait-il des aigreurs ? Ou est-ce qu’il était de l’autre côté ? Peut-être que, au regard de son comportement clairement hostile avec elle (et pas avec d’autres personnes qui sont typées d’une origine différente), il était de ceux qui faisaient du mal aux indiens d’Amérique et que ce flic lui avait fait passer le goût du pain (ou de l’indien) ? Non, cette dernière hypothèse était tirée par les cheveux et guère plausible. Si ce type était un criminel, il ne serait pas devenu copilote d’un chasseur dernière génération, et encore moins dans ce programme top secret.

Bref, c’étaient des pistes à explorer et Chenoa se les mettait de côté alors qu’elle poussait un soupir clairement audible dans son casque. Il prenait décidément bien la mouche aujourd’hui. Habituellement, il était toujours là à se moquer d’elle, à la faire chier, à la titiller et là, il se vexait comme un pou pour un rien, surtout qu’elle n’avait pas cherché à se moquer de son bon Bradford.

// Sérieux Cross… Trouve toi une bonne femme ou un bonhomme, je m’en tape, mais fais toi purger, tu es vraiment aigri aujourd’hui... //

Ce n’était pas très classe comme remarque, mais c’était Chenoa. Elle balançait ce qu’elle pensait comme ça sans trop réfléchir. Néanmoins, elle ne le laissa pas qu’avec ce conseil, car elle ajouta :

// Et pour ton information, je ne me moquais pas de ton coéquipier, mais de ton manque de loquacité. Tu es vraiment une tête de con sérieux ! Je disais que j’avais un “flic blanc” parce que finalement, ce sont les seules informations que tu m’as donné. Ça n’a rien à voir avec le fait qu’il soit blanc ou flic. Putain, mais va te faire branler, ou prend ta main mec, ça te fera baisser les hormones. Et on parle des bonnes femmes sérieux... //

Elle poussa un nouveau soupir, carrément agacée maintenant. Elle s’était dit qu’elle allait répondre tranquillement, mais il la faisait chier avec ses remarques de merde. Ok, son Bradford chéri était son idole ou elle ne savait quoi, elle ne se moquerait pas, mais il ne fallait pas non plus tomber dans la passion religieuse merde. Chenoa était contente de savoir quelques trucs en plus sur son copilote, mais si ça devait à chaque fois être la guerre pour en apprendre d’avantage, et se le voir reprocher ensuite, qu’il aille se faire foutre lui et sa croix.

L’indienne n’avait pas placé le mot “coéquipier” par hasard dans sa phrase. Elle n’était pas une grande manipulatrice, mais c’était une façon de vérifier une hypothèse ou pas. Tout dépendrait de ce qu’il allait répondre, et peut-être qu’il passerait à côté de l’information - et elle en déduirait ce qu’elle voulait - et qu’il resterait focalisé sur l’aspect branlette de son propos. Bref, elle verrait bien.



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Sam 27 Oct - 10:45

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Une grimace étira le visage de Scott.
Il y a pas à dire, la concernant, il ne serait jamais inquiété par un comportement hypocrite. C’était bien dans son caractère de lui dire d’aller se soulager et qu’il ressemblait à une femme trop hormonée. Chenoa bourrait dans le tas, c’était à se demander comment elle n’avait pas fini avec un dossier aussi épais qu’un annuaire téléphonique sur des cas d’insubordination. Le copilote maugréa et grogna dans son casque, continuant de manipuler les outils de détection du chasseur.
//Ouais, ok, tu te gares sur le bas côté et on règle ça sur la banquette arrière.// Répondit-il avec un ton railleur.

Tout dans la finesse. Il fallait croire qu’ils parlaient la même langue.
Elle avait pensé que Bradford était son coéquipier, elle faisait littéralement fausse route et ça lui enleva un poids de la poitrine. Au moins elle n’en apprendrait pas plus et ce n’était pas le plus important de l’affaire. Alors si elle se fourvoyait, Scott gambergerait d’autant moins. Il n’avait pas l’intention d’aller plus loin dans cet échange, surtout qu’il n’était pas si constructif au final. Scott avait appris ce qu’était enfin cette histoire de coyote et il avait livré, plus par maladresse que par volonté, quelques informations personnelles. Maintenant, il restait à savoir si elle allait les garder pour elle ou si l’équipe s’en trouverait informée dès qu’ils poseraient un train d'atterrissage sur le pont tribord.

Scott, donc, en était resté là.
Sa dernière allusion servirait de conclusion à la conversation et il n’écouta pas ce qu’elle lui répondait dans le casque. Surement une de ses fameuses réparties dont elle avait le secret mais le copilote était en train d’examiner les derniers résultats. Une alarme en rouge se matérialisa sur le compte rendu issu de son ordinateur et il la coupa directement, sans même se préoccuper du contenu, pour annoncer d’une voix plus importante et dénuée de tout mépris :

//Pilote, alerte détection. Deux tiers par tribord avant, quinze degrés. Réduire la vitesse à cent cinquante.//

Le copilote entra la mise à jour de coordonnées de vol, murmurant un //Yess...// avant de reprendre.

//Timber, ce nuage de gaz n’est pas naturel. Aucun puit de gravité ne le garde en l’état. Mes instruments s’affolent, le nuage aurait dû se dissoudre dans le vide spatial mais ce n’est pas le cas. Une anomalie inconnue en est à l’origine.//

Tout en parlant, Scott passait d’un écran à l’autre pour faire les déductions qui s’imposaient. Il cala son radar sur une masse qu’il afficha sur le hub de son pilote ainsi que la nouvelle trajectoire.

//Dans une strate profonde de cet amas, si on compte pas les roches, il y a un unique corps solide. J’ai des relevés contradictoire sur sa nature. On peut s’y rendre en huit minutes mais ça sera pas un trajet agréable. Multiples obstacles dont une gorge d’étranglement rocailleuse. Et ce n’est qu’un début.//

Les débris stellaires se compactaient parfois pour donner de véritables ravins spatiaux dont les parois se mouvaient, risquant de broyer et déchirer un F-302 imprudent. Scott se rappela les ordres qu’ils avaient reçu avant le départ. Le blabla hyper soporifique et bien dégoulinant du “vous êtes novices, ce sont vos premières sorties en solo, ne prenez SURTOUT PAS de risques !!!”

Scott se souvenait de cette lueur qu’il avait vu dans le regard de Chenoa. Il avait eu la même : celle des têtes brulées. Si on se met à craindre les dangers de l’espace, autant ne pas faire de chasse en F-302 du tout. Qu’ils aillent se faire grutier sur Terre. Logiquement, ils seraient censés prendre ces relevés et retourner auprès du Dédale pour livrer les informations. Ross et Blue étudieraient ça et donneraient l’ordre d’enquêter à une autre équipe plus expérimenté. Ils les priveraient de LEUR découverte.

Scott aurait parié cher que Timber se faisait le même cheminement de pensées. Ils s’emmerdaient depuis leur premier vol. Ils s’autorisaient de la voltige par moment et Greer n’était pas le dernier à la provoquer pour l’amener à pousser la propulsion. Mais depuis lors, leur armements n’avaient jamais fonctionné et ils n’avaient jamais partagé un combat. Les découvertes ? Zéro !
La balade en espace était un véritable plaisir mais ça commençait clairement à manquer de piquant.
Bien sûr, à leur cinquième sortie, ils n’avaient pas encore assez d’expérience en combat spatiaux. Et alors ?!?
C’est en les couvant de cette façon qu’ils allaient évoluer ?!?

//On est sensé faire demi-tour pour transmettre notre rapport. Qu’est-ce que t’en dis toi ?//

Il laissa filer quelques secondes, certain qu’elle était partagée entre ces deux choix. Ca n’allait pas être facile pour elle, la route qu’elle allait devoir emprunter n’était pas simple, c’était un défi de navigation en soit et ce n’était qu’un début avant d’atteindre l’anomalie. Mais quel secret cet amas pouvait renfermer ? N’était-ce pas pour ça qu’ils étaient là ?
Mais une chose devait être certaine, ils allaient prendre la décision à deux. Ils avaient intérêt à être en bonne cohésion s’ils ne voulaient pas finir aplati contre une roche stellaire. Scott était un casse-cou, il adorait le danger, ça le shootait d’adrénaline. Est-ce que c’était aussi le cas de sa pilote ?
Scott la tenta sciemment. Il ajouta d’une voix plus agréable, se surprenant lui même, chargé d’une excitation impossible à dissimuler :

//Allez Chenoa. On est venu pour l’aventure...//


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Lun 29 Oct - 15:35

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



// P’tain les mecs et leur banquette arrière... Vous croyez que c’est agréable pour nous sérieux ? On est pas des stars du X à se contorsionner sur demande hein ! //

Chenoa avait décidément réponse à tout. Scott ne répondit pas sur la suite, et elle prit son silence pour un aveu. C’était donc un ancien flic et il était devenu copilote. C’était sans doute pour ça qu’il n’était pas pilote, et qu’il était plus âgé qu’elle. Il avait eu un métier avant celui-là, alors qu’elle, elle avait fait que des études dans ce sens pour avoir ce job. Du coup, elle se trouva un peu conne. A tout les coups, l’île déserte était une métaphore. S’il devait sa vie à ce Bradford, c’était que ce dernier était peut-être mort à sa place en le sauvant. Il n’était plus de ce monde… N’empêche, ça ne ressemblait pas à Greer d’être aussi fleur bleu et sensible pour s’exprimer par une si belle allégorie. Elle comprenait néanmoins sa violence dans l’idée de le défendre. Elle devait respecter cela. Son histoire de banquette arrière était une façon de se protéger, et de la replacer dans un contexte plus direct, comme il en avait l’habitude. Mais maintenant, elle savait que c’était un grand sensible capable de poésie. C’était aussi pour cela qu’elle n’avait pas relevé plus loin et qu’elle avait rebondi sur ses propos en restant figée sur l’histoire de la banquette, afin de ne pas le déranger plus que ça.

De toute façon, il n’eut guère le temps de répondre qu’il annonçait une alerte détection. Automatiquement, la jeune femme contrôla ses instruments et lorgna par la verrière. Plus mobile, elle regardait aux alentours.
// Reçu, vitesse réduite à cent cinquante. Nouveau vecteur de direction par trois quart tribord avant. Je contourne. //

Cela l’éloignait un peu du nuage, qui d’ailleurs, monopolisait l’attention de Cross. Elle n’était pas une experte en spatio physique, mais elle connaissait les bases quand même. Quoiqu’il en soit, elle ne répondait pas à son copilote, le laissant parler et exprimer ce qu’il voyait via ses écrans et instruments. Elle regardait l’immense nuage qui devait cacher bien des dangers, tandis que Scott en arrivait à la conclusion qu’il y avait quelque chose au centre de ce dernier, qu’il n’arrivait pas à identifier.

Une petite envie commença à s’immiscer en elle. Le genre d’envie qui commence doucement et qui devient vite impétueuse et incontrôlable. Elle avait envie d’aller voir de plus prêt ce dont il retournait. Elle restait silencieuse. Huit minutes, c’était à la fois rapide et très long, surtout si les conditions de vols étaient chaotiques, comme cela semblait être le cas. Ses nerfs allaient être mis à rude épreuve, et son sens du pilotage également… Mais est-ce qu’elle n’avait pas signé pour ça ? Tout comme Scott, elle se faisait chier. Passé les premières heures de vols et les premiers catapultages, l’excitation était bien moindre, même si elle restait toujours présente. Elle avait hâte de commencer les manoeuvres et les combats fictifs histoire de voir autre chose.
Attention, elle ne crachait pas sur son métier, et elle ne s’ennuyait pas ferme. Elle avait bien conscience de voir des choses extraordinaires et de piloter un engin d’exception, mais elle avait justement envie de pousser ce fameux engin dans ses retranchements. Ça manquait de peps, ça manquait de piquant, ça manquait d’adrénaline.

Scott ne l’aidait pas du tout. Il semblait la supplier d’y aller. Comme si elle en avait vraiment besoin tient… Et en plus le mec prenait une voix plus suave pour la convaincre. Ce type était un tordu.

// On est censé respecter la procédure Cross. //, répondit-elle d’une façon morne. Avant d’ajouter : // J’veux bien aller voir mais... // Si Greer ne la connaissait pas suffisamment pour savoir si c’était le genre d’aventure dans laquelle elle voulait bien se lancer, en faisant fi du protocole, il devait certainement la connaître maintenant pour savoir que ce “mais” n’était pas anodin. // J’accepte que si tu me dis pourquoi tu me détestes. C’est à cause d’une ancienne copine amérindienne que tu as eu et qui t’a fait du mal ? Par rapport à ton ancien boulot ? Ton coéquipier est mort pour toi à cause d’un indien d’amérique ?? // Et voilà, Chenoa dans toute sa splendeur. Finalement, elle ne pouvait pas s’empêcher d’y revenir, de faire la pie curieuse, de vouloir savoir, de causer, et elle avait senti dans les supplications silencieuses de Greer et dans le ton de sa voix, qu’elle avait une ouverture.




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Sam 3 Nov - 11:48

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Le copilote serra les dents.
Il pensait l’avoir échappé belle en terminant sur cette boutade. L’alerte détection, c’était le gong supposer clore le sujet pour de bon et les amener sur un autre terrain. Mais devenez quoi ? Elle revenait à la charge !!! C’est dingue ça, on lui laissait une rognure d’ongle et elle voulait bouffer le bras. Elle était tenace mais ça aurait été mieux si ce n’était pas orienté sur son passé.

Scott eut un pincement au coeur quand elle posa ces questions. Pourquoi exactement, il ne sut pas le dire et c’était d’autant plus dérangeant pour lui.
Depuis leur rencontre, il avait fait tout son possible pour creuser un fossé entre eux et éviter qu’elle ne s’intéresse à lui. Il réussissait bien jusqu’à cette fameuse altercation. Un petit effort de communication et il se faisait littéralement envahir de questions. Chenoa était en train de le bouffer. Mais bon sang, il ne s’était pas montré hostile pour devenir une énigme et une source d’intérêt.

Qu’est-ce qu’elle espérait dans le fond ? Qu’il se livre entièrement et qu’elle n’aie plus rien à apprendre de lui lorsqu’ils poseraient le F-302 ? Quel était son projet ? C’était quoi son intérêt dans tout ce merdier ?

**Oh mais je ne te déteste pas, tu sais. Au contraire, les amérindiennes, et les navajos en particulier, c’est tellement mon type que j’en chassais leurs vagins dans la savane. Et tu veux que je te dise ? Ben t’as les même cheveux que la dernière à mon tableau de chasse. La même finesse, de grain de peau, et tout.
Tu fais juste me rappeler tout le temps, par ta simple présence, que je tenais les gonzesses de ton genre par la force du chibre et du couteau.
Cool non ? On continue d’en discuter ? Tu veux des détails plus croustillants ?
T’as une bonne odeur tu sais. Je pensais pas que ça deviendrait un calvaire de te voir monter cette putain d’échelle du lit superposé chaque soir !**


Scott ferma les yeux avec force jusqu’à ce que ça en devienne douloureux.
Les questions de sa pilote étaient dégoulinantes de curiosité, d’une innocence qui le marquait régulièrement, comme dans ses parties de carte ou ses interrogations sur des points de cultures pourtant courante. C’est ça, une forme d’innocence et de bienveillance un peu naïve, quand elle ne jouait pas son bûcheron rentre-dedans. Elle était à mille lieux de savoir que son passé le tourmentait juste parce qu’elle le représentait entièrement.
Penikett était la source de remords et de scrupules qui le tourmentaient par moments. Et à la vérité, il était terrifié à l’idée que ce soit elle qui découvre un jour le pot aux roses.

Parfois, Greer avait l’impression d’en faire trop, que d’autres individus auraient enterré ça sous une indifférence impénétrable. Mais le fait d’avoir changé de vie et, surtout, avoir aimé les principes enseignés par Bradford et par l’USAF, ça entrait souvent en conflit avec son historique.

Scott rouvrit les yeux. Non, elle ne saura pas, elle n’obtiendra rien de plus.
Tout en soupirant, il inscrivit une nouvelle entrée dans l’ordinateur de vol et dessina la route pour rentrer au Dédale. Il ne parla même pas, envoyant les infos sur le hub de sa pilote tout en gagnant la certitude qu’il était bel et bien dans la merde. Timber était trop curieuse et même les coups de gueule d’importance ne suffisaient pas à la faire reculer.

Non seulement ça.
Mais elle avait une sale influence aussi. Elle était capable de lui foutre des idées saugrenues en tête. Retrouver Josh et lui rendre visite un jour, quand il serait de quartier libre, pour lui montrer que son acte de foi avait été récompensé. Et pourquoi pas avec Penikett s’ils devenaient amis, ce qu’il n’espérait vraiment pas, mais qui finirait de certifier qu’au moins un des Hicks s’en était tiré grâce à lui. Et qu’au lieu de fuir les réserves comme la peste, il s’était lié d’amitié avec une de leurs représentantes.
Quelle idée stupide...

//Ok, on rentre// fit-il calmement.
// On rentre ? Alors qu’on a l’arche perdue à huit minutes ? T’es sérieux ?? //
//Tu veux me faire chanter. L’état ne négocie jamais avec les terroristes...donc...on rentre...//

Il s’était permis le trait d’humour mais il restait plutôt sec en ajoutant :

//Tu en demandes trop.//
// J’aurai essayé... //, fit-elle en orientant le F-302 sur le nouveau tracé de Cross pour le retour Dédale.

Scott déchanta en voyant le coucou s’en aller. Il ne s’attendait pas vraiment à ce que la pilote place plus d’importance dans ses questions que dans sa curiosité. C’était encore plus inquiétant. Silencieusement, il secoua négativement la tête et s’enfonça dans un profond mutisme. L’aventure serait pour une autre fois, peut-être aurait-il réussi à se faire détester suffisamment pour qu’elle arrête de poser ces foutues questions d’ici là.

Chenoa laissa filer quelques secondes, sans rien dire, avant de déclarer : // Copilote ? C’est quand tu veux pour me tracer une foutue route dans ce nuage. Ou je continue de suivre ton itinéraire de planqué ? // Elle donna quelques secousses dans le manche pour faire onduler le F-302, afin de montrer son impatience.
Une façon de dire que le coup de bluff n’avait pas marché. Elle s’améliorait n’empêche. La Penikett arrêtait de faire de belles suites en couleur sur ses cartes quand elle le voulait finalement. Toujours en silence, Scott se plongea sur ses écrans puis dessina une nouvelle trajectoire. Le plus sûr aurait été de contourner par un flanc pour revenir de l’autre côté mais il détecta un phénomène dans l’amas de gaz que l’on retrouvait dans l’atmosphère. Le trou d’air qui faisait faire la chute libre de plusieurs centaines de mètres d’un coup.
Dans l’espace, cela se traduisait par une brusque et très soudaine accélération. Space Mountain version réaliste.

Le copilote ricana dans sa barbe puis impliqua ces trous dans la nouvelle trajectoire. Timber allait devoir faire très attention aux débris qu’elle croiserait en chemin, ça risquait même de mettre ses talents de pilote au défi, mais il serait là pour l’assister dans la détection et les manoeuvres dilatoires.
//A vos ordres...// Répondit-il sur un ton faussement dominé.
Et il envoya le tracé sur l’ordinateur de Chenoa, comprenant les symboles désignant ces fameux trous par lesquels il comptait la faire passer.
//Va pour l’itinéraire du brave alors. A moins que tu aies les foies, la pie curieuse.//


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Sam 3 Nov - 21:56

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

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La pilote ne répondit rien. A peine la route tracée sur son HUB, et à peine Scott avait-il finit sa phrase qu’elle inclina le F-302 en direction du nuage pour foncer dessus. Elle ne le fit pas de façon souple à dessein, juste pour emmerder Cross qui pensait qu’elle avait peur. Elle pivota le F-302 pour mettre les ailes à la verticale et elle fit une poussée sur le plafonnier pour effectuer un lacet serré effectuant là une manoeuvre basique de pilotage, à savoir une conjugaison de commande du manche et du plafonnier. La dynamique du truc était plus accès sur la propulsion que sur la portance de l’air, puisque dans l’espace, ils naviguaient finalement dans le vide. Le nuage de gaz allait leur procurer une sorte d’atmosphère qui allait jouer sur les sensations de pilotage. Il fallait donc s’adapter en permanence, un peu comme une voiture qui alternait entre route sèche et route verglacée. Cela plaisait fortement à Chenoa qui ressentait bien plus de chose que dans un avion de chasse normal, confiné à rester dans l’air.

// Et boom, nous voilà dans l’axe. //, ajouta-t-elle à l’adresse de Cross. Elle respirait plus fort, signe qu’elle venait de lutter contre les “g” qu’elle avait provoqué dans son lacet serré au roulis perpendiculaire. Elle diminua néanmoins la vitesse d’approche pour se laisser un peu de marge vis-à-vis des pièges que pouvaient receler l’amas gazeux. La prise de risque ne sous-entendait pas d’être inconscient, surtout dans leur métier.

Elle suivait l’itinéraire que lui avait donné Scott, naviguant tant aux instruments qu’à la vue. Elle avait une confiance aveugle dans son copilote et dans les indications de son HUB. Les sensations étaient bonnes, et pour le moment, le F-302 ne subissait pas vraiment de pression extérieure. Jusqu’au premier trou d’air provoqué par l’amas gazeux que Cross lui avait mis en surbrillance. Manifestement, il voulait qu’elle les emprunte. Sensation de montagne russe imminente.

La jeune femme s’ajusta dans son siège, bien maintenue par les sangles et elle resta ferme sur ses commandes. L’appareil fut soudainement happé vers le bas, effectuant une dégringolade de plusieurs mètres qui affola les instruments un bref instant. La sensation dans le ventre fut terrible, comme lorsqu’en voiture on arrive en haut d’une bute et qu’on redescend brusquement derrière. Chenoa joua sur le tangage et elle piqua du nez pour accompagner la chute avant de se stabiliser à l’horizontale pour continuer sa route. Une alerte collision se manifesta alors sur son écran intégré, qu’elle n’identifia pas visuellement à cause du gaz. Il fallait se fier aux instruments et aux capteurs externes du F-302, ce qu’elle n’hésitait pas à faire ; après tout, Eaglestar était le troisième membre d’équipage, et ils communiquaient de la sorte avec eux.

Et soudainement, l’amas de roche tournoyant lentement apparut dans la verrière. Il était immense, probablement de la taille d’un building. Il n’était pas une menace réelle, mais il ne fallait pas se le payer dans le brouillard. Raisonnablement, Chenoa adopta une trajectoire d’évitement, préférant prendre un peu de distance avec le corps céleste plutôt que de le froler au risque de ramasser un éclat qui se détacherait d’une façon ou d’une autre. Cependant, elle ne prit pas suffisamment de distance pour pouvoir glisser et slalomer entre les excroissances qui le parcouraient. C’était risqué. Mais terriblement amusant !

Le F-302 virevoltait d’un bord à l’autre, évitant d’abord un pic gigantesque qui s’élevait à la surface de l’amas, puis une énorme montagne. Elle évita même quelques roches qui gravitaient autour de ce géant, et finalement, elle le laissa dans le vent en prenant un autre trou d’air qui les éloigna définitivement, mais qui les rapprochait davantage de leur objectif inconnu. Cela faisait presque trois minutes qu’ils étaient là dedans, et finalement, ce n’était pas si chaotique que ça, si on acceptait de se faire secouer un peu. La jeune femme était concentrée à l’extrême. Elle se forçait à cligner des yeux pour ne pas se provoquer une sécheresse oculaire, et elle restait mobile dans son siège au niveau de sa nuque pour ne pas s’ankyloser à force d’attention soutenue. Mais plus ils s’enfonçaient dans l’amas de gaz, et plus ça commençait à secouer dans tous les sens.

Soudainement, une déflagration sur leur droite souffla le F-302 vers bâbord, collant Chenoa sur le flanc tribord de la carlingue malgré le sanglage. Elle maintenait le cap, mais la déflagration envoya quelques projectiles mal venu. A force de roulis et de manoeuvre d’évitement qui leur fit passer la tête tantôt à l’envers, tantôt à l’endroit, de la droite vers la gauche et vice versa, le haut du bas commençait à ne plus se différencier pour eux et le système d’inertie fonctionnait à plein régime pour leur maintenir cette sensation. Il commençait à faire chaud. La tension était maximale, et la pilote respirait profondément par le ventre pour maintenir un degré de calme latent afin de préserver son sang froid. Elle se sentait moite dans sa combinaison. Pour le moment elle n’avait pas froid, mais elle se gardait le droit de monter la température de sa cabine si jamais ça devait venir.

// Alors Cross, on va devoir changer ton casque parce que tu as vomi dedans ? //, blagua-t-elle d’une voix plus blanche que d’habitude. Manifestement, elle s’était faite une frayeur sur la déflagration et elle cherchait par l’humour à faire redescendre la pression.

Mais pas une seule seconde elle ne s’était dit qu’ils avaient fait une brave connerie en se lançant dans cet amas gazier. Pas une seule seconde. Non, elle était là pour ça, et l’aventure commençait à prendre du sens.


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Lun 19 Nov - 21:57

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre




//On en reparle de l’état de ta culotte ?// Rétorqua-t-il, graveleux.

Il avait encore le coeur qui battait à cent à l’heure. Il découvrait un lien particulier avec Chenoa. Ce n’est pas donné à tous les binômes de F-302 de vivre l’aventure de cette façon. Généralement, ce sont des pro élitiste qui ne veulent pas de vagues, bien calés dans le protocole, qui se contentent du grand frisson que lorsqu’ils pourront défourailler sur du dart.

Lui, il n’avait eu qu’à adapter la route sur ces endroits autrement plus dangereux et Chenoa avait relevé le défi sans chouiner. Elle était tout aussi casse-cou que lui et elle aimait tout autant l’adrénaline. Ils avaient fait un sacré voyage dans ce nuage et c’était tout simplement MOR-TEL. Pour un peu, il en aurait levé les mains comme dans les montagnes russe en essayant de toucher l’obstacle rocheux qu’ils avaient frôlé. Rien que pour ça, il avait envie de lui pardonner son oubli pour l'emblème.

Timber la bûcheronne, c’était un peu comme le mec bourru et malpoli qui parvenait toujours à se faire pardonner de sa compagne parce qu’il savait se servir de son engin pour le devoir conjugal. Et qu’il tenait sa gonzesse à la distribution d’orgasmes.
A défaut de service trois pièces, puisque c’est le copilote qui les portaient, la Timber savait se faire pardonner en se servant de son chasseur. Et il avait beau l’avoir injustement attaqué sur le sujet, elle maitrisait son affaire l’indienne. Elle maitrisait sacrément bien. Le F-302 avait été bousculé et ils s’étaient payés un Space Mountain version nature inoubliable.
Dire que c’était que le début...

//C’était génial, PUTAIN !!!!!// Reconnu-t-il avec exaltation.

Ces secousses, ces accélérations brutales, les embardées et les esquives. Tout pour les malmener agréablement sur leurs sièges. Et le clou du spectacle, cette déflagration de gaz qui lui avait fait une putain de frayeur. A ce moment là, il n’avait pu que s’en remettre à 100% aux capacités de la pilote et elle avait géré comme une pro. Scott avait adoré cette dose d’adrénaline et il savait sa pilote dans le même état en face. Le timbre de sa voix la trahissait et elle ne s’en cachait pas d’ailleurs.
Maintenant qu’ils ne mangeaient plus les G, Greer se pencha sur son ordinateur et fît un contrôle complet. Il n’y avait pas de dégâts dans les structures internes du F-302. Peut-être de la peinture rayée à la rigueur.

//Notre loupiot se porte bien, faudra que tu lui donnes un nom d’ailleurs. Deux minutes en vitesse de croisière et on y sera.//

Il y eu un instant de silence avant qu’il ne puisse s’empêcher d’ajouter :

//C’était génial !//


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Mar 20 Nov - 17:27

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

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Décidément, il faisait une fixette sur l’état de sa culotte. Ce fut la réflexion que se fit Chenoa, qui préférait ne pas imaginer le fond de son sous-vêtement. Il reconnu avec une certaine forme d’exaltation que c’était génial, ce qui amusa la pilote qui pouffa dans son casque quelque peu, tout en restant vigilante à son environnement. La déflagration les avait fait un peu dévier du cap initial, et elle tentait de reprendre la main vers celui-ci en continuant à effectuer quelques lacets entre de petits débris qui ne manqueraient pas de les ouvrir en deux si jamais ils devaient les percuter. La tension n’était pas redescendue, bien au contraire. La vigilance était de tous les instants.
// Contente d’entendre que ça te plaît Cross. //, dit-elle sincèrement.

Devait-elle oser lui révéler le nom qu’elle avait donné à son F-302. Il allait se foutre de sa gueule, c’était certain. Néanmoins, elle n’était pas du genre à se raviser pour cela, et elle en vint à se dire que le moment était choisi, alors qu’elle leur mettait la tête presque à l’envers pour esquiver un caillou de la taille d’une voiture.

// Je lui ai déjà donné un nom. //, hasarda-t-elle. // Tu veux le connaître ? //. Question de pure rhétorique car elle ajouta dans la foulée : // Je l’appelle Eaglestar. Bon certes c’est très amérindien, mais nous sommes les spécialistes des noms qui se rattachent à la spiritualité de la personne. //. Elle prenait les devants en se justifiant, s’attendant à prendre une tripotée de remarques à la con de la part de l’autre tête de bois dur. Elle se permit de lâcher le manche deux secondes pour flatter l’encolure de sa monture, à savoir la carlingue bâbord de l’aéronef, à l’intérieur de la verrière bien entendu.

Ses yeux voltigeaient d’un endroit à l’autre du cadre de cristal qui les protégeait de l’extérieur. Le spectacle était dantesque l’air de rien. Le gaz prodiguait à la lumière qui le traversait des teintes pourpre par endroit, puis verte, à la manière d’aurore boréale spectaculaire. Pourtant, ils étaient dans l’espace et pas sur Terre, mais le phénomène était vraiment splendide. Cela ne l’empêchait pas de rester concentrer sur l’objectif et sur les objets ayant un vecteur concordant au sien, pour ne pas entrer en collision.

// Cross, tu peux me faire un petit check-up de nos différentes réserves s’te plait ? //. Elle ne suspectait rien d’anormal, mais autant profiter de la minute qui restait pour s’assurer que tout allait bien. Elle fourmillait d’impatience de découvrir ce qu’il y avait au bout de ce chemin de campagne céleste qui vous secouait dans tous les sens, mais qui avait le plaisir de vous offrir une récompense pour l’effort.



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Jeu 22 Nov - 15:17

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre





//EAGLE STAR !// Répéta Scott en explosant de rire.

Il y avait de la moquerie mais, étrangement, pas si malveillante que ça. Il aurait pu faire tout un tas de remarques sur sa façon de percevoir l’engin. Sur le Dédale, il se serait fait plaisir d’ailleurs. Il se voyait bien passer son temps à poursuivre Chenoa en répétant “Eaglestar” avec une voix de rambo. Juste pour l’emmerder longuement avec ça comme un merdeux de dix ans.
Mais là, sans savoir vraiment pourquoi, il ne trouvait pas ça si déconnant. Sa dose était en train de le quitter donc ce n’était pas une idée issue d’un reste d’euphorie. Il ne savait pas, au fond de ses tripes, ce qui lui donnait envie d’avaliser ce nom. Peut-être la dimension un peu “chamanique” que Chenoa donnait à tout ça et qu’on ne trouverait dans aucun autre F-302.

//Eagle Star, le piaf des étoiles ! Ca en jette. Je valide, Timber...//

Dans le même temps, Scott continuait son travail de copilote. Il était en train de prévoir des manoeuvres dilatoires dans le cas où il faudrait sortir rapidement du nuage de gaz, suivant le protocole de son entraînement, et les envoya sur l’ordinateur de vol du pilote. Elle obtenait trois directions de fuite différentes après le checkpoint sensé les approcher suffisamment du corps étranger. Sa prochaine requête lui arracha un sourire en coin.

//C’est déjà fait. Autonomie carburant 72%. Centrale électrique : fonctionnement optimal. Armements, organes de tirs, cartographie et propulsion...RA...//

Sa voix s’éteignit avant de prononcer le “S”. Quelque chose attira son attention. Il n’y avait pas une d’alerte mais c’était anormal.

//Pilote, correction check up. La propulsion est bonne mais l'éjection des gazs se fait mal. La pression dans la buse d’échappement commence à monter. Ce n’est pas dangereux pour l’instant. C’est...bizarre... //

Scott évolua dans les différentes fenêtres de contrôle, utilisant ses outils pour mettre les valeurs en corrélation et faire ses déductions.

//Nous ne sommes pas en danger d’avarie. On dirait qu’il y a de la pression sur la sortie de notre système d’échappement. Je vais surveiller ça. On continue ?//

Greer avait le coeur qui montait un peu dans les tours. Il n’avait jamais eu de problèmes dans ce genre en simulateur et il ne comprenait vraiment pas d’où ça pouvait venir. Le système ne déclarait pas d’alerte parce que ce n’était pas un danger pour l’instant. Mais l’échappement était supposé être suivi d’un système de régulation qui montait ou descendait la pression pour une utilisation optimale. Cette régulation n’était pas en panne et il avait quand du mal à évacuer leurs gazs de combustion.

//Timber ?// Rappela Scott qui n’avait pas eu de réponse.

Une ombre plus importante passa sur ses écrans, entre ses doigts qui virevoltaient à l’utilisation de son ordinateur, et il s’interrompit pour lever le nez. Ils étaient arrivés devant le corps inconnu qui se trouvait être une carcasse d’un vaisseau wraith. Comme un transporteur mais différent, beaucoup plus vieux, plus obsolète. Il était immense. Même sans élément de comparaison, on sentait qu’il n’était pas le dernier cri de la technologie ennemie et qu’il était là depuis des centaines d’années, si ce n’est des milliers. Il n’avait pas la même gueule, comme plus informe. Les radiations, les gazs, les vents solaire n’avaient eu de cesse de l’abimer au fil du temps. Son blindage s’était blanchi d’un aspect stérile. Les arêtes façon moustique que les Wraiths prisaient s’étaient effondrés, ramolli comme du chewing gum. Il était immobile, comme piégé à jamais dans le néant. Ce qu’il restait de son apparence donnait l’air d’un engin de logistique non armé.
Actuellement, seule la partie haute était visible. Et l’un de ses flancs. Un panache de débris statique laissait à penser qu’il s’était fait éventré, comme pulvérisé depuis l’intérieur.
Scott se pencha très rapidement sur l’analyse de cette coque. Il affina ses moyens de détection et passa l’épave au crible. Il écarquilla les yeux dans un premier temps puis secoua négativement la tête, ayant un mal fou à comprendre. En suivant son naturel de copilote, il communiquait régulièrement et ne laissa pas Chenoa dans le doute.

//Il n’y a pas d’émission d’énergie. Mais...on dirait...que c’est le point d’origine de l’amas de gaz. C’est complétement dingue, il en émet encore...c’est lui qui créer cette anomalie. Mais il n’y a pas de puit de gravité, c’est une diffusion constante...//

Le copilote continuait ses recherches. Il passa sur ses détecteurs et découvrit que trois des plus gros débris environnants étaient en réalité des darts si rongés qu’ils n’en avaient plus la forme. Ils étaient complètement inertes. Comme des coques de noix si vieille qu’on les prenait pour de vulgaires cailloux. Le copilote les pinga immédiatement sur le Hub de Chenoa.

//Signalement, trois objets correspondant à des Darts. Probablement une escorte.//

Scott sentait l’excitation monter d’un cran. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? On aurait cru que ce vaisseau faisait un simple voyage de logistique, avec une escorte, et que tout s’était arrêté ici. D’un coup, comme ça…

//Il va falloir s’approcher si on veut investiguer...//



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Jeu 22 Nov - 17:05

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Chenoa fit une moue dans son casque. Bien sûr, Scott ne pouvait pas la voir de là où il était. Elle savait qu’il allait se marrer, et probablement se moquer, aussi avait-elle préparé le terrain. Il était tellement prévisible. Elle poussa un soupir quand il rajouta “le piaf des étoiles”, avant de valider. Mais Chenoa ne savait pas si c’était du lard ou du cochon, s’il se moquait d’elle ou pas, et si elle allait prendre des remarques à toutes les sauces dans les minutes qui allaient suivre. Du coup, elle laissa filer sans rebondir, et lui demanda de faire une check list des réserves.

Elle se tendit instantanément quand il s’arrêta dans son RAS. Il avait probablement remarqué quelque chose de louche. Elle resta suspendu à son propos suivant alors qu’il corrigeait son précédent bilan, rapportant un soucis d’échappement de la buse. Elle dû mettre du temps à répondre car il l’appela par son surnom de vol afin d’avoir un retour. Et pour cause qu’elle mettait un peu de temps à répondre. Elle avait devant elle l’objet de leur prise de risque. Son ombre était en train de les engloutir tandis qu’elle accusait réception de son bilan et qu’elle répondait d’une voix lointaine :

// Si tu me dis que nous ne sommes pas en danger d’avarie, alors on continue. Tu crois que ça serait le gaz qui obstrue la buse ? Tu veux que je mette un bon coup de gaz pour faire sauter le bouchon ? //, demanda-t-elle simplement, en toute innocence avec ses gros sabots de bûcheronne. Elle, elle était typiquement de ceux qui, pour démêler un tuyau d’arrosage par exemple, ou une gaine quelconque, ne chercherait pas à jouer avec les boucles du noeuds, mais à tirer comme une brute sur un côté en se disant que ça allait fonctionner.
//Le problème ne vient pas de nous. On peut continuer si ça ne s’aggrave pas.//

C’était réellement impressionnant. Encore plus que lorsqu’ils s’étaient approchés pour la première fois du Dédale en vitesse lente. Le monstre terrien les avait engloutis de sa superficie, ici, c’était pareil, en beaucoup plus énorme. Auréolé de gaz, ce géant inerte dégageait une impression de majesté éteinte, qui n’en demeurait pas moins impressionnante. Cela devait faire des décennies qu’il était là. Son architecture primaire était en miette, mais il était clair qu’il s’agissait d’un vaisseau Wraith. Un putain de vaisseau Wraith dans ce nuage de gaz ! Chenoa n’en revenait pas.

// Tu as vu ça Cross, c’est dingue. //, dit-elle dans un murmure, un peu comme si elle voulait éviter de réveiller la grosse bébête qui se profilait dans la brume.

Est-ce qu’il était endormi ? Si tel était le cas, il fallait le détruire avant que la ruche qui le compose ne se réveille et donc, il fallait filer d’ici vite fait et laisser faire le Dédale ou une mission montée dans ce but là. Seuls, ils ne pouvaient pas faire grand chose. Toujours est-il qu’ils ne pouvaient pas prendre le risque de réveiller une ruche, car là, ils seraient mal. Non seulement ils n’avaient pas respecté le protocole en allant voir de plus près ce dont il s’agissait, mais si en plus leur action non protocolaire déclenchait une succession d'événements pouvant mettre en danger l’expédition, ou le croiseur, ils étaient bons pour repartir sur Terre la queue entre les jambes. Le genre de risque que Chenoa ne voulait pas prendre.

Scott lui confirma qu’il n’y avait pas d'émission d’énergie. Il était donc soit trop avarié, ce que sous entendait l’architecture, soit vraiment endormie. Mais bon, sa structure semblait vraiment compromise et l’atmosphère intérieure ne devait pas être maintenue. Des Wraiths, aussi puissants soient-ils, ne pouvaient survivre dans ces conditions spatiales. Le fait qu’il soit le point de départ de la propagation du gaz ne parlait pas du tout à Chenoa. Elle haussa des épaules dans son siège, tout en considérant brièvement les trois signaux que Scott lui afficha. Des darts complètement déglingués. C’était un fossile spatial qu’ils avaient devant les yeux.

// Tu penses qu’il y a quelque chose de vivant là dedans ? //, demanda-t-elle. Pour le moment, elle conservait une distance respectable avec l’objet. Hors de question de prendre des risques inutiles. Elle mourrait d’envie d’aller voir de plus près, d’explorer la coque du vaisseau, de voir les détails en somme. // C’était ptet un pétrolier de l’espace, mais pour le gaz tu vois. Un gazier ? //.


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Dim 25 Nov - 15:43

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre





Le copilote avait un mal fou à garder le nez baissé sur son ordinateur.
A vrai dire, il se perdit dans la contemplation de cette immense épave perdue dans ce nuage de gaz. Avec les différentes couleurs et les quelques obstacles en lévitation, cela donnait un spectacle à couper le souffle. Il n’y avait que de rares élus pour pouvoir en être témoin.
Dire que sur Terre, en-dehors du Programme, ils en étaient encore aux navettes et prévoir une habitat sur Mars. Ils étaient si loin de la vérité…

Scott était excité comme une puce et, à la fois, il sentait cette peur viscérale, bien planquée au fond de ses tripes. Pourquoi les Wraiths auraient-ils abandonné un bâtiment de cette taille ? Pourquoi personne ne les avait recherché ou n’était venu récupérer cette cargaison...si c’en était bien une.
Il y avait quelque chose qui clochait mais, pour le découvrir, il allait falloir s’en approcher.
Cette fois, Scott retourna à ses mesures pour répondre à son pilote :

//Je pensais pas que les Wraiths avaient déjà construit un truc plus gros qu’un vaisseau ruche. On nous a rien dit là-dessus pendant nos cours. Normalement, plus gros, ça “existe pas”...//

Il secoua négativement la tête.

//Soit on devra botter le cul de Ross au retour pour avoir oublié d’en parler. Soit on vient de découvrir quelque chose d’inédit.//

Les relevés sur son moniteur s’alignèrent. Il y avait encore plus de mystères.

//On est pas équipé pour détecter de la vie, Timber. Même le matos Atlante ne peut rien si des Wraiths sont en hibernation. Par contre...//
Il vérifia une dernière fois.
//Ouais. C’est ça. Il y a de tout dans ce gaz sauf de l’oxygène. Pas même une trace infime, rien. Un Wraith tiendrait pas sans ça.//

Elle n’avait vraiment pas tort en faisant un parallèle avec un tanker. Quelque soit la race, alien ou atlante, une technologie de cette importance exigeait l’exploitation de matériaux et de gazs. Des lignes logistiques, l’utilisation de matière particulière pour construire.

//Tu as raison. Ca doit être une sorte de tanker et le gaz s’en est échappé pendant des centaines ou des milliers d’années. Je vois pas d’autres explications.// Il envoya volontairement le résultat des sondes sur son écran, même si elle ne comprendrait pas grand chose. //Tout ce que je vois, c’est le vide, le froid, le néant. Je pense qu’on peut s’approcher pour aller regarder de plus près. Regarde, il y a une énorme brèche sur son ventre. Sûrement dû à une explosion interne, un accident, ou un sabotage...C’est assez grand pour faire passer EagleStar.//



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Dim 25 Nov - 15:54

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Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



// Ouaip jamais entendu parler. //, confirma-t-elle. Déjà qu’un vaisseau ruche était énorme… Mais là ça dépassait l’entendement. Cela dit, ce n’était pas déconnant de penser que les Wraiths avaient peut-être conçu plus gros pour transporter des ressources, un peu comme le A300-600ST de chez Airbus, surnommé “Beluga” qui ne servait qu’à ça.
Pourquoi n’avaient-ils pas à faire avec un “Béluga” Wraith vieux de centaines d’années ?

N’empêche, la perspective de découvrir quelque chose d’inédit était assez excitant pour Chenoa. Elle était déjà en train de se faire des films. Et bien entendu, elle partagea avec Cross :

// Je suis certaine qu’on vient de découvrir quelque chose. C’est trop cool ! On peut le nommer du coup ! Ce sera un vaisseau de classe Wraith Penigreer. Ou CrossTimber, ou alors Scottnoa. C’est trop classe ! On va devenir célèbre !! //

Elle rigola dans son casque, avant de redevenir sérieuse et de prendre des informations. Oui, elle oubliait qu’elle n’était pas dans un vaisseau toute option. Greer vérifia quand même le taux d’oxygénation de l’atmosphère du vaisseau. Pas de trace de la précieuse molécule permettant la vie, même chez les affreux. Chenoa n’avait jamais vu de Wraiths autrement qu’en photo, du coup elle ne savait pas trop à quoi s’attendre.

La jeune femme resta silencieuse. Elle se tatait. C’était risqué d’aller s’aventurer dans le ventre du bestiaux mais d’un autre côté, c’était terriblement tentant. Bon, ils ne prenaient pas de risque en s’approchant de la carlingue. Quant à savoir si elle allait propulser Eaglestar à l’intérieur, ce n’était pas encore certain. Elle verrait une fois sur place. Avec minutie, elle orienta l’appareil vers le super croiseur Penigreer. Ou CrossTimber. Ou Scottnoa. Bref, vers le vaisseau Wraith.

// Allons voir ça avec prudence. //, fit-elle pour annoncer ses intentions à Scott. Elle esquiva un débri, contourna sciemment une carcasse de dart vraiment dégradée, et elle fila vers la superstructure qui commençait à se révéler en détail dans toute son immensité. Son casque qui lui servait de HUB servait également à diriger l’objectif sur le dispositif escamotable à l’avant du F302. C’était exactement le même système que l’on retrouvait chez les hélicoptère d’attaque Tigre. Le pilote pouvait orienter sa tourelle avec sa tête. Toujours est-il que la jeune femme avait déjà pris quelques clichés en phase d’approche et qu’elle continuait d’en prendre pour les archives de leur découverte.


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Dim 25 Nov - 19:59

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre




Penigreer, CrossTimber, Scottnoa…

Scott ferma les yeux pour brimer les mauvaises pensées qui l’envahirent instantanément. Sans vraiment pouvoir l’expliquer, le copilote s’était vu repartir à la chasse à l’amérindienne et traquer Chenoa comme gibier. Tu veux du Scottnoa ma poulette ? T’inquiète !!! Quand tes jambes te porteront plus et que je te tomberai sur le râble, tu l’aura dix mois plus tard, ton PeniGreer !

Et merde. Pour sûr qu’elle ferait une sacrée proie à pourchasser avec son air bourru et sa sympathie sous-jacente. Quand on commence à connaître la personne, c’est encore pire.
Et dire qu’elle n’avait pas l’air de se rappeler de la fac d’ailleurs. Du passé pour elle, surement rangé dans un coin bien isolé de son esprit et oublié. C’était un risque qu’un jour une petite lumière fasse tilt dans son esprit et qu’elle fasse le rapprochement avec Hicks.

De toute façon, Scott avait le couperet au-dessus de la tête depuis qu’il était monté sur le Dédale et c’est bien pour ça qu’il le vivait mal. Il se secoua la tête brièvement pour chasser ces saletés de la tête et examina les relevés interne de l’atmosphère de leur cabine. Rien d’anormal, il n’était pas en train de respirer du gaz qui le rendait barge. Alors quoi ? La fatigue ? C’était la première fois qu’ils volaient aussi longtemps sans l’escadrille.
C’était peut être ça finalement.

//On est déjà célèbre : l’Indienne et Adolphi. Mais ok, on s’empressera d’enregistrer cette marque déposée dès qu’on appontera. C’est un coup à se faire piquer les honneurs.// Tenta-t-il en humour.

Scott prit conscience que le plus gros danger avec cette interaction n’était pas de détester Chenoa mais de sympathiser avec elle. La pilote avait déjà réussi à lui arracher quelques mots peu de temps après une bonne dispute corsée. N’importe qui se serait braqué et aurait campé sur ses positions, décrétant que le Greer était un profond connard, et n’attendant qu’une longue étape de rédemption pour obtenir la paix. Pas l’emplumée...elle, elle prenait les choses comme elle venait et elle se se montrait tenace, curieuse, et d’une innocence à vomir.

Sur certains aspects, ça rebutait profondément Scott et ça l’aidait à la détester. Sur d’autres, ça forçait le respect et reconnaître son bon fond. C’était quelque chose de côtoyer une indienne qui jurait plus que lui, qui parlait comme une bûcheronne, et qui pouvait vous monter un monologue enthousiaste de trois bonnes minutes spontanément.

Chenoa, en sa qualité de pilote, était maître de sa mission, de l’orientation qu’elle donnait à la patrouille. Quand elle répondit présente à son sous-entendu pour s’aventurer dans les entrailles de Pedigreer, Scott sentit comme un déclic en lui. Son ennemie était comme lui. Aventureuse, courageuse, prête à l’aventure pour épancher cette soif de vie spatiale, obtenir sa part dans l’histoire de l’escadrille tribord.
Tu fais pas mieux que cette situation pour avoir le cul entre deux chaises. Hicks voulait la dévaster, Greer voulait la connaître davantage. Imaginez un peu le travail dans un combat ? Une bataille contre le Wraith ?!?

//Une brave. Moi qui en doutait...// Moqua-t-il gentiment alors qu’il recevait les premiers clichés sur son ordinateur. //Il faut t’approcher davantage, on est pas encore à portée de scan du cerbère.//

Le ventre de cet immense vaisseau était comme l’avait décrit Scott depuis ses analyses. C’était encore plus impressionnant vu en direct. Même si Chenoa mitraillait la coque de cliché par l’intermédiaire du dispositif, elle regardait comme lui cette incroyable crevasse qui avait éventré tout le dessous du bâtiment. D’immenses part de ses organes internes ressortaient de façon inerte dans le vide spatial. Le temps et les radiations avaient fossilisé quasiment tout l’intérieur. Les conceptions Wraiths étaient organique et sans énergie : plus d’entretien. De gros morceaux voguaient doucement ici et là, tournant avec une lenteur effarante en orbite de l’immense carcasse. La disposition de ces différents débris renseignaient visuellement d’une éventration soudaine.
A un moment donné, quelque chose avait déchiré depuis l’intérieur ce navire en exposant ses entrailles au vide.

En approchant, Scott fit ses préparatifs et retrouva tout son sérieux en s’adressant à Timber. Il s’agissait de ne pas déconner, c’était l’erreur à ne pas faire.
//Ok. Tes armes sont branchés en PCA. Je vais allumer nos éclairages de vols en mode nocturne dans trois...deux...un... //
Les quelques témoins lumineux surpuissants du F-302 éclairèrent les entrailles du vaisseau alors que Chenoa s’y engageait. Le PCA, Poste de Combat en Attente, lui permettait d’avoir ses armes prêtes à l’emploi avec une simple sécurité manuelle sur son manche. Juste au cas où, s’il se passait quelque chose, elle pourrait faire feu rapidement sans avoir à le demander au copilote.

Les compartiments internes étaient également en mauvais état. Malgré la pénombre, l’éclairage insuffisant, le flash intermittent à la queue du F-302 avait tendance à illuminer toute la zone comme un appareil photo. Heureusement, le cerbère se passait très bien de cette fluctuation de lumière en prenant des clichés sous des filtres adaptatifs. La structure interne était tordue, déchirée, broyée aussi. Les compartiments que les restes semblaient délimiter dessinaient des zones assez importantes, vides, sans machinerie ni agencement de vie.
//Ta théorie du supertanker Wraith a l’air de se confirmer...//
Lentement, prudemment, le F-302 s’enfonça un peu plus loin dans la carcasse. Les façades fossilisées portaient maintenant des traces étranges, comme si des objets organiques y étaient restés collés et avaient fini par fusionner avec la surface par la vieillesse. Scott sursauta sur son siège en regardant soudainement sur sa droite. Il avait cru voir un truc bouger, un mouvement lent et fin qui s’était à peine perçu dans la pénombre.

//Tribord, quatre-vingt dix degrés. C’était...//

Est-ce qu’il avait rêvé ? Est-ce qu’il avait le foutu mal de l’espace ou qu’il angoissait suffisamment pour s’inventer des mouvements ? Leur détection n’affichait toujours aucune vie, tout ce qui se trouvait là-dedans était résolument mort et fossilisé. Alors quoi ?

//Je...non, rien.//

Il ne voulait pas inquiéter Timber. Et il ne voulait pas lui transmettre son anxiété pour mettre fin à cette exploration. Se balader dans les entrailles de Scottnoa, c’était comme devenir Christophe Colomb qui pose le pieds sur les îles. Qu’est ce que c’était bon ! Qu’est-ce que c’était agréable cette excitation.
Même si c’était morne et qu’il fallait s’arracher les sourcils à les froncer, tout était source de découverte.

Mais cette fois c’est Penikett qui sursauta. Elle avait eu l’impression de voir du mouvement dans le noir, juste en face du chasseur. Mais quand le Cerbère se braqua sur cette position...rien. Pourtant, plus ils restaient ici, plus leur instinct leur hurlaient qu’il y avait quelque chose. Surtout Chenoa, peut-être par sa culture ou sa nature, sentait une présence terriblement malsaine les entourer. Comme un piège dans lequel un animal trop naïf s’approchait sans se méfier.

//Merde, ça bouge, je rêve pas !// Déclara Scott en essayant de jouer avec les filtres du Cerbère. //Pourquoi on voit rien, bordel.//

Le copilote soupira. A un moment donné, il fallait savoir dire stop. Au diable la fierté, il aura bien d’autres occasions de la faire valoir et de jouer au jeu de celui qui pisse le plus loin avec Chenoa. Là, ça devenait beaucoup trop craignos.

//Je propose qu’on y aille.//

Il suffisait de faire demi-tour et de faire le chemin inverse. Il suffisait simplement.
Mais Chenoa n’amorça pas la manoeuvre. Elle s’était soudainement raidie. La chair de poule lui avait dressé tous les cils, même la racine de ses cheveux s’étaient durcies. Un courant électrique descendait le long de sa colonne tandis que sa respiration se faisait plus lente et profonde. Plus qu’un instinct, une perception qui venait du plus profond de son être. Une conviction personnelle et intime : il y avait quelque chose dans leur dos ! Prêt à leur bondir dessus. Elle en était persuadée..




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Lun 26 Nov - 17:58

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



Et hors de question de se faire piquer les honneurs. Chenoa n’était pas assez naïve pour penser qu’on adopterait son idée pour nommer ce vaisseau, mais ça l’amusait de blaguer à ce sujet. Elle faisait souvent preuve d’une certaine innocence et d’une façon simple de répondre, mais elle restait quand même un cerveau dans son domaine. Il était cependant étonnant qu’elle soit aussi “ésotérique” alors qu’elle était une tronche en mathématique, une science dure par excellence qui rendait souvent les gens terre à terre.

Cependant, elle restait concentrée sur la mission. Un frisson lui courra sur l’échine. Un putain de frisson d’excitation et d’émotions, plus elle approchait du super vaisseau.
// On a tous des doutes. //, répliqua-t-elle du tac au tac, sans expliquer sur quoi elle pouvait douter de lui. Et d'enchaîner : // Sers les fesses, on approche un peu plus pour que notre chien lui renifle le cul ! //. Petite métaphore avec Cerbère le chien des Enfers. Dans le même temps, elle inclina le manche pour se rapprocher d’avantage de la carlingue fortement endommagée du tanker.

// Reçu PCA copilote. //, fit-elle en retour pour confirmer l’information. Ses yeux parcouraient l’immensité du vaisseau qui se déroulait devant eux, divulguée sans détour par l’éclairage nocturne du F-302. C’était bien flippant, et bien mort. Des morceaux lévitaient tranquillement autour du croiseur, non loin des endroits où ils auraient dû se trouver sur la carlingue. Cette dernière était éventrée, laissant voir des salles vides. Oui, sa théorie se confirmait donc, et ça expliquait aussi pourquoi le gaz n’avait pas une source physique naturelle. Le cargo en était à l’origine.

// On dirait ouais. Est-ce qu’on peut faire une analyse du gaz au fait ? //, demanda-t-elle, pas encore au fait de toutes les possibilités technologiques que possédées le copilote. Normalement, il n’y avait aucun risque pour eux puisqu’ils étaient en circuit fermé au niveau de l'oxygénation.
//La concentration est beaucoup plus forte ici mais on dirait un nuage de déchets en fin de compte. Je suis pas spécialiste mais les différents éléments n’ont rien d’intéressants pour les Wraiths. Du moins, pour mériter un transport par Tanker. Je me demande si le gaz d’origine n’a pas été altéré par le vide...//

Chenoa continuait donc la mission d’exploration en suivant la ligne de crête décarcassée du vaisseau Wraith à l’abandon. L’espace n’était pas un endroit où vivre. Il fallait être de passage, avoir de l’énergie et pouvoir rejoindre un endroit habitable avec une véritable atmosphère. Perdu dans l’espace, il y avait de forte de chance de finir comme ce super tanker Wraith : bouffé par les radiations stellaires, grignoté par le froid, frappé par des corps en mouvement à des vitesses folles.

// Hum ? //, fit-elle en tournant son regard dans la direction approximative que Scott désigna. Elle ne vit rien de spécial, mais cela ne l’empêcha pas de balayer la surface du regard. // Ok. //, dit-elle simplement. Les hallucinations visuelles étaient fréquentes dans les zones obscures. Cela faisait un certain temps qu’ils volaient maintenant, et il devait fatiguer. Des fois, on voyait des ombres bouger à la périphérie du regard, mais ce n’était rien d’autre qu’un reflet, un jeu de lumière, ou tout simplement rien.

Alors qu’elle reportait son regard vers l’avant pour assurer le trajet, elle sursauta à son tour. // Merde, c’était quoi ça ? //, dit-elle naturellement dans la radio. Elle balaya du regard les alentours avec le renfort du cerbère. Mais rien. Pourtant, maintenant qu’elle s’était faite une frayeur, elle commençait à se poser des questions, et à angoisser.

// Il y a quelque chose ouais... //, fit-elle d’une voix blanche dans la radio, tandis que Scott essayait de voir quelque chose avec leur appareil. Elle partageait l’envie de Scott de se tirer d’ici en vitesse. Elle avait toujours fait confiance à son instinct. Toujours. Ils devaient se barrer. Elle sentit ses poils se dresser dans sa combinaison, et une sueur froide coula le long de son dos. Ses mains se raidirent sur le manche et son pouce bascula sur le sélecteur de tir. Elle se concentra sur sa respiration, tentant de juguler sa peur. Elle sentait qu’il y avait quelque chose dans leur dos. Quelque chose de malsain qui voulait leur sauter dessus. Comment était-ce possible ? Elle n’en savait rien. Dans son dos, il y avait Scott, elle le savait chelou et limite limite, mais la peur ne venait pas de lui.

Elle n’était pas du genre à perdre son sang-froid en mission, mais tout en elle lui disait de dégager de là.

// Cross, dans nos six heures. On passe en position de combat. //, déclara-t-elle subitement, avant de faire faire une putain d’embardée au F-302 sur bâbord pour s’éloigner de la coque malade du croiseur Wraith. Une manoeuvre de renversement inversé : le chasseur fit un tonneau sur son aile bâbord pour se mettre à la verticale avant de leur mettre la tête à l’envers dans le demi tour. Un demi tonneau plus loin et ils avaient la tête à l’endroit. Chenoa ne voulait plus avoir la menace dans le dos mais face à elle. Elle cherchait également la distance et la possibilité de pouvoir faire des manoeuvres d’évitement à son coucou sans prendre le risque de se murger la gueule dans la carcasse flottante en lévitation.



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Lun 26 Nov - 20:07

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre




Chenoa avait à peine signalé la manoeuvre qu’elle l’exécutait.
De son coté, il n’avait retenu qu’un seul élément : ils étaient attaqués. Pourquoi faisait-il subitement confiance en son instinct ? Parce qu’il savait au fond de lui qu’elle ne blaguerait jamais sur ce sujet. Elle ne le ferait jamais marché à ce moment aussi critique.
Ce n’était pas une fragile. Pour être parvenue jusqu’au siège du pilote, il fallait être une battante. Les bagarres, elle avait dû en disputer un paquet tout comme lui. Alors ce n’était certainement pas de la connerie. Sur la seconde qui vit le F-302 changer de position, il se demanda seulement d’où pouvait venir une telle certitude. Elle l’avait ordonné sans même douter : “on passe en position de combat”. Un clic sur un bouton, l’ordinateur de vol de Scott était fin prêt.

Il n’y a pas de bruit dans l’espace. On entend strictement rien de l’extérieur, seulement l’activité humaine qui remonte dans l’habitacle, la radio et la respiration dans la combinaison. Alors, quand le binôme fit face à la nappe de noirceur qui les avalaient, ils ne purent que rester stoïque. Nourrissant l’appréhension de voir quelque chose apparaître, émerger brutalement des ténèbres, pour les attaquer et les anéantir. Mais rien. Rien à l’avant. Chenoa, par sa position et un regard plus aiguisé, avait vu comme une forme s’évanouir.
La respiration un peu plus rapide de Scott trahissait son anxiété. Il partageait exactement la même crainte que sa pilote, elle qui était prête à faire feu si quelque chose arrivait. Mais c’est un mouvement sur la droite qui attira soudainement le regard du copilote. Dans un silence parfait, un objet solide émergea soudainement des ténèbres, soudainement éclairé par le flash de leur éclairage de vol.

Le cinquième vol Parasi10

//TRIBORD !!!!!!!//

Ce fût le seul mot que Cross parvint à articuler avant de pousser un cri de surprise sous la violence de l’impact. La chose les avait percuté si fort qu’ils auraient pu être arraché de leurs sièges sans ces bretelles de sécurité. La matière était organique, vivante, mais surtout translucide et comme composé de gaz à l’intérieur. Pris dans ce le feu de l’action, Scott s’y attarda à peine pour se pencher sur ses données. Le monstre venait d’accrocher une part de la verrière et l’aile droite par des crochets acérés comme des dents de requin. Le blindage crissa et grinça affreusement. C’était comme si EagleStar avait gémit de douleur en recevant une terrible morsure et qu’il leur avait parlé, dans sa langue, pour la première fois. La ventouse bardée de crocs crissa aussi sur la verrière en la rayant affreusement alors qu’une force contraire écrasait le coucou contre la vieille paroi organique. Le vacarme fût impressionnant et plus encore les odieux grincements qui mettaient à mal le chasseur.
Chenoa et Scott étaient secoués comme des fétus de paille tandis qu’EagleStar leur suppliait de l’aider par ses inquiétants bruits de torsions qui remontaient tout au long de la coque. Mais soudainement, le bruit caractéristique de leur propulsion disparu.

// Pilote, alerte avarie !...// S’écria Scott au travers des multiples alarmes qui gueulaient dans la cabine. //Cerbère HS. Brèche du blindage, micro-propulseurs seuls...//

Cette foutue ventouse était reliée à quelque chose de beaucoup plus gros qu’on ne voyait toujours pas. Le corps principal devait être planqué tout au fond de la carcasse. Scott se demandait encore comment le Cerbère, avec tous ses outils de pointe, avait pu louper à ce point une forme de vie. Une certitude néanmoins : ils venaient de tomber dans un piège. Cette saloperie tentait clairement de les bouffer. La ventouse griffue glissa complètement de la verrière sur laquelle elle n’avait pas de prise, raclant au-dessus de la tête de Chenoa en laissant dans son sillage de grosses rayures disgracieuses. Mais l’accroche se termina sur l’aile tribord pour refuser toute fuite. Chenoa n’avait que ses propulseurs directionnels mais plus rien sous la pédale pour s’arracher contre cette emprise. C’est comme si un tueur en série tentait d’étrangler une double manchote.
Le copilote pouvait entendre Chenoa se débattre avec ses moyens limités, ce qui lui donna davantage de fouet. C’était si grave, si important, que ses mains ne tremblaient pas. Mais il avait du mal à se situer sur son écran. Première fois qu’il était confronté à un tel danger, il n’y aurait pas de rattrapage !

//Putain de merde ! Dépêche Greer...// S’imposa-t-il en naviguant sur son ordinateur. Le centre de contrôle des dégâts afficha le mappage des avaries du bloc moteur et il découvrit immédiatement le problème. Le premier impact contre la paroi venait d’écraser une de leurs tuyères et l’intelligence artificielle venait de placer la propulsion en sécurité. Une mesure qu’il fit sauter en quelques secondes. Le ronflement caractéristique de leur moteur reprit immédiatement dans la cabine.
//Propulsion réparée !! Timber ! TIMBER ! CONTACT B BORD !!!//
Une énorme gueule édentée venait soudainement d'apparaître avec une vitesse ahurissante.


Le cinquième vol Parasi11


La manœuvre était clairement définie, l’extrémité de la chose les retenait prisonniers, entravant leur F-302 en l’envoyant contre la paroi opposée. Ils allaient s’y écraser violemment, le contact empêchant la manœuvre d’esquive. Ce truc irait les finir dans les secondes suivantes en les broyant littéralement. Tout reposait sur Chenoa maintenant.



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Mer 28 Nov - 13:53

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre



La jeune femme n’eut pas le temps de regarder à tribord que l’impact la secoua sur place, bien maintenue par le harnais. Ça secouait fort, et le choc avec la paroi organique en loque provoqua une plus grande secousse encore. Qu’est-ce que c’était que cette horreur ? Comment une telle chose pouvait vivre et exister dans un environnement tel que celui-ci ?? Mais il n’était pas temps de penser à ce genre de considération. Il y avait bien plus urgent dans l’immédiat, comme le fait de se barrer de ce merdier, ou de tenter de se défendre contre la créature. Eaglestar était à l’agonie. Leur beau F-302 venait de récolter ses premières blessures de guerre. Si Chenoa n’était pas trop occupée à essayer d’envoyer du jus dans la propulsion pour essayer de les extirper de là, elle aurait pu se consoler en se disant qu’au moins, il n’y avait pas de jolis dessins à rayer sur la carlingue.

A moins que ce ne soit la malédiction du cinquième vol sans emblème ni couleur personnalisées.

Rien à faire, la propulsion venait de s’éteindre, et Scott annonça l’avarie.

// Putain de merde !! J’ai plus rien dans le cul pour nous tirer de là ! //

La jeune femme pestait autant à haute voix que dans sa tête. Pourtant, elle restait lucide et elle essayait de trouver des solutions. Elle avait braqué les volets de direction vers la gauche pour prendre le large, mais la créature parvenait à la maintenir sans peine maintenant que ses moteurs étaient asthmatiques. La ventouse crissa sur la verrière, la rayant sur la largeur avant de tomber sur l’aile tribord pour se crocheter. A l’aide du propulseur directionel, elle fit pivoter la tête du F302 vers la droite, allant dans le sens du point d’accroche pour tourner autour. Et sans chercher plus loin que ça, elle pressa la détente des canons électromagnétiques, arrosant copieusement la paroi organique dans la direction des tentacules.

// Merde ! //, fit-elle en écho alors que Scott annonçait une bonne et une mauvaise nouvelle. Chenoa venait de regarder dans cette direction et elle vit la gueule qui se dirigeait droit sur eux.

// Aller aller… un… deux… trois !!. //. A trois elle écrasa les gazs. Le F-302 fut brutalement secoué tandis qu’il déchirait la paroi organique qu’il venait de transformer en gruyère par le biais des tirs. La tête tentaculaires vint s’écraser sur leur droite tandis que la propulsion les arrachait ostensiblement de la ventouse. Malgré tout, cette dernière résistait.

// Cross, débrouille toi mais soit tu me trouves une solution de tir sur cette tête, soit on fait un bond hyperespace pour se dégager de là !! //

L’amérindienne continuait d’actionner les canons. Ils se trouvaient dans une immense salle qui devait servir à stocker le gaz. Ils n’étaient pas tirés d’affaire pour autant car leur aile était toujours captive de la monstruosité. La jeune femme essayait de lui tirer dessus mais ce n’était pas évident. La gueule avait traversé une autre paroi, et on voyait clairement le long cou se dérouler en arrière pour revenir tenter sa chance. Dans quelques secondes, elle allait refaire son apparition.



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Dim 2 Déc - 9:21

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Le cinquième vol

Scott "Cross" Greer & Chenoa "Timber" Penikett

Mission de vol, début septembre




Scott ne suivait pas le déroulement du combat.
Il voyait la lutte acharnée de Chenoa par le biais de son écran et des différentes données qui lui parvenaient. Même s’il en avait une terrible envie, il ne fallait pas se perdre à regarder directement au travers de la verrière ce que ça donnait. C’était le boulot de Timber. De son côté, il voyait que cette ventouse monstrueuse alignait les trous dans la carlingue. C’était complètement dingue qu’une créature puisse percer un blindage en trinium mais ces crochets semblaient faire office d’ouvre-boîte.
Ce putain de monstre les prenait pour une conserve !

Les chaos et les chocs qui secouaient l’intérieur de la cabine lui rappelait très bien que sa pilote faisait son possible pour les maintenir hors de portée de la gueule du monstre. Ce machin crevait même la paroi organique du tanker. Quelle idée de con que de s’y être aventuré. MAIS QUELLE IDÉE DE CON !
Les propos de Chenoa résonnaient dans son casque mais il était tellement pris par le traitement des avaries qu’il ne nota que le minimum. Il entendit : “solution de tir ou hyperespace”.

Ce coup là, il monta son regard sur l’énorme gueule qui visait de nouveau EagleStar. Le canon électromagnétique résonna bien fort et, là, ce fût un découverte à faire vomir. Ce machin était comme constitué de gaz. Les projectiles crevaient la mince pellicule qui lui donnait une apparence solide. C’était comme tirer dans du sable, une tempête de sable, et que ces milliers de grains intelligents se mouvaient pour reprendre leur forme originale. Chenoa lui avait foutu facilement quarante cartouches dans la gueule et la chose était pratiquement redevenue normale lorsqu’elle atteignit le nez de l’appareil.
Cette fois, une partie du blindage céda, déchirée par les crocs et les débris suivirent le long tube en fondant, se dissipant, jusqu’à être entièrement consommé. Nouvelle alerte ! L’un des deux AMX avait aussi été arraché. Un missile de perdu...

Ca sentait mauvais, trop mauvais.
Impossible de savoir si la chose souffrait vraiment des tirs et Chenoa ne parvenait toujours pas à se dégager. Le bond hyperspatial nécessitait toujours une petite période de préparation, un calcul complexe géré par ordinateur pour les coordonnées du saut. Se tromper d’une virgule, d’un chiffre, de la moindre petite valeur pouvait soit les perdre...soit les faire matérialiser dans un soleil ou une planète.
Scott déglutit, il commençait à perdre sérieusement son sang-froid alors qu’il voyait les avaries s’accumuler sur sa console et Timber être de plus en plus acculée maintenant que la créature s’adaptait à ses esquives. Toujours pris par la ventouse, le monstre ne les lâchait plus.

//Tiens le coup, Timber ! Bond PRL...//

Scott lança l’initialisation du système de bond hyperespace. Le moteur s’engagea. Un tremblement et une activité énergétique gagna brusquement l’intérieur de la cabine, intensifiant leur éclairage pendant quelques secondes. La console se changea et le copilote désactiva la sécurité qui était en train de lui interdire le lancement pour défaut de calcul. Encore une fois, la gueule du monstre manqua de les atteindre. Chenoa venait de les sauver de justesse par une nouvelle esquive audacieuse.
Il fallait que ça fonctionne, il fallait qu’ils aient de la chance. Ne surtout pas penser au Karma, surtout le concernant. Le moteur de bond était sain, la commande s’était initialisée, il ne lui restait qu’à entrer des coordonnées qu’il n’avait pas. Donc, forcément, l’ordinateur pris le relais pour afficher un point par défaut que Scott était tout à fait incapable de vérifier par manque de temps. Il ne put que pousser un cri en appuyant sur l’écran tactile, commandant son déclenchement.

//BOND PRL !//

La fenêtre d’hyperespace se matérialisa, plus petite que ceux que l’on voyait pour les croiseurs, mais suffisamment étendue pour briser et tordre les parois organique environnante. La créature se trouvait derrière cette fenêtre et elle fonça dans l’espoir de les prendre de vitesse. Mais EagleStar les colla au fond de leurs sièges et ils entrèrent subitement dans le tunnel aux couleurs chatoyantes de nuances de bleus. C’était la première fois que Scott effectuait un bond en-dehors du simulateur. Il ne pût s’empêcher de détacher son regard de l’écran pour regarder cette beauté. Car c’était le cas, c’était véritablement beau. Ces couleurs là, avec cette forme d’animation et de vie “technique” ne pouvait pas se reproduire ailleurs, pas même au simulateur. Il n’y avait rien de semblable.

Un éclair lumineux et, brusquement, le noir. Le vide spatial.
Le ronflement classique du moteur reprit malgré des toussotements constant, signe de défaillance. Mais ce n’était pas le plus important. Tout comme Chenoa, le copilote fixa la partie de leur aile ventousée, là où il ne restait plus qu’une partie décapitée qui s’agitait mollement, à l’agonie.

Sans plus attendre, Scott fît le plus urgent. Son souffle était fort, rauque, il ne pourrait pas empêcher sa pilote d’entendre cette limite entre la panique et le contrôle. Mais après tout, peut-être qu’elle était dans le même état non ?

//Scan initial, RAS. Pas de dangers. Nombreuses avaries. Mais nous sommes stables...stables...//

Scott avait fait le strict minimum pour leur sécurité. Il poussa ensuite un grand souffle et encadra sa tête de ses mains.
Ils avaient frôlé la mort de si près…




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