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Destination : Kamerad Popov

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Sam 12 Sep - 10:25

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Ce que Darren ne voyait pas et ne savait pas, c’est que les signes écarlates venaient de réagir à l’instant où Esfir venait d’y poser la main. Comme si elle avait touché la surface de l’eau, elle vit une onde très douce et souple se répartir sur la roche de l’obélisque. Cet étrange “feu sacré”, à voir sa façon de briller, se mélangea doucement. De signes d’écritures, elles donnèrent peu à peu un paysage. Il semblait totalement désertique, ensablé, agressé par le soleil. L’aspect de feu de cette scène exhacerbait la dimension très hostile de l’habitat. Il s’écoula quelques secondes durant lesquels l’environnement était vivant. On lui retraçait un film par le biais de cet obélisque, en temps réel, un héritage millénaire de la vie qui existait autrefois sur cette planète.
En voyant le sable que chariait le vent, les nuages, et la grande falaise qu’ils avaient également grimpé à l’aide de leurs propulsions. Puis elle le vit soudain, comme s’il passait dans l’angle de la caméra...cette chose.

C’était une créature étrange. Comme un insecte qui s’était redressé sur deux pattes et qui peinait à se déplacer. Il donnait l’air clairement anémié, épuisé, et mit un temps fou pour s’agenouiller au sol. Il n’y avait pas de son mais Esfir pouvait deviner ses mandibules cliqueter autour de la même herbe qui poussait éternellement à deux pas de l’obélisque.
La créature la prit très délicatement, comme si elle voulait caresser son feuillage, mais un simple contact la désintégra en poussière. Elle semblait si sèche et faible que la culture mourrait au premier contact.
La chose semblait peinée, en proie à un profond désespoir.

\\ ESFIR !!! \\ gueula Darren, l’extirpant brutalement de son état second.

Son amie sentit tout de suite sa tête lui tourner.
L’obélisque était toujours là mais on aurait dit que ces signes étranges n’avaient jamais changé de forme...jamais. Darren l’empoigna sans ménagement et la força à retirer sa main.

\\ Écarte toi, bon sang ! \\

« \\Non attends\\» dit elle en voulant remettre sa main, mais Darren l'en empêcha et le vertige qui la saisit d'un coup l'obligea a finalement poser sa main sur la combinaison de Darren pour y prendre appui, le temps que l'effet se dissipe.

« \\J'imagine que ça non plus tu l'as pas vu ?\\»
\\ Mon amie rester immobile en touchant ce truc comme si elle se faisait siphonner le cerveau, tu veux dire ? \\
Il avait eu la trouille.
\\ Tu as eu une absence. J’ai eu un mal fou à te faire décrocher la main ! \\

Esfir ferma les yeux une seconde.
« \\Les images, la pauvre créature... elle voulait manger mais ça partait en poussière comme là.\\»

\\ Ok, si je comprends bien, tu perçois des trucs que je ne vois pas. C’est dangereux. Je recommande de nous exfiltrer illico, vérifier que ta santé n’est pas engagée. Et ensuite on reviendra à l’assaut de ce bidule... \\ lui proposa-t-il, la tenant toujours par les épaules.

« \\Non ça va, je suis pas dingue. On dirait juste que ce truc n'aime parler qu'aux russes.\\» dit elle en plaisantant pour camoufler ses propres doutes.

« \\On va faire quelques vérifications d'abord.\\»
Elle tapota Darren comme pour lui dire "tout va bien".

« \\Robin, ici Voskhod 1, pouvez vous vérifier si des signaux radio ou autres émanent de notre position.\\»
\\ Voskhod 1. Anomalie repérée sur votre position. Légère poussée d’une source énergétique inconnue. Rien d’autre à signaler. \\
« \\Bien reçu.\\»

Une fois les informations reçues, elle s'adressa à Darren.
« \\Y'a moyen de vérifier si cette combinaison m'a envoyé son fameux anxyolitique ?\\»
\\ Facile. Si tu me fais une blague, je vais l’entendre au son de ta voix. Tu es privée d’émotions sous l’effet de la drogue... \\
« \\T'inquietes, des émotions, j'en ressens....\\»
\\ Qu’est ce que tu as vu alors ? Est ce que c’était émotionnel ou comme un film ? C’est un message ? \\

« \\C'était des images, comme un film, une archive de ce monde. Il y avait la muraille par laquelle on est arrivé... puis une créature... je crois qu'elle était affamée, elle voulait se nourrir dans le champ mais tout partait en poussière... puis tu m'as déconnectée\\»
\\ Avant que tu puisses savoir pourquoi... \\ conclu Darren avant de soupirer.

Il détestait être un simple témoin, lorsque les autres prenaient les risques. Si cet obélisque était un moyen de communication, il ne pouvait pas l’ignorer.
\\ Je reste sur ma position. Ce serait mieux de rentrer et vérifier que ça ne t’a rien fait physiquement. Mais t’es le boss alors...le choix t’appartient. \\

« \\Écoute, à part un léger vertige, ça va. Ce serait bête de repartir aussi vite. Profitons d'avoir des réserves pour voir si on trouve des traces de l'existence de cette créature. Et je promets de ne pas toucher ce truc tant qu'on aura pas vérifier que ce que j'ai vu était bien une sorte d'archive.\\»
Elle se justifiait même si en tant que cheffe elle n'avait pas à le faire, le soldat n'aurai qu'à obéir. Mais elle savait aussi qu'il avait plus d'expérience qu'elle, son avis était donc d'une grande importance.

Le militaire finit par abdiquer.
Ca faisait partie intégrante du frisson de l’aventure. Dur de devoir se retirer, avec le sentiment de filer la queue entre les pattes, face aux nombreuses découvertes qui n’attendaient plus qu’eux. Personne n’avait foulé cette terre depuis des millènaires, peut-être même depuis l’existence de la cité elle-même. C’était quelque chose d’être le fer de lance d’une future expédition archéologique.
Bien protégé dans l’armure Athéna, ça devenait difficile d’accepter les raisons rationnelles d’un départ.

Darren lui fit comprendre son accord par un simple hochement de tête. Il était là pour protéger son amie et il comptait bien remplir le rôle à la perfection. Elle restait, il restait.
Le soldat se détourna d’elle pour considérer la vaste étendue de ce haut plateau. Si le temps et l’hostilité de l’environnement avait tout réduit en poussière, il restait tout de même des traces visibles à l’oeil nu. Un peu comme des maçons qui auraient déterrés des fragments de poteries et les restes de fondations d’un village.

L’obélisque représentait le plein centre du plateau, son noyau central. Les champs le cernaient en quatre rectangles parfait. Mais après ça, il y avait de nombreuses irrégularités que Darren comptait étudier. Il commença par faire le compte des réserves avec Esfir. Cette dernière fit un bref rapport à Robin puis ils se séparèrent de quelques mètres seulement pour investiguer.

Darren épaula son arme magnétique. Elle ne lui servait pas à combattre une quelconque menace mais sa lampe était parfaite pour fouiller les remous de poussières. Au début, ils ne trouvèrent rien d’autre que de la poussière. Chaque pas, chaque coups de mains, chaque activité de leur part, produisaient un amas en mouvement. C’en était au point qu’au bout de quelques minutes, ils avaient créé malgré eux un brouillard de particules en suspension.
Mais les premiers éléments apparurent enfin.

Clive avait donné son fusil à Esfir, lui demandant de braquer le faisceau lumineux SANS toucher à la queue de détente. Il creusait dans un petit monticule de sable terne et stérile. L’effort qu’il déployait le faisait respirer plus vite dans son casque, relayant cet impression pesante dans l’oreillette de la Russe.

\\ Je tiens quelque chose. \\

Il se redressa légèrement pour compenser son dos devenu douloureux. D’un geste lent, il posa quelques doigts sur le canon de l’arme et orienta la lumière un peu mieux. Esfir était aux premières loges pour le voir dégager des ossements longs et très fins. La poussière rendait l’ensemble complètement informe au début. Mais à force de dégager cet amas en essayant de préserver l’emplacement des ossements, Darren mis à jour deux cadavres osseux fossilisés.

Un couple insectoïde. Qui donnait surtout l’air de s’être éteint en dormant l’un contre l’autre. Il ne semblait pas y avoir eu d’enterrement. D’ailleurs, c’était impossible de savoir s’il existait le concept de sépulture de ce peuple de jadis.
Mais la preuve venait d'apparaître sous leurs regards surpris. C’était clairement la charpente osseuse de la bestiole qu’Esfir avait vu dans ses songes.

\\ Tu me parlais d’eux ? \\ demanda Clive en se redressant.

Esfir balaya les ossement avec la lampe de l’arme de Darren, elle fit deux passages avant de confirmer.
« \\Oui, ça y ressemble, sur les images, je n’en ai vu qu’un mais il avait ce genre de forme..\\»
Alors que quelques secondes auparavant, elle déprimait à l’idée de ne rien trouver, tout en jetant des coups d’oeils intrigués sur l’obélisque dont les symboles étaient toujours aussi chatoyant. Cette découverte l'attristait. Elle n’avait jamais eu aucun attrait pour les insectes, mais celle qu’elle avait vu semblait si mal et si délicate, qu’elle fut bien plus touché par la disparition de ces créatures qu’elle ne l’aurait été de celle d’une sauterelle.
« \\Ca confirme la théorie des archives... on continue encore un peu..\\»

Avec l’accord d’Esfir, il fit trois autres essais sur des irrégularités du terrain.
Et pour ces trois autres fois, il dégagea des ossements de créatures dans une disposition exactement similaire. Ils étaient tous morts allongés au sol, par paire de couple.

Malgré le cataclysme qui avait frappé la planète, il semblait assez clair que ce peuple s’était éteint sur ce plateau, en mourant en couple. Ca ne laissait pas Darren indifférent de patauger dans cet immense charnier.
Il sonda les cadavres à ses pieds encore un instant puis il se tourna pour considérer toutes les irrégularités du plateau. Des petits amas, des petites buttes. Partout...
\\ Ils doivent être des milliers...on marche dans un immense cimetière. \\

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Lun 14 Sep - 15:12

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko


L’atmosphère était de plus en plus oppressante entre ce paysage désolé et silencieux uniquement perturbé par le bruit de leurs souffles et des bruits produit par leurs corps enfermés dans ces combinaisons, ajoutez à cela la découverte d’un véritable cimetière de couples insectoïdes. S’il n’y avait pas eu la curiosité et l’excitation d’être au seuil d’une découverte, la jeune russe aurait sans doute rebroussé chemin.
Mais partir lui semblait toujours prématuré. D’autant plus qu’en tant que cheffe fraîchement promue, elle aurait eut la sensation désagréable d’abandonner la mission, d’échouer.

Elle imaginait déjà Caldwell souriant d’un air narquois face à la lâcheté d’une civile... non, ce n’était pas ce sourire là qu’elle voulait voir naître sur le visage du vieil homme.

« \\Bien, nous avons maintenant la preuve que ces images sont un témoignage de ce qui s’est passé ici. Le souci c’est qu’il peut y avoir deux types de scénarii... soit cette chose et bénéfique mais à échoué ici malgré ses efforts... soit elle est maléfique et a tendu un piège à ces créatures..\\»
Elle se tourna vers l’obélisque.
« \\Et je ne vois plus qu’un moyen de découvrir ce qui s’est vraiment passé ici... et ça ne va pas te plaire Soldat Clive..\\»
Elle glissa le faisceau de la lampe sur les symboles de l’obélisque, qui restait pertinemment terne et sans vie aux yeux du militaire.
« \\Il faut que je regarde la fin du film. Tu restera près de moi pendant la manoeuvre, si je peux, j’essaierai de te décrire ce que je vois... Je vais t’envoyer mes constantes, si tu vois un souci, tu me décroches de ce truc, si tu n’y arrives pas, tu me tires dessus à faible puissance évidemment. Ok ?\\»
\\ Tu me donnes vraiment la permission de te tirer dessus, patronne ? \\ lui demanda-t-il avec un sourire presque sadique.

Darren cherchait à détendre l’atmosphère. Il voyait bien que son amie était partagée entre son sentiment légitime d’autopréservation et le frisson de la découverte. Tout en intégrant les consignes qu’elle venait de lui demander, le jeune homme sonda l’obélisque tout en se demandant comment il pouvait faire le tri entre deux personnes. Est-ce que l’objet reconnaissait la culture d’Esfir ? Que cet élément représentait comme une affinité, une interface d’us et coutumes pour transmettre ces informations ?
Depuis le temps, les explorations continuaient toujours autant de le surprendre. Mais il n’appréciait pas de se retrouver dans le rôle du spectateur.

\\ Affichage. Constantes Spc Lunienko. Temps réel. \\
Il marqua une petite pause.
\\ Il y a une notification dans ton casque. Il faut que tu acceptes Esfir. Et...sérieux, soit prudente avec ce machin. On ne sait pas quel effet ça peut avoir dans ton esprit. \\

Darren se tint légérement à l’écart. Maintenant qu’il avait les mesures des constantes vitales de son amie dans son casque, ayant remplacé les siennes, il pouvait au moins surveiller son état de santé. Pas besoin d’être médecin pour déduire que le rythme cardiaque élevé de son amie était causé par le trac. Il ne lui en ferait pas part, elle avait suffisamment à gérer comme ça.

Du point de vue de Darren, Esfir posait de nouveau sa main sur un monument terne et mort. Mais la jeune femme, de son côté, percevait parfaitement bien les signes rougeoyants qu’une nouvelle onde malmena. Ils se rejoignirent une fois de plus pour former ce tableau vivant.

La scène venait de reprendre depuis le début, comme un message qui s’était automatiquement rembobiné. Esfir vit la créature insectoïde s’agenouiller et constater le flétrissement de ses cultures. Elle replaça ce qui s’apparentait à un panier d’osier sous l’une de ses pattes et déploya des ailes de libellule pour s’envoler.
Ce qui semblait être un geste naturel se révéla être un moment particulièrement éprouvant et fastidieux.

Toute la masse rougeoyante qui formait ce film se rejoignit doucement au centre, refermant ce tableau, pour ensuite s’étirer et en former un autre. Un moyen très simple pour faire comprendre à une espèce intelligente visionnant ce film qu’on passait sur une autre scène.

Quelque part, une hutte faite de branchages. Comme un nid d’oiseau qu’on aurait placé à l’envers. Un insecte au trait féminisé venait d’en sortir, tenant un nourrisson contre son torse. L’adulte au panier d’osier fit un atterrissage très lourd devant elle, signe d’un grand épuisement. Son aspect, bien que non-humain, trahissait néanmoins un grand désespoir. La femelle mit le nez dans le panier d’osier vide avant de sauter sur le mâle. Ce dernier venait de s’écrouler sur le sol, ayant visiblement donné ses dernières forces. La femelle siffla, le poussa comme si elle souhaitait le réveiller, mais le mâle rendit son dernier souffle. Un grand cri de détresse monta dans le ciel de cette planète.

Nouveau tableau qui se met en place.
La femelle insectoïde se déplace dans un endroit parfaitement méconnu. Les ruines d’une sorte de pyramide. Mais là où elle est triangulaire pour les humains, celle-ci paraît cylindrique. Elle parcourt les signes qui ont été gravé sur les murs, les étudiant avec beaucoup d’attention et comportement scientifique. Lorsqu’elle revient au centre de la chambre, elle dispose plusieurs éléments et procède à une étrange danse. Une chorégraphie dans laquelle elle donne le reste de ses forces, tous ses espoirs, et l’énergie du désespoir. La caméra la suit, faisant des tours dans la pièces, voltigeant dans tous les sens, faisant tomber des éléments dans des coupoles d’un métal inconnu en scandant des sifflements à l’air religieux.

Et soudain, elle se fige brutalement. La femelle inséctoïde tombe sur ses pattes, se receptionne mal, et finit sur l’arrière train. Elle semble fixer intensément la table des offrandes sur laquelle on perçoit une paire de pieds humanoïde dépasser d’une cape en cuir.
Un Dorn...cette chose avait réussi à appeler un célèbre commerçant de légende !!

« HIN HIN HIN HIN ! MOUJNAH VIORK VADAK !!!! \\ »

La même phrase qu’au début. Mais plus fort...beaucoup plus fort.
Elle résonnait encore à l’intérieur de son corps tandis qu’une toute petite voix dans son oreille disait :
\\ Ton rythme cardiaque descend trop….ESFIR ?!? Tu m’entends... \\
Elle était si loin. Comme un très faible murmure.
Et ce tableau l’attirait tellement que la technicienne ne parvenait pas à réaliser ce que Darren lui disait. Elle était si proche de la réponse, de découvrir ce qu’il s’était passé...

Là, devant elle, la femelle insectoïde s’exprima. Par des sifflements, des gestes de ses pattes, de battements d’ailes. Elle parla au Dorn qui semblait la comprendre parfaitement. Elle lui parlait forcément de la famine qui frappait son peuple et détruisait son espèce.

En réponse, le Dorn sortit de sa grande cape des mains humanoïdes aux ongles crochus. Sous les yeux suppliants de la femelle, il agita ses doigts. Des éclats lumineux naquirent de chaque pointes d’ongles, produisant des effets lumineux et un “courant” de matière. N’importe qui se dirait que ça tenait de la magie. Mais la façon dont ces diverses lumières chatoyaient, le flot de matière qui était en train de se réunir au centre, laissait clairement deviner une technologie poussée. Comme un système permettant de synthétiser quelque chose.
Là, en l’occurence, il fit naître entre ses mains un plan de la fameuse culture immortelle. Un plan unique qui lévitait entre ses deux mains et dont la femelle serait prête à tout pour en cultiver l’espèce.

La vitesse du film s’emballa. Elle s’accélérait de plus en plus, comme si les différents éléments se déversaient dans le cerveau d’Esfir qu’elle avait gardé bien trop accessible. La voix de Darren gueulait dans son oreille, il semblait sur le point de paniquer. Impossible de savoir ce qu’il lui disait pendant qu’elle voyait la transaction se réaliser. La femelle avait donné des oeufs...des petits en gestation.

Sur le prochain tableau, elle vit l’espèce prospérer longuement, guérie de la famine. Mais comme si elle était le témoin invisible d’un drame qui s’annonçait, elle vit la dérive s’installer progressivement chez eux. Les insectoïdes voulaient plus...ils s’étaient mis à cultiver à tout va, sans méfiance, sans contrôle, laissant les germes se répandre librement sur leur planète. L’espèce de la culture contamina le reste du biome. Les insectoïdes ne s’en soucièrent jamais...jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Esfir ne put qu’observer, la mort dans l’âme, la culture envahir le monde au point d’en éclipser tout le reste de la biodiversité. Et sans biodiversité, la faune disparut à son tour. La culture devint la seule et unique espèce végétale de ce monde, transformant par sa masse aberrante la composition atmosphérique de la planète. L’espèce inséctoïde manqua peu à peu d’air pour respirer. Ils ne comprirent jamais ce qui leur arrivait. Poussé par des instincts de préservations, ses derniers représentants s’installèrent sur les hauts plateaux, là où l’atmosphère était encore viable.
Mais cela ne dura qu’un temps.

La dernière image que vit Esfir, c’était les couples insectoïdes qui avaient pris la décision de ne plus enfanter et de se laisser mourir, en couple, couché l’un contre l’autre dans les dernières huttes du haut plateau.

La technicienne étant désormais trop loin de la réalité et de Darren, elle avait le sentiment d’avoir traversé le tableau pour aller voir directement. Son regard se tournait sur les différents corps qui cessaient peu à peu de respirer. Certains étaient effectivement morts de faim. Les autres par asphyxie.

A cet instant, elle pleurait.

Quand elle se retourna, Esfir se trouva nez à nez avec le Dorn responsable de tout ça. Elle le voyait enfin entièrement. Un être humanoïde au regard gris vitreux, bossu, intégralement couvert d’une cape.

Dorn:

Le marchand était-il donc à blâmer ? Ou bien les insectoïdes pour avoir mal employé l’achat qu’ils avaient fait ?
Le Dorn toisa l’immense cimetière d’un air affligé. Mais les affaires sont les affaires. Chez les Dorns, toutes les espèces méritent d’acheter ce qu’elles souhaitent. C’est leur crédo. Il ouvrit donc les bras en grand, vers le ciel, et les lumières vinrent d’en haut cette fois. Il matérialisa l’obélisque qui apprendrait à toutes espèces intelligentes voyant ceci qu’un achat engage la responsabilité de son acquéreur.
Et qu’il est vital d’employer sagement un grand achat.

Esfir ressentait tout ça. Elle apprenait toutes ces informations.
Le temps qu’elle se rende compte qu’elle n’était plus dans le monde réel, puisque libéré de son scaphandre et de son casque, elle vit le Dorn se retourner et la fixer intensément de son regard vitreux. Le marchand la voyait…
Tout se mélangeait pourtant. Esfir n’était pas dans le monde réel...mais elle avait compris que le Dorn la voyait. Ce dernier ouvrit un coté de sa cape, comme un vendeur à la sauvette parisien, puis il lâcha la fameuse phrase qu’elle entendait depuis le début :

« HIN HIN HIN HIN ! MOUJNAH VIORK VADAK !!!! \\ »

Cette fois, elle le comprit clairement dans sa langue natale. Un Russe presque parfait qui lui disait :

« HIN HIN HIN HIN ! Продаем все !!!! \\ » (Nous vendons tout !)

Avant que la jeune russe ne sombre dans l’inconscience, elle acquit la certitude qu’elle venait de gagner le droit d’être leur prochaine cliente. Juste après, ce fût le néant, le trou noir.

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Sam 19 Sep - 10:19

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Il lui fallu un peu de temps pour reconnaître le plafond métallique et froid qui faisait l’ossature du Dédale. Son sommeil avait été troublé par les bruits dérangeants d’un jeu vidéo pour gamin que chaque action déclenchaient. La lumière était vive, son crâne brûlait, et elle ne comprit qu’après quelques minutes qu’on l’avait rapatrié sur le Dédale. Bizarrement, elle n’était pas à l’infirmerie, dans l’atmosphère stérile et encadrée de blouse blanche. Esfir dormait dans le lit du bas dans les quartiers qu’elle partageait avec Darren.

D’ailleurs, c’est lui qui l’emmerdait avec ce bruit de console de jeu. Il était au-dessus, une jambe croisée au dessus de l’autre, en train de martyriser les touches.

« Merde !!! » jura-t-il avant qu’une petite musique ne signe sa défaite.

Esfir se passa une main sur les tempes. Tout ceci était flou et en même temps très clair. Elle venait d’ingurgiter une somme d’informations considérable et son crâne semblait le lui faire payer.
« Shut.»

Le bruit disparut aussitôt, englouti par le mouvement du soldat qui roulait sur son matelas pour se laisser retomber jusqu’au sol. Le claquement des rangers sur le sol lui monta dans la tête, Darren s’en excusa d’un bref sourire d’excuse.

Bon, si elle essayait de faire le point, que pouvait elle dire de cette expérience ?
Lorsqu’elle fermait les yeux, elle revoyait ce peuple mourir à petit feu. Certes, les insectoïdes avaient joué avec le feu, mais assister à leur déclin et leur mort, plusieurs générations après, les descendants impuissants de ceux qui avaient détruits leur propre planète...
Des larmes vinrent de nouveau humidifier son regard alors que l’image du Dorn vint s’imposer à son cerveau. Elle l’avait compris, il s’était adressé à elle, juste à elle. Ils vendent tout... c’était une invitation, mais à quel prix ?

Lorsqu’elle tourna la tête vers Darren, elle lui sourit malgré le sel sur ses joues.
« J’ai vu un Dorn.»
Elle se redressa avec lenteur, chaque mouvement un peu trop brusque faisant naître une nouvelle pulsation dans son crâne. Elle grimaça mais réussit à s’asseoir. « J’ai vu tout ce qui s’est passé.»

Les quelques larmes n’échappaient pas à l’observation silencieuse du soldat. Il ne savait pas si c’était dû à son expérience, à la fatigue, ou bien les deux. Il était heureux de savoir qu’elle avait obtenu toutes les informations, elle avait insisté à ce sujet.
En revanche, il l’était beaucoup moins de la voir dans cet état.

« Attends d’être prête avant de l’annoncer alors. Le mec de la CIS, Verner je crois, n’a pas arrêté de réclamer des nouvelles. Ce type est surexcité ! »

«Il va être content, j’ai pleins de trucs à lui raconter..» remarqua t’elle en souriant malgré sa migraine.

Il se racla la gorge, un peu gêné.

« Écoute, euh...je sais qu’il est un peu tôt mais ton exposition à l’artefact a eu un effet sur toi. Je préfère t’éviter la mauvaise surprise, attends... »

Darren se rendit dans la salle de bain où il avait laissé ses affaires de toilette. Une des règles d’un soldat qui s’entretient, c’est d’avoir toujours un morceau de miroir dans son paquetage. Sinon pas de rasage etc…

Un peu nerveux, il hésita avant de présenter le miroir devant son visage, à bonne distance, pour qu’elle puisse découvrir ce qui avait changé.

« Tes yeux... »

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Lun 21 Sep - 10:52

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko


C’était inutile de lui dire.
Le détail était si flagrant qu’elle l’avait déjà repéré. Son regard s’était modifié, troquant la couleur naturelle de ses iris pour celle qu’elle avait connu sur l’obélisque. Ce n’était pas qu’une simple teinte d’ailleurs. Il lui suffisait de bouger un peu le visage pour voir comme un effet d’optique s’opérer à l’intérieur de ses prunelles. Quelque chose dans sa cornée bougeait en rythme…à croire qu’un brasier intense mais silencieux brûlait à l’intérieur.
Un cercle, presque de flamme, se faisait dans son regard. Si sa couleur émeraude lui donnait autrefois un air pétillant et plein de vitalité, celui-ci la rendait presque...inhumaine. C’était à la fois dérangeant et terriblement inquiétant.

« Le médecin du bord a fait toute une batterie de test pendant que tu étais dans les vapes. Tu es en bonne santé et ton corps n’a pas été altéré. Juste tes yeux. Pour le moment, ça n’a pas l’air grave. »

Esfir dévisageait son reflet. L’incrédulité se reflétait sur son visage. Ce regard... ce n’était pas le sien et pourtant. Comment cet obélisque avait il put laisser une telle trace sur son corps ? C’était tout aussi fascinant que inquiétant. Elle ne savait tellement pas comment réagir à ce spectacle... qu’elle ne réagissait simplement pas.

Darren fit un aller retour du bureau au lit. Il déposa dans la main de la Russe un tout petit contenant en plastique avec trois pilules à l’intérieur.

« J’ai réussi à te faire rapatrier dans nos quartiers en échange d’une promesse. Tu dois prendre ces médocs à ton réveil. »

Normalement, il l’aurait laissé intégrer les informations sans la brusquer. Mais il était inquiet pour elle. La couleur émeraude, ça faisait partie de son être, de son charme, c’était tout simplement son identité. Impossible de savoir si cette teinte était durable ou pas.
Quand Esfir le fixait, cet étrange regard de flamme le dérangeait. C’était vraiment...bizarre...presque contre-nature. Il fallait s’attendre à ce qu’un sacrée paquet de personnes dans le Dédale la lorgne en la croisant dans les coursives.
Ca n’allait pas être un drôle de moment.

« Tu as envie de parler ? » proposa-t-il en s’installant doucement à côté d’elle sur le lit.

Esfir finit par détacher son regard de feu du miroir. Son visage restait assez inexpressif, ou plutôt, on y lisait la stupéfaction.
Elle se saisit machinalement des comprimés que le militaire lui tendit et le suivi des yeux alors qu’il s’installait près d’elle pour lui proposer son aide.

Il lui fallut quelques secondes à l’écoute de son esprit et de son corps avant d’avoir une première réaction, qui ne serait sans doute pas celle attendue par le militaire.

« C’est quoi tes comprimés ?» demanda t’elle sans les mettre dans sa bouche.
Le soldat avança les doigts pour se saisir de chaque comprimés et lui faire la liste.
« Anti-radiation, antibio à large spectre, ça c’est pour éviter les caillots dans le sang, et ça...je ne l’ai pas eu. Je crois que c’est pour tes yeux. »

Elle posa son autre main sur l’épaule du soldat pour prendre appui et se relever plus facilement. Darren l’y aida.
« Je peux te dire ce que tu veux... mais d’abord, faut que j’aille faire pipi. Je reviens tout de suite.»

Sa vessie l’avait déjà alertée plusieurs fois depuis son réveil mais toutes ces images qui occupaient son esprit et la découverte de son nouveau regard, son cerveau avait été trop occupé pour répondre aux besoins biologiques de base de son corps.
Et puis, cette petite pause, lui permettait aussi de s’isoler et d’essayer de faire le point.

Elle posa les comprimés sur le rebord du lavabo et s’installa sur les toilettes.
Bon, ces Dorns étaient ils des gentils ou des méchants ?
Ils semblaient prêt à lui offrir la possibilité de leur acheter quelque chose, ce qui avait tout l’air d’être un cadeau, mais pourquoi l’avoir transformé physiquement ? Pourquoi ne s’être adressé qu’à elle ?
Et leurs articles pouvaient tout autant se retourner contre elle, ce qui était arrivé à ce peuple insectoïde en était la preuve.
Ca lui rappela un dicton d’un film ‘De grands pouvoirs engendre de grandes responsabilités”, la leçon que ce peuple mystérieux voulaient leur transmettre via ce monument semblait assez bien y correspondre.
Mais pourquoi ce messages n’était il pas visible aux autres ?
Pourquoi avait elle le sentiment qu’il ne fallait pas tout leur dire si elle ne voulait pas perdre ce privilège ?

Une fois sa vessie vidée, elle alla se passer un peu d’eau sur la figure et regarda les comprimés que Darren lui avait donné. Devait elle les prendre, où cela aussi risquait de diminuer ses chances d’avancer dans ce jeux d’énigmes ? En même temps, elle n’avait pas non plus très envie de se retrouver à faire un infarctus à cause d’un caillot soudainement apparu.. Elle décida de prendre les deux comprimés que Darren avait clairement identifié. Quand au troisième, après l’avoir observé quelques secondes, elle choisit de le glisser dans sa poche, il serait toujours temps de le prendre plus tard si sa vue venait à se détériorer ou si la migraine devenait trop insupportable.

Esfir revint dans le dortoir, le temps avait dû paraître long au soldat Clive, mais faire le point sur une telle expérience prenait un peu plus de temps que de vider une vessie pleine à craquer.

«Je vais bien, enfin autant que c’est possible.» dit elle en revenant s’asseoir.
« C’est toi qui m’a tiré dessus ou je me suis juste évanouie ?»
« En fait...je m’y suis pris autrement. J’ai demandé à Robin de nous téléporter d’urgence à mon signal. J’allais le faire quand tu t’es enfin écartée de ce truc mais...inconsciente. Alors j’ai donné le signal... »
Il leva les bras.
« Et nous voilà ! »

Esfir lui sourit.
« Et bien, merci de m’avoir sauvée une fois de plus!» déclara-t’elle en se penchant pour le remercier d’une bise sur le front. Un geste des plus naturels pour elle qui offrait si facilement câlins et marques d’affection gratuites, mais en se rendant compte un peu trop tard, que dans leur situation cela pourrait mettre le soldat mal à l’aise.
Sur le coup, Darren s’était légèrement reculé. Surpris, le regard écarquillé, il se demandait encore si elle tentait vraiment un nouveau rapprochement.
Pour éviter de laisser le trouble s’installer, Esfir se détourna et reprit d’un ton jovial : « Allez, en avant! J’imagine que ces messieurs attendent mon rapport!»
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Mer 25 Nov - 19:00

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Un nouveau passage à l’infirmerie et un interrogatoire en règle plus tard, le binôme se rendait de nouveau en salle de briefing. Tout le monde les y attendait. En chemin, Clive lu à haute voix le rapport qu’il avait rédigé pour eux deux et raturait fréquemment les formulations ou informations qu’Esfir voulait modifier.
« L’Amerloc secrétaire d’une russe, on aura tout vu ! » blagua-t-il. « Prochaine sortie, on échange, ce sera niquel ! Bonne cuisinière, bonne aventurière, bonne secrétaire ! »
Esfir leva un doigt professoral pour signaler son désaccord.
« Non non non ! Tu ne m’auras pas comme ça, je reste la cheffe, c’est toi qui fait le sale boulot ! D’autant plus qu’il ne te manque plus qu’un tailleur et une jolie paire de lunettes pour faire une parfaite secrétaire »
Elle conclut sa tirade à l’entrée de la salle de briefing en se retournant vers son acolyte pour lui offrir une jolie grimace.
Clive répliqua également d’une grimace qu’il espérait pire.

Durant le débriefing, qui faisait également briefing pour la suite de l’opération, le consultant de la CIS ne se montra pas avare en questions. Etrangement, il se moquait beaucoup du récit qu’Esfir eut de l’ancien peuple qui s’était éteint sur la planète, préférant se concentrer exclusivement sur le Dorn. Quelle allure il avait ? Parlait-t-il Russe ? Etait-il conscient de leur présence ou bien n’était-ce, lui aussi, qu’une manifestation en vidéo ?

A force, il semblait évidemment que le type de la CIS voulait que la fameuse rencontre Dorn-Atlante ai lieu. Mais en occultant aussi vite les dangers qu’avaient encourus la population d’inséctoïdes, ça semblait presque malsain.

« Je laisse la suite à votre convenance, Mademoiselle Lunienko. » reprit Caldwell après une énième question du consultant. « Deux sites prometteurs sont relativement proches. Le premier est une géante gazeuse dans laquelle flotte l’artefact. Le second correspond à une structure spatiale manifestement abandonnée. Elle erre dans le vide sans raison. »

Après avoir parfois satisfait et souvent frustré la curiosité du CIS, l’heure du choix de la deuxième étape de leur voyage arriva. Le colonel Caldwell lui laissait le choix.
« Faudra-t’il les mêmes combinaisons pour ces deux endroits ? »
« Je vous imposerais les combinaisons même dans un environnement viable. Vous êtes peu entraînés et couramment exposés, il est préférable d’opter pour la sécurité de vos armures. »
« Et avons nous des indices concernant l’ancienneté de ces deux artefact ou plutôt de ce qui les entoure ?»

Esfir se demandait s’il les Dorns voulaient qu’ils suivent un ordre précis, que ce soit un ordre chronologique ou spatial ou si ces indices n’étaient là que pour être trouvé un par un aléatoirement.

Caldwell ouvrit son dossier de briefing. Il annonça la première page qui concernait les informations qu’il donnait :
« Nous avons de bonnes informations concernant la géante gazeuse. Elle composée en majorité de dioxyde de carbone et de soufre, ce qui rend l’endroit particulièrement chaud. La gravité y est faible. C’est une énigme d’astrophysique puisque cette dernière n’est pas suffisante pour contenir l’atmosphère. »
Il zieuta un membre de son équipage qui reçut ce signe comme une invitation.
« Parfaitement. Imaginez notre bonne vieille planète Terre. Sa gravité et sa vitesse de rotation contribue au phénomène d’attraction. C’est en grande partie grâce à ce principe que l’atmosphère ne s’éjecte pas dans l’espace. Or, la gravité de cette géante ne peut pas, à elle seule, maintenir cette masse de gaz. Quelque chose d’autre doit jouer. Quelque chose que nous ne captons pas. »
« Sur le premier site, c’était une plante immortelle !!! Sur celui-là, c’est peut-être un système autonome de...de gravité ! Ou bien un portail caché qui aspire quelque chose. » s’excita Verner, le membre de la CIS.
« Nous ne pouvons faire que des suppositions à ce stade. »
Depuis quelques temps, Caldwell montrait des tics de nervosité lorsqu’il intervenait. Il n’appréciait pas du tout l'excès de zèle et l’engouement que l’agent montrait au détriment de la sécurité de la mission.
« Nous allons devoir enquêter sur cette énigme en premier lieu pour sécuriser votre approche. Vous devrez évoluer avec la propulsion de vos combinaisons, ce qui me semble dangereux. »
« On pourrait...s’attacher au jumper qui nous transporte. » proposa Darren en cherchant l’avis d’Esfir du regard. « On tire un fil d’ariane et si ça chauffe : le jumper nous éjecte de l’atmosphère ? »

Esfir acquiesça.
« Ca me semble une bonne idée, mais à la seule condition que rien ne perturbe les communications entre le jumper et nous, que le système de filin puisse aussi être déconnecté manuellement de notre côté comme de celui de la navette, en cas de souci la chute de l’un ne doit pas entraîner celle de tout le groupe. Et bien sur, qu’on puisse retrouver le jumper de la même manière qu’une autre combinaison... comme dans l’exercice du brouillard... si je venais à devoir me détacher... je compte bien disposer d’un moyen de rentrer à bon port. »
Esfir pouvait paraître calme à ceux qui ne la connaissaient pas ou n’étaient pas assez observateur. Elle serrait les mains pour en cacher le léger tremblement. L’excitation d’en découvrir plus sur les Dorns ne faisait pas totalement disparaître la peur face aux conditions extrêmes que le dossier de briefing décrivait. Et même si elle essayait de paraître calme et sûre d’elle devant Caldwell, Darren n’était probablement pas dupe.

« L’autre site constitue une structure en perdition dans l’espace profond. Il erre sans raison apparente en tourbillonnant sur trois axes. Notre reconnaissance préliminaire indique que son blindage ne permet ni les appontages, ni les téléportations. Pour l’atteindre, nous utiliserons une technologie antique dérobée aux Goa’ulds. »
« Ces diables-là auront été utile à quelque-chose au moins. » singea Verner.
Le colonel poursuivit en ignorant sa remarque :
« Vous vous introduirez à l’intérieur de l’installation à l’aide d’une torpille d’abordage. Cela implique deux éléments : votre point d’entrée sera également celui de votre sortie. Et une fois à l’intérieur, vous serez livré à vous-même. En revanche, nous avons relevé une émission d’énergie aléatoire, signe d’activité. »
« C’est le signe incontestable de la vie ! Mademoiselle Lunienko ! »
Il se pencha sur la table pour la fixer droit dans les yeux.
« Je vous conseille vraiment de commencer par là. Il ne faut pas avoir peur, les Dorns n’ont jamais tué personne. Du moins, pas sciemment. Et vous avez votre garde du corps. »

La technicienne écarquilla les yeux.
« Se faire balancer là dedans dans une torpille, vous êtes sérieux ? »
Elle leva un main pour stopper les interventions qui n’allaient pas manquer.
« Pardon, j’oubliais Colonel que vous êtes TOUJOURS sérieux. Mais décidément, vous ne comptez rien m’épargner sur cette mission. »
Elle se tourna ensuite vers le fameux Verner, bien qu’elle comprenne sa curiosité et son excitation face à un peuple capable de vendre des objets si avancés technologiquement qu’ils puissent passer pour de la magie... il manquait de tact et un peu de logique aussi.
« Monsieur Verner, je doute que les Dorns soient si facile à trouver et je préfère visiter la géante gazeuse en premier lieu... maîtriser ces combinaisons est déjà difficile et je préfère me laisser un peu de temps avant de m’envoyer en l’air dans une torpille. » conclut elle avec un sourire charmeur.

Elle se tourna à nouveau vers Caldwell en prenant bien soin d’effacer ce sourire, bien qu’une bonne blague lui était venue en tête... mais entre le balai dans le cul du Colonel et le petit malaise avec Darren, il aurait sans doute été prématuré de lancer “A moins que vous ne m’y accompagnez vous même colonel” au capitaine du Dédale... surtout en plein briefing, elle aurait été quitte pour nettoyer toute la coque à la brosse à dent !
Elle reprit donc la parole plus professionnellement en ravalant cette petite pointe d’humour au fond de son cerveau.
« J’opte pour la géante gazeuse, avec l’option du filin comme proposé par Darren mais aux conditions que je vous ais énoncées. »

Verner inspira profondément, sur le point de livrer un argumentaire en cinq paragraphes avec introduction et conclusion. Le colonel Caldwell, qui préssentait l’ennuyeux débat, le coiffa au poteau en imposant ses décisions.
« Vous êtes à la tête de la mission, votre choix sera suivi. » lâcha-t-il en regardant fixement l’agent de la CIS. Ce dernier ravala sa salive et son pavé d’arguments, vexé.
Le colonel s’adressa ensuite au binôme.
« Prenez du repos, préparez votre sortie. Lancement de l’opération demain à quinze heures. »
« Mon colonel. Je voudrai approfondir la pratique de mademoiselle Lunienko sur la navigation en combinaison et l’usage des fils d’arianes. Nous pouvons avoir la priorité d’accès sur l’aire d'entraînement ? »
« Vous l’avez. Mais ne vous y épuisez pas. Tâchez d’être en forme pour votre mission. »
« Reçu. »

Plutôt content, le militaire adressa un bref clin d’oeil complice à sa partenaire avant de reprendre son allure de garde du corps. Le briefing se poursuivit sur plusieurs détails de mission, quelques banalités.

« Tu vois notre journée comment ? Je t’entraine à la navigation dans le brouillard avec ta combi et ensuite on se repose ? Ou bien on se repose et ensuite on s'entraîne ? » lui demanda-t-il en sortant. Il fit son clown : « Parce que, là, t’as toujours une tête de déterrée. Avec ton regard “d’allumeuse”, ça fait un contraste bizarre ! »
Son sourire s’élargit.
« Voskhod 1 ? Ou Barbecue ? J’hésite encore... »

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Lun 30 Nov - 16:48

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Esfir lui lança un regard faussement méchant, mais avec la nouvelle couleur de ses iris, c’était peut être plus impressionnant que prévu. Darren s’apprêtait à lui dire qu’il blaguait, trouvant curieux qu’elle prenne la mouche. Mais lorsqu’elle répondit sur le ton de la blague, l’homme se rendit compte que le regard jouait beaucoup dans la communication non verbale.
« C’est ça... barbecue et grande saucisse les héros de l’espace ! »
Il fronça les sourcils, à moitié gêné, à moitié amusé, en se demandant à quoi faisait référence la “grande saucisse”. Son côté parfois maladroit ou bien...quelque chose de moins catholique ? Il préféra faire l’innocent.
La technicienne s’arrêta dans le couloir et jeta un oeil de chaque côté, comme indécise face au choix laissé par le soldat. Mais elle lui dévoila bien vite que ce n’était pas ce choix cornélien qui avait provoqué cet arrêt.
« Zut... j’ai oublié de servir une petite blagounette à Caldwell avant de partir... » dit elle avant de hausser les épaules et de reprendre son chemin.
« Encore ??? » lâcha-t-il, faussement excédé par tant de mauvaise volonté.
« Tant pis, je garderai ça pour notre prochaine entrevue... ça me laissera le temps de peaufiner une blague sur mon regard de braise. » conclut elle amusée d’avance de faire tourner en bourrique le gradé.
« Sinon, qu’est ce que tu dirais, d’une bonne bière sans alcool, puis entraînement et repos ? A moins que vous ayez un jacuzzi à bord ? » demanda t’elle en passant une main sur sa nuque.
Même si elle allait mieux qu’en se réveillant, sa tête était encore un peu douloureuse lorsqu’elle était en mouvement.
« Ca me va. Je t’emmène ! »

Comme convenu, Darren et Esfir partagèrent une bière sans alcool, le séant posé sur ces longues chaises de bar. Côte à côte, comme le voulait cette vieille coutume, ils avaient l’occasion de discuter tout en observant ces centaines de bouteilles. Le barman nettoyait tranquillement ses verres tout en restant à disposition. Darren trinqua à la réussite de la première mission, lui rappelant qu’elle pouvait être fière d’être la première russe archéologue extravéhiculaire. Rapidement, le soldat s’intéressa à ce que son amie avait vécu. Comment elle percevait cette expérience, si elle n’avait pas omis volontairement quelques détails. Ou si elle ne souffrait pas trop des changements que ça avait causé à ses yeux.
Il était rassuré de la voir aussi enthousiaste même si elle dissimulait pas mal d’appréhension.

« J’ai remarqué que tu étais tendue pendant le briefing. C’est le regard “pompier” du colonel qui te refroidit ? » demanda-t-il en plaisantant.

La bière manquait cruellement de peps, en même temps, elle n’avait jamais vraiment aimé ça. Elle avait appris à en boire histoire de s’intégrer pendant sa formation aux Etats-Unis mais elle n’en avait jamais réellement apprécié la saveur.
« Il est pas facile le Colonel ! Mais c’est plutôt que tout ça c’est bizarre, je sais pas pourquoi tu as rien vu, c'est bizarre non ? »

Elle but une gorgée qui lui tira une petite grimace.
« En plus, je comprenais ce qu’il me disait, je sais pas pourquoi. Enfin je comprends pas trop pourquoi moi et pas toi.»
« On parle d’un peuple qui a longuement marchandé avec pleins de planètes, s’adapter à une langue inconnue ne doit pas être si dur. »
Esfir haussa les épaules en ajoutant « Peut être qu’ils ont compris qui était le boss. »
Darren se retint, à deux doigts d’expulser sa gorgée, et ricana après avoir écarté sa bouteille.
« Tu oublies le contexte. » dit-il en redevenant sérieux. « Je me souviens que Caldwell avait dit que les Dorns étaient d’une culture similaire à la tienne. Tu lui avais demandé pourquoi toi et il t’avait expliqué qu’ils voulaient une Russe “neutre”. Mais je crois franchement qu’il n’y a pas que ça. »
Il fit mine de réfléchir.
« Tiens !!! Imaginons que tu te balades sur un monde civilisé que tu ne connais absolument pas. Tu as le négoce dans le sang mais ça ne parle pas ta langue et tu n’as pas de repères. »
Il avala une gorgée de sa bière puis tapota la bouteille sur le bar.
« Et là, tu croises un type qui a l’air de penser un peu comme toi. Il présente quelques mimiques et automatismes qui te parlent. La façon de tenir son verre, de boire un liquide transparent comme de la vodka, bref des petites choses qui te sont familières... »
Il haussa des épaules, sûr de son exemple.
« Il va forcément attirer ton attention. Il y a une meilleure possibilité d’interaction. Un meilleur moyen de faire des affaires. »

Esfir regardait l’alignement de bouteilles de l’autre coté du bar tout en réfléchissant, les sourcils froncés, à l’explication que donnait Darren de tout ça.
Il la laissa gamberger quelques secondes avant de lui livrer sa pensée.
« Je crois que les huiles ne t’ont pas choisi au hasard, Esfir. Il y a des tronches qui ont planché sur les préparatifs de la mission. Ils ont forcément établi une liste de Russes les plus adaptés en cas de contact. Je doute vraiment qu’ils choisissent d’envoyer une mécanicienne sans formation dans le vide spatial à la légère. »
Il était perdu dans son analyse à voix haute.
« Tu n’as pas d’a priori culturel, ou bien tu les tournes à la dérision. Tu es optimiste, drôle, joyeuse et tu es extérieure à la dispute qu’il y a eu chez les archéologues Russe. Tu n’as pas de conflits d’intérêts. Je pense que tu as la meilleure affinité possible pour un premier contact. Et ce qu’il t’est arrivé vient de confirmer leurs choix. Après tout... »
Darren fronça les sourcils.
« Tu n’as pas trouvé bizarre qu’on ne te dise pas grand chose sur ton nouveau regard ? On aurait presque cru qu’ils s’y attendaient... »

« Si un peu... comme ce Verner, il est très insistant mais bon ça fait parti de son job, je serais sans doute aussi surexcitée que lui si on faisait une avancée sur un super projet sur lequel je planches depuis des mois.» dit elle en ayant toujours autant de mal à voir le mal en ceux qui lui faisait face, tant que ce n’était pas fait ouvertement.
Elle se tourna vers Darren tout à coup, comme si elle venait d’avoir une idée soudaine, mais une de ces idées qui vous faisait lancé un regard noir à celui qui qui venait de la faire naître dans votre tête.
« Mais attends un petit peu soldat Clive ! Tu es en train de sous-entendre qu’on ne m’a pas choisi pour mes compétences ? Que ce n’est pas une récompense pour mes excellents résultats en mission ? Je vois que tu crois en moi !» Son ton était faussement accusateur, mais à mesure qu’elle sortait sa tirade qui se voulait au départ amusante, elle réalisait qu’il avait sans doute raison.
Et lorsqu’elle reporta son regard de braise sur sa bière à peine entamée, son visage montrait plus de déception qu’elle ne l’aurait souhaité.
« Mais tu as sans doute raison... après tout, je n’ai rien d’une meneuse d’hommes et me propulser cheffe d’équipe... même si c’est une équipe de un... c’est bizarre. En fait, ils m’utilisent juste...»
« Tu interprètes mal ce que je dis. Je t’expliquai justement que tu étais la personne la plus indiquée pour cette mission. Ils ont tous confiance en toi. D’ailleurs c’est pour ça que ça marche, tes yeux en sont la preuve ! »

A cette heure, le bar n’était pas très rempli et le karaoké était fermé, l’ambiance était plus feutrée que l’autre soir et cela convenait parfaitement à la jeune femme.
« Et ça va, ils n’ont rien dit après notre retour ? Le colonel n’a pas râlé sur mon imprudence ?»
« Tu veux la vérité ou un mensonge ? » proposa-t-il, soudainement devenu très nerveux.
Elle le dévisagea curieuse et un peu inquiète.
Il se racla la gorge et reposa sa bière sur le comptoir.
« J’ai passé une bonne heure dans son bureau pendant que les médecins te faisaient les tests. Il m’a rappelé mes consignes. Que je dois te protéger des menaces extérieures mais aussi de toi-même. Et ça n’a pas franchement été une réussite vu la façon dont je t’ai ramené. Donc... »
Il lui offrit un sourire peu convaincant. Il essayait de lui cacher que le colonel lui avait passé un savon pour ne pas avoir fait son job. Il était spécialiste de l’escorte, c’était à lui d’éviter ces comportements à risque.
« La mission continue parce que les toubibs n’ont pas trouvé d’altération qui concerne ta santé. Le copinage entre nos deux pays n’a jamais été au top. Si on ramène sur Atlantis une Esfir diminuée par une mission alors qu’elle était sensée être protégée par des Ricains, je te laisse imaginer le foutoir que ça pourrait déclencher chez les huiles. »
Il termina sa bière qu’il repoussa ensuite plus loin.
« En gros, si je te ramène une nouvelle fois en sale état, Caldwell me fait remplacer. » expliqua-t-il tranquillement.

La russe se dressa sur son tabouret et attrapa machinalement le poignet de Darren tout en s’écriant. « Non ! Je ne laisserai pas faire... s’ils veulent leur épuisette à Dorn alors ils devront te garder, je ne leur laisserai pas le choix.»
Un peu surpris, Darren baissa le nez sur son verre avant de zieuter le barman.
« C’est vraiment de l’alcool dans les consos, maintenant ? »
Il n’attendit pas de voir le concerné lui faire non de la tête puisqu’il blaguait. Le soldat charriait son amie et répondit aussitôt :
« C’est l’armée et on est sur le bâtiment de Caldwell, ça rigole zéro. Pas besoin de réagir comme ça, j’ai juste à faire un peu plus attention à toi ! »
Esfir ne répondit que d’une moue dubitative tout en reposant sa main sur sa consommation. Les militaires étaient définitivement un peu trop semblable a des moutons de son point de vue.
« Il reste les toasts de cet aprèm, les jeunes. Vous prenez ? » déclara le barman en finissant ses assiettes.
« Carrément ! Je veux pouvoir tester la mécano dans des conditions réelles. Avec l’estomac chargé !! » répondit-il en sortant quelques billets de sa poche.

Le barman rigola puis leur laissa une planche en bois chacun sur lesquels trônaient les sujets. Des petits toasts avec des morceaux de charcuteries, de fromages ou viandes locales.
Darren en prit un. Il se rendit compte qu’il avait une faim de loup et commanda une deuxième planchette dans la foulée.
Il discuta longuement avec elle, essayant de la rassurer sur le coup de pression qu’avait mis Caldwell.

Mais Esfir, de son côté, décrocha soudainement. Elle s’était figée comme une statue, prise d’une expérience visuelle qu’elle était seule à expérimenter. Elle avait eu l’impression d’être soudainement éblouie, l’obligeant à fermer les yeux et se couvrit le visage de ses mains.
Pour avoir subi une fois l’explosion d’une grenade incapacitante, elle savait que ce flash n’avait rien à voir. Car la douleur fulgurante qui avait accompagné le phénomène ne provenait pas d’une source extérieure. C’était ses yeux…
La fameuse couleur orangée qui servait à modéliser le film de l’obélisque avait tout envahi. Sa vue avait entièrement changé pour cette nuance complète de feu orangé et rougeoyant. Chaque personne dans la pièce s’était figée en une statue de cire. Darren gardait éternellement ce sourire lorsqu’il s'apprêtait à lui envoyer une vacherie pour la faire réagir. Ce n’était plus qu’une statue.

Le bar semblait perdu dans le temps. Le barman était là, la deuxième planchette à toast dans la main, en train de venir vers eux. Il y avait les autres qui ne bougeaient plus non plus et…
Un Dorn !

Esfir n’avait pour seul son que le bruit de son propre cœur qui s’était mis à tambouriner salement.

Le Dorn était fidèle à celui qu’elle avait vu dans l’obélisque. Il était assis à une table, jouant avec un verre dans sa main, son regard vitreux examinant attentivement le contenu de l’alcool. Mais allez savoir pourquoi, le hasard serait trop beau, c’était de la vodka de bonne qualité, tout droit sortie de la Mère Patrie. C’était même celui qu’Esfir préférait boire de toutes les marques qu’elle avait côtoyée.

Le regard du Dorn quitta le verre pour s’enfoncer dans celui d’Esfir. A cet instant, elle crut qu’on lui enfonçait un morceau de verre dans l’oeil. Le mal de crâne était revenu, décuplé. Mais elle sentait d’instinct, au fond d’elle, qu’il s’agissait d’une phase d’adaptation. Que son corps n’avait pas l’habitude de cette méthode de communication. Elle s’habituerait.

« Добро пожаловать в правила » (accueillir dans les règles). Marmonna machinalement le Dorn en posant le verre d’alcool sur la table. Il le fit glisser en avant, révêlant que ce verre était en réalité pour Esfir.
C’était un trait de culture typiquement Russe d’accueillir quelqu’un ou de se présenter avec de la Vodka. Et elle en sentait clairement l’odeur. Celui-là n’était pas dénaturalisé.

Un Dorn...lui payait le verre...

Voilà que ça recommençait cet étrange sentiment de familiarité et d'étrangeté absolue. Tout dans les couleurs, les visages figés de ses collègues et la douleur derrière ses yeux, lui indiquaient qu’elle vivait une expérience inédite. Mais la voix de l’étranger, ses gestes, ses coutumes... elle se sentait presque comme à la maison.

Elle descendit du tabouret de bar en se demandant si le fait de bouger allait réveiller ses amis, mais il n’en fut rien et seul un élancement douloureux traversa son crâne. Il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir marcher vers la table où le Dorn avait poussé le verre à son attention.

Elle se saisit du breuvage et le vida d’un trait jusqu’à la dernière goutte. Les saveurs délicieuses emplirent sa bouche et la chaleur caractéristiques coula dans sa gorge, lui décrochant un sourire satisfait. Qu’il était doux de se sentir comme chez soi !

Elle reposa le verre vide sur la table d’un geste franc puis pris place en face de l’inconnu.

« Спасибо. Здравствуйте» (Merci. Bonjour) dit elle avec un mouvement de tête en direction du Dorn. « Je m’appelle Esfir Lunienko, enchantée.» continua t’elle toujours en russe tout en l’incitant d’un mouvement de tête à se présenter à son tour.

La créature, exactement engoncée dans cette même tenue qui le camouflait presque entièrement, la fixa longuement avant de poser une main sur sa poitrine.
« Dorn ! » lui répondit-il le plus simplement du monde.
Son regard vitreux se déporta vers le petit verre et il approcha ses doigts crochus. Comme la jeune Russe en avait été témoin lors du visionnage de l’obélisque, des étincelles de lumières chatoyantes dansaient au fil de ses ongles. Un air surnaturel à priori. Mais dont les détails laissaient plutôt penser à une technologie capable de synthétiser la matière. Car les mouvements de ces doigts, de ces mains, des diverses couleurs qui ne servaient pas à rendre la chose plus mignonne, traduisait un exercice plus complexe et profond. Agencer la matière…

Le verre d’Esfir se remplit de nouveau. La corne d’abondance du nouvel ère sans la déco décrépie de la mythologie. La délicieuse vodka gagnait du niveau dans le verre, à croire qu’un être invisible servait le liquide invisible depuis une bouteille invisible. Un événement inédit, unique, et impressionnant à observer.
C’était pour le Dorn, semble-t-il, une façon de lui présenter son étal. Il pouvait tout créer pour elle.

Lorsqu’il termina cet exemple de création, il ricana grassement, à la façon de cet étrange patois russe qui se passait des convenances. Plus familier, moins pédant, plus complice. L’individu riva une fois de plus son regard vitreux sur Esfir.
« Nous vendons tout ! »
Sauf que cette fois, l'intonation ne laissait pas penser à une annonce générale. C’était une proposition claire et précise, un produit à vendre que le Dorn semblait avoir perçu chez Esfir. Comme s’il avait lu et su ce qu’elle aurait voulu acheter de plus valeureux.
Puisqu’elle ne semblait pas comprendre sur le coup, le Dorn se répéta. Mais son regard se déplaça pour lorgner quelqu’un d’autre dans ce décorum en éternelle suspension.
« Nous vendons tout... » lâcha-t-il une nouvelle fois, plus insistant, comme s’il essayait de lui faire passer un message complexe.
Le Dorn fixait intensément l’image figée de Darren...puis elle…
« Nous vendons tout... »

Esfir suivit le regard du Dorn qui se posa sur Darren. Elle n’était pas sûre de comprendre ce qu’il lui proposait ou plutôt elle n’était pas sûre de vouloir comprendre.
« Darren ? Vous voulez me vendre Darren ?»
Le Dorn fit un geste pour décrire ce qu’il proposait, mettant une main à l’endroit du coeur.
« Vous... ça ne se fabrique pas les sentiments.» jusqu’ici, ce qu’elle avait vu les Dorns faire, c’était fabriquer quelque chose du bout de leurs doigts. Certes, cette technologie était si avancée qu’elle faisait penser à la magie à bien des égards mais de là à créer une sentiment, une émotion, s’ils étaient capable de ça, c’est que leur pouvoir était immense.
Le Dorn éclata d’un rire franc, comme si la jeune Russe lui avait fait une bonne blague ou qu’elle le taquinait un peu.
« Exemple. » ajouta-t’il simplement tout en tournant son regard vers un mur vide.
Entre les quelques cadres et décoration du bar, une luciole flamboyante fit son petit chemin jusqu’au centre de la paroi. Là, elle s’installa, prit de l’ampleur, jusqu’à devenir le même format de visionnage qu’elle avait connu sur l’obélisque.
On y voyait une Esfir à l’identique, très bien détaillée malgré la couleur unique, obtenir une fiole au contenu inconnu. Elle était accompagné du Darren qu’elle côtoyait habituellement, souriant, blaguant. Il ne se méfia pas lorsqu’il accepta le verre qu’elle lui tendait. Mais le fluide se trouvait à l’intérieur, visible, comme une signature ou une empreinte décelable à l’oeil nu.

Le militaire le but et la vidéo produisit un zoom. Dans son cerveau, jusqu’à ses synapses, dont la configuration fut modifiée progressivement. Telle une publicité vantant les mérites de ce produit, et aussi malsain que ça semblait être, la fin de cette représentation traduisait un amour franc et sincère entre les deux êtres.
Esfir se voyait lors d’un dîner aux chandelles, une discussion passionnée avec Darren, lequel semblait épris et attentionné. Comme si Esfir n’avait jamais eu besoin de souffrir d’un quelconque remords, ni même de se questionner, elle croquait sa nouvelle vie à pleines dents. Le soldat le lui rendait bien, à croire qu’il ne lui en voulait nullement, préférant lui offrir ces gestes de tendresse avant de l’embrasser.
C’était la fin du film...

La russe serra les mâchoires, son coeur battait plus fort comme sous l’envie de voir ces images comme une prophétie.

Le Dorn toisa Esfir calmement. La vidéo mourrait.
« Union saine. Authentique. Corps et esprit. »

« Je...» elle tourna de nouveau le regard vers celui qui l’avait éconduit quelques jours plus tôt avec classe certes, mais cela n’avait pas empêché la douleur de s’installer.
Et voilà qu’une race extra-terrestre dont le pouvoir semblait illimité, lui proposait l’impensable... La tentation était énorme, mais était ce juste ?
« Je ne sais pas... je ne sais pas.» fut la seule réponse qu’elle put formuler. Son esprit était tiraillé entre son coeur et sa raison.

Le Dorn l’observa longuement d’un air sage et compatissant.
« Acquéreur indécis. Délai accordé. Dorn reviendra... »
Il détourna une nouvelle fois son regard en direction du mur. La luciole naquit de nouveau pour prendre la forme d’un compte à rebours. Elle avait vingt quatre heures. Le Dorn la questionna du regard pour savoir si elle comprenait.
« Vente exceptionnelle. Ne pas rater... »

24 heures... Elle finit par acquiescer. Après tout, cela ne l’engageait à rien. Deux voix se partageait son esprit, l’une lui disant que c’était amoral. Qu’utiliser une sorte de filtre d’amour pour transformer l’esprit de Darren, c’était malsain... et puis il y avait l’autre petite voix, celle qui avait mouillé son oreiller une bonne partie de la nuit, celle qui avait eu mal quand il l’avait repoussée... celle là disait “Pourquoi pas” ce n’était pas un filtre magique qui créerait une illusion, ce serait plus comme un médicament qui corrigerait un défaut psychique...

Esfir ayant donné sa réponse, le Dorn accepta de lui accorder un délai de réflexion. La jeune femme n’eut pas le temps de retourner s’assoir que l’étrange anomalie qui figeait tout le monde s’interrompit. En un claquement de doigt, le Dorn avait disparu, remplacé par un militaire au regard éberlué. Le temps que la jeune russe comprenne ce qu’il se passait, elle se tenait toujours à la même place, sauf que l’interlocuteur n’était plus le même. A croire que le temps s’était déroulé ailleurs et que le verre d’alcool qu’elle avait claqué sur la table n’était pas le sien.

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Sam 20 Fév - 12:23

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Qu’est-ce qui pouvait expliquer une différence aussi soudaine ?
Avait-elle simplement eu une hallucination ou y avait-il eu une anomalie d’espace-temps comme dans les films de science fiction ?

« Esfir ! » insista Darren comme s’il l’avait appelé à plusieurs reprises. Il remua la main qui étreignait encore son épaule. « Tu déconnes, là ! »
« Oh, ce n’est rien. » fit l’inconnu d’en face avec un air aimable. « On a tous pété les plombs au moins une fois dans ce vaisseau. »
« Oui. On a eu une mission assez éprouvante. » convient Darren en sortant quelques dollars de sa poche. « Désolé pour votre conso. »

Visiblement, Esfir lui avait piqué sa boisson. Mais la bouteille à côté révélait que c’était de la bière. Le liseret rouge rappelait son conditionnement pour le priver de tout effet enivrant.
Pourtant, la vodka brûlait encore la gorge d’Esfir, signe qu’elle n’avait pas avalé le fruit d’un délire personnel. C’était bien un alcool fort. Son alcool traditionnel, de grande qualité.

Clive, de son côté, nageait dans le brouillard. Il essayait de rattraper le coup mais il y avait eu des témoins. L’information allait forcément fuiter jusqu’au meneur de la barque. Pour les quelques clients du bar, Esfir venait de faire une sacrée hallucination.

« Viens, on s’en va ! » ordonna-t-il en lui agrippant l’avant-bras.

Sans vraiment lui laisser le choix, le soldat l’attira dans les coursives jusqu’à un coin relativement à l’abri avant de la relâcher. Il ne put s'empêcher de lui lancer un regard chargé de reproches. Parce que si elle s’était sentie mal, elle aurait dû le lui dire !
« Bon sang, miss. Tu t’es entendue parler ? C’était quoi ce truc ? Un patois Russe ? »
Il voyait bien qu’elle ne comprenait rien. Son regard à lui seul, déjà inquiétant par sa couleur de braise orangée, lui expliquait qu’elle était complètement paumée.
« Tu t’es levée et tu as rejoint cet illustre inconnu pour lui piquer son verre. Tu l’as bu avec une espèce de provoc à faire perdre les derniers cheveux de Caldwell. Et là tu as tenu un discours dans une langue inconnue. Enfin, c’est pire que ça. C’était presque animal. Un mélange de sifflement bizarre, comme si la voix ne venait pas de toi. Paranormal activity sur le Dédale... »
Darren essayait de comprendre la situation. Il ne pouvait que faire le lien avec ce qui lui était arrivé au contact de l’obélisque. Après avoir fait les cent pas, il revint sur elle et secoua son index sous son nez.
« Les médocs de ce matin, rassure-moi, tu les as bien tous pris ?!? » questionna-t-il, les sourcils froncés, à la recherche d’une explication.

Esfir le regardait éberluée. Entre ce qu’elle avait vu, entendu, ce que le Dorn lui avait proposé... et qui était forcément très tentant... elle s’était réveillée encore plus perdue que le matin même.

Elle n’avait pas lutté lorsque le militaire l’avait entraînée et ne s’était même pas excusée pour sa conduite... En fait, elle ne comprenait même pas ce qu’elle avait fait.
Elle écoutait Darren, mais son esprit regardait autre chose en lui, il réfléchissait à une certaine proposition.
Alors elle ne trouva pas quoi répondre... et elle se contenta de sortir de sa poche le troisième médoc, celui dont il ne savait pas à quoi il servait, avec un petit air coupable.

Le militaire eut sa réponse, elle avait gardé une pilule sous le coude. Dans un autre contexte, il aurait été certainement en colère, n’hésitant pas à rappeler qu’ils dansaient tous les deux sur la corde raide. Caldwell n’avait qu’un signe de tête à leur adresser et la mission serait annulée. Ca avait d’ailleurs bien failli lorsqu’ils s’étaient aperçu de l’altération qu’avait subi Esfir au niveau de ses yeux.

Mais on ne pouvait pas s'attendre à la même obéissance chez une civile qu’un militaire. La jeune femme s’était nécessairement posée des questions. Assez pour prendre la décision de ne pas prendre le traitement. Darren fixa encore un petit instant ce médicament puis il posa une main compatissante sur l’épaule d’Esfir.

« Ce n’est pas grave. » dit-il doucement. « Je comprends que tu t’y perdes un peu. Ca doit te remuer tout ça. »

Il ne pouvait pas savoir ce qu’elle ressentait ni se mettre à sa place. Darren estimait que leur précédente mission était déjà assez perturbante. La jeune Russe se réveillait ensuite avec une couleur peu naturelle imprégnée dans ses yeux. Et on lui rajoutait un traitement médical sans lui donner plus de détails.
« Mais...tu es sur le Dédale. Il n’y a pas d’ennemis ici. »
Son humour revint au galop.
« Sauf si tu es en mode guerre froide bien sûr. »

Esfir sourit a la petite blague sur la guerre froide, mais au fond d’elle, un noeud se serrait dans son estomac face à la compréhension dont faisait preuve le soldat. Bon dieu! Comment voulait-il qu’elle ne craque pas s’il était si gentil avec elle !
« Pas d’ennemis, mais des gens qui ont peur de ce qui m’arrive. Moi aussi ça me fait flipper, mais... »
Elle ne pouvait pas lui dire de quoi il était question, surtout s’il l'interrogeait sur la nature du marché que les Dorns lui avait proposé... comment réagirait-il s’il savait qu’elle n’avait pas juste dit non. Elle savait que c’était la bonne réponse à donner, que quoique puisse faire ces créatures, ce serait comme lui faire avaler un filtre d’amour, le transformer et faire de lui une autre personne. Etait elle prête à lui faire payer ce prix, pour être satisfaite ? Pour avoir ce qu’elle voulait ?
« Je ne suis pas sûre qu’il y ait quelque chose de mal à ça... je ne sais pas encore si c’est bien ou mal tout ça mais je veux avoir le temps de voir ce qui en découlera. Alors je ne veux pas risquer d’enrayer le processus. »
Oui, une part d’elle voulait encore se laisser une chance... peut être une chance de céder à la tentation et dire oui. Après tout, il n’en saurait rien et elle lui offrirait tout ce dont il aurait besoin, elle en était convaincue.


Clive lui fit un petit signe de tête et l’emmena loin d’ici. Le binôme traîna un peu au hasard des couloirs, discutant de tout et de rien, puis de nouveau sur leur mission. Ils étaient vraiment dedans. Pendant ce temps, Darren se fit la promesse de la surveiller un peu plus et de lui éviter ces nouveaux comportements étranges. Il ne chercha pas à la convaincre de prendre tous ses médicaments, même si ce n’était pas très malin. Le soldat se disait que la contraindre renforcerait sa méfiance.

Lorsqu’Esfir fut prête, il l’emmena en salle de simulation pour s'entraîner à naviguer aux instruments.

********


Le lendemain à quinze heures trente, le jumper approchait de la couronne de gaz entourant la géante. A l’intérieur du vaisseau, comme la veille, le binôme attendait avec anxiété, chacun sur sa banquette. Le pilote les tenait régulièrement informés, il opérait un dernier cercle autour du site de largage pour vérifier l’absence de menace. Le Dédale se trouvait à plusieurs milliers de kilomètres plus loin. Mais la distance était si relative à l’échelle de l’espace que, malgré l’écart, le croiseur de combat restait immense et majestueux dans le vide. Les capteurs assistaient la surveillance de leur zone d’opération, on les préparait à une téléportation d’urgence comme la dernière fois.
//Trois minutes, mes petits chéris. Tenez-vous prêts !// fit la voix au fort accent espagnol dans leur radio.
La pression monta d’un cran. Le pilote venait de recevoir l’autorisation et il se mettait en position. Darren se leva en premier, souriant jusqu’aux oreilles, puis il aida Esfir à se redresser.
//Pilote, bien reçu. J’installe le filin.//
Un brin excité, le soldat accrocha le fil d’ariane sur sa partenaire de mission puis le passa sur son mécanisme.
//Ok. Comme à l'entraînement, je vais prendre la tête et t'emmener dans mon sillage. Tu devras simplement veiller à rester droite.//
Le soldat s’assura que son arme particulière était bien attachée et passa l’équipement de la Russe en revue. Si quelque chose était mal fixé, ça partirait en balade dans le vide pour l’éternité.
//Il se peut qu’on ne se voit pas à cause de cette purée de pois. On restera en contact radio constant.// lâcha-t-il dans le but de la rassurer.
//Unités Voskhod, jumper en position. C’est quand vous voulez.//
//Reçu. J’ouvre le sas.//

Darren s’approcha de la poignée mécanique et l’engagea. La grande porte du sas s’abaissa dans un silence dérangeant. Comme lors de leur précédente sortie, ils n’entendaient que le bruit de leurs respirations et de leurs corps. La progression était lente, au ralenti. Darren prit les devants et s’arrêta au bord de la plateforme. Dans l’espace, il semblait que le sas du jumper était devenu un plongeoir de la mort. En-dessous, au lieu d’une eau claire et limpide, un immense brouillard d’un gaz brun et gris semblait en suspension. Il ne bougeait pas, comme figé dans le temps, pour l’éternité. C’est là-dedans qu’ils allaient se perdre.
Darren enchassa son bras autour de celui de sa collègue.

//Tu es prête ?//

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Mer 24 Fév - 11:00

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Esfir observait cette étendue gazeuse. Ça n'avait pas grand chose d’accueillant. Quelques années plus tôt, si on lui avait demandé si elle serait capable d’un tel plongeon... elle aurait dit oui sans hésiter et aurait fanfaronné sur le fait de n’avoir peur de rien.
Mais aujourd’hui, enfermée dans une lourde combinaison, les battements de son propre cœur pour tout compagnon... elle hésitait. Se jeter dans le vide de l’espace, enfin dans un brouillard de l’espace, avec juste un filin pour la rattacher à son binôme... c’était effrayant.

Lorsque Darren la sortit de sa contemplation, elle avala sa salive pour se donner du courage et essayer de donner à sa voix une assurance qu’elle n’éprouvait pas.
« Oui, on y va »

Le militaire déconnecta leurs semelles magnétiques puis activa sa propulsion. Il se leva juste assez, en tenant Esfir, pour avoir le champ libre puis il amorça une lente progression qui tendit le fil d’ariane entre eux deux. Esfir subit le premier choc qui l’emporta en avant et elle fut éloignée du jumper qui faisait du sur place. Elle devait alors stabiliser l’inertie qu’avait pris son corps.
//C’est parti. Esfir ? Quatre-vingt dix degrés par le bas, comme je t’ai montré à l'entraînement.//

Après s’être orientés, ils faisaient face à la géante gazeuse. Depuis le Dédale, la boule brune avait été impressionnante de détails. Si près, maintenant, elle ne ressemblait plus à rien. Darren mit les gazs puis tendit de nouveau le câble. Il embarqua sa collègue en direction du brouillard, lentement mais sûrement, tandis que les premiers nuages commençaient déjà à les entourer. Plus il avançait et plus les détails de l’espace s’estompaient.
//Les unités Voskhod entament la descente.// annonça Darren en accélérant l’allure.

La purée de pois s’était épaissie de plus en plus. Bientôt, le militaire disparut du champ de vision de la jeune Russe. Il ne restait plus que ce câble tendu qui partait quelque part dans le brouillard. Pendant une bonne demi-heure, Esfir se laissa conduire sans pouvoir discerner quoi que ce soit. Seuls ses instruments de navigation situaient la position de Darren et celle du jumper, de plus en plus haut en altitude.

La russe avait l’impression de se retrouver dans l’exercice surprise de leur premier entraînement, et même si elle avait pour ainsi dire, déjà vécu cette situation, c’était angoissant. Elle ne voyait plus Darren et seul le filin la reliait à lui, comme un cordon ombilical liait un fœtus à sa mère. Sans cet élément, elle aurait sans doute paniqué et la combinaison lui aurait lâché une dose de tranquillisant.
Elle lui lançait quelques petites phrases, juste pour entendre sa voix et se rassurer à ce son familier. Cette situation était d’autant plus difficile pour elle que cette dépendance, qui s'amplifiait au fur et à mesure de cette mission, ne faisait que renforcer ce sentiment qui l’avait poussée à l’embrasser quelques jours plus tôt.
Mais pour l’heure, ce contact sonore l’aidait à tenir le coup.

Puis, soudain, le brouillard s’arrêta d’un coup. Esfir franchit une délimitation soudaine et très nette, comme un écran de protection qui semblait retenir les gazs. Depuis sa combinaison, elle su que le phénomène n’était pas naturel. La protection formait une bulle d’espace “propre” d’une dimension régulière et plutôt vaste. En son centre, un agrégat sombre tournait lentement. C’était un amoncellement de déchets naturels fossilisés à jamais. Le noyau donnait un aspect irrégulier. Il tournait lentement, laissant paraître des crevasses plus ou moins grosses. C’était comme un nid d’abeilles.
//Pilote ? Contrôle mission ?// essaya Darren pour la troisième fois.
Il poursuivit sa progression en direction de la sphère.
//
On dirait qu’on est seul sur ce coup là, miss. Comment tu te sens ?//


Voilà qu’ils avaient perdu le contact avec le jumper. Sans doute la faute à ce champ de force.
//J’ai la trouille// dit elle sincèrement avant de chercher à rassurer son coéquipier //Mais ça va aller, je suis une aventurière de l’espace maintenant, ça va aller.//

En réalité, la jeune Russe se sentait étrange.
La même sensation avant l’apparition du Dorn ne cessait de la harceler. Elle se précisait à mesure que Darren approchait de la sphère. Ses yeux brûlaient de plus en plus, jusqu’à ce qu’un mouvement ne la surprenne sur sa droite. La protection qui empêchait le gaz de noyer cet endroit formait un écran géant. Et maintenant, ces lueurs de braises représentaient de nouvelles scènes. Plus besoin de poser sa main sur un monument extraterrestre, c’était à ça que servait son altération des yeux. Esfir voyait distinctement un peuple humain qui défrichait une immense jungle. Ils abattaient les arbres, arrachaient les buissons, creusaient des tranchées pour déterrer les souches. Ils faisaient fuir toute la vie animale pour s’emparer de leur habitat et le transformer en un désert morbide. Tout le monde travaillait, hommes, femmes et enfants, de tout âge. Ce travail semblait être fait dans l’urgence, elle pouvait lire la terreur dans leurs regards.

Sur la gauche, une nouvelle scène se matérialisa. Tout ce bois, cette verdure, cette biomasse dans son ensemble, était mené jusqu’à un endroit précis dans la nature. La terre tout autour avait noircie, comme si elle avait été atteinte d’une forme de lèpre. Au centre de la chose, il y avait ces trous en nid d’abeilles comparables à la sphère. On y faisait basculer des charrettes entières, des brouettes et le contenu de grues, dans un fracas terrible. Et instantanément, une épaisse fumée noirâtre de combustion s’en échappait, poluant l’atmosphère. Les travailleurs à proximité étaient couverts d’une cendre grisâtre. Ils toussaient, crachaient, peinaient à respirer.

Cette chose servait manifestement à consommer les ressources naturelles d’une planète. Mais pourquoi ? Pourquoi dévaster sa propre planète pour nourrir cet étrange dispositif ? Et qu’est-ce qui leur faisait si peur ?

//Tu me réponds Esfir ?// l’appela une nouvelle fois Darren. //L’obélisque est à l’intérieur, c’est confirmé. Tu veux qu’on entre tout de suite ou on fait un tour avant ?//

Mais Esfir, de son côté, voyait de plus en plus de scènes se former. Toute la surface de gaz retenus se divisait en des dizaines, des centaines, et bientôt des milliers d’images mouvantes. Comme si toute l’histoire de ce peuple avait été enregistrée par les Dorns et stockée ici.
Esfir découvrait l’utilité de ses yeux. Car Darren, de son côté, ne semblait pas s’en rendre compte. Comme la dernière fois, il ne voyait rien.

Elle s’était encore perdue dans la contemplation de ces tableaux édifiants. La voix de Darren finit tout de même par la ramener à la réalité.
//Attends, il y a encore pleins d’images. Ils ont détruit leur monde en jetant toute les ressources de leurs planètes dans ces trous là bas... comme s’ils y faisaient tout brûler mais je ne sais pas pourquoi... si on entre, ça va peut-être nous faire brûler. On devrait refaire un tour en s’approchant je pense. A moins qu’on ai un truc qu’on puisse envoyer dedans pour voir si c’est toujours actif ?//
//Tu as raison. Il vaut mieux investiguer avant. Désigne-moi la position à atteindre et je t’y emmène.//

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Mer 24 Fév - 19:22

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



La modification qu’avait subi la mécanicienne fonctionnait de mieux en mieux à mesure qu’elle s’en servait. Sa compréhension des vidéos s’affinait. Elle percevait même des concepts qu’elle n’aurait pas pu déduire personnellement. Les informations faisaient simplement surface à partir de ses yeux, sa perception, comme si sa vue n’était plus qu’un simple sens. C’était devenu une connexion particulière qui échappait à la compréhension humaine. S’il y avait un côté assez angoissant à l’idée de perdre son intégrité humaine au profit de cette altération, c’était également grisant de pouvoir accéder à autant de connaissances.

Darren ne voyait strictement rien tandis qu’elle, de son côté, disposait de toute l’Histoire. A portée de main, accessible d’un simple regard. Mais la mécanicienne le sentait clairement : ce n’était pas terminé.
Plus elle usait de ce don, plus il évoluait à son bénéfice...au détriment de son humanité.

Après quelques recherches sur la mosaïque, elle trouva l’état du peuple avant l’arrivée des Dorns. Comme beaucoup de civilisations, les autochtones s’appuyaient sur la religion. Les Wraiths étaient perçus comme des démons qui venaient “moissonner” les âmes en perdition, les traîtres et les criminels. Les lieux de culte avaient une mainmise complète. Malheureusement, cette société avait beau se tenir à carreau, les Wraiths ne faisaient pas le tri. Il y avait trop d’orphelins, trop de familles brisées et de drames. Une grande révolte renversa la religion au profit d’une organisation plus cartésienne.

Avec l’évolution de son aptitude, Esfir ressentit l’émotion qui avait conduit ce peuple à un tel changement. A croire que cette vidéo parvenaient à traverser le voile matériel pour l’investir de l’émotion de l’époque.
Elle le sentait en elle. Toute cette peine et ce désespoir.
L’esprit d’Esfir fit tilt.
L’émotion ! C’est l’émotion qui les appelait auprès des clients !

Sa peine, après le refus de Darren…
Toute cette tristesse, ce désespoir. Le sentiment d’avoir été déchiré de l’intérieur. Cette impression d’humiliation personnelle…
Est-ce que les Dorns avaient senti ça au travers du Dédale ? Est-ce que c’est pour ça que l’un de ses représentants était venu lui proposer cette affaire ?

Après avoir fait le tour de la mosaïque, la mécanicienne comprit que le peuple avait acheté un moyen de se cacher des Wraiths. Les Dorns leur avait vendu un organisme qui, s’il dévorait assez de ressources naturelles, faisait glisser la planète dans une autre dimension. Elle devenait invisible à l’ennemi. Les autochtones n’en ayant pas conscience, ils prirent l’organisme pour une machine. Une technologie qu’ils connaissaient mal mais qui leur garantissait la survie.

En souhaitant vivre en paix pour l’éternité, ils exploitèrent leur planète durant des générations. L’information était devenue une légende. Puis elle avait fini par se perdre. Le peuple massacrait la planète simplement parce qu’ils savaient que c’était “bien”. Qu’un péril sans nom tomberait sur leurs têtes s’ils cessaient. Ils s’étaient progressivement rendu malade par les émanations de gazs dû à la combustion.
Des centaines d’années plus tard, quand la planète revint de son camouflage par manque de carburant, elle n’était guère plus qu’un noyau desséché et stérile. Le peuple s’était éteint par maladie. La biomasse avait trop souffert pour s’en remettre, la croûte finit par souffrir des vents solaires puis se détacher. Il ne restait maintenant que cet organisme mort et fossilisé, autour des nuages de gazs. Le vestige de l’achat du peuple auprès des Dorns.

Au moins, ils savaient maintenant que l’organisme ne risquait pas de se réveiller et de les brûler. Darren proposa de s’aventurer à l’intérieur pour trouver l’obélisque. Il conduisit doucement Esfir dans un réseau labyrinthique. Mais soudain, quelque chose tira Esfir en arrière. C’était une force très douce au début. Mais puisqu’elle était accrochée au soldat, la traction gagna progressivement en force jusqu’à tendre le filin. Il risquait de rompre.

Darren se démena comme un diable pour essayer de rejoindre la mécanicienne. Hélas, avant qu’il ne puisse s'agripper à elle et se ligoter à sa combinaison, le fil d’Arianne céda brusquement. Le soldat disparu, emporté par la force invisible dans les boyaux de la chose. La friture remplaça sa voix à la radio.

Esfir, de son côté, était menée plus calmement dans un autre endroit. La force inconnue la déposa sur une plateforme, devant une antre dans laquelle elle devinait la présence de l’obélisque. Mais pas seulement.

Le Dorn était là.
Il l’attendait. Elle le rencontrait en chair et en os.
« ACCUEIL. » décréta le Dorn.
Il fit jouer ses doigts crochus. L’antre se referma dans le dos d’Esfir, il n’y avait maintenant plus aucune issue. Ses instruments de bord signalèrent un changement atmosphérique progressif en azote et en oxygène. Les niveaux atteignaient alors ceux du Dédale lorsque l’affichage grésilla et tomba en panne.
« ACCUEIL. » répéta le Dorn.

Il s’avança vers l’obélisque. Un morceau du sol se détacha pour s’élever lentement. Il demeura en suspension dans l’air, en équilibre, en formant un plan de travail parfait. La chose s’y appuya alors, comme un marchand prêt à lui présenter ses produits, bien qu’il n’y avait rien de visible.
« Bienvenue. Cliente. » ajouta celui-ci. Il agita ses doigts pour créer de la matière. Une nouvelle fois, Esfir fut témoin de la technologie des Dorns. Elle vit un shot en verre se former sous ses yeux, tournoyant au fur et à mesure de sa création, puis l’objet alla se poser. L’instant d’après, de la Vodka s’y remplissait miraculeusement.

Le vendeur extraterrestre observa calmement son invitée, toujours appuyé sur le comptoir. Il attendit patiemment qu’elle se débarrasse de sa combinaison et consomme le shot de bienvenue.

Esfir était un peu perdue, effrayée et intriguée. Malgré l’impression d’être prise au piège et l’inquiétude qu’elle ressentait pour Darren resté de l’autre côté, elle avait le sentiment que les Dorns, malgré les dégâts qu’ils provoquaient, n’étaient pas malveillants. Ils offraient une solution à un problème, c’était ce qu’en avaient fait les acheteurs qui avait conduit au désastre. Alors, elle retira son casque et avança à pas prudent vers le vendeur qui lui faisait face. Elle posa la tête de sa combinaison sur le bar et prit le verre en signe de respect.

Une fois fait, il lui offrit un sourire garni de dents pointues puis désigna l’écran qui apparaissait au-dessus de son épaule. On y voyait Darren, dans sa combinaison, en train de naviguer dans le labyrinthe. Il allait bien.
Le soldat était manifestement en train de la chercher. Les mouvements de sa bouche laissaient penser qu’il l’appelait à la radio. Le jeune homme était inquiet.

« Délai écoulé. » informa alors le Dorn en croisant ses doigts. « Décision cliente ? »

Esfir observa longuement l’écran. Son coeur se serrait. Elle aurait voulu courir le retrouver, le serrer dans ses bras et qu’en retour il l’enlace tendrement avant de l’embrasser et de lui dire qu’il s’était trompé, qu’elle comptait pour lui. Elle voulait à nouveau se sentir en sécurité dans ces bras qui l’avaient sauvé des esclavagiste. Il avait pris une balle pour elle (ou a cause d’elle selon le point de vue). Il avait tout du chevalier blanc des contes, l’humour en plus.

Le Dorn qui l’observait patiemment semblait réceptif à cette émotion. Malgré le fait qu’il parlait peu la même langue et qu’il était différent, le simple échange de regard était plus parlant. Il savait ce qui lui vrillait les tripes, il pouvait le sentir encore maintenant.

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Sam 6 Mar - 14:17

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



La proposition des Dorns avait été claire et bon dieu qu’elle était tentante présentée ainsi. Ils ne proposaient pas un filtre d’amour comme on en voyait dans les séries de sorcières, non il proposait de changer quelque chose en Darren... était-ce de lui faire réaliser ce qu’il aurait réalisé tôt ou tard ? C’était ce que son cœur désirait ardemment et ce qui la poussait à vouloir accepter l’offre. Ou allaient-ils modifier une quelconque liaison neuronale pour lui faire croire à un amour qu’il n’aurait jamais éprouvé normalement ? C’était ce que son cerveau lui disait et ce qui la poussait à vouloir refuser la proposition.
Je ne sais pas, pas sans savoir comment ça marche. Comment feriez- vous ce que vous me vendez ?

Il avait déjà répondu à la question lors de sa visite surprise sur le Dédale. Mais le doute légitime sur la façon de s’y prendre et la crainte d’Esfir poussa le Dorn à changer son fusil d’épaule. Il ressentit sa réserve pour la création d’un attachement factice. Comme tous vendeurs qui se respectent, il adaptait son étal au client qui lui faisait face.

« Processus. » déclara-t-il en pointant l’image d’un doigt griffu.

D’une façon un peu trop naturelle, le Darren qui figurait à l’écran et qui cherchait activement Esfir s’endormit. La façon dont l’image se modifia indiquait qu’il était plongé dans un rêve où le temps s’écoulait différemment. A l’intérieur, il était longuement au contact d’Esfir. Suffisamment longtemps pour apprendre à la connaître et tomber amoureux. Lorsqu’il ouvrirait de nouveau les yeux, dans le monde réel, il saurait ce qu’il était en train de gâcher en la repoussant.


Une fois qu’elle eut l’explication, elle prit le temps de réfléchir. C’était tentant, mais elle ne pouvait s’enlever de la tête que ce ne serait pas correct. Et puis, n’avait elle pas vu plusieurs fois l’exemple que acheter ce qu’on souhaite, pouvait être à double tranchant et si Darren devait en pâtir, ce n’était pas acceptable.

Je vous remercie, mais je dois décliner votre offre. C’est à moi de vivre avec.

Acceptant son choix, le représentant des Dorns inclina légèrement la tête. Le comptoir s’écroula subitement, devenu de la poussière que le manque de gravité laissa en forme de nuage informe. L’autochtone le traversa lentement pour s’approcher d’Esfir. Elle sentait alors son changement profond s’opérer, atteindre un point de non retour. Désormais, elle n’avait jamais été aussi proche des Dorns.

Ce dernier la fixait intensément de son regard délavé. Puis elle sentit un souvenir monter en elle. Très faible au début, imprécis. Comme lorsque l’on se demandait si c’était un rêve ou de la réalité. Mais plus elle fixait ce regard, plus ce souvenir se dessinait et prenait forme. Elle se trouvait dans la dernière assemblée Dorn, sur une petite lune.

Esfir se voyait au conclave des marchands, leur plus belle réussite. C’était le sommet de la pyramide. Y siéger représentait un véritable honneur et la récompense au mérite pour de grandes transactions. Les Dorns avaient eu une influence sur toutes les espèces clientes, bonnes ou mauvaises, c’était un fait gratifiant. Les maîtres Dorns restaient plutôt sereins pour une espèce en voie de disparition. Tous avaient acquis et accepté l’imminence de leur disparition. L’espèce avait vieilli jusqu’à ce que leurs corps se dépravent, que la malformation les touchent et que la fertilité chute. Le monde marchand était maintenant presque vide, il était temps de désigner le dernier itinérant.

C’était lui. Ce Dorn qu’Esfir avait rencontré dans le présent.
Il avait été choisi pour représenter l’espèce...mais aussi autre chose.
Le marchand insistait du regard et Esfir finit par le déduire. L’espèce était éteinte depuis longtemps mais ils recherchaient quelqu’un pour reprendre les affaires...comme un gérant sur le point de la retraite qui vendait son affaire.

Esfir Lunienko avait subi un test tout au long de sa pérégrination. Avoir refusé une affaire pour une question de principe était la solution d’une épreuve dont elle n’avait pas eu conscience. En termes simples, la jeune Russe avait eu la force de ne pas toucher à la caisse.

Ces changements dans son corps ne visaient pas seulement à accroître la communication. Le dialogue sensoriel avec ce dernier représentant n’était qu’une étape d’une transformation plus vaste. Elle avait le pouvoir...de devenir la nouvelle Dorn itinérante de la galaxie de Pégase. De reprendre les affaires de l’espèce pour toutes les races encore en vie et qui auraient besoin de toutes ces technologies. Sous l’impulsion de la métamorphose, elle sentit ses lèvres bouger toute seule.

Je peux reprendre le cycle de commerce. Avoir accès à toutes ces technologies pour les vendre. Voyager parmi les étoiles. Pour l’éternité. fit la voix d’Esfir, hors de son contrôle. Je peux devenir une Dorn. Ma compassion, mon cœur et ma gentillesse me feront réussir là où ils ont échoué. Mes clients ne périront pas de leurs achats.
Le Dorn qui ne la lâchait pas du regard inclina légèrement la tête.
Je suis libre de choisir.

L’emprise qui la forçait à prononcer ces paroles s’évanouit. La jeune femme se retrouvait à un choix ultime. Le Dorn qui se tenait devant elle était plein d’espoir et il patientait calmement. D’une certaine manière, Esfir pouvait devenir la déesse des marchands pour bien des peuples dans la galaxie. Cela imposait sa disparition d’Atlantis, de la vie qu’elle avait là-bas. Mais elle pouvait encore refuser. Elle le sentait au fond d’elle, la métamorphose n’avait pas encore franchi le point de non retour, elle pouvait refuser et redevenir elle-même.

Seulement...le dernier des Dorns disparaîtrait pour de bon. Il avait misé ses dernières forces sur elle.

Esfir ressentait à la fois toute la charge et la puissance de ce qu’on lui proposait, mais aussi les espoirs de celui qui lui faisait face... le dernier Dorn.
Elle se mordit les lèvres. Ce n’était pas vraiment le pouvoir qu’il proposait de lui mettre entre les mains qui la faisait hésiter.. même si détenir une telle technologie et la faculté de parcourir l’univers était tentant... mais c’était plus la lumière vacillant dans le regard de celui qui lui faisait face... l’idée que si elle refusait, une race, un métier, tout cela disparaîtrait à jamais.
Mais cela impliquait de quitter Altantis et la Terre, de renoncer à sa vie et à cette nouvelle famille de Pégase qui venait s’ajouter à sa famille de Russie. Dire adieu à Chenoa, Sheppard, Matt, Tyler, Nadia, Cal, Alvaro... toutes ces personnes avec qui elle commençait à partager plus que des récits de missions. Hailey, Hawkins, Darren... ceux avec qui elle avait vécu des choses si fortes que leur relation en serait marquée à jamais. Et même si Darren devait revenir demain avec une autre femme à son bras, qu’importe, elle ne voulait pas se passer de lui et puis, il y avait encore de l’espoir, peut être réaliserait il un jour seul ce qu’il loupait en se refusant à elle.
Et puis de toute façon sa vie sur Atlantis ne se résumait pas à lui, c’était une aventure humaine et extraordinaire qu’elle ne faisait encore qu’effleurer, ça serait comme sauter à la fin du voyage sans avoir vécu le trajet.

La jeune femme sentait déjà les larmes lui monter aux yeux alors que sa décision se dessinait plus fermement dans son esprit. C’était d’un égoïsme incommensurable... c’était injuste... mais elle ne pouvait pas renoncer à cette vie, elle ne voulait pas dire adieu au Général Chekov, pas comme ça, pas après tout ce qu’il avait fait pour elle.

Je suis désolée... je ne peux pas... Dans dix ou vingt ans peut-être mais là, tout de suite, je ne peux pas. Je suis tellement désolée.

Le regard du Dorn demeura inexpressif. Pourtant, Esfir ressentit toute l’étendue de la peine qui le traversait. Elle était devenue en partie de la même espèce et la communication sensorielle permettait une déduction sans erreur. Le dernier représentant faisait face à son échec. Il se sentait perdu, abandonné et maudit. Une éternité d’efforts vains pour contempler la disparition définitive de l’espèce.

Pourtant, ces ressentiments ne cherchaient pas à culpabiliser la jeune russe. Malgré l’avalanche de tristesse et de peine, il respectait profondément son choix.
Lui avait longuement rêvé de retrouver la liberté et la paix. Il ne pouvait pas bouder celle qui souhaitait la conserver.

Bien que difficilement, le Dorn finit par incliner la tête dans un accord émouvant.

« Tractations terminées. » déclara-t-il.

Quelques secondes s’écoulèrent en silence.
Le Dorn l’observa avec une véritable émotion sur le visage, c’était la première fois. Il semblait sur la croisée des chemins, comme s’il avait été un fantôme, un ange gardien, qui l’aurait suivi pendant des années. Compagnon de voyage muet et invisible, lié par le temps et la culture partagée, il était en train de faire son dernier adieu.

Il approcha sa main griffue qu’il referma sur son avant bras. Les fameuses couleurs qui assemblaient la matière dansèrent sur la peau d’Esfir. Un peu comme les enfants qui bouchent l’extrémité de la lampe ou la place sous le menton pour se donner un air démoniaque. Ces reflets colorés animèrent alors des reliefs inquiétants sous l’épiderme de la jeune Russe.

De nouvelles veines informes se gonflèrent progressivement sous le passage d’un fluide inconnu. Il quittait son corps pour entrer dans celui du Dorn, comme happé par une force invisible qui la siphonnait. Ce sentiment de proximité avec le marchand s'ébrècha. La communication sensorielle s’endormit petit à petit, de même que sa compréhension de l’espèce. A mesure que cette chose quittait son corps, le pouvoir disparaissait également.

Elle était sur le point de s’évanouir tant elle était épuisée. Ses paupières tombèrent sous l’effet d’un sommeil de plomb, à croire qu’on l’anésthésiait avant le passage sur le billard.
Peut-être était-ce ça ? Le Dorn avait-il décidé de la transformer contre sa volonté ? De l’enlever ?

Avant que son aptitude ne disparaisse entièrement, elle vit une dernière fois le visage du marchand. Il ouvrit ses lèvres pour prononcer une phrase qu’elle ne comprit pas sur le moment. Quelques similitudes de Russe lui permettait de déduire un dernier :
« Bonne chance. »

Esfir pleurait.

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Mar 9 Mar - 14:53

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Destination : Kamerad Popov

Darren Clive & Esfir Lunienko



Lorsque la mécanicienne ouvrit les yeux, l’éclairage semblait si fort qu’elle se pensait noyée dans une boule de lumière divine. C’était douloureux mais également chaleureux, agréable. Il y avait un atmosphère familier, qu’elle détestait ordinairement, mais qu’elle connaissait. Donc un repère, un endroit spatial et matériel qu’elle pouvait maîtriser.

Le bip régulier du moniteur s’associait très bien à la texture du drap stérile de l’infirmerie. Mais maintenant qu’elle pouvait percer l’écran de la lumière divine, elle se rendait compte que l’architecture était beaucoup plus spartiate. Un peu à la hauteur de l’humour de Caldwell : le néant.

Son horloge biologique faisait la grève, impossible de savoir depuis combien de temps elle était inconsciente. Elle n’avait même pas senti que l’avait tiré de sa combinaison, de sa tenue, pour lui filer cette horrible toge qui ne cachait rien.

Au travers les rideaux censés lui offrir un peu d’intimité, elle vit passer un vieux médecin barbu en blouse blanche. C’était celui du Dédale. Il était en train de donner des conseils à une infirmière sur le traitement d’un malade, une voix calme et mesurée. Il était probablement en train de choisir quelle torture il allait lui administrer. Des piqûres ou des échantillons de selles ?

Sa couverture était devenue un vrai champ de foire. Il y avait un bon paquet de revues cornées, pliées dans le mauvais sens. Quelques bouquins entamés sans grande conviction. Deux grilles de mots croisés annihilées par les ratures d’un novice. Et une gameboy en charge. Le joueur avait mis la pause sur un Kirby en train d’imploser.
Plus au fond, on s’était servi de ses pieds pour coincer un coussin d’hosto sur lequel on avait dessiné une cible. Dans le rôle de la fléchette, ce stylo lâchement abandonné, la mine encore à l’air. Vu toutes les traces sur le coussin, il avait été éprouvé.
Ou bien il n’avait plus d’encre...

« Сила всегда будет с тобой. » (La force sera avec toi, toujours…)

C’était une des répliques culte de Star Wars. Les derniers mots d’Obi-Wan à Luke avant d’être abattu par Dark Vador. La tablette se trouvait sur la desserte, entre elle et celui qui posait ses godasses sur le côté de son lit. Au milieu des canettes vides, des quelques bonbons traînant à droite à gauche, Obi-Wan rendait son dernier soupir. Le film passait sous la version Russe, les sous-titres étaient en Anglais.

Le type qui posait nonchalamment ses godasses sur le lit, c’était Darren. Les yeux fermés, la tête légèrement renversé sur l’arrière, il dormait assis dans un siège, à ses côtés. Son souffle se finissait toujours sur un léger ronflement grinçant.

Esfir ferma les yeux et les rouvrit pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Que c'était bien la réalité et pas une illusion des Dorn ou une vision d'un nouveau monde en perdition.

Lorsqu'elle tourna la tête vers le ronflement, elle découvrit Darren. C'était donc lui qui avait fichu tout ce bordel ?

Elle récupéra un morceau de papier à sa portée et le roula en boule pour le projeter sur la tête du soldat.

Il se massa le visage dans un réflexe sans même regarder qui l’avait tiré de son sommeil. Le soldat semblait avoir passé quelques nuits blanches et laissait paraître une tête de déterré. L’air endormi, il s’empara d’une canette qu’il agita...rien. Une autre...rien.
Puis il se rendit enfin compte que le réveil venait de sa partenaire et qu’elle était également revenue.

« Hey ! » lâcha-t-il dans un bienvenue sincère.
Il lui sourit et déclencha immédiatement les hostilités :
« Tu ne le fais pas à moitié quand tu dors, t’es sûre d’être câblée comme une nana ? »

Ce sourire lui fit du bien. Elle se demanda un moment si les Dorns avaient changé d'avis et modifié ses sentiments.
Non, elle avait été claire, ce n'était qu'un espoir né d'une envie imbécile.

Je ne fais jamais rien à moitié. J'ai dormi combien de temps ?
« Vladimir Poutine s’est laissé pousser les cheveux pour se faire une crête. » la taquina-t-il tout en commençant à ranger son bazar.

Esfir le dévisagea, son esprit était encore un peu trop embrumé pour réaliser la blague, elle était encore au ralenti.

Le militaire commença par dégager la couverture d’Esfir de toutes ses cochonneries. Le film commençait à le déranger donc il tapota distraitement sur l’écran pour mettre sur pause.
« Deux jours. Trois, grand max. Il y a eu baston entre toubibs et scientifiques pendant ce temps. Il y avait ceux qui voulaient te disséquer et ceux qui voulaient te sauver. »
Darren enjolivait à l’intonation de sa voix pour lui faire comprendre qu’il exagérait. Une fois qu’Esfir retrouva une chambre digne de ce nom, Darren ouvrit sa veste pour en sortir un petit miroir depuis la poche intérieure. Il souffla dessus, la lustra avec un coin de sa manche, puis monta la surface réfléchissante sur le visage de son amie.
Ses yeux avaient retrouvé leur éclat habituel, malgré la fatigue et le réveil dans un lit d’infirmerie.
« Les iris incandescent, c’était vraiment trop kitch. » affirma-t-il.

Il lui laissa le miroir ainsi que le temps de se remettre les idées en place. Clive n’ouvrit la bouche qu’un peu plus tard pour passer aux choses sérieuses.
« Le mec de la CIS, Verner, nous tanne pour savoir ce qu’il s’est passé. Caldwell a pris la décision de rentrer. Les obélisques, les signaux, tout ce qui nous a renseigné sur les Dorns s’est volatilisé. On devrait être rapatrié sur la cité dans une dizaine d’heures. Mais j’ai pas l’impression qu’on va te laisser en paix...au contraire. »

Esfir observa son reflet, il était on ne pouvait plus normal, plus de feu dans son regard, plus qu’une mer verte et l’expression de sa culpabilité.
Ils sont tous morts. C’était le dernier et il est parti, il n’y aura plus jamais de Dorns. dit-elle sombrement en effleurant des doigts le contour de ses yeux.

C’était dur et Esfir mettrait sans doute du temps avant de digérer la décision qu’elle avait prise. Mais elle restait convaincue que c’était la bonne. Depuis la mort de ses parents, le chemin avait été long pour former une nouvelle famille avec le Général. Et depuis quelques années, ils y étaient enfin parvenus. L’expédition sur Atlantis était une nouvelle voie, elle commençait à se lier avec d’autres et se faire une nouvelle place, ce n’était que le début d’une grande aventure. Et même si ce peuple incroyable lui avait proposé une aventure plus grande encore, elle aurait eu le sentiment d’arriver à la destination sans avoir fait le voyage... et elle avait toujours aimé regarder défiler la route par le fenêtre du train.

Darren la consola du mieux qu'il pu, en ami et protecteur.
Il demeura à ses côtés même après sa démobilisation de cette mission, une fois de retour sur Atlantis, lorsqu'il fallu expliquer à la communauté scientifique la disparition des Dorns. Nombre d'archéologues et d'experts décidèrent alors de travailler sur les artefacts et les dernières traces de ce peuple. On appela régulièrement Esfir pour donner son avis, lui prêtant un rôle de consultante sur le domaine.

Il ne restait des Dorns que fragments et des pierres.
Mais par la fenêtre du train en route, là où s'était trouvé Esfir pour observer le paysage, s'y trouvait dans son esprit le dernier souvenir d'une espèce d'illustres marchands. Elle n'avait franchi qu'une destination, bien d'autres aventures et découvertes palpitantes l'attendaient encore.

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Mar 9 Mar - 14:54

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FIN DU RP

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