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Le croc du néant 1.2 - Equipe Eglise Warren

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Mar 6 Juil - 10:52

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Le sommaire de la mission





Le croc du Néant

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Partie Warren Eglise co écrite avec @Steven Caldwell.


Plan cliquer sur le lien:


En fait, ce n’était pas si cool que ça de partir en mission avec Esfir. Il ne pouvait s’empêcher de se faire un peu de soucis pour elle, et de savoir qu’elle allait vers le front plutôt que vers un édifice sûr - pensait-il - l’emmerdait profondément, mais il ne pouvait pas discuter les ordres. C’était pour ça que la fraternisation entre soldats était à proscrire. Pour ce genre de sentiment contrariant, et parasite. En temps normal, il ne se serait pas posé de questions, ni ne se serait fait de mouron, même en voyant à quel degré de folie ces types étaient. Des allumés complets. Toutes les galaxies semblaient en avoir, et c’était à se demander si ce n’était pas contagieux pour que les Wraiths ne viennent pas les becter ceux là, au lieu de s’en prendre à des gens sains d’esprit.

Il fit un petit signe de tête à la russe qui allait partir avec Darren et le lieutenant, avant de se reporter vers la caisse pour aider Hailey et Skyler à porter le matériel vers l’église. Esfir s’était arrangée pour attraper discrètement sa main et la presser comme pour lui dire que tout irait bien, même si franchement, aucun des deux n’en était certain. Il lui avait rendu cette pression dans les doigts, avec sa franchise habituelle tout en restant discret dans ce petit moment volé, avec la furieuse envie de la serrer contre lui. Il se promit de rattraper ça une fois qu’ils en auraient l’occasion, tant en temps, qu’en contexte, qu’en intimité.
Elle pesait un âne mort mais c’était jouable malgré la fumée et l’enfer. De toute façon, hors de question de laisser le matériel sur place.
Ils progressèrent vers l’objectif, mais l’arrivée en cours de route de quelques personnes tendit un peu le SEAL qui avait de procéder à un petit contrôle rapide des larrons. D’autant plus avec une excitée qui manqua de peu de le percuter. A deux secondes à dire, il lâchait la caisse pour la plaquer par terre. Elle semblait plus paniquée qu’autre chose, mais cela ne la rendait pas moins dangereuse, fut-ce t elle une victime. Heureusement, une ado l’embarqua, elle et son hurlement, tandis qu’un homme venait attraper le quatrième coin laissé vacant.

« En route. Et vous êtes qui bordel ? » demanda Warren de son ton bourru, pas tranquille pour un sous. C’était comme en Afghanistan. Ça venait vers vous en paix avec une ceinture d'explosifs sous le pantalon, et voilà le massacre.

Le claquement plus proche d’une balle vint rappeler tout le monde à l’ordre, mais ça n’empêchait pas Warren de surveiller le bonhomme devant lui. Un pas de travers et il lui tombait sur le râble, pétarade dans les environs ou pas. Il ne pouvait pas prendre le risque, surtout qu'au-delà de la malle qu’ils s’échinaient à transporter, ils avaient avec eux une ressource essentielle : le médecin de l’équipe.

Comme si le destin avait voulu lui faire une farce, l’autochtone répondit d’un prénom qu’on aurait pu rattacher à l’Afghan :
« Ghazim. Je suis Leikfhe. Dans votre langue, on dit : interprète. Pour le commerce. »
« Ok Ghazim. Moi c’est Warren, le gars à qui tu auras à faire si tu nous la fait à l’envers. » répondit le concerné d’un ton neutre mais rendu encore plus rauque que d’habitude à cause de la fumée.

Bon, le type était accompagné d’un garçon pas très âgé qui était allé au devant, et il semblait vraiment prendre la situation au sérieux, ne serait-ce que par ses déclarations. Quelque part, ça lui donnait un peu de crédit quant à son appartenance aux bons gars du coin. Il donnait de sa personne pour aider et la caisse arriva certainement bien plus vite avec son concours. En tout cas, Warren qui avait arrêté de fumer il y a quelque temps, appréciait moyennement ce séjour dans la fumée âcre des feux, comme si son corps rejetait ce nouvel apport de toxine.

L’arrivée dans l’église aurait pu être signe d’une forme de relâchement, mais un coup d'œil dans le bâtiment annonçait clairement la couleur. Cet endroit puait la mort et la détresse mais c’était presque un havre secourable dans tout ce merdier. Ça en disait long sur la guerre qui sévissait. Le chaos augmenta un peu plus dans le périmètre quand l’adolescente qui s’était donnée comme mission de refermer les portes sur leur passage, fut touchée par un tir en pleine poitrine. La caisse lâcha d’un côté alors que la médecin se précipitait pour venir en aide à la jeune femme.
Hailey, en sa qualité de caporale, donna ses ordres rapidement. La toubib informa dans le même temps qu’il y avait un type avec une arme à ce niveau là. Effectivement, ça méritait d’aller voir ce dont il retournait. Ils arrivaient dans une situation vivante qui demandait à être explorée avant d’être exploitée. Comprendre ce qu’il se passait et qui était qui.

« Reçu, je vais voir ça. »

Un dernier coup d'œil vers la malheureuse qui avait pris deux balles. Pas le temps de s'appesantir sur son sort, ou pire, de le transposer à quelqu’un d’autre. C’était la guerre, et pour le moment, il avait des ordres. Le cerveau devait mettre sa condition émotionnelle sur pause.

Plutôt que d’y aller avec son fusil mitrailleur, il opta pour prendre en main son 9mm. Il n’avait pas spécialement envie de faire paniquer le mec en question et de se faire tirer dessus. Néanmoins, il ne comptait pas y aller à poil comme le dernier des crétins. Même si c’était un bon samaritain qui tenait la position, il n’était pas à exclure qu’il soit un peu tendu le garçon, et qu’il réagisse de façon précoce.

« Hé, M’sieur, tout va bien là dedans ? Je peux rentrer ? » demanda-t-il pour s’annoncer, tout en jetant un coup d'œil aux alentours pour saisir une menace éventuellement cachée. Vu le bordel qu’il y avait dans l’église, ils n’étaient pas à l'abri qu’il y ait du monde qui n’avait rien à faire là, et neutraliser des atlantes esseulés serait confortable stratégiquement.

« Et vous êtes qui, vous ? L’officier ? » demanda-t-il en se crispant davantage.
Il comprit rapidement que ce n’était pas le cas.
« Je suis le docteur Lebb. C’est...mon labo...dedans. Personne ne doit entrer, information sensible. »
Le scientifique se perdit dans ses pensées. Le temps semblait s’être arrêté pour lui, l’espace d’un instant, les cris et plaintes n’ayant plus aucun impact sur sa conscience. Et puis, soudainement, il cligna des yeux, comme de retour d’un rêve éveillé.
« On est du même camp. J’veux bien vous montrer mais...vous rentrez seul. Personne d’autres. Et il faudra que je parle à votre officier, c’est très important ! »
« Vous n’avez pas envie de me dire ce qu’il y a là dedans avant ? Pas que j’ai envie de me retrouver enfermé, mais j’ai moyennement confiance. » baragouina le grand gaillard en observant le toubib et la porte. Il se demandait bien ce qu’il pouvait garder de sensible avec son 9mm face à tout le bordel ambiant.

Le scientifique se bloqua puis expira de dépit.
« Typiquement Américain ça. Vous débarquez, cheveux au vent, et vous jugez votre petit monde à l’emporte pièce. »
Il secoua la tête, sans agressivité, et tapota son gilet.
« J’suis aussi d’Atlantis. J’ai aucun intérêt à jouer contre vous autres. Ce n’est pas à vous que je fais des cachotteries. »
Lebb toisa la foule de blessés.
« Y’a des Geniis dans le lot, c’est certain. Si j’en laisse passer un seul...qui sait...qui sait... »
Le scientifique repartit dans ses pensées, secouant la tête sous l’effet de réflexions personnelles et d’analyses continues.
« Il y a déjà tant de morts... »

Le militaire lui adressa un rictus. Au fond, le gazier avait raison et il agissait comme lui : Avec méfiance. Il se passa la main dans la barbe avant de se décider à voir ce qu’il proposait.
« Ok. C’est pas une question d’être américain ou pas. C’est juste que tout le monde est sur les dents et j’sais pas comment vous pouvez réagir m’sieur. Expliquez moi. Si c’est un élément stratégique on le sécurisera autant que faire ce peut. » proposa Warren en approchant de la porte, ne serait-ce que pour discuter sur un ton plus confidentiel avant tout. Et ca lui permit aussi de poser un index sur le torse du scientifique : « Elle est morte de quoi Marie Curie ? » Si ce mec était un génis en mode camouflage atlante, il n’allait pas savoir. Et pour ce qui est de la science, c’était tout le bout pour un gars comme Warren qui n’avait pas fait de grandes études.
« Irradiation au radium, évidemment ! » se défendit le scientifique, comme si l’information devait être innée. « Et vous, la désignation de la toute première équipe d’explo sur la Voie Lactée ?... »
« SG-1. » Warren poussa un petit soupir et finit par esquisser un rictus. « Désolé, mais on est jamais trop prudent. Alors, c’est quoi l’embrouille avec votre labo ? »

Lebb se tût durant quelques secondes, partagé entre le désir d’aveu et celui de protéger le secret. Il sonda le grand gaillard et finit par se dire qu’il valait bien mieux que son pauvre petit neuf millimètres. Son esprit scientifique calcula sans mal le fait qu’il avait montré patte blanche et que s’il voulait vraiment entrer...y’a pas grand chose qui pourrait le retenir.
« Votre officier décidera ce que vous devez savoir. » répondit-il avec une fausse assurance. Il sortit néanmoins la clé de sa poche pour déverrouiller la porte. Le battant s’ouvrit sur la sacristie. Plus rien de religieux dedans. Du mobilier de campagne s’organisaient autour d’une grande table en inox bardé de capteurs. Plusieurs ordinateurs tournaient, affichant de mystérieuses données. Quelques câbles serpentaient sur le sol en allant se glisser sous la porte du fond.
Le scientifique entra en premier, laissant ensuite le militaire examiner l’endroit. Le fait d’être un peu plus à l’écart des réfugiés le rassura un peu et sa langue se délia.
« Mais je peux vous dire que c’est hautement stratégique. Derrière cette porte, là bas, il y a la raison de cette attaque. Un artefact d’une civilisation inconnue que j’étudie. Je suis persuadé qu’il s’agit de la solution à ces épouvantables aléas climatiques. Le Capitaine Presley m’a donné carte blanche pour comprendre son fonctionnement. »
Son regard angoissé glissa vers l’extérieur.
« Si l’artefact tombait entre les mains ennemies, on perdrait tout, vous comprenez ? Et si, parmi ces réfugiés, des espions venaient à apprendre sa localisation exacte... »

Warren observa l’intérieur de la sacristie. Il ne pipait rien en sciences ni en expérimentations, pour la bonne et simple raison que ce n’était pas son domaine. Cependant, il comprenait le sens des mots “hautement stratégique”, sans parler du fait que la raison que le scientifique apportait pouvait justifier ses manières.
« Faut que j’en informe mon officier ouais… C’est transportable cet artefact où ça doit rester posé là ? Au cas où faudrait lever le camp. » Bordel, pourquoi est-ce qu’ils n’étaient pas au courant avant de venir ? Ou peut-être que Shaun l’était, il n’en savait foutrement rien. Warren jeta un coup d’oeil aux alentours, suspicieux pour le coup. Il ne fallait pas que ça s’ébruite, mais garder une porte spécifiquement pouvait donner la puce à l’oreille d’un espion par exemple, sans dévoiler quoique ce soit, mais sur quelque chose de capital qui pouvait se trouver là derrière.

« Le transporter... » répéta Lebb en secouant la tête, désabusé. « Je commence à peine à comprendre comment il parvient à influencer son environnement. Alors le déplacer, jeune homme, c’est comme si je me risquais à manipuler un de vos explosifs... »
Il acquiesça, convaincu de ce fait.
« C’est dangereux, soldat. »

« Ok, c’était pour savoir pour la suite. » se justifia Warren qui se serait bien contenté d’un oui ou d’un non. « Je transmets les informations, en attendant, je vous laisse garder votre porte. Vous êtes à quoi en munitions? » s’enquit-il quand même, avant de chercher Hailey du regard.
« Et bien... »
Le scientifique ne sût quoi répondre. Il était très mal à l’aise avec les armes à feu et il ne gardait cette porte que parce qu’il n’y avait plus personne pour le faire.
« Simplement ce qu’il contient. Un de vos collègues me l’a confié en m’ordonnant de placer l’index sur la détente qu’au moment d’être sûr du tir. »
Il secoua la tête, incapable de pouvoir lui fournir une réponse claire.
« C’est un peu l’idée. » fit Warren en souriant un peu plus plus, tout en tendant la main. « Montrez voir quand même. » demanda-t-il pour inspecter rapidement l’arme et être certain qu’elle était chargée. Ce n’était pas super malin de laisser un flingue à un civil stressé et qui ne savait pas s’en servir, mais… la situation imposait de faire avec les moyens du bord.

Warren trouva une balle engagée dans la chambre. Le chargeur était à moitié rempli. Le scientifique attendit de récupérer son arme. Même s’il ne savait pas s’en servir, il se sentait plus serein en l’ayant dans les mains. Après un petit signe de tête de circonstance, Lebb accompagna Warren vers la sortie puis se ravisa.

« Soldat ! »
Avant que le grand dadet ne s’en aille, le docteur Lebb s’avança à grandes enjambées vers une malle qu’il ouvrit précautionneusement. Il sortit un assemblage de trois bocaux de verre, le tout relié avec du fil de fer, et garni de divers composants étranges. Pour que le tout puisse tenir de manière sécurisée, on l’avait glissé dans une poche tactique habituellement conçue pour le transport de grenades. Les pinces MOLLE permettait de le joindre à un gilet tactique. Si quelqu’un était assez fou pour ça...
« Si vous avez l’intention d’en découdre. Cette petite création de ma part produit un acide corrosif en se brisant. C’était au cas où l’ennemi passe cette porte. Mais si ça peut vous aider à défendre le secteur, je vous confie ce dispositif. Il y a de quoi arroser deux fois la surface du labo... »
« Euh... » commença Warren en détaillant les bocaux, puis le type qui les tenait, puis de nouveaux les bocaux. Ils semblaient bien emballés mais ça restait du verre… Et c’était quelque peu très sale comme méthode, non ? Du genre interdit, tout ça. « Je ne suis pas certain d’avoir envie d’utiliser ce genre de produit sur des gens… » confia-t-il en se passant la main dans la barbe. Ok, il se disait juste avant que la situation imposait certains ajustements inédits et pas très malins, mais là… C’était quand même une sacré saloperie ce truc là !
« Bien... »

Le scientifique replaça doucement les bocaux dans sa malle puis se rendit jusqu’à l’entrée. C’est là qu’il fit connaissance de Skyler et de sa patiente. Il allait devoir lui faire une place dans son labo...à contrecœur.

Warren devait atteindre rapidement le clocher, conformément aux ordres. Hailey partait pour les catacombes, annonçant que le lieutenant devrait se passer de la reconnaissance par drône. Du coup, il ne restait plus que lui pour avoir un œil depuis les hauteurs. On lui présenta rapidement la direction pour atteindre le clocher. Mauvaise surprise, il rencontra la corde qui servait à sonner les cloches. Les camarades avaient manifestement fait des nœuds réguliers pour permettre de s’y accrocher mais l’exercice allait être périlleux.

« Putain… Comment donner raison au sergent instructeur en trois secondes. » grogna le SEAL en observant la montée vertigineuse qui se présentait à lui par le biais de cette corde. Il était bon pour se la coltiner pour se positionner. Il espérait que l’édifice tiendrait le choc et que ses collègues dans l’église s’en sortaient. Il ne savait pas trop où était passé le caporal, tandis que la toubib était en train de s’occuper de l’ado. Le truc, c’est qu’il voulait dire à quelqu’un pour l’artefact quand même.

Une fois en haut, il ferait un petit topo rapide de son tour d’horizon tout en débriefant sur la conversation qu’il avait eu avec le scientifique. Ça servait à ça la radio, non ?
Le tout, c’était d’y arriver, en haut. Il ajusta son fusil, son arme, et tout le reste, pour que cela le gêne le moins possible pendant l’ascension. Heureusement, la corde était dotée de nœuds, ce qui aiderait amplement. Aller, ce n’était pas pire que de monter à une putain de goutière ou autre connerie de ce genre, avec le barda.
Il posa donc le cerveau et il s’employa à grimper, fidèle à sa réputation de chat maigre malgré son gabarit. Rapidement, la douleur de l’effort s’empara de ses épaules, puis de ses biceps. Ses mains brulaient, mais il avait gardé ses mains de marins qui lui permettait de voir venir avant qu’elles ne le lâchent en cours de route.
A mi-chemin, ce n’était plus seulement physique, c’était mental. Les noeuds permettaient quand même d’atténuer l’effort, et de pouvoir s’octroyer quelques pauses. Quelque part, heureusement que la corde qui servait à faire sonner la cloche n’était plus reliée à cette dernière, sinon tout le monde saurait qu’un idiot était en train d’escalader le clocher par ce moyen là.

Tandis qu’il était en plein effort, le SEAL entendait les échanges radios. Il apprit que les collègues décédés avaient été touchés par une maladie, qu’il y avait risque d’épidémie. Que le brouillard s’était dégagé sous la mission de frappe de Nelly. Et ensuite, les échos d’un pilonnage de mortier passèrent les ondes sous l’appel du lieutenant.

//Equipe Mortier ici Lieutenant Kelly. Halte au tir mortier sur secteur Sud. Confirmez ou infirmez si les tirs ne sont pas de vous. Je répète...//
Voix plus grondante. //Halte au tir mortier sur secteur Sud.//
//Négatif lieutenant, négatif. Mortier de section pilonne le front Nord.// répondit immédiatement le sergent Graham. //Je répète : pas de tir fratricide !//
//Bulter !// Cria-t-il aussitôt après pour passer au-dessus d’une nouvelle détonation. //Nouvelle cible prioritaire d’urgence en tir longue distance. Un mortier nous pilonne la gueule secteur Sud. Trouve moi ce p...//
Mais la communication se coupa brutalement.

Il était au bord. Presque arrivé. Plus qu’à se tenir sur le rebord et se hisser à la force de ses bras. Avec tout le barda et son arme encombrante, ce n’était pas un petit boulot. Son effort fut rapidement récompensé par de l’air frais et un rayon de soleil angélique. Le brouillard était mourant, lui offrant une vue certaine sur les ruines l’entourant. Le poste de tir était parfait mais ces ruines produisaient également de nombreux couverts.

A bout de souffle, il fit basculer son arme, déploya le bipied, et vira la housse qui enveloppait la lunette de visée. Il fourra son sac sur le côté, son arme secondaire également, en prenant garde à ce qu’elle ne fasse pas le chemin inverse qu’il venait de faire. Il devait agir vite, mais pas n’importe comment, et c’était son entraînement qui jouait pour lui, surtout qu’il avait cramé pas mal de lucidité dans l’exercice de la corde. Se concentrer sur les gestes, prendre position, permettait d’évacuer le stress et de se replonger dans des mécaniques qu’il connaissait. Il était sur un point haut, il faisait beau, il était presque peinard, sur le toit du monde, prêt à jouer à Dieu.
La communication radio avait eu le mérite de lui mettre le dernier coup de pied au cul pour se bouger. Manifestement, le Lieutenant était dans la merde, et comme Esfir était avec lui, elle partageait l’enfer qu’il avait entendu dans le gresillement de la radio.
// Lieutenant, j’suis en position, je vais vous le trouver cet enculé. // informa Warren en commençant à chercher côté sud. Une petite réponse le rassurerait un petit peu.

[test incidence D20 + maniement d’arme > 12. Résultat : 19. Réussite]

La lunette de visée lui offrit un film de guerre à distance. Tandis que sa respiration se calmait progressivement, le sniper trouva sans aucun mal la barricade. Une maison condamnée d’un côté, une tour de guet effondrée de l’autre. Progressivement, au coup par coup, les obus de mortiers tonnaient sur la barricade, sur une zone relativement restreinte. C’était signe que l’équipe de l’artillerie ennemie était bien entraînée, aussi bien qu’eux du moins. Les différents cratères soulignaient bien la menace qui pesait sur la petite équipe du lieutenant Kelly.

Assuré, stable, sa lunette se posa sur le visage d’Esfir Lunienko, alors penchée sur l’officier. Elle semblait s’occuper de son gilet depuis lequel émanait de la fumée. Quelque chose ressemblant à une lacrymogène mourante. En remontant, il trouva Darren qui les protégeait de sa M249. Il tirait par courtes rafales, par trois ou quatre coups, éventrant salement un amas de sacs de sable. Il jouait un duel particulièrement tendu avec un trio d’arbalétrier planqué derrière cette défense. Warren pouvait discerner, depuis sa position, le fait que Clive rendait bien les coups. Ils étaient entassés les uns sur les autres, impressionnés par la vélocité des projectiles qui manquaient régulièrement de franchir les sacs.

Mais ces trois types n’étaient pas des débutants. L’arbalète était peut-être un outil archaïque mais entre les mains d’experts, qui en avaient fait leur vocation, c’était tout aussi dangereux qu’un fusil. Ils s’accordèrent et lancèrent leurs traits successivement. Ils avaient effectué un tir en cloche, annulant l’avantage d’une couverture frontale. Les carreaux perdaient de la vélocité en retombant sur eux mais l’un d’eux manqua Esfir de si près qu’elle aurait pu se faire balafrer.

Pourtant, la menace la plus létale était celle du mortier, pas les arbalétriers. Certes, ils semblaient savoir s’en servir et les utiliser de façon à toucher ses camarades pourtant planqués, mais on pouvait survivre à une flèche, pas forcément à un obus. Et quelque chose disait à Warren que le gilet fumant du Lieutenant avait quelque chose à voir avec la communication bordélique qui avait pris fin subitement. Est-ce qu’il était mort ? Impossible de se décider à cette distance.
De voir Esfir manquer de prendre un carreau lui donna envie de flinguer un des arbalétriers. C’était parfaitement en son pouvoir là tout de suite. Sa décision pouvait envoyer un de ces hommes trente six pieds sous terre. Et il allait désobéir à un ordre. Cependant… Il répondait à une agression sur un membre de l’équipe, ce qui était légitime.

« Je m’occupe de ce mortier, et je reviens pour vous bande d’enfoirés. » murmura Warren dans sa barbe, concentré, le souffle paisible et l'œil aux aguets.

Il déporta sa lunette. Chaque seconde comptait désormais. Un autre tir bien placé et ils étaient cuits. Il n’avait pas spécialement envie de voir sa technicienne se faire démembrer en direct live. Pourtant, il avait toujours eu cette façon de la protéger depuis qu’ils s’étaient rapprochés, et cela l’emmerdait profondément de ne pas appuyer sur la gâchette là tout de suite.

Il continuait d’examiner son environnement. Warren découvrit les collègues du cordon défensif empêchant des fanatiques d’atteindre le silo. Un allié se trouvait suspendu la tête en bas, la jambe prise dans les barbelés. Plus loin, sur des rues adjacentes, il nota des mouvements sporadiques. Des civils fuyaient, essayaient de rejoindre des abris ou leur propre famille, mais il ne trouvait toujours pas ce foutu mortier.

Et puis, soudainement, en réduisant progressivement ses zones de recherche, il finit par les découvrir. Au sommet d’un petit immeuble en ruine, ils profitaient du toit éventré pour que le dernier étage serve de plateforme et couverture. La ligne de tir n’était pas nette, elle était obstruée par le pan d’un mur ébréché, ne laissant entrevoir que des mouvements rapide des servants qui se passaient les obus.

Son œil alerte dévia soudainement sur la droite, un peu plus à l’écart, où une lueur caractéristique l’avait saisi aux tripes. Un reflet ! La bête noire des snipers ! Une erreur de débutant qui menaçait tout le monde, même les vétérans, s’ils s’endormaient une seconde. Le soleil se reflétait sur la lunette et signalait la position du tireur à toute la région.

Warren, donc, avait été subitement attiré par cette lueur. C’était le risque qu’un tireur d’élite soit également en train de le rechercher, en chasseur patient et silencieux. Mais le fameux ennemi qu’il pensait découvrir se trouvait sur le sommet d’un toit attenant. Un type l’observait depuis ses jumelles, bien droit et visible, sans chercher à se mettre à couvert. Il portait l’uniforme réglementaire d’Atlantis et un gilet tactique. Son P90 pendait depuis son attache de poitrine et il était garni de quelques grenades.
Lorsqu’il comprit que le viseur de Warren s’était posé sur lui, l’inconnu continua de l’observer depuis ses jumelles. Il dévoila une série de dents blanche sur un sourire complice. Sa main droite se détacha de la jumelle pour lui faire le signe du salut vulcain de Star Trek.

Perplexe, Warren observa le type dans son viseur. Perplexe, et assez vexé, il devait le reconnaître. Il s’était fait griller assez rapidement, mais en même temps, venant d’un collègue Atlante, c’était normal. L’église était un point assez logique pour embusquer un tireur de précision, aussi ce n’était pas très surprenant.
Le type lui faisait un salut tiré d’une série… Ou bien était-ce d’un film ? Le soldat ne savait plus. Darren lui avait offert un DVD de la série en lui disant un truc comme “embrasser l’unique là dessus c’est une étape", et il devait reconnaître qu’il l’avait foutu de côté sans le regarder, se disant que des étapes, ils en avaient déjà expérimentées quelques unes. Warren n’était pas un grand cinéphile dans l'âme même s'il pouvait passer un bon moment devant un film ou une série.
C'est en trouvant les DVDs dans sa piaule que Esfir avait voulu regarder. La russe ne connaissait pas spécialement la série fallait dire. Du coup, comme ils s'étaient amusés à essayer de reproduire le salut vulcain comme les deux enfants qu'ils pouvaient être, il en gardait un petit souvenir diffus qui s'était mêlé dans le reste de la soirée.

Autant dire que quand le gars lui fit un petit salut de ce genre de la main, il percuta rapidement. Il lui fit signe en retour, se demandant bien ce qu'il foutait là cela dit. A aucun moment il ne se méfia de prime abord, surpris par cette rencontre impromptue. Ce type était un terrien pur souche.

Le sourire de l’Atlante s'agrandit. Lui qui n’avait pas quitté ses jumelles rapporta sa main vulcaine sur sa radio qu’il activa. Mais rien ne parvint jusqu’à Warren. Forcément, il n’était pas au courant de la nouvelle fréquence. Ou bien il insistait sur celle qui était neutralisée. Mais le SEAL sentit son instinct lui hurler quelque chose.

C’était anormal !
Anormal qu’un soldat allié soit là, avec ses jumelles, en train de mater ce merdier comme à la foire. Qu’il se rince l'œil sur un collègue pendu la tête en bas, en train de se vider de son sang, sans que ses amis ne parviennent à le récupérer. Que le lieutenant gisait plus loin, toujours sous la menace du mortier, couvert d’éclats de bois.
Et lui, il restait là ? Aussi dégagé, aussi indifférent ?

Le sourire bienveillant. Ce sourire aux dents blanches dans sa lunette. Ce n’était pas aussi amical qu’il l’aurait pensé. En fait, c’était même carrément hypocrite ! Warren le voyait prononcer quelques mots avec une assurance qui ne laissait pas de doute. Le type ne balbutiait pas, il ne recherchait pas son interlocuteur, il avait quelqu’un au bout des ondes et lui disait quelque chose.
Il ne savait pas lire sur les lèvres mais le type semblait l’avoir articulé spécialement pour lui.

« MAINTENANT ! »

Il y eut un claquement lointain. Comme un pétard mouillé. Mais un sifflement long et doux prenait de plus en plus d’ampleur. Sur ses neuf heures, une boule de lumière s’envolait droit sur lui.

UNE…
PUTAIN…
DE ROQUETTE !!!!

Ce n’était plus vraiment l’heure de se poser des questions alors qu’une tête explosive fonçait vers lui. Il se redressa, attrapa son sac et fit ce qu’il y avait de plus logique à faire dans un moment pareil : sauter du clocher. Il aurait pu redescendre par la corde, mais c’était réfléchir une seconde de trop très certainement, et après-coup, alors qu’il retombait durement sur le toit pentu de l’église, la corde n’aurait peut-être pas tenue, l’envoyant des mètres plus bas avec une pile de débris sur la gueule.
Le haut du clocher explosa quand la roquette le percuta de plein fouet, le dispersant comme un vulgaire ballon rempli d’eau sur lequel on lancerait une fléchette. Des briques volèrent dans tous les sens, et le jeune homme pu sentir le souffle chaud de la déflagration dans son dos alors qu’il se raccrochait à ce qu’il pouvait pour ne pas dégringoler en contrebas.

La glissade était du genre violente. Etait-ce à cause de l’explosion qu’il glissait si vite ou parce que ce putain de toit était assez pentu ?
Le toit n’avait jamais été entretenu sérieusement. Une mousse locale, qui poussait grâce à la poussière levée par les ruines, s’y était accumulée. En tombant dessus, Warren eut la sensation d’avoir atterri sur une énorme patinoire en pente. Sa vitesse augmenta tandis que ses mains raclaient de la mousse sans trouver d’accroches valables. La pierre pleuvait autour de lui, et sans trop s’en rendre compte parce qu’il était pris dans l’instant, plusieurs débris le percutèrent dans sa folle descente. Et avant qu’il ne bascule dans le vide mortel, un trou béant dans la toiture l’avala tout cru, sans autre forme de procès.

Impossible de savoir si un morceau du clocher avait ouvert cette brèche avant que le soldat n’y tombe. Peut-être que c’était là depuis longtemps, à cause de la vétusté et des catastrophes naturelles. En tout cas, il retrouva la même sensation que lors de la chute en hélicoptère, en version plus courte. Ses tripes remontèrent dans son bide alors qu’il se sentait aspirer par la gravité.
Warren percuta les premiers arceaux de la charpente. Cette douleur lui fit prendre conscience qu’il y avait enfin quelque chose de solide à quoi se raccrocher. Le prochain geste fut purement instinctif. Son corps avait pris le contrôle pour agripper de toutes ses forces la poutre sur laquelle il avait rebondi.

C’est ainsi que le SEAL se retrouva perché au-dessus du vide de l’église, les pieds ballotant dans le vide, uniquement suspendu par la force de ses bras. La fatigue de l’ascension à la corde se rappela bien vite à lui. Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Impossible d’appeler à l’aide tant ses forces étaient mobilisées. Et quant à émettre par l’intermédiaire de sa radio…

//Mec ! Rien de cassé ?//

Impossible de répondre.
Warren avait beau faire, il ne pouvait pas se hisser jusqu’en haut. Son équipement se comportait comme une ancre de navire qui souhaitait le faire plonger pour de bon. Une lutte sans merci se déroulait pour sa survie. C’était les fractures multiples qui le guettaient. Ses épaules le brûlaient atrocement et s’il n’était pas encore tombé, c’était vraiment grâce à son accroche sous l'aisselle qui maintenait un peu physiquement son corps, à défaut que ce ne soit ses forces. Peut-être devait-il déboucler son équipement de son gilet pour le laisser tomber et se donner de l’air ?
Il en avait fait des stages commandos pour en arriver où il était, et il savait que son corps avait atteint une limite qu’il ne franchirait pas. Le cerveau voulait, par instinct de survie et par fierté, mais les muscles eux, ne voulaient plus. Pourtant, il ne pouvait pas se résoudre à lâcher prise malgré la douleur et la pression invariable qui s’exerçait sur lui. Mais combien de temps allait-il durer ? Plus très longtemps, puisqu’il en était réduit à calculer ses chances de survie s’il lâchait maintenant. Cela voulait dire qu’il avait décidé, quelque part, que la chute était inévitable. S’il tombait droit comme un ‘i’, il risquait de se manger ses genoux dans la gueule, de se péter les dents en plus des pieds, des jambes et des hanches, mais le tronc serait presque sauvegardé. A plat, et il s’éclatait comme une grosse merde, ses organes s’écrasant sur son squelette en provoquant des lésions importantes en internes en plus des os pétés. Aucune des deux options ne l’enchantait vraiment. Dans les deux cas, il était bon pour un retour sur Terre, soit en boite, soit en fauteuil, et le service actif serait terminé.
Non il ne pouvait lâcher maintenant ! Il essaya une nouvelle fois de se hisser en utilisant son corps comme un balancier, mais rien à faire. Il glissait autour de l’arceau et cela le déstabilisait, le ramenant invariablement à pendre mollement dans le vide.

Pendant ce temps, sous ses pieds, les gens se remettaient à peine de la terrible déflagration qui avait secoué le bâtiment. L’on croyait alors qu’il s’agissait d’un nouveau séisme et le prêtre faisait ce qu’il pouvait pour soulager les mouvements de panique. Dans toute cette masse de réfugiés terrifiés, un petit garçon lambda eut l’idée de lever le nez.

Il observa longuement le militaire se débattre vainement pour remonter sur la poutre et se mit à sourire. Le mioche commença par lui faire un grand coucou et fit le signe de sa religion. Du moins, il copiait ses parents, puisqu’il ne comprenait pas vraiment le concept. Après un petit instant de contemplation naïve, il pinça la veste de sa mère et se mit à tirer dessus.
Celle-ci le repoussa, trop occupée à calmer sa fille qui pleurait toutes les larmes de son corps. Mais après avoir insisté une fois de trop, attirant la colère de sa mère, le gamin pointa Warren du doigt et demanda :

« Maman ? C’est lui, Dieu ? »

La mère poussa une plainte en se couvrant la bouche de ses mains. Son fils éclata d’un rire bon-enfant, persuadé qu’il avait eu raison, puis adressa un nouveau coucou aux jambes de Warren. Quelques cris plus tard, tous les regards s’étaient redressés au plafond. Les hommes encore valides dépeuplèrent la barricade que le bélier entamait sérieusement. Ils tentèrent de trouver une solution mais il n’y avait pas d’échelles ni de cordes pour faire redescendre le soldat. La solution vint du révérend qui proposa, la mort dans l’âme, de se servir du drap de l’élévation : une grande toile richement ornée qui permettait la consécration des nouveaux prêtres.
Rapidement, hommes et femmes empoignèrent la relique sainte pour la tendre sous le soldat. On estimait l’endroit où il chuterait. Des voix chargées d’angoisse mais pleine de solidarité montèrent jusqu’à lui :

« Allez...sautez...tombez... »

Heureusement pour notre chat maigre qui comptait retomber sur ses pattes et faire honneur à son surnom, les réfugiés en contrebas finirent par s’organiser pour lui venir en aide après avoir pris conscience de sa situation. C’était moins une, car les forces du SEAL commençaient à lui faire défaut. Aussi n’eut-il pas vraiment besoin des encouragements des voix en dessous de lui pour lâcher. Il avait vu leur manœuvre pour essayer de le rattraper et s’il ne leur faisait que moyennement confiance, cela augmentait quand même drastiquement ses chances de survie !
Alors, il se lâcha pour de bon. Il sentit tout le bois racler sur son bras douloureusement avant de sentir l’impact moelleux dans son dos. Son fusil lui rentra dans les côtes avec vigueur, lui arrachant un gémissement rauque et plaintif, tout en chassant l’air de ses poumons. Plein de poussière, le soldat était méconnaissable. Il se donna quelques secondes de battement pour reprendre un minimum son souffle, tandis que les gens essayaient de le relever. Un peu brusquement, encore sous le choc, il écarta quelques bras tendus, avant de se reprendre :
« Merci… Merci, vous avez assuré. » Il fit quelques signes de tête et flatta quelques épaules d’une bourrade amicale avant de se décider à bouger. Il devait retrouver un point de tir pour loger l’autre enfoiré et neutraliser le mortier.

Avec une prudence toute particulière, il s’exfiltra de l’église. Hailey était toujours en sous-sol, et il ne pouvait pas rendre compte à Shaun pour le moment, surtout qu’il était dans une sale position la dernière fois qu’il l’avait vu. Et puis… Il ne sentait plus sa radio dans son oreille, mais c’était peut-être aussi l’effet secondaire de l’explosion qui avait éclaté le clocher. Le bruit assourdissant lui provoquait d’ailleurs encore quelques acouphènes douloureuses.
Fourbu, le SEAL s’avança dans la rue. Il était certain d’avoir le numéro de série de son fusil de gravé dans la peau tellement il l’avait encaissé au niveau des côtes. Mais pas le temps de niaiser, l’équipe aux barricades attendait qu’il les aide. Sachant que dans cette équipe, en plus d’un de ses meilleurs potes, d’un officier avec qui il avait un peu bourlingué et qu’il appréciait, il y avait aussi sa petite amie, autant dire qu’il courait comme si le fouet de ses sergents instructeurs était à ses trousses. Et le premier qui le considérait comme un peau verte entendrait parler du pays.

La porte de la tour était verrouillée, Warren dû s’en occuper à grand renfort de coup de pieds. Quand il sentit qu’elle allait céder, il chargea l’épaule en avant. Le bois pourri finit par se briser et lui laisser le passage. Il pénétra un peu vigoureusement dans la tour, propulsé par son élan. C’était encore une minute de perdue. Le temps qu’il puisse grimper l’escalier en colimaçon, découvrant que cet endroit servait de cantonnement au gars, Warren atteignit le toit éventré tardivement. Il devait se mettre en position avec prudence, histoire qu’une nouvelle roquette ne vienne pas lui rendre visite, et pendant ce temps le mortier avait cessé de tirer. Les restes d’un fumigène se dissipaient à l’endroit où ils avaient opéré. Le tir sur le clocher n’avait pas eu d’autre but que de permettre la retraite de l’artillerie. Empêcher le sniper de flinguer les servants de mortiers, les replier sous couvert d’un fumigène : c’était un comportement stratégique de chez eux.
Le mec qui avait commandé le tir n’était plus là. Ils étaient partis, le laissant sur sa faim et sans aucune possibilité de revanche.

« Putain de fumier. » maugréa le grand blond d’ordinaire si placide. Il porta la main à son oreillette :
// A tous, mon perchoir s’est fait dézinguer, j’ai trouvé un autre point de vue. Atlantes hostiles sur le terrain. Je répète, Atlantes hostiles sur le terrain. Mortier et RPG manoeuvrés par des gars à nous. Ils se sont tirés, redéploiement ultérieur à craindre. .//
Il ne savait pas ce que ça voulait dire encore. Le gaillard avait participé à la résistance contre les hommes du commandant sur la cité, et clairement, ce comportement de fils de pute lui rappelait ces mecs-là. Pourquoi diable des mecs à eux seraient-ils passés à l’ennemi ? Était-ce des putains de geniis infiltrés depuis longtemps et qui se révélaient maintenant en utilisant ce qu’ils avaient appris ? C’était impossible. Les protocoles ne pouvaient pas être contournés comme ça, et puis de nouvelles têtes n’arrivaient pas non plus par l’opération du Saint Esprit. Impossible que ce soit des agents dormants, du moins… en dehors d’agent venant de la Terre. Du coup quoi ? Ce mec qu’il avait vu n’avait pas spécialement l’air d’être sous une influence quelconque.

Front Nord:


Des cris achevèrent de le sortir de son exploration au Sud, pour reporter son attention sur le front Nord. Un rapide examen lui révéla une situation bien plus fragile qu’il ne pensait. Une foule de fanatiques en colère déambulait dans les rues, se galvanisant eux-mêmes de la mort prochaine des “pêcheurs”. Fourches, torches, lances et massues, ils étaient motivés. A cause du manque d’effectifs, deux collègues isolés tenaient les ruelles qui permettaient d’accéder à la barricade [T1 et T2]. Ils tiraient à coup sûr, économisant au maximum les munitions. Chaque suicidaire qui s'engagait dans la rue ramassait un pruneau. Leurs corps finissaient par former un parapet dans lequel les prochains allaient s’embourber. La technique du goulot d’étranglement fonctionnait. Ils n’étaient que deux mais ils empêchaient la progression ennemie.

En revanche, toute la zone la plus à l’ouest était sous domination fanatique. Ils s’étaient accumulés aux abords du cimetière, entourant le bélier qui percutait sans relâche la porte scellée. C’était donc par là qu’ils tentaient d’ouvrir la brèche. Juste à côté, les corps sans vie de deux collègues avaient été exhibés sur des insignes religieux. Les fanatiques avaient réussi à les surpasser. Ces fous les avaient massacrés. [Tx].

Conformément aux ordres, le sergent Graham et un équipier tenaient la barricade principale. Ils contenaient autant que possible les mouvements de fanatiques sur le flanc, interdisant tout contournement sur le goulot. [de T2] Hélas, ils ne pouvaient pas se risquer à approcher du bélier. Le dispositif ennemi était trop important.

Warren avait profité de l’absence de mortier pour faire un tour d’horizon et essayer de repérer Esfir, Darren et Shaun. Il les retrouva. Leur situation avait évolué, et le lieutenant venait de tirer sur deux arbalétriers qui arrivaient dans le dos de Darren. [CHRONO OK ?]
Il n’avait pas encore tiré un seul coup de feu. Sans ordre de la part du Lieutenant, il ne pouvait qu’agir de sa propre initiative. On lui avait demandé de prendre le mortier pour cible prioritaire, et c’était ce qu’il avait fait. Cette menace était momentanément écartée et il ne pouvait pas perdre son temps à courir après.
La situation qui lui semblait la plus critique se trouvait au niveau de l’église. Il y avait des civils là-dedans, leur toubib, le capo, et un artefact qui avait un intérêt stratégique et tactique. Il devenait évident qu’il fallait donner un peu d’air à l’édifice et aux gens dedans. Les collègues morts avaient dû passer un sale quart d’heure. Warren plissa le nez, mais il ne pouvait pas s'appesantir sur leur sort pour le moment.
Allongé, il verrouilla le SKS contre son épaule et aligna un des servants du bélier. Il lui tira dessus au niveau de la hanche. C’était dégueulasse, mais le but n’était pas de le tuer trop rapidement. Le but était de le faire tomber et d’affaiblir les porteurs, tout en mettant dans leur patte un mec blessé qui allait hurler, se débattre et foutre les pétoches aux autres. Surtout que Warren ne s’arrêta pas à un seul homme, non. Il en tira deux autres avant de vérifier les réactions des types. Ce genre de fanatique était dur à briser moralement, leur foi les poussant à agir malgré l’adversité. Mais la foi n’aidait pas totalement contre la douleur, et elle n’aidait pas à débarrasser les blessés gênants. Mobiliser des ressources émotionnelles et physiques pour les désorganiser, c’était son but, sachant qu’il pouvait se faire plaisir pour shooter d’autres mecs au fur et à mesure.


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