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Pleurniche Day

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Lun 27 Avr - 17:40

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Dans ses quartiers, James n’utilisait jamais son propre bureau. Il s’en servait de table de nuit géante où trônait une quinzaine de réveils de toutes sortes. Fonctionnant à piles ou à énergie. Les plus bruyants étant les réveils mécanique à ressort. Chaque matin, se lever tenait d’une véritable épreuve physique et mentale. Graham avait toujours été comme ça, c’était dans sa nature. Quel que soit la qualité de son sommeil, l’explosion d’une bombe suffirait à peine à lui faire changer de position dans son lit.

Quand les quinzaines de sonneries envahissaient sa chambre d’un concert désagréable et tonitruant, il n’était que contraint de se lever pour les éteindre tous. Cela lui prenait tellement de temps qu’il n’avait plus envie de replonger dans la chaleur de ses couvertures une fois le boulot terminé. C’est la crainte de réveiller tous les collègues qui le tenaillait et le motivait à bouger son cul.

L’escouade de son dortoir avait râlé pendant des mois. Parce que Pedge Allen se levait tôt, Graham avait le devoir de se lever plus tôt encore. Au début, les copains lui avait fait largement payé cette fanfare trop matinale, allant jusqu’à lui dégommer ses réveils à coups de batte de baseball ou marchander avec lui leur participation à son levé. Mais finalement, avec le temps, ils s’étaient tous habitués. Les militaires ouvraient les yeux en apprenant qu’il était cinq heures du matin, ils attendaient que ça cesse, puis ils refermaient les yeux en se satisfaisant des heures restantes.

James sentait le sol qui tournait sous ses pieds. Il rampa difficilement jusqu’à la salle de bain et se cala contre le mur, pas loin de se rendormir même avec l’eau ruisselant sur lui. Ce n’est qu’une bonne demi-heure après qu’il faisait réellement surface. Toilette de circonstance, uniforme impeccable et sans plis, vérification que les rangers étaient bien cirés, sa présentation devait être sans défaut.
On n’était pas l’aide de camp d’un officier sans refléter son image. Et Allen était quelqu’un de particulièrement stricte dans sa tenue. Donc : lui aussi.
James s’arrangeait pour qu’elle n’ait jamais rien à lui reprocher concernant sa présentation militaire. Et si elle le faisait, elle n’avait pas besoin de se répéter une seconde fois.

Il fallait l’avouer, on ne devenait pas l’aide de camp d’un officier sans éprouver de l’amour à son égard. Pas sentimentalement comme il est de coutume d’un homme envers une femme. C’est un amour bien plus particulier, spécial, professionnel. Un mélange de fascination et le cotoie coutumier d’une exception militaire. Comme servir quelqu’un qui dévoue sa vie et son existence entière à son métier, ce que Graham n’était prêt à faire que jusqu’à un certain point.

Être aide de camp, c’est aussi partager un peu la vie de l’officier, son quotidien et son occupation. Il l’aidait à optimiser son temps libre, ses devoirs administratifs et bureautique quand elle ne partait pas sur le terrain. Et lorsqu’elle était en mission, il prenait le relais au bureau pour organiser et optimiser au maximum la paperasse qui l’attendrait au retour. Il avait appris à la connaître. Le but : être le plus efficace et concis possible, développer les détails que lorsqu’elle le demandait.
Et quand Allen débarquait pour dire promptement « cet aprém, je ne suis pas là », James ne pipait pas un mot et réorganisait son emploi du temps.

Souvent, le jeune homme se demandait comment elle parvenait à concilier sa vie privée et professionnelle. Il se demandait même si elle en avait véritablement une, de vie privée. Le sergent avait trouvé sa vocation et sa reconnaissance envers Allen ne s’épuisait jamais. Il lui avait demandé à devenir ordonnancier après la guerre et elle lui avait permis de poursuivre auprès d’elle. C’était un sacré honneur en son sens, une belle reconnaissance. Mais ça demandait un investissement bien plus important que les autres officiers plus “lambda”, songeait-il.

Voilà, il était prêt.
James se reluqua une dernière fois dans le miroir, il énuméra les points de vérification. Vingt cinq pour être précis. Sonda sa chevelure pour voir si un épis rebelle ne s’était pas formé comme la dernière fois. Bref...tout était en ordre, il pouvait partir.

Le jour de la doléance, c’était toujours le merdier.
C’était l’une des obligations que son officier aimait le moins, la journée porte-ouverte de la pleurniche. Quand on connaissait le tempérament d’Allen, c’était à l’inverse de ses convictions militaire d’en voir gratter à sa porte pour se plaindre de telle ou telle chose. Il y avait bien des fois où l’affaire reportée était bien légitime. Mais pour d’autre, ce n’était qu’un remake d’amour, gloire et beauté.
James, ça le faisait marrer intérieurement. Mais pas longtemps...parce que lorsqu’Allen perdait patience…il prenait inévitablement au passage. Pas besoin de cris ni d’expressions colérique. Sa simple dureté suffisait amplement. Et à chaque fois que ça arrivait, le jeune homme ne savait plus comment la “détendre”. Travailler dans ces conditions où son officier devenait un mur, il détestait ça.

L’habitude faisant, l’aide de camp savait comment elle organisait sa journée. Sûrement pour se mettre dans de bonnes conditions pour les “portes ouvertes”, le Capitaine faisait son sport dès le matin, prenait sa douche, puis faisait un saut au mess. Mais de plus en plus souvent, en s’ajoutant quelques exercices en salle et puisqu’elle devait faire son petit brief avant que le premier rendez-vous ne débarque à huit heures pile : ce n’était pas rare de la voir imposer l’embargo sur son propre déjeuner. Pas bien !!!
Graham avait donc sauté sur l’occasion et pris l’habitude de lui faire porter le déjeuner au bureau. Et pas n’importe lequel.
Un petit déj de luxe, un avantage dont elle ne voulait probablement pas s’habituer.
Pourquoi y serait-elle sensible ? Parce que James s’arrangeait pour la tenter subtilement. Le plateau ne venait pas de n’importe où. Il venait du Dédale et des cuisines de Goose.

Première étape de la journée spéciale pleurniche, passer à l’administration récupérer les documents. Ensuite, James se rendait au point de rencontre prévu avec un coursier du Dédale. Il avait un accord avec ce type que le boulot faisait descendre tous les jours, très tôt le matin. Sur un terrain d’entente assez rentable, James lui fournissait des commandes de l’équipage qu’il recevait à l’avance. Du matériel, des bibelots, de la nourriture provenant du continent. On pouvait clairement appeler ça de la contrebande chez un esprit fermé.
Mais en échange : le type lui fournissait le plateau complet confectionné par Goose, le cuisinier du mess du Dédale. Il faisait toujours son déjeuner personnalisé. Sachant que c’était pour Pedge, “la galonnée des fosses septiques”, il lui faisait un petit quelque chose portant sa signature.

Du coup, comme chaque matin, Graham entra en premier dans le bureau d’Allen avec le fameux plateau. Il le posa sur le côté, alluma l’ordinateur de l’officier pour qu’il attende simplement son code d’accès. Puis vint le fameux moment de la préparation. L’aide de camp consulta sa montre. Il lui restait une dizaine de minutes avant son arrivée, parfait.
L’endroit était petit, il avait été conçu simplement pour l’officier. Peut-être qu’à l’époque, les huiles n’avaient pas jugés bon de lui fournir une ordonnance. Peut-être même ne s’étaient-ils jamais posé la question. Graham estimait que son Capitaine avait dû formuler la demande après la Guerre du Boc, sûrement satisfaite de ses services ce jour-là. En tout cas, il aimait avoir cette hypothèse en tête. C’est ce qui expliquait pourquoi ils se partageaient un bureau pour une personne.

James avait fait son petit nid dans le coin inférieur droit de la pièce. Un bureau, un ordinateur et une imprimante plus petit, intelligemment logé entre les quatre classeurs et les deux armoires composant toute une partie du mur. Il fallait se contorsionner un peu pour se poser sur la chaise mais c’était son petit endroit à lui. Comme à son image, comme à l’obligation du boulot, tout était rangé de façon bien stricte. L’homme ne laissait jamais un papier traîner en fin de journée.

Pour le temps qu’il lui restait, James organisa l’emploi du temps de son officier en préparant un aperçu du journal d’activité sur une tablette. Il était alors en train de faire le moins important, d’ouvrir le courrier du matin, lorsque la porte Lantienne s’écarta lentement avec son bruit caractéristique. La coutume, l’habitude, Graham se leva de sa chaise en se raidissant, position de garde à vous sans salut impeccable.

« Capitaine. » dit-il respectueusement.

Il attendit son signe pour se réinstaller et poursuivre son boulot.
Là aussi, l’habitude faisant, il ne sautait pas sur la texane d’entrée de jeu. Il patientait le temps qu’elle accède à son ordinateur, consulte ses mails, tout en se laissant tenter ou non par le petit déj. Ce matin, c’était une petite part de flan pâtissier avec un bol de café chaud formé avec une pointe d’un lait local. Le petit carré de chocolat toujours en accompagnement quand ce n’était pas la cigarette Russe. Pincé sous l’assiette, James avait placé le courrier personnel de son officier.

La première venait de Malarkins.

« Ohé, Cap’tain !
Cette fois, c’est à mon tour d’écrire au nom des copains. Franck et Marta se réservent les saloperies en fin de page, comme d’hab.

Tout se passe bien sur le Dédale. La foutu vieille coque de noix nous pose encore des problèmes cela dit. On continue de colmater les brèches qui s’ouvrent parfois sur nos anciennes réparations. On a hâte de passer en carène pour régler l’emmerde une bonne fois pour toute. Mais, dommage pour nous tous, on prend toujours pas de bulle dans le pif. T’étais tellement vernie ce jour-là, tu le sais ?

Dans un mois, on fêtera l’anniversaire de notre Nounours. Peter n’a toujours pas pris de permission. La dernière fois, Matty l’a travaillé pour en savoir plus et elle a appris que lorsqu’il se pose sur Terre, il s’emmerde les deux semaines enfermé dans un hotel pas loin de l’ancrage Terrestre. Bref, on se dit que du bon air, du vrai, lui ferait plaisir.
Il aime les chevaux. Alors on pense qu’il serait pas mal de lui offrir quelques vacances dans les haras Athosiens, qu’il puisse voir comment ça procède, là en bas, pour élever les chevaux de race Pégasienne.

Y’a Tyrol qui prépare un tirage au sort, on peut pas tous descendre en même temps avec lui. Il n’y a que la moitié de groupe qui l’accompagnera pour faire un bon restau et l’amener jusqu’au haras pour lui faire la surprise.
Et puis...parait qu’il y a une piste de kart sur le continent, c’est vrai ?

Bon, tu te doutes, on aimerait bien que tu sois là pour son anniv. Il t’a plutôt à la bonne, comme nous tous, et tu manques pas mal chez nous. Ca fait un bail qu’on t’a pas vu. Et tu connais Marta, elle s’acharne à dire que tu te sens plus pisser depuis que tu as viré sardine. Ce serait cool que tu déposes le galon deux minutes pour venir nous rendre visite comme à l’ancienne. La dernière fois au Dédale, c’était cool.
Envoie un mail pour nous dire si tu participes au pot et si tu accompagnes aussi le Nounours.

Amicalement,
Malarkins.

TU ME DOIS UN SOUTIF ET UNE CULOTTE, CAP’TAIN SALOPE ! ET LA PROCHAINE FOIS, PIQUE UN TRUC PLUS SEXY, TU FAIS HONTE A L’US AIR FORCE !!!!
M.

On a placardé ta nouvelle gueule dans ta couchette. Le vioque a fermé le poste depuis le départ du con qui nous avait emmerdé. Parait qu’on a pas besoin d’être autant. Alors vu que ta place est toujours là et que tu ronfles [Le terme “ronfle” est raturé puis remplacé par “te branle” par l’écriture de Marta] pas la dedans…on y fait un jeu de fléchette en t’attendant.
Eugène t’a eu pile entre les deux yeux. Il a gagné cinquante billets.
F. »

Il y avait d’autres enveloppes. Elles portaient l’écriture de Nelly.
Depuis l’accident, la jeune femme avait eu un comportement totalement différent à son égard. Elle était terrorisée par l’image de Teshara Lays et souffrait psychologiquement de plusieurs traumatismes. Étant compagne d’Isia, la texane obtenait les informations directement à la source de leur amie commune. Nelly cauchemardait régulièrement en revivant le tir qu’elle avait pris dans le dos et la longue rééducation qui avait suivi. Elle avait longuement paniqué lorsque l’administration avait été à deux doigts de la renvoyer sur Terre par le Dédale.
Elle ne sut jamais si le CODIR s’en était mêlé mais, maintenant, elle avait été placé quelques temps au vert. Depuis deux mois, Nelly vivait dans son jumper sur la planète Paradize. Elle faisait des navettes courtes pour les vacanciers, leurs fret, et les militaires qui s’entrainaient là-bas. Elle rentrait très rarement sur Atlantis pour participer au ravitaillement mensuel des différents sites. Actuellement, elle effectuait le transport ambulancier et elle se chargeait des déplacements des permissionnaires. Notamment en altitude pour ceux qui faisaient du ski.

Même si le psychologue respectait le secret médical, Isia et Pedge avait appris que leur amie était terrorisée à l’idée de rencontrer Pedge sous les traits de Teshara. C’était, pour elle, comme risquer de prendre deux nouvelles balles et de voir l’aventure s’interrompre pour de bon. En plus de ça, elle avait peur qu’on lui ai volé son amie texane et qu’elle ne soit plus jamais pareille. Nelly le redoutait au point, qu’avec son petit soucis de manque affectif, elle développait des trésors d’ingéniosité pour esquiver Allen le peu de fois qu’elle retournait sur Atlantis. Celle-ci n’avait jamais été aussi tranquille depuis que Nelly s’était éloignée. Mais à quel prix ?

Donc, chaque mois, Pedge recevait d’un seul coup les huit lettres manuscrite que Nelly avait cumulé et conservé précieusement. Toujours discrète, elle les déposaient furtivement dans sa boîte aux lettres professionnelles et Graham les récupérait. Isia en avait autant dans la sienne. Ce matin, donc, la liasse ficelée par un petit ruban rose pétard, signature de l’hispanique, attendait sous la coupelle avec le reste du courrier personnel.

« Mi Pedgy,

Paradize est un beau coin, je bichonne mon Jumper et je continue de vivre dedans. C’est comme mon camping car volant pimpé. Y’a Isia en vahiné qui danse à côté de ta photo. Je continue de me remettre. Mais je vais pas aux fêtes de tous ces vacanciers. Je sais pas, je crois que j’ai peur de faire une bêtise. De boire trop et de me réveiller dans les mauvais draps. De croiser Teshara Lays. Ou qu’on me rappelle et qu’on me dise que je ne pourrai plus jamais monter dans mon coucou.

Il y a des beaux garçons sur la petite station de ski. En plus, c’est si petit qu’ils se lavent parfois à poil dans la neige. J’en ai bien profité avec mon coucou occulté, franchement, c’est à faire au moins une fois dans sa vie. C’est comme mater sur un écran géant avec résolution HD et possibilité de zoom ultra précis.
Si tu veux, je t'emmènerai un jour. Quand ça ira mieux. On ira sur la plage des chicas naturistes (je crois qu’il y en a une secrète à l’Est) et on donnera des notes aux filles. Bon, t’as Isia, mais il doit bien y avoir d’autres tops modèles qui attira ton oeil ! On mangera des pops corns en comparant nos goûts !!!
Ca m’éclate en tout cas, c’est bien. J’ai pas tout perdu. Ca veut dire qu’elle est pas finie la Nelly, hein ?

Vous me manquez toutes les deux. Mais, je me répète, je sais pas comment faire. Je sais pas comment faire pour te faire sourire, te habla, te faire soupirer avec toutes mes bétises, alors que tu n’as plus la même tête. Plus le même corps. Et surtout ce visage-là.
Toutes les nuits il me hante. Des fois je tombe de ma banquette du Jumper (faut dire que je fais des noeuds avec mes jambes et mon plaid aussi, ça aide pas.) et j’ai soudainement mal là où j’ai pris les balles. Alors que Papa dit que je me suis bien remise...

Ne croit jamais que je t’en veux mi amiga. Mais...quand j’y pense...je frissonne.
J’ai peur Pedge. Si tu savais comme j’ai peur...
Je crois que j’ai jamais eu peur comme ça. C’est comme attendre un coup fatal qui vient pas. Des fois, je cherche même dans mon jumper verrouillé à triple tour. Il y a rien...mais je continue de sentir que c’est dans mon dos.

Je sais que je ne devrais pas te dire ça. Et puis si ça se trouve tu t’en fiches. Surtout si je risque de faire du mal à ton petit coeur tout doux. Tu vas mettre tout plein de barbelés, des tranchées, des mines et des obus. Comment je fais, moi, pour te le réchauffer hein ?!?

Des fois, je revois le visage. D’autres fois, c’est celui de mi Pedgy qui débarque.
Alors je sais plus où j’en suis. Je sais pas si c’est si utile de t’écrire. Je sais même pas si tu me lis. Juste que ça me permet de te garder comme avant, quand c’était bien et qu’on s’amusait ensemble, à notre manière.

Bon, il y a de bons signes quand même. Je regagne du poil de la bête. Avec tout plein de projet sympa. Par exemple, un de ces jours, je vais teindre quelques mèches de cheveux de Papa pendant son sommeil. Qu’est-ce que tu trouves le plus sexy ? Du bleu ciel ou du rose licorne ? Tu m’aides à lui trouver une couleur qui la rend encore plus atractivo ?

Sinon toi…
Toi…
J’ai envie de te faire un gros calin et de pleurer dans tes bras.

Ton visage dur qui fait comme si j’étais la plus mauvaise et ridicule des soldats, il me manque en fait. Quand tu souffles ton cheveux qui veut jamais aller dans le chignon. Ou quand tu me regardes en secouant doucement la tête, sans vouloir m’offrir le sourire que je cherche. Avant que tout ça arrive, je voulais t’apporter un muffin en faisant du monocycle. Je commençais même à trouver l’équilibre, encore une semaine et je te faisais le sketch. Mais...c’est arrivé.

Peut-être que si je revenais te voir, je pourrais faire tout ça. Après tout, tu es la même en dedans. Et tu peux toujours souffler une mèche et me regarder comme si j’étais une méchante soldate. Mais...j’ai peur mi Pedgy. J’ai vraiment peur.

J’ai pas envie de te perdre, tu sais. Tu es ma Walker Texas Môman à moi. Tu arraches les têtes des vilains méchants Wraiths. Tu fais de grandes missions. Et tu m’as sauvé la vie dans le croiseur.

Tu ne m’en voudras pas si je te dis que je t’ai pris en photo, une fois, quand tu dormais dans ton bungalow ? Je la regarde tout le temps quand je t’écris pour me motiver, ça m’aide à pas penser à la douleur.
Bon, tu as un petit filet de bave qui coule et un sein qui sort de ton t-shirt. Tu devrais vérifier la taille de ton vêtement quand même. Et penser à fermer ta fenêtre aussi... (pis ce jour-là, ça m’a confirmé qu’il y a que les garçons qui m’intéresse). Mais t’es toute craquante dessus avec ta bouille endormie.

J’espère que tu vas bien et que mes lettres ne te font pas de mal.
Tu es ma famille, comme mi Isia. C’est juste que je ne sais pas du tout comment je pourrai faire pour te regarder. Et pour te jouer des tours. Je reste sur Paradize en attendant. Tant qu’on me rappelle pas, je reste. Et j’espère qu’on ne me rappellera jamais.

J’en ai tellement envie pourtant. C’est très paradoxal. J’ai tellement de farces à te faire. Tellement de bêtises à tester. Et puis tu m’as toujours pas dit oui pour que je te vernisse les ongles et que je te brosse les cheveux. Ce serait cool quand même.
Tu préfères ça ou qu’on mange des pops corns en matant les chicas naturistes ?

Je pense...que tu n’as jamais eu autant la paix depuis que je suis partie.
Honnêtement...est ce que ça t’arrange ?

Nelly. »

« Capitaine. » fît poliment Graham pour l’arracher à sa lecture. « Votre premier rendez-vous est arrivé en avance. Judith Taffola, sergent de l’US Air Force, qui souhaite vous reporter un cas de harcèlement dans la zone de cantonnement D-12, votre juridiction administrative. Je la fais attendre ? »


(c) AMIANTE


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Lun 27 Avr - 17:43

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


« Non, faites entrer. », demanda Pedge en relevant le nez de ses lectures matinales. Elle était parvenue au bout de la lettre longue et fastidieuse de Nelly. Qu’elle refuse de la voir l’atteignait plus qu’elle ne voulait bien le dire. Elle lui disait que ce n’était pas grave, qu’elle comprenait et qu’elle pourrait revenir quand elle le sentirait, quand ça irait mieux, et que rien ne changerait. Mais que pouvait-elle dire de plus ? Elle répondait à chaque fois à ses messages pour essayer de la rassurer, à sa façon, avec son phrasée et sa personnalité. Pedge n’était pas une grande psychologue, et elle avait tendance à traiter le mal par le mal.

Sauf quand il s’agissait de causer vomissure…

Même avec ce corps, elle avait toujours la phobie de ce genre de chose. Cela n’avait pas changé. Elle s’était habituée à cette enveloppe charnelle mine de rien. Maintenant qu’elle était coincée dedans, elle n’avait pas eu le choix. Certes, son moral fluctuait assez régulièrement, et personne ne pouvait lui en vouloir, mais elle faisait contre mauvaise fortune bon coeur. Cela ne l’empêchait pas de maudire Lays, et d’espérer retrouver son corps, celui dans lequel elle était née et que Méda’Iyda avait souillé. Mais ça restait le sien.

La perspective de répondre aux deux courriers allaient pouvoir lui changer les idées pendant qu’elle recevrait les doléances de son équipe. Franchement, c’était une coutume qu’elle n’appréciait pas du tout. Cela l’ennuyait à un point tel qu’elle méditait sérieusement à déléguer à quelqu’un. Cela faisait vraiment la Reine Pedge et sa cours, jugeant de ce qui était bien ou pas, donnant sa justice ou sa bénédiction.

RE-BAR-BA-TIF !

Pedge savait très bien d’où venait le petit-déjeuner que son aide de camp disposait les matins où elle était là. Elle lui avait déjà dit que s’il continuait comme ça, elle allait devoir doubler ses séances de sport, mais il s’y tenait. Elle n’aimait pas trop l’idée qu’il prenne des largesses en soudoyant quelques personnes pour l’obtenir, mais elle fermait les yeux. Ce garçon était un modèle de loyauté et de franchise. Qu’il soit aussi méticuleux et pointilleux étaient un luxe rare de nos jours, et elle voyait bien tous les efforts qu’il faisait pour rester à sa hauteur. Elle ne demandait jamais plus que ce qu’elle pouvait fournir ceci dit, aussi trouvait-elle ça normal d’avoir ce niveau de qualité de la part de son subordonné. C’était les attentions en plus qui marquaient vraiment la différence.

Enfin qu’importe.

Il était temps d’affronter la charge de son grade.

Le sergent Graham se leva pour se rendre jusqu’à la porte. Il l’ouvrit, disparut dans le couloir puis revint en compagnie d’une jeune femme d’une trentaine d’années. Tout ce qu’il y a de classique, ni moche ni belle, elle était sur son trente et un. Étonnamment vêtue de son uniforme d'apparat, elle entra dans le bureau et fît un salut impeccable. Dès qu’elle eut le signe du Capitaine, elle se sépara de son couvre-chef qu’elle coinça sous son bras comme le code l’exigeait.
« Mes respects, mon Capitaine. » s’exclama-t-elle d’une voix audible.
Son visage était morcelé par le stress qui avait dû couvrir sur de longues journées. L’aide de camp n’organisait qu’une journée pleurniche par semaine et c’était déjà trop pour l’officier. Taffola avait loupé de peu sa demande de rendez-vous et s’était retrouvée à attendre une longue semaine supplémentaire. Aujourd’hui, elle venait en uniforme de défilé, médaillée d’acte de bravoure et de deux Silvers Stars, une pour chaque blessure reçut en mission. Plus haut, une série de bandes colorées de ses différentes distinctions passées. Clairement, la militaire donnait l’air de jouer son va-tout. Elle eut des difficultés à organiser ses pensées maintenant qu’elle faisait face au Capitaine Allen. Mais après s’étre écorchée la voix sur quelques amorces de phrases mourantes, elle prit son inspiration pour déclarer de façon très nette :
« Madame. Je suis coupable de harcèlement ayant conduit à un suicide. L’enquête a établi un accident mais je vous garantie que non. Je me dénonce… ainsi que la section composant mon dortoir. »

Le silence tomba.
Il trancha net, comme un couperet, figeant même James qui était à mi-chemin de poser son séant. Son regard se durcit un petit instant, signe qu’il ne s’attendait pas du tout à un tel sujet pour débuter la journée pleurniche, et il fixa immédiatement son Capitaine pour connaître sa décision. Allait-elle la renvoyer vers la police militaire ?

Pedge s’était au moins levée pour répondre au salut de la jeune femme avant de se réinstaller sur son siège de bureau, assez confortable au demeurant, même s’il n’avait rien de bien exceptionnel. C’était rare d’avoir quelqu’un en tenue d’apparat pour ce genre de rendez-vous. Cela ne présageait rien de bon, car on ne venait pas bien habillé devant les huiles pour rien. Soit on essayait de vendre quelque chose, soit on essayait de se faire plus beau qu’on ne l’était.
Manifestement, le deuxième cas allait prévaloir sur le premier. Dans ce genre de parodie de royauté, Pedge était toujours attentive. Elle prêtait une attention pleine et entière à ce que pouvait raconter les personnes dans les premières minutes. Après, comme tout à chacun, elle perdait parfois un peu de concentration, et son esprit divaguait ici et là. Néanmoins, dans le cas présent, on ne pouvait pas dire que l’entrée en matière n’était pas soignée au niveau de la quatrième de couverture. De quoi commencer un roman.

« Je vous écoute. », déclara Allen en la scrutant du regard. Si les propos de cette femme étaient avérés, l’affaire était grave, très grave, et cela dépassait clairement ses compétences et sa juridiction toute relative d’officier.

Graham eut une réaction un peu vive. Il se cogna en terminant un peu trop vite son mouvement pour s'asseoir et passa sa main sous son bureau. L’air de rien, avec une trombine d’innocent, il sortit du tiroir son dictaphone qui lui servait ordinairement à faire la liste des préparatifs pour l’officier. D’un geste habile, il déploya les petits pieds de l’appareil rectangulaire et le posa sur son bureau, son doigt appuyant sur le signe de l’enregistrement. Son acte n’avait pas pour vocation de dénoncer Taffola, elle aurait à faire sa déclaration à la police militaire, mais James devait prévoir la rédaction d’un compte rendu qui ferait gagner un temps fou à l’officier. Surtout si la police militaire lui demandait un retour.

« Capitaine, je crois que 2015 ne vous est pas inconnu. L’époque des viols qui a secoué la cité. Il y a un soldat qui a été gracié par la cour martiale. Rafaël Gladney. Un type un peu… simple je dirai. Pas très charismatique. Le genre a envier sans jamais franchir le pas. »

Discrétos, Graham fit mine d’avoir repris son travail dans son coin. Il tapait sur son clavier sans que cela ne s’entende par Pedge ou la plaignante. Au début, il usait d’un clavier mécanique qui envahissait la rude journée des cancans et des pleurnichards d’une pluie de cliquetis sonores. Les quelques oeillades inexpressives mais hurlante d’agacement du Capitaine l’avait convaincu à s’en procurer un autre, conçu pour la discrétion. Manque de chance, vu le temps pour se faire fournir du matériel, il lui avait fallu lui demander un papier, signé de sa main, demandant au Dédale une fourniture prioritaire. Le résultat était là maintenant. Non seulement James ne la saoulait plus en tapant sur son clavier. Mais il pouvait également l’assister dans son travail en temps réel. Et sans qu’il n’attire l’attention.

L’aide de camp se connecta à la base de données, usant de ses accès spécifique grâce à sa fonction. Son niveau d’accréditation n’était pas mirobolant mais ça lui permettait de préparer des documents et sortir des dossiers en avance. Faire des merveilles en quelques clics. En une minute, le format informatisé du première classe Rafaël Gladney apparut discrétement sur l’écran allumé de la texane. Bien référencé comme occupant du même dortoir que le sergent Taffola. Le dortoir mixte 27.
Loin de se rendre compte du suivi en temps réel de l’aide de camp, la militaire poursuivit dans sa déclaration.

« Il a toujours eu un faible pour Terri. Alors… je crois qu’il a été poussé au vice en 2015. Il n’est pas allé plus loin que des attouchements. Et comme je vous l’ai dit, la cour martiale l’a gracié. Mais… ça a pas été suffisant pour elle. Terri… a changé. Et elle s’est vengée. »

Bon, puisque différents noms commençaient à apparaître dans son discours, l’écran de Pedge matérialisa les dossiers des occupants du dortoir 27 du cantonnement D-12. Sa souris bougeait toute seule sur le bureau, signe que Graham avait pris la main et organisait l’affaire pour lui amener l’information. Un rapide triage et le recadrage des fenêtres présenta l’ensemble des occupants. La fameuse Terri y était. Taffola, quant à elle, avait une mention d’alerte psy sur son dossier que James surligna volontairement pour attirer son attention. Les yeux de la texane scrutaient la jeune femme, non sans faire quelques aller retour de temps en temps sur son écran, tandis qu’elle conservait les mains jointes devant elle dans une position d’écoute. Elle se demandait combien de temps encore la cité devrait faire face aux conséquences de cette année désastreuse.

« Il lui a fallu longtemps mais elle a réussi à se faire aider d’un mec administratif. Je ne sais pas qui c’est. Un type qui attribue les places en dortoir pour le compte des militaires. Terri a fait venir Rafaël chez nous, dans un quartier mitoyen au sien. »
Sa gorge s’était serrée. Elle essayait de rester concise tandis que l’ordinateur magique était passé sur la recherche des notifications administrative. Champ de recherche, nom, mot clé. Et pouf ! Le document d’attribution pour le première classe Rafaël l’amenant dans le dortoir 27 se matérialisa en plein milieu. La victime potentielle avait été envoyé l’année dernière. Motif : rapprochement du site d’embauche, l’administrateur responsable de la mutation était un certain Douglas McEghan.
« Je vous ferai perdre votre temps en détaillant, mon Capitaine. Alors... »
La jeune femme posa son couvre chef et écarta sa veste. Le visage décomposé, elle en sortit une tablette de petite taille qu’elle alluma avant de le lui tendre.
« Il y a trois vidéos, madame. »

Quand Pedge appuya sur la lecture, elle vit le film d’un groupe de femmes dans la salle centrale du dortoir. Les cellules attenantes composant des chambres uniques portaient les noms de chacun...sauf celui du concerné qu’un panneau désignait comme “LittleNuts”. Facilement traductible par “petites couilles”. Le type avait été attaché contre le mur par une centaine de bandes de rouleaux adhésifs. L’une des filles terminait l’immense amas qui collait le soldat contre le mur, jambes et bras écartés. Tout le monde pouffait, riait, comme si elles avaient fait la blague du siècle. Rafaël Gladney avait effectivement les mimiques d’un pauvre hère qui avait été séparé trop rapidement des jupons de sa mère. Son visage de tête à claque donnait l’impression d’une légitimité dans la sévice qu’il subissait alors qu’il n’en était même pas concevable. Le type n’avait pas l’air exceptionnel, pas super fin, et trop réservé. L’exemple d’un faible et d’un pigeon. Son champ d’expertise lui avait pourtant permis d’accéder au Programme Atlantis. Les larmes aux yeux, il fuyait clairement les regards des jeunes femmes qui lui demandaient s’il se sentait à l’aise.

Pedge restait impassible. Dans un autre contexte, elle aurait pu apprécier ce qu’elle voyait, même trouver de l’amusement à participer à ce genre de chose. Si la victime était d’accord. Et que ça restait avant tout un jeu pour adulte. Un peu décalé, un peu pervers, malsain, mais si tout le monde était d’accord et que le plaisir était au rendez-vous à la fin, alors quel mal y avait-il ?
Dans le cas présent, l’image montrait clairement que le type accroché au mur était tout sauf d’accord. Cela rendait la situation malfaisante. On aurait pu croire que c’était surjoué, que la mise en scène montrait ce type avec les larmes aux yeux avant que les filles ne le détendent pour lui faire du bien, comme une ôde à la gloire masculine qu’elles se disputeraient toutes, et qui était souvent centrale dans les films de cul, mais le côté amateur de la vidéo et le contexte dans lequel elle se retrouvait à la regarder ne laissait présager aucun doute quant au caractère humiliant de la scène. La volonté de nuire était manifeste.

La fameuse Terri passa dans le champ de la caméra une fois que le boulot fût terminé. Elle agrippa le jeune homme par la tignasse et lui écrasa la tête contre le mur, seule partie de son corps qui n’avait pas été scotché.
« Ca fait quoi d’être la pute d’une femme ? » lui demanda-t-elle d’un air mauvais.
Elle mima sous son nez une masturbation masculine se terminant par une éjaculation très productive qui aurait collé cet homme contre le mur. Comme si c’était elle qui l’avait fait, qui l’avait scotché par ce fluide corporel de grande envergure. Rafaël profitant d’être libéré de l’entrave sur sa tête se contorsionna pour enfoncer son visage contre sa propre épaule, espérant fuir ce qu’il ne pouvait qu’encaisser. La Terri lui claqua le visage pour le narguer un peu plus avant de s’en aller.
Une des occupantes rigola en lui disant combien il était sexy dans sa “nasse à foutre”. Et la voix du sergent Taffola lui conseilla d’être bien sage pendant leurs absences. C’était visiblement avant le service actif.

Deuxième vidéo. La victime était penchée au-dessus de l’évier de la cuisinière. Il récurrait et astiquait un uniforme couvert de boue, le torse cerné d’un amas de tissu rose vif rappelant un tablier. Manifestement, il avait été transformé en bonne à tout faire et s’occupait de la lessive de ces dames. La vidéo naviguait d’un visage à l’autre. Les occupantes militaires étaient, semble-t-il, ravies du sort de cet homme, de la peur qui l’étreignait et des tremblements que l’on devinait dans ses gestes. Il s’était même rabougri, sursautant quand une des filles faisait claquer son verre sur la table. Dans cette vidéo, on voyait le sergent Taffola qui riait, une cigarette en main, participant clairement à cet état de fait. Il n’y avait, à ce moment là, strictement rien pour la racheter. Elle était bel et bien partie intégrante de ce harcèlement extrême.

Pedge ne put s’empêcher de lever les yeux vers cette femme qui se tenait maintenant devant elle, pimpante dans sa tenue d’apparat, exhibant ses décorations. Comme si cela allait la protéger. Ce ne serait qu’un poids de plus sur ses épaules quand elle serait accusée de ce que l’officier pouvait constater sur les images. Elle reporta son attention sur la vidéo quand un autre verre claqua et que le type poussa un petit couinement.

Trente secondes plus tard, Terri était venue auprès de lui. Elle semblait avoir pour lui des gestes d’affection, comme d’une femme amoureuse ou qui aurait aimé une belle aventure, mais le visage grevé d’une expression intensément malfaisante. Rafaël était recroquevillé en nettoyant encore plus énergiquement une tâche qui ne voulait pas partir. Il savait ce qu’il l’attendait et il en était terrorisé, il l’était au point que son regard était devenu presque animal, comme un gibier sans défense pris au piège. Terri lui passa un bras autour des épaules et commença à l’attirer vers ses quartiers. Sa victime résistait. C’est lorsqu’elle commença à y mettre de la force, l’empoignant violemment par la tignasse et la ceinture, que cet homme poussa un cri tout à fait inhumain. Un « NONNNN » paniqué, mélangeant un déclenchement soudain de sanglots et de terreur. Cet homme parvint à échapper à sa tortionnaire. Il glissa sur le sol, déclenchant l’hilarité du reste du groupe, et rampa comme un être épouvanté par une mort intérieure, une mort inéluctable. Il se hissa jusqu’au bord de l’évier en récupérant son équilibre, s’arma de la brosse et frotta énergiquement. Il récura l’uniforme de Terri avec une telle vigueur et une telle ferveur qu’il espérait être gracié. Le champ de la caméra avait montré des femmes moqueuses qui prenaient leurs pieds à voir sa détresse. Sauf Taffola qui donnait l’air de se poser des questions, de se demander si les bornes existaient encore à ce stade là.
Rafaël récolta pour sa résistance qu’une odieuse prise commando cernant son cou et l’étranglant brutalement. La brosse s’envola, l’eau avec, et Terri serrait si fort que Rafaël se laissa conduire dans sa chambre, la bouche ouverte et la langue sortie de toute sa longueur.
« Qu’est-ce qui t’arrive. Tu bandes plus mon petit loup ? Tu l’as voulu, tu l’as !!! »

Les portes Lantiennes l’enfermèrent dans les quartiers, Terri et la victime disparaissant. Il y eut quelques cris bien vite tût par des chocs puissant. Les autres filles venaient de lever leurs verres en leur souhaitant une belle aventure. Taffola aussi, par pure hypocrisie et suivre le phénomène de groupe.
Le cri de Rafaël, son cri de détresse provenant de l’âme, l’avait pourtant ébranlée. Elle tentait de rester digne et d’assumer ce dont elle était coupable. Mais même s’il était trop tard, elle ne parvenait pas à s’empêcher d’être touchée en plein coeur. D’être dévorée par les remords. Taffola avait maintenu son visage droit, le menton levé, même si l’expression de son visage concluait à une mise à mort professionnelle qu’elle assumait très difficilement.
« Il en reste une… Capitaine... » parvint-elle à articuler.

La plus sordide était pour la fin.
Une vidéo que le sergent avait réussi à se procurer, ou plutôt à voler, dans les sales petites affaires de Terri. Ce qu’elle lui faisait subir lorsqu’elle l’emmenait dans ses quartiers. Le plan était fixe sur le soldat mis à nus, tremblant de spasmes incontrôlables de la tête aux pieds, la virilité étonnamment gonflée. L’excitation était manifestement forcée, probablement par la médication, car l’homme était tout sauf dans un état d’excitation sexuel. Il fuyait du regard le passage de sa tortionnaire. Elle faisait des allers et retours devant lui en faisant danser une batte sur laquelle avait été gravé “2015”.
« Allez, mon pti chéri ! » siffla Terri.
Le soldat porta ses mains jusqu’à son cou et défit sa plaque militaire. Il replaça son collier identifiant pour le sertir autour de ses parties génitale et son engin toujours droitement levée. Il entonna alors d’une voix traumatisée et suppliante l’hymne américain. Terri tiqua, peu satisfaite de sa prestation, et lui fila un puissant coup dans le bide. La voix de Rafaël s’étrangla et il s'aplatit sur le sol, le souffle court, laissant paraître une souffrance particulière et les côtes serties d’énormes hématomes.
« Couché !!!! »
On aurait cru qu’elle lui offrait la liberté. L’homme rampa jusqu’à un panier pour chien au pied du lit et s’y lova, prenant la position foetale tout en espérant échapper aux prochains coups de batte. Quand elle s’approcha, le bourreau trouva amusant de tester sa réaction traumatique par des petits coups de pieds. Elle s’agenouilla finalement, faisant immédiatement tourner la tête du jeune homme dans une posture de pleine soumission. Terri en prenait son pied. Elle passa la batte sous le menton du type qui gémit de peur et se laissa guider. Elle orienta son visage vers l’oeil de la caméra.
« Tu vois ça ? T’es dans la boîte. J’ai un tas de copines qui seraient heureuse de t’afficher dans toute la cité. »
Elle se pencha et lui fit un clin d’oeil.
« En attendant, on en revient à nos petites affaires. Refait-le...2015... »
« Pi...pitié...pitié...je...pitié ! » se plaignit Rafaël les mains jointes, la suppliant.
« Refait-le où je te pète les dents ! » Siffla-t-elle d’un air très mauvais.
Le soumis était pris. Il ne semblait pas avoir d’autres alternatives que d’avancer sa main pour rechercher l’un des seins de Terri au travers de son uniforme.
« Pitié...pardon ! Pardon Terri ! NONNNN PARDON !!!! »
Et cela ne la retint pas. Elle déclencha au contraire un terrible déferlement de haine, la faisant se redresser pour abattre sa batte à plusieurs fois, faisant hurler le simplet qui n’espérait plus qu’une chose : que tout s’arrête un jour.

La vidéo prit fin à ce moment-là. Le Sergent Taffola en pleurait silencieusement, muette, le simple bruit des coups l’avaient fait sursauté et fermé les yeux. Le cri de l’homme semblait l’avoir littéralement hanté.
Pendant ce temps, James avait fait une petite enquête. Une bonne douzaine de documents informatisés avaient progressivement envahi l’écran de Pedge. Pour que le résultat soit optimal en un minimum de temps, James usait de l’outil post-it. Il était conscient qu’elle ne pouvait pas naviguer entre la plaignante et son écran bondé sans s’y perdre. Alors James avait fixé en évidence les deux post-it. Il en avait collé un de chaque côté de l’écran. Intitulé “Rafaël” d’une part, et “Abominable” de l’autre. Il lui faisait la liste des points importants en les plaçant en gras. Un coup d’oeil et Pedge obtenait l’essentiel de l’information condensé en seulement quelques tirets.

Rafaël :

Trois blâmes pour non présentation au rapport quotidien
Deux blessures pour “accident domestique”
Alerte psy, a été placé en mi-temps thérapeutique (+50% de temps de repos au dortoir)
Aucune trace de dépôt de plaintes
Aucun amis connus
Retour de collègues le désignant “absent” dans l'exercice de sa fonction (comptabilité paie US Air Force)

Abominable :

Un blâme pour insubordination officier
Trois semaines d’hospitalisation en 2015
Alerte psy, dégradation du comportement, retrait des fonctions militaires
Reprise en 2016.
Amélioration comportemental. Même année qu’arrivée Rafaël dortoir 27
Signalée par sécurité pour port d’armes non conforme (taser, batterie 40%). Trace d’utilisation.
Entourage connu : dortoir 27, McEghan, Lieutenant Begitt.
Retour collègue désignant “au meilleur de sa forme”.

Une autre arriva peu de temps après. James avait écrit en rouge.

Taffola :

Retirée du service actif il y a un mois. Décision médicale : portée manquante aux deux derniers rdv suivi psy.
Retrait du service la semaine du décès Rafaël Gladney. Tir dans la tête, rapport avalise cause accidentelle durant manoeuvre d'entraînement à balles réelles.
Déclarée par service de sécurité, vidéosurveillance, échauffourée avec soldat féminin. Description concordante Lieutenant Begitt. Semaine dernière.

« Mon Capitaine, je viens me rendre... » dit-elle, deux sillons de larmes encore visible sur ses joues. « Je suis coupable. Je me rends, je suis prête à témoigner. »

Pedge était de marbre. Elle était sidérée de ce qu’elle venait de voir. Comment cela pouvait-il se passer dans cette cité ? Comment était-ce possible dans une section militaire ? Elle ne comprenait pas. Etait-ce pour ça qu’elle montait les échelons ? Parce qu’elle trouvait ça affreux ? Et que les trous de balles comme ceux qu’elle venait de voir sur la vidéo trouvaient ça normal ?
On était loin du scénario un peu musclé de domination féminine qui se terminait bien. Très loin. Ce pauvre type avait été poussé à bout par ces femmes et il avait terminé par se coller un pruneau en pleine tête pour en finir. Cela ne devrait pas arriver. Vraiment pas. Le fait que ce soit dans sa section lui mettait particulièrement les boules.

« Vous n’aurez aucune faveur en venant me voir directement moi plutôt que de parler à la police militaire. », fit Pedge en changeant le terme “abominable” du post-it de James en : “Terri” via son propre clavier.
« Je ne demande aucune faveur ! Je veux que ces preuves ne se perdent pas ! »
La jeune femme soupira. Elle marqua une pause et ajouta d’une voix moins formelle :
« Je...je me suis mariée mon Capitaine. L’an dernier, avec un Natus. Je ne savais pas où aller, à qui le dire, je ne sais pas jusqu'où va les faveurs pour Terri. McEghan, Begitt, qui d’autre ? »
Elle renifla.
« Je lui ai tout avoué pendant ma permission. Il paraît...que vous êtes reconnue là-bas. Mon mari m’a dit que vous êtes une incorruptible. Une force. Que votre jugement serait sans faille alors... c’est à vous que je me rends, mon Capitaine, avec ces pièces à convictions. Je... »
Ses mains se crispèrent, ses doigts palpant un endroit où il n’y avait plus d’anneau.
« Je me dénonce Madame. Je suis prête à assumer mon crime, mon silence, ma putain de participation. Je veux en répondre en cour martiale. Je veux que ces pièces à convictions ne se perdent pas. »

« Je vous rassure soldat, vous allez répondre de vos actes et de votre participation en cours martiale. Cet entretien, mon témoignage, celui du sergent Graham ici présent, ainsi que les différentes pièces du dossier que vous venez de nous donner, seront transmis à l’office spéciale d’investigation de l’Air Force, qui mènera son enquête. En attendant, je vais procéder à votre mise en détention provisoire en attendant de vous transférer sur Terre pour être mise à disposition des agents spéciaux. », répondit Pedge d’une voix ferme en la toisant simplement. Impossible de trop savoir ce qu’elle pensait exactement. Si ça ne tenait qu’à elle, elle n’aurait aucun traitement de faveur d’aucune sorte. Elle devait porter la responsabilité de la mort de cet homme comme sa tortionnaire principale. Elle avait choisi d’être complice, elle ne méritait rien de plus, fut-ce-t-elle rongée de remords.

Pedge se leva, contourna son bureau, et s’approcha de la jeune femme. « Tournez vous. », lui demanda-t-elle sobrement.
Taffola semblait comme résignée. Elle salua militairement comme pour insister sur le fait qu’elle conservait, pour elle-même, le fait qu’elle avait été bon soldat il fut un temps. Puis elle se retourna pour présenter son dos.
La texane lui attrapa les bras, pour les passer dans son dos, et elle fit un signe de tête à son ordonnance qu’il vienne lui passer les pinces ou un serflex. C’était ces derniers qu’il avait dans son bureau. Le jeune homme passa les liens en plastique qu’il ressera sans excessivité. Après s’être assuré de la bonne mise en place, il question Pedge du regard.
Devait-il prendre le relais ?
La jeune femme opina du chef en le toisant avec un regard lourd de sens avant de retourner vers son bureau pour les observer disparaître.



(c) AMIANTE

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Lun 27 Avr - 17:48

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Quand l’aide de camp s’était éloigné, il avait rencontré le prochain rendez-vous de son Capitaine. Il lui demanda de lui rappeler le motif de sa visite. S’en était si risible qu’il lui demanda de patienter quelques minutes avant d’entrer de lui-même. Si ça avait été une ralerie trop ennuyante, James aurait demandé au concerné d’attendre son signal. Mais là, il s’agissait d’un homme que Pedge connaissait et qui pourrait même, “presque”, se montrer rafraîchissant.
Will Sandoval passa par la porte Lantienne avec le regard grave. C’était évident qu’il avait vu son prédecesseur quitter son bureau, mains ligotés, avec cet air de total abandon. Ce n’était pas pour le rassurer alors, en s’approchant, il se décida de faire un effort sur sa présentation. Clairement, il s’était levé, habillé à l’arrache, pour se présenter à son rendez vous trop matinal. Distraitement, il chassait les miettes issu de son pain au chocolat qui garnissaient encore son uniforme.
D’ailleurs, en remarquant quelques taches de gras, il tenta de frotter tout en comblant la distance entre lui et l’officier Allen. Il manqua de s’emmêler les pinceaux durant le voyage et trébucha avec ses propres pieds. Comme d’habitude, Sandoval était un véritable somnambule ses jours de pause. Les yeux encore bien collés, les cernes prononcés et la tronche de l’ado qui ne s’est pas lavé depuis deux jours, il offrit un salut militaire malgré tout idéal. Ca aurait été bien si le pan de sa veste ne fuyait pas de son pantalon par la braguette qui n’avait pu être remontée entièrement..

« Will Sandoval au rapport ! » fît-il d’une façon trop forcée.
Rien qu’à cette réaction, il aurait dit ça en baillant si l’officier ne l’intimidait pas. Là, il semblait essayer de conserver les apparences. En tout cas le peu qu’il restait. Will avait depuis longtemps perdu l’habitude de saluer avec droiture, ça se sentait, et il essayait de se donner bonne figure malgré un décorum allant à l’inverse.
Quand il eut l’autorisation de se placer au repos, il s’approcha simplement en posant ses mains sur le dossier du siège qui lui faisait face, lui permettant de s’appuyer sur celui-ci pour lui parler avec une légèreté plus que dangereuse...
« Ben dis donc ! Ca rigole zéro chez vous, cap’taine. La nana avec les serflexs qui sort de vot’bureau dès le matin, franchement, ça rassure pas du tout. » lui confia-t-il avec innocence. « Je comptais prendre la tangeante mais celui qui travaille avec vous m’a dit d’entrer alors... »
Il sourit avec une terrible naïveté.
« Me voilà ! »

« Et je vous écoute. », répondit Pedge toujours aussi loquace, en croisant les mains devant elle, sans rebondir sur les propos du jeune homme. Elle n’était pas là pour les terroriser, mais s’ils le pensaient, alors soit. Cela ne lui déplaisait pas d’inspirer une certaine forme de peur, même si elle ne s’en gargarisait pas. Elle préférait largement inspirer ses hommes que les faire flipper. Le management par la peur ne rend pas les hommes loyaux, au contraire du management par l’inspiration et le modèle. Et Dieu sait qu’elle avait bien besoin de les inspirer, les gars de Charlie. Elle n’avait toujours pas oublié.
Quoiqu’il en soit, elle avait passé les atours vestimentaires et la façon de marcher de Sandoval au peigne fin alors qu’il approchait pour se présenter. Maintenant qu’il était face à elle, elle le toisait tranquillement, en attendant qu’il développe ce pourquoi il était venu. La palme d’or revenait sans doute à son premier rendez-vous de la journée, mais Pedge savait qu’en matière de gestion du personnel, tout pouvait arriver. Aussi ne tirait-elle pas de plan sur la comète quand à la place numéro une de la journée. Si Sandoval avait quelque chose de pire que ce qu’elle venait de voir… Elle allait le tuer elle-même.

Le Canadien sorti de sa veste un papier qui avait trop vécu.
Froissé, réduit en bouillie puis remis à plat. Il y avait du scotch pour combler les brèches. C’était un avis de sanction, officiel, qui lui était adressé. Le jeune homme le posa sur le bureau de son officier avec un air un peu penaud, un léger sourire sur le visage, en essayant de faire tenir le document droit malgré ses fractures irréversibles.
« En fait, il m’est arrivé un truc pas cool du tout cette semaine ! »
Will débuta son explication, toujours debout. Il jouait toujours beaucoup de ses mains quand il évoquait un souvenir.
« Moi j’étais avec Elana dans les couloirs et je lui parlais restau. Enfin, j’veux dire par là que je l’invitais à dîner. EN TOUT BIEN TOUT HONNEUR HEINNN ! Mais du coup, vu qu’elle était pas tip top partante, ben j’ai essayé de la tenter avec de l’humour. »
Visiblement fier de lui, le génie à la langue trop pendue sourit avant de poursuivre.
« Eh, j’progresse mon Capitaine ! Là, j’ai réussi à la faire marrer trois fois ce mois ! C’est deux fois de plus que la dernière fois ! Bref...je m’égare. Donc je déconne un peu en disant que son fameux leggings qui lui a fait “sa réputation”, ça lui ferait une belle robe de soirée pour notre restau à la gauloise. Et là...ET LA !!!! »
Il ouvrit les bras en grand.
« Y’a un type tout rabougri qui débarque. La tête de fouine avec le regard vicelard. Il m’arrête et il me parle du “pas le droit de fraterniser” et de trucs bizarre concernant une charte et un protocole. Genre j’harcèle Elana, que j’ai pas le droit, et qu’il va me sanctionner. Alors, bon...Ce qu’il y a...c’est que le type, il ne portait pas ses galons. Alors j’ai pas bien réagi... »
Will était agité.
« Ben oui mais désolé Capitaine ! Vous, vous êtes toujours à quatre épingles. Vous avez le swag et ça sent le sérieux à quinze bornes. Même un sourd-aveugle-muet, il se mettrait direct au garde à vous sur votre passage. Respect et tout. Là, celui-là, il avait pas du tout la même dégaine. Il avait surtout l’air du type nouveau qui voulait flinguer mon coup ! Enfin...en tout bien tout honneur hein ! Et le truc qui m’a chauffé les esgourdes. Ben c’est qu’Elana avait filé à cause de lui. »
Ses bras continuaient de brasser du vent.
« Ca me l’a mis mauvaise parce ce qu’il a ruiné mon super plan infaillible de la mort ! Enfin...en tout bien tout honneur hein !!! Mais il continue de me parler de truc de règlement, d’alinéa et que j’vais pas m’en tirer comme ça. Alors j’ai encore plus rigolé. Et je lui ai dit qu’il savait même pas ce que ça valait un legging sur un p’ti derrière de Française. J’ai ajouté que vu sa gueule de top modèle, C’était grillé que c’était un gros jaloux. Et qu’Elana préférerait encore finir avec moi sans alcool que lui sous acide hallucinogène ! Bref, j’l’ai traité de GROS JALOUX !!!!
Et là, cette semaine...ben j’ai reçu ça...un blâme pour insubordination officier. Et je suis...je comprends pas ce qu’il y a marqué...déclaré à l’office de chez pas trop quoi pour qu’on me surveille.
»
Le visage du soldat s’était fermé.
« Franchement c’est pas cool Capitaine. J’vous jure qu’il s’était même pas annoncé. Il portait pas du tout ses galons. J’suis pas censé connaître tous les chefs. Vous, vous êtes la mienne, c’est différent ! En plus, vous avez la classe. Vous portez pas les galons, on sent quand même qu’il faut se mettre droit et fermer sa bouche. Mais lui, il avait vraiment pas la gueule de l’emploi. J’pouvais pas savoir ! Et en plus...Elana, j’ai vu son dos s’éloigner à cause de lui. Le mec vient comme ça et il met le bazar dans mes affaires. Enfin, heu, en tout bien tout honneur hein !!! »
Il se mordit les lèvres, géné.
« Vous. Vous me dites ça, je réponds pas. Respect chef ! Mais lui, il se prend pour qui ou quoi ? Vous pouvez pas intervenir Capitaine ? Parce que c’était pas du tout fair play là. Pis en plus, c’est vous mon chef. Alors je comprends pas trop ce qu’il vient faire avec son papier. Surtout qu’en plus, je déconne bien avec Elana. C’est vrai quoi, on est pote de section. Si je lui fait mal, elle me le dira. Ou y’aura Tim. Ou Rita. Iza. Même Matt. Ils me le diraient si j’étais trop lourdingue. Et l’mec, là, il débarque pour tout juger, comme ça, alors qu’il connait rien du tout...et il me fait passer pour un fou !!! »
Le silence retomba. Fin du long plaidoyer de Will.
Pourtant, son regard avait commencé à s’agiter un peu, comme s’il craignait une mauvaise réaction de son chef alors qu’il venait “en tout bien tout honneur” lui parler de cette sanction. Du coup, en tentant d’apaiser un peu la situation, il ajouta d’une voix minuscule :
« Heu...et sinon, ça va vous ? »

Pedge ne chercha pas une seconde à le couper. A dire vrai, elle prêtait une attention à ce qu’il disait, mais son cerveau avait envie de fuir vers des horizons plus sympathiques : répondre aux lettres par exemple. Son histoire ne l’intéressait pas vraiment. Elle était puérile à souhait. Et pas digne d’être traitée par un officier supérieur.
La jeune femme avait tiré, pendant son explication, le papier vers elle pour le parcourir des yeux. Il était signé du sous Lieutenant Bryatt, du service logistique de restauration. Encore un qui avait voulu faire du zèle certainement. On devait se faire chier en cuisine. Bref, là n’était pas la question.

Pedge poussa un soupir profond en ramenant son dos dans le dossier confortable de sa chaise de bureau. L’envie de se masser les tempes était forte, mais elle résista. Elle s’accouda sur les accoudoirs, joignant le bout de ses doigts entre eux, tout en considérant Will. Force était de reconnaître qu’elle avait un peu décroché, mais elle était persuadée qu’elle en avait gardé l’essentiel.

« Je vais bien, merci de vous en soucier, mais revenons à nos moutons. ». Le fait que gradée n’aimait pas ce genre de réunion pleurniche n’avait sans doute échappé à personne. Elle ne faisait rien pour le cacher en tout cas, mais malgré tout, il y avait toujours des personnes pour venir. A chaque fois.
Néanmoins, elle assumait sa charge. C’était son devoir. Et Pedge incarnait le devoir.
« Donc, je résume l’histoire. Vous bavassez avec Ravix, en tout bien tout honneur, j’ai compris. Un homme se ramène, en uniforme sans galons, et vous prends à parti sur les règles éthiques, vous décidez de répondre comme un parfait demeuré en le prenant pour un crétin jaloux, et vous recevez une sanction quelques jours plus tard. »
Elle reprit le morceau de papier entre ses doigts, le parcourant des yeux sans vraiment le faire en réalité.
« Et maintenant que vous savez que c’est un officier, vous continuez de vous montrer désobligeant à son encontre, sans faire preuve du respect qu’on attend d’un soldat. Sans parler de ce chiffon. »
Elle posa le morceau de papier qu’elle venait de qualifier. Bryatt avait certainement fait du zèle, elle en était certaine. Cependant, il appliquait les consignes, et les règles. Après les vidéos qu’elle venait de voir, qui n’étaient, en somme, que les conséquences de ce qui s’était passé en 2015 et des rancoeurs qui s’étaient accumulées au fil du temps, elle ne pouvait pas blâmer Bryatt de sauvegarder les intérêts d’une femme, même s’il s’est fait juge et partie dans l’histoire.
Comme elle à l’heure actuelle.

Mais sa fonction, son grade, le lui permettait. Là était la différence. Enfin presque.

« Vous effectuerez cette sanction. Je ne peux rien faire pour vous, malgré la pommade que vous essayez de me passer. ». Ce n’était pas la politique de l’armée de flinguer une sanction attribuée par un autre officier, sinon tout le monde allait se tirer dans les pattes. Néanmoins, elle aurait une petite discussion avec ce lieutenant. Elle nota son nom sur un post-it de son ordinateur, avec pour consigne pour Graham : convoquez le ce matin si possible.
« Mais….. »
« Que ce soit moi votre officier de section ne vous dispense pas d’obéir à la hiérarchie et de ne pas lui manquer de respect, surtout en présence d’un Capitaine. C’est du bon sens Sandoval. Je suis certaine que vous remettre la définition de la fraternisation en tête vous fera du bien. Vous pouvez disposer. ». La petite remarque sur la fraternisation était claire. Pedge l’avait à l’oeil à ce sujet. Elle n’était pas exemplaire, elle le savait, mais elle avait corrigé sa façon d’être. Maintenant, elle demandait à ses subordonnés la même chose.

Will Sandoval avait, à plusieurs reprises, amorcé un geste pour intervenir. A chacune des phrases posées et bien plus concises que les siennes, il avait voulu répliquer. Contre-argumenter, reprendre sa légitimité. En vain…
Le jeune homme cachait mal son envie de fraterniser avec Ravix, c’est vrai. Mais le fait que son officier soutienne le donneur de blâme lui fit blanchir les joues. Le soldat trouvait cela profondément injuste, surtout qu’il avait précisé qu’il n’aurait pas eu le comportement s’il avait su que c’était un officier.
Allen était fidèle à elle-même, fidèle au rude officier de Charlie. Mais sur le coup, il ne la trouvait pas juste. Il avait même l’impression qu’elle tirait sur l’ambulance pour lui faire fermer sa gueule, sûrement par rancune pour un truc qu’il avait fait avant. Le soldat se rémémora les points essentiels : chef pas contente parce qu’il venait se plaindre. Pas contente parce qu’il décrivait que le blâmeur était véritablement un con. Et pour finir, elle l’abandonnait dans sa merde.
« Mais... » fît Will une nouvelle fois, les épaules plus basse, d’une voix trahissant son ressenti d’injustice.
En plus, il ne trouvait pas spécialement qu’il lui plaçait de la pommade. Sandoval sentit l’envie de la mauvaise foi l’envahir. Son regard de chien battu fuyait un peu celui de la texane. Il trouvait ça dégueulasse, se disait que les officiers se couvraient entre eux quel que soit les circonstances. Et elle lui disait qu’il continuait de manquer de respect à un type qui, de base, en avait pas eu le moindre. Sans oublier qu’il ne s’était pas signalé officier.
Oui. Will allait être de mauvaise foi.
Il enfonça donc bien profondément ses mains dans les poches et il acquiesça comme un garnement boudeur. Il abandonnait.
« Ben d’accord ! »
Le jeune homme se retourna puisqu’il était congédié d’office. En rejoignant la porte, il haussa des épaules d’un air las, comme s’il ne savait plus quoi faire et disparut.

Pedge était déjà retournée à son ordinateur pour préparer la suite, et ordonner ses idées sur ces deux premiers rendez-vous. Qu’il boude ne lui faisait ni chaud ni froid et confirmait juste son impression que c’était un gamin.



En ayant pris ses deux premiers rendez-vous en avance, Allen avait la chance de pouvoir se poser deux minutes sans avoir à se demander qui, ou quoi, allait lui tomber dessus par la suite. Le sergent Graham l’avait contacté par radio pour l’informer que Taffola venait d’être remise à la police militaire et qu’il revenait bientôt. Du coup, quand quelqu’un se signala à la porte de son bureau par le son caractéristique Lantien, le genre de sonnette à l’Ancienne qui indique qu’on souhaite audience auprès de l’officier, elle savait déjà que ça ne serait pas son aide de camp.
Et que ce serait également une visite non programmée.

La porte dévoila un soldat solide et bien charpenté. C’était Wakks qui, comme d’habitude, débarquait comme une fleur, à l’improviste. Il tourna son regard en direction du petit bureau et afficha d’emblée une mine satisfaite. La dernière fois que Normann s’était pointé, il s’était adressé comme d’habitude avec son ton direct et beaucoup trop familier. Il s’en était fallu de peu que la température ne monte entre Graham et lui lorsqu’il lui avait dit que le laquais pour cirer les pompes “ça faisait trop”. Wakks ne mâchait pas ses mots. Il trouvait le coup de l’aide de camp complétement foireux.

“Tu vas virer Frei, si tu continues”. Lui avait-il dit en soutenant le regard de James.

Wakks dépendait de la juridiction du Dédale. A chaque fois qu’un retour se faisait sur son comportement, notamment l’insubordination, le militaire payait une note très salée. Caldwell ne le couvrait pas pour ses agissements et lui faisait regretter régulièrement ses faits et gestes. La meilleure arme ? Le faire devenir le laquais de Calahan pour une durée indéterminée. Mais voilà : Normann était surtout un dur au mal et une bourrique comme on en voit rarement. Tant que personne ne réussirait à le virer, il continuait de se comporter de la même façon. Et il encaissait les punitions comme un grand garçon.
Voilà pourquoi il n’avait pas changé d’un iota en s’adressant à elle, surtout en remarquant l’absence de son aide de camp.

« Mes respects, Allen. On peut causer deux minutes ? »
Depuis que le Capitaine avait changé de gueule et de corps. Et surtout depuis qu’il lui avait fait un petit interrogatoire à la sauce Wakks, les deux soldats s’esquivaient. Du moins, la discussion était devenue encore plus froide et courte qu’elle ne l’était avant. Norman ne donnait pas l’air d’être affecté par ça mais il maintenait sa présence dans le paysage.
C’était à croire qu’il veillait à ce qu’elle ne l’oublie pas trop vite. Puisqu’il se chargeait souvent des transports de plis entre le croiseur et Atlantis, l’homme s’arrangeait toujours pour se balader dans la cité. Régler ses comptes, faire parler de lui, ou passer un peu de bon temps.
Allen aurait pu croire qu’elle aurait été tranquille depuis que James recevait et triait le courrier. Mais parfois, Wakks déboulait comme un cheveux sur la soupe, sans la moindre diplomatie.
Il s’installa sur la chaise. Pour un peu, il aurait posé ses godillots sur le coin du bureau. C’était un projet pour plus tard : chaque chose en son temps.
« C’est à propos de Maria. »

Pedge n’avait pas relevé le nez. La démarche de Wakks, elle la connaissait par coeur. De toute façon, il n’y avait qu’un malotru comme lui pour débouler comme ça et balancer ça à un capitaine. Aussi comptait-elle l’ignorer purement et simplement jusqu’à ce qu’il y mette les formes de façon réglementaire, mais comme il s’installait et annonça le sujet de sa venue, elle fut contrainte de relever son nez de son calepin et de poser son stylo sans faire un bruit, pour croiser ses mains devant elle et le toiser d’un air neutre. De cet air qui voulait dire : “accouche”.
C’est très exactement ce qu’allait faire le militaire. Il ne se radinait pas pour ensuite jouer de l’info qu’il détenait.
« On sait tous les deux qu’elle revient pas de sitôt. Mais y’a une embrouille qui se profile. »
Il soutint son regard.
« Un pote de la PM m’a appelé. Trois abrutis ont été pris en train de faire du trafic dans les douches. Du coup, les copains font une putain de descente dans tous les vestiaires. Tous les casiers y passent. Je parie qu’ils vont même faire celui de Sheppard. T’en as pas entendu parler ? »
Le casier de Sheppard, c’était une blague. Pas le reste.
Normann attendait qu’elle lui réponde, qu’il sache s’il perdait son temps avec elle ou pas.
« Non, je n’en ai pas entendu parler. », répondit-elle simplement, se demandant où il voulait en venir.
« Ben je te l’annonce. Et y’a peut-être un ou deux casiers qui vont rapidement leur attirer l’attention. Le genre de casier qui donne une bonne vue imprenable sur les douches et qui sent le parfum espagnol...si tu vois ce que je veux dire. »
« Et alors, il n’y a rien de compromettant dedans. », observa Pedge.
Wakks ricana.
« Ouais. J’espère qu’ils se diront la même chose. »
Le soldat la mira un instant.
« Je te pensais plus prévenante Capitaine. Mais je m’y attendais. »
« Comment surprendre Monsieur Wakks ? On se le demande. », soupira-t-elle en faisant de l’ironie mal dissimulée.
« Ben tu pourrais me surprendre. Comme par exemple... »
Il fît jouer le suspens, tandis que Pedge le défiait d’un regard de tueuse de continuer sa phrase.
« Lever ton gros cul de ce siège et régler tes comptes avec moi sur le ring du Dédale. T’en crève d’envie, c’est grillé. »
« Toujours à prendre tes rêves pour des réalités. Je n’ai pas de temps à perdre. », répondit-elle d’un air hautain.
« T’as vraiment pris la mauvaise direction depuis que tu as changé de gueule Capitaine. »
« Peut-être que tu devrais changer de gueule pour prendre la bonne direction à ton tour. »
« Chacun son rôle, Allen. Moi j’suis là pour faire la merde du soldat. Toi t’es la montgolfière qui a pris son coup d’air chaud une fois de trop. »
Il ouvrit le pan de sa veste et en sortit une flasque qu’il ouvrit tranquillement, rien que pour l’emmerder.
« Tu te débarasses des poids morts pour grimper, j’te félicite. Et quand tu seras suffisamment haute pour voir ton foutu ballon exploser, y’aura plus personne pour te rattraper. »
Il leva sa flasque dans sa direction comme pour trinquer.
« À ton évolution ! »
« C’est le gars qui s’promène tout le temps tout seul et qui boit dans son coin qui est en train de me parler de mon entourage ? Intéressant. ». Pedge se cala dans son siège, et ajouta : « En attendant, j’ai du boulot pour gonfler mon ballon, alors si tu n’as rien d’autre à me dire, tu connais la sortie. »
« Ca choque la vérité, hein ? » fit-il en ignorant parfaitement son invitation à sortir. « J’viens te parler de Maria, t’en as rien à branler. Les autres ça doit être la même. Qu’est-ce qu’il te reste, en fait, à part ce corps de blondasse détesté par la moitié de la cité. »
Il se garnit d’un sourire mauvais.
« Je parle pas de l’autre moitié, Capitaine. Hommes, femmes, enfants, chiens, ils lui sont tous passés dessus. Y’a même plus de secrets. »
Pedge fit un gros effort pour prendre sur elle et ne pas l’envoyer chier une bonne fois pour toute.
« Tu viens de me parler d’une visite de casier pour trouver des trucs pas net, Nelly n’a rien d'illégal là dedans, et si c’est le cas, elle aura cherché les emmerdes qui lui tomberont dessus. Je ne suis pas Capitaine pour couvrir mes amis. », répliqua-t-elle peu amène.
Wakks l’attendait ce coup-là, justement.
Il rangea tranquillement sa flasque et se redressa, les poings posés sur le bord du bureau, pour envahir son espace et lui buffler son haleine teintée d’alcool sur le visage.
« Ouais. Par contre tu comptes sur les copains pour te filer un coup de main. Les gars du technique en taule. Maria qui pique un jumper pour venir te chercher. T’es qu’une minable Allen. »
Il avait bien détaché ses mots pour qu’elle l’entende.
« J’vais débarrasser son casier. Parce qu’elle en a suffisamment sur la gueule comme ça. Et vu que tu parles de couverture... »
L’homme exhiba une cartouche utilisée. Une douille de fusil dont les traces de poudres noires indiquaient l’usage récent.
« Ben j’ai pas besoin de te filer ça. »
Wakks sourit et s’écarta de son bureau.
« Tu devrais oublier que t’as des amis, Cap’taine La Loi. On se reverra quand tu te baladeras seule avec un verre à la main. On pourra en rediscuter ! »
Pedge s’était raidie quand il était entré dans son espace personnel en se penchant sur le bureau. D’autre que lui ne l’aurait pas faite réagir, mais depuis la petite séance en cellule, c’était comme si elle appréhendait ses réactions. Elle se mettait donc sur la défensive, et tout le monde savait que Allen voyait la défense dans l’attaque. Elle était à deux doigt de lui coller son front dans le pif pour le faire reculer, mais elle se maitrisa. Il faisait de la provoque, comme toujours. Elle le laissa dérouler, trop orgueilleuse pour se rendre compte qu’il y avait peut-être un peu de vrai dans ce qu’il disait. De toute façon, elle était braquée, et plus rien de ce qu’il ne pourrait dire ne ferait l’objet d’un traitement cognitif de sa part. C’était plutôt le contraire, elle avait des envies primaires le concernant, et elle devait les combattres.
« Au moins je sais que quand je serai seule, j’aurai mon petit toutou qui viendra me faire la causette. », répliqua-t-elle. Si elle était toute seule, qu’est-ce qu’il avait besoin de ramener sa science de merde ici. « Maintenant tu peux te barrer, j’ai envie d’être toute seule plus rapidement que prévu, alors…. », elle lui montra la porte du menton, même pas intriguée par la douille qu’elle n’avait que fugacement regardé. Pour elle, ce n’était qu’un jeu à la con qu’il lui servait rien que pour la faire chier, il n’y avait rien au bout, rien que de la provoque. Elle détestait ce mec.

Le soldat s’éxécuta. Au voyage, il balança pour la forme :
« Tu vas droit dans le mur. Ton galon ultime, bien brillant, tu vas le pleurer. »
Puis il disparut de son bureau.
Il fit visiblement volte face pour lâcher durant la fermeture des portes :
« J’t’attends sur le ring. MI-NA-BLE ! »

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Lun 27 Avr - 17:50

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Pedge toisa la porte d’un air mauvais, mais elle ne prit pas la peine de répliquer quoique ce soit. Elle ne s’abaisserait pas de toute façon. Néanmoins, elle était en rogne, aussi commença-t-elle la rédaction d’un mail pour le Colonel Caldwell histoire de lui faire part de ses bons sentiments envers ce fumier de Wakks. Elle le laissa en suspens quelques secondes plus tard, se promettant de le terminer ultérieurement quand elle serait moins agacée, sinon elle risquait de ne pas être assez objective dans ses propos. De toute façon, elle allait finir par en faire une histoire personnelle. Son prochain rendez-vous avait tout intérêt à avoir quelque chose de sérieux à défendre, sinon il allait prendre la frustration du capitaine sur le coin de la gueule, et ça lui passerait l’envie de revenir lui faire perdre son temps.

Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit sans sonnerie. James Graham était de retour avec quelques documents.
« Capitaine. » fit-il avec respect.
Il coula un regard dans sa direction sans rien remarquer et rejoignit son bureau.
« Vous avez les remerciements de la Police Militaire pour leur avoir amené Taffola sur un plateau. Le chef Ridding m’a demandé un rapport officiel pour compléter sa procédure. Me permettez-vous de le rédiger pour vous faire gagner du temps ? »
« Les grandes lignes, je complèterai moi même le fond. ». Pedge aimait traiter elle-même ce genre de chose, ce n’était pas un manque de confiance envers Graham, mais c’était sa signature en bas de la page. Alors, ça ne devait pas merder. Et elle devait pouvoir le défendre. Pour cela, elle devait l’écrire elle-même.
« Bien madame. En revanche...je ne suis peut-être pas porteur des meilleures nouvelles. Avant de passer à votre prochain rendez-vous, je me dois de vous dire que j’ai vu un de vos hommes en cellule. »
« Et qui donc ? », demanda-t-elle plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu.
James n’en fit pas grand cas. Il savait qu’elle détestait ce genre de situation où elle pourrait être entachée.
« Navrée, chef. J’ai un trou de mémoire. Une Italienne qui sert dans votre unité. Du genre à se mettre en colère facilement. »
« Et pour quelle raison est-elle en cellule ? », embraya la texane qui voyait très bien de qui il s’agissait.
« Elle fait l’objet d’un dépôt de plainte. Trois civils et un militaire soutiennent avoir été la cible d’un tir longue distance de sa part. Ce qui serait, d’après Ridding, en corrélation avec un vol de boite de cartouches dans la même soirée au dépôt. Ils l’interrogent par manque de preuves. »
« Ok. Nous verrons ce que l’enquête dira dans ce cas. », observa Pedge après un temps de latence. La fameuse douille de Wakks. Ce trou du cul voulait lui parler de ça aussi. Qu’importe, il aurait certainement voulu qu’elle couvre Rita, ou une connerie comme ça. Si Monciatti n’avait rien à se reprocher, elle serait blanchie. Si elle avait effectivement tiré sur ces gens… Elle méritait de se faire radier.
« Très bien. Alors... »
James grimaça.
« Votre rendez-vous de dix heures. Le représentant des associations sportives sur les terrains de votre juridiction. Monsieur Heenan, ingénieur bâtiment. »
« Bien, parler de sport va me changer. »
« Vous changer, Capitaine ? » demanda Graham en s’arrêtant à mi-chemin, intrigué par cette information. Parlait-elle de cette découverte concernant l’Italienne ? Etait-elle plus agacée qu’elle n’en avait l’air ?
« Façon de parler Sergent, j’aime bien le sport. ». Le sujet serait donc peut-être moins chiant.
« Bien... »

Une minute plus tard, un homme simple se présenta à elle en lui tendant la main.
« Ah, nous nous rencontrons enfin. J’ai eu un mal fou à avoir ce rendez-vous. Surtout quand on déclare ne pas être militaire. Bonjour, Madame Allen. »
Pedge lui serra la main, en y mettant de la poigne. Elle s’était levée, comme il s’agissait d’un civil.
« C’est parce que cette journée est réservée à la division que je supervise, Monsieur Heenan. En quoi puis-je vous être utile ? », dit-elle en l’invitant à s’installer d’un signe de la main.
L’homme s'exécuta d’un air aimable. Il avait le visage qui respirait la sympathie et qui connaissait sa place.
« Je comprends mieux. Je vais essayer de ne pas vous faire perdre plus de temps. Je suis ingénieur à l’entretien des bâtiments de la cité. Et pendant mon temps libre, je suis bénévole à l’organisation des concours sportifs, c’est ce qui m’amène. Puis-je ? »
Il avait avancé ses mains pour faire un peu de place sur l’avant du bureau. Voyant qu’elle ne s’y opposait pas, l’homme dégagea suffisamment de place puis déroula un plan papier. Il s’agissait de l’organisation et la disposition de plusieurs aires pour le sport. Ping-pong, tennis, volley, handball, un petit terrain de foot américain. Les gradins étaient conservés avec des accès savamment délimités, des endroits pour les différents juges, des zones de réserves et de préparation pour les concurrents. Les deux balcons en hauteur servaient de pas de tir pour le concours à l’arc et le golf.
« Deux fois par an, les organisateurs préparent et lancent les concours sportifs sur toute la cité. C’est un travail de titan. Comme essayer de faire participer toute la population de Central Park en trouvant des endroits stratégique dans la ville. Pour maintenir la compétitivité et la bonne entente, nous rassemblons les participants par zone et non par profession. Ce que vous voyez là concerne notre projet sur le cantonnement dont vous avez la charge. »
Il lui expliqua les nombreuses activités, les prises en compte de la sécurité, de zones d’infirmerie, des procédures pour prioriser le départ des militaires en cas de mobilisation soudaine. Tous les petits détails subtils qu’il fallait résoudre et qui avaient néanmoins leur importance.
« Donc, comme pour toutes zones militarisées, les projections ne se font pas sans l’aval de l’officier en charge. Vous, Madame. »
Heenan se racla la gorge. Il fit un signe de tête reconnaissant qu’il était entré dans un trop long monologue.
« Je ne veux pas médire de votre prédecesseur mais… le lieutenant Manning était un homme très peu intéressé par nos projets. Je pense même qu’il les percevait comme des corvées. Ces deux dernières années, nous avons été contraint de détourner soixante-dix pour cent du cantonnement vers les autres sites. Ce qui leur faisait faire beaucoup de chemin et les privait de l’intérêt à concourir. »
Heenan lui sourit gentiment.
« Je le reconnais, votre confrère ne se rebutait pas sans raisons. Nous manquons de bras et l’organisation de cette manifestation nécessite votre aide, celle de votre division. Pour assurer la sécurité, nous avons besoin de vingt quatre bénévoles minimum, trois infirmiers, un pilote avec son jumper et un militaire vous représentant. Si ce n’est vous-même... »
C’était la conclusion.
« Voici donc la nature de ma visite. Acceptez-vous d’ouvrir le concours sportif à votre circonscription en local, Madame, et puis-je compter sur vous pour trouver des volontaires ? »

Pedge avait écouté avec politesse les affaires du civil. Elle n’était pas très convaincue par tout ça, mais pourquoi pas. Après tout, cela favorisait la cohabitation avec les civils, tout en distrayant les militaires sur des activité qu’ils n’auraient pas le loisir de pratiquer régulièrement, surtout ici.
« Et bien… Tout cela me semble assez ambitieux et contraignant, mais je suppose que vous avez l’aval de la direction pour tout ceci ? », demanda Pedge en montrant ses plans et ses projections.

Heenan eut du mal à cacher sa déception lorsque Pedge lui avoua son scepticisme.
Il tiqua un instant quand elle lui demanda si la direction avait donné son aval et il tenta de ne pas se vexer.
« Voyons. Bien sûr, Madame. Une entreprise d’une telle envergure ne peut pas se faire sans l’accord des autorités en place. Cela englobe forcément les officiers gestionnaires des circonscription. »
Il marqua un temps d’hésitation.
« Vous....n’aimez pas le défi ? »

« Pourquoi cette question ? », demanda poliment Pedge, qui ne voyait pas pourquoi il allait dans cette direction soudainement.
« Eh bien. Votre prédécesseur ne cachait pas son mépris pour les concours sportifs. Malgré les mauvaises paroles que je pourrai avoir contre lui, c’est un bon soldat qui ne souhaite que vivre dans son monde de droiture. Alors...pourquoi pas vous ? »
Il haussa les épaules.
« Je suis las de proposer mon plaidoyer chaque année. Je vous avoue que je n’ai plus l’envie d’argumenter malgré le nouvel espoir que vous représentez Madame. »
La jeune femme le regarda, avant de répondre :
« Vous savez, c’est dans l’adversité, et peu importe la durée, qu’on peut observer les qualités d’un homme. Peut-être que vous n’avez pas les épaules pour porter un tel projet. Ou peut-être que oui. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas le temps de traiter ça aujourd’hui. Aussi, je vous propose de convenir d’un rendez-vous plus formel, où nous pourrions en discuter plus amplement. A vous de me sortir le grand jeu, et je verrai ce que je peux faire. ». Au moins ne refusait-elle pas d’en discuter, même si ce n’était pas aujourd’hui.

Le technicien pesa visiblement le pour et le contre. S’il s’empêcher de montrer sa vexation, cette fois ce n’était plus le cas. L’homme était intimement persuadé que l’officier allait reconduire le rendez-vous encore et encore. Sous excuse de réunions de plus en plus courantes ou de départ en mission. Il préféra ne pas relever sa remarque sur le fait qu’il ne serait pas apte à soutenir un tel projet même si ça avait fait mouche.
Quelques tics nerveux s’exprimèrent sur son visage mais Hennan garda sa politesse. Il rangea son plan et ses affaires dans sa serviette avant de se lever de son siège.
« Ce sera avec plaisir. Merci de m’avoir accordé votre temps, Madame. »
« Merci d’avoir pris le temps de porter à mon attention ce projet. Et de souligner le fait que vous avez eu du mal à pouvoir m’en parler. Je ferai le nécessaire pour améliorer la communication interservice. », répondit-elle en se levant à son tour.
L’organisateur lui répondit d’un sourire aimable et lui tendit la main.
Il repartit tranquillement en laissant le silence s’installer dans le bureau.

Le travail était continu. Le sergent Graham rédigeait les grandes lignes du rapport concernant Taffola et laissa du temps à son officier pour s’organiser, noter quelque chose ou tout simplement faire une pause. La journée pleurniche était rude...très rude même. Pour quelqu’un habitué à obéir aux ordres sans rechigner, à subir le déplaisir de son exécution avec une forme d’humilité, il fallait faire face à des individus prêt à se vider les tripes. Le prochain rendez-vous promettait d’être...explosif.
Aussi James aménageait parfois volontairement des temps de pause à son officier, quitte à ce qu’elle le presse d’en faire entrer un nouveau.

Et effectivement, Pedge était plutôt du genre à se dire qu’une fois terminée, elle serait débarrassée de cette corvée. Alors pourquoi attendre à ne rien faire ? Même si elle reconnaissait volontiers qu’une petite pause ne faisait pas de mal de temps en temps, surtout quand elle sentait qu’elle commençait à en avoir plein le cul. Pour le moment, elle n’avait pas trop à se plaindre. L’affaire des sévices sur le soldat qui avait fini par se suicider sortait clairement de l’ordinaire et des pleurniches habituelles. Au moins, cela lui avait changé de d’habitude. Quant au civil, son projet était intéressant, mais il n’entrait clairement pas dans le type de rendez-vous qu’elle pouvait avoir aujourd’hui. Ce n’était pas approprié. Elle avait donc bien fait de lui proposer une date, date qu’elle demanda d’ailleurs à Graham de fixer avant la fin de la journée, pour que le type ne reste pas sur sa faim et qu’il ne pense pas qu’elle l’avait déjà oublié.

Quoiqu’il en soit, après s’être frottée le visage, signe rare de fatigue chez elle, elle pressa son ordonnance de faire rentrer le prochain rendez-vous. Elle préférait ne pas demander combien il en restait. Sinon, ce serait interminable.

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Lun 27 Avr - 17:54

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


« Capitaine, j’ai besoin de connaître votre priorité. » fit-il avant de faire entrer le suivant. Il s’était levé de son siège et se tenait au centre de la pièce. « Vous avez la réunion inter-officiers concernant la nouvelle dotation standard des unités d’exploration à quatorze heures. Dois-je privilégier la convocation du sous-lieutenant Bryatt ou de Monsieur Heenan ? »
« Je ne comptais pas revoir Heenan aujourd’hui. », répliqua Pedge, qui ne voulait pas passer sa journée à faire de la parlotte non plus. Quand elle demandait de fixer une date aujourd’hui, ce n’était pas pour aujourd’hui forcément, mais que ce soit planifié dans un certain laps de temps futur.
« C’est noté. » répondit très simplement son aide de camp.
Il passa par la porte pour demander la venue du nouvel arrivant. C’est Danny Blake, de l’équipe Charlie, qui entra sans attendre le signe de James. Il manqua de le bousculer en pénétrant dans le bureau, visiblement bien bouffé par le stress et la colère, vu la tronche qu’il tirait. Les mains dans les poches avec la tête rentrée dans les épaules, c’était le signe évident qu’il s’était placé en mode “tête de con”.
Comme d’habitude, le tankiste attendait d’avoir sorti les mains de ses poches pour se raidir et saluer l’officier. Il restait silencieux, l’air dur et exécrable. Tous les signes n’annonçaient rien de bon.

Pedge resta hermétique à l’attitude de Blake. De toute façon, elle ne savait pas ce qu’il l’amenait. Qui plus est, c’était le genre de type qu’elle n’appréciait pas vraiment, aussi ne faisait-elle pas d’effort particulier pour se montrer plus aimable que d’habitude.
« Repos soldat. Qu’est-ce qui vous amène ? », demanda-t-elle de son ton neutre habituel, même si depuis qu’elle était coincée dans ce corps de pétasse blonde, elle n’avait plus la voix traînante qui pouvait la caractériser par le passé.
« J’veux savoir ce que vous avez contre moi pour me saquer comme ça ! » dit-il d’un ton couvent d’une colère.
Le tankiste ouvrit sa poche et déplia un papier. C’était une requête de permission dont le tampon signalait le rejet catégorique pour nécessité de service. Les informations sur la circulaire indiquait qu’il avait demandé à rejoindre la Terre pour rapprochement familial, ce qui le rendait absent pour six semaines minimum le temps du trajet aller et retour du Dédale.
Le Divorce était une technologie réadaptée et en cours d’examen sur le terrain, les huiles ne pouvaient certainement pas se permettre son absence. D’autant plus que le concept était une étude sérieuse visant à analyser l’efficacité des intégrations blindées dans les équipes d’assaut. Manque de pot, Pedge n’avait même pas été mis au courant de ce rejet. Et comme un grand, Danny s’était mis en tête qu’elle était dérrière tout ça et qu’elle lui faisait payer leur animosité réciproque.

La jeune femme considéra un instant la lettre. Certes, elle n’était pas au courant de cette demande, et ce n’était pas elle qui l’avait refusée. Néanmoins, elle comprenait qu’étant responsable de la section, il pense qu’elle y était pour quelque chose. Quoiqu’il en soit, il attaquait le problème par le mauvais angle, surtout en s’adressant à elle de cette façon.
« Je ne vois qu’une demande de congé refusée… Ce n’est pas un blâme, ou une sanction, ou une note dans votre dossier. Donc… en quoi est-ce que je vous saque soldat ? », demanda-t-elle en reportant son regard sur lui. Elle le savait très bien. Mais elle préférait lui faire cracher le morceau.
Danny fonça droit dans le mur.
« En m’empêchant de voir ma femme et mon gosse putain ! C’est la deuxième qui m’est refusée ! Pas besoin de blâme, vous avez des munitions plus efficace ! »
Il avait prononcé la dernière phrase en pointant le document du doigt.
Pedge haussa des épaules en s’enfonçant dans son dossier. Elle préféra laisser planer un moment de silence avant de faire une connerie qui ne serait pas très intelligente, comme de lui sortir une feuille blanche en la lui présentant pour qu’il rédige sa lettre de démission si les contraintes militaires l’emmerdaient tant que ça. Mais ce n’était pas… humain ? Ou éthique ? Parait qu’il fallait s’en soucier maintenant dans l’armée. Parfois, elle regrettait l’époque où tout ça fonctionnait au bâton, et peu importait des conséquences sur le traitement de l’humain.
Tout dépendait du type d’officier qu’elle voulait être. Sa rancoeur envers ce gars n’arrivait pas à s’estomper tout simplement parce que c’était un connard imbu de lui-même. Forcément, ce genre de comportement entretenait son animosité à son endroit.
« Nous n’avons pas les moyens d’envoyer tout le monde en congé quand bon vous chante. Il y a des quotas, et pour le moment, vous ne rentrez pas dedans. Depuis le temps que vous êtes dans l’armée, vous devriez pourtant le savoir. », fit-elle à la limite de la diplomatie. Elle se retenait pour ne pas lui envoyer une punchline à la noix sur le fait qu’il pouvait toujours aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte.
« Quand bon me chante ? Vous vous foutez de moi là ! » renchérit-il. « Putain mais vous avez pas d’âme ! C’est trop demander de rejoindre ma famille ! Mon fils est malade. MA-LA-DE ! »
« Comme si je n’étais pas au courant. C’est l’excuse que vous avez à chaque fois que vous êtes médiocre. », répliqua-t-elle, avec froideur maintenant.
Le type bouillait comme une marmite. Complètement enfermé dans son point de vue, entendre l’officier détourner son motif comme une excuse de convenance résonna comme une insulte. Danny avait envie de l’insulter de tous les noms, de la chopper et de la secouer comme un palmier. Son seul moyen de soigner son gamin, c’était d’accéder à la technologie du SGC. Et il ne pouvait pas le faire en restant sur Terre. Le Divorce et son concept représentaient son seul ticket pour ça. Mais ça faisait trop longtemps maintenant. L’impression de tourner en rond et d’avoir une volonté malveillante en face de lui le hantait.
Alors avec l’incompréhension et son attitude rebelle, il se sentait pris dans une situation d’échec et mat sordide. Blanc comme un linge, il finit par se fermer entièrement. L’homme la fixait d’un regard haineux.
« J’préfère être médiocre qu’une pute à wraiths échangiste ! » lui cracha-t-il au visage.
« Mon Capitaine ? » demanda aussitôt Graham, dans un calme olympien, qui sous-entendait clairement la question quant à savoir s’il faisait venir la police militaire.
Pedge toisa le tankiste un instant, ignorant Graham quelques secondes. Finalement, elle poussa un soupir et se tourna vers son intendant.
« Sergent, consignez dans le dossier du soldat Blake que ses permissions seront refusées jusqu’à nouvel ordre. ». Elle reporta son attention sur le concerné : « Je vous recommande à la médecine militaire, pour évaluation psychologique. Je vous sens au bord du burnout, c’est à la mode chez les civils. ». Madame connasse le retour. C’était plus fort qu’elle. « Et j’attends votre demande de réaffectation sur Terre dans les prochains jours. En lettre manuscrite. ». Elle était clairement dans le mauvais rôle de celle qui était en train de pousser un subordonné à se saborder, tout en utilisant son pouvoir pour. Elle le savait. Mais elle était tellement en rogne contre lui que pour le moment, ça lui passait au dessus. Elle finirait par s’en rendre compte, dans les heures à venir, à froid, mais pour le moment, elle préférait lui montrer qui avait la paire de couilles d’accroché à la veste. Et ce n’était clairement pas lui, même si la méthode n’était pas intelligente.
« Pourquoi attendre ! » Lâcha-t-il d’une voix tremblante de haine.
Danny Blake sortit une enveloppe de sa poche. Elle était vieille, rédigée depuis un sacrée moment vu la mention presque effacée indiquant “DEMISSION”. Le Tankiste avait dû la garder un long moment, partagé entre l’envie de partir ou de rester, mais il semblait avoir pris sa décision. En la regardant droit dans les yeux, il claqua la lettre sur son bureau et la glissa vers elle.
« Va au diable Allen ! Que tu finisses stérile pour le bien des galaxies ! »
En déclarant ça, il avait empoigné ses plaques d’un geste malhabile au travers de son uniforme, le palpant avec rage comme si ça lui brûlait la peau. Même si ces dix secondes le rendaient presque aussi médiocre que l’avait déclaré l’officier, il parvint à les extirper et les arracha d’un coup très sec. Après ça, son visage se crispa dans une haine profonde et il lui envoya ses plaques à la gueule.
Il s’en alla ensuite d’un pas lourd.

James s’était redressé, passablement inquiet. Il posa son regard sur l’officier Allen, se murant un instant dans le silence, avant de reprendre d’un air simple :
« Café ? »

Pedge n’avait pas bougé d’un millimètre, recevant les plaques dans la tronche sans sourciller. Si elle s’énervait, elle donnerait du grain à moudre à ce type pour déposer une requête ou elle ne savait quoi d’autre. Qu’importe, maintenant, il venait de l’agresser physiquement en plus de verbalement. Devant témoin en plus. Ses jours dans l’armée étaient comptés.
Reste à savoir si elle acceptait la démission, ou si elle le traduisait en cours martiale. Dans le premier cas, il s’en allait la tête haute, il gardait une partie de sa solde en guise de retraite et il avait un dossier plutôt clean. Dans le second cas, elle le descendait plus bas que terre, en le traînant dans la boue, si bien qu’il ne toucherait plus rien en provenance de l’armée.

Finalement, elle opta pour apposer une note dans son dossier, sur l’agression physique et verbale de ce jour. Au moins, s’il revenait sur sa démission en faisant valoir Dieu seul savait quoi, elle aurait toujours une cartouche dans son fusil.
« Non merci, rendez-vous suivant s’il vous plaît. », demanda-t-elle d’un air neutre, tandis qu’elle remplissait le dossier de Blake en même temps. Avant de conclure par le fait qu’il avait donné sa démission, elle ouvrit l’enveloppe pour en lire le contenu, son tampon à portée de main pour officialiser tout ça. Un type de moins qui n’avait rien à foutre dans l’armée qui allait prendre la porte. Ce n’était pas pour lui déplaire.

Cette journée dépassait Graham.
Il ne parvenait pas à comprendre à quoi elle pouvait servir, si ce n’est se vider les tripes sur son officier dans un monde hiérarchisé qui ne le permettait pas à l’origine. Sa bienveillance à l’égard d’Allen n’était pas orienté, simplement sincère. Il se disait qu’à sa place, il aurait prit cinq minutes pour se poser et boire un bon café chaud. Bien sucré. Avec une noisette de lait dedans.
A l’inverse, Allen jouait l’inbutable. Plus elle prenait sur la gueule et plus elle accélérait le rythme. L’ironie faisait que c’était lui, en tant que simple aide de camp, qui perdait son sang froid le premier. Il n’était même pas concerné directement mais l’implication suffisait à le mettre dans la même galère.
Allen l’inbutable. Mais comment faisait-elle ?

Les mois s’étaient alignés depuis le Boc et il continuait d’apprendre de l’officier. Pas étonnant qu’elle avait su résister à une reine Wraith et aller jusqu’à la combattre. C’était une dure au mal. Mais pour combien de temps ?
Ça le tentait parfois de lui poser des questions, d’entretenir une conversation informelle pour savoir comment elle arrivait à gérer tout ça. Mais c’était plutôt risqué. James pouvait se griller par cette simple curiosité et se faire remettre à sa place : il n’y comptait pas.
Du coup, quand Allen parlait, il faisait. Le café tomba dans les oubliettes et il fit entrer le rendez-vous suivant.

Heureusement, tout n’était pas une succession de plaintes et de râleries. Parfois, les doléances semblaient plutôt justifiée.
Par exemple, ce simple soldat de première classe qui parlait au nom de son dortoir était venu signaler un risque d’incendie que le technique ignorait depuis trop longtemps.
Une femme, suivie pour crise de somnambulisme aigu, demandait son soutien pour être transféré dans un dortoir de femme parcequ’elle se réveillait toujours dans les draps des soldats de sa section. Lesquels, très gênés, quittaient généralement leur propre matelas pour lui éviter tout malentendu. Des choses minuscules, peut-être stupide, mais qui méritaient de l’intérêt.

Lorsqu’un soldat comptable vint lui plaidoyer, par un ennui mortel, l’économie qu’elle ferait en transformant les salles de vies des dortoirs en lit supplémentaire, James était sur le point de clôturer son témoignage concernant l’agression par Blake. Il reçut une notification de flux vidéo venant de la Porte. Étrange…
Depuis quelques temps, Pedge déléguait ses communications pour avoir la paix. C’était à lui de trier selon l’importance et l’intérêt que pouvait avoir ces appels. Sauf que là, en l’occurence, c’était un flux audio et vidéo venu d’une autre planète au travers de la Porte.

« Bureau de l’officier Allen, bonjour ? »

La blonde qui apparaissait à l’écran lui était inconnu.
James reconnu simplement ses galons Natus mais pas le fait c’était une Meneuse Duelliste. Pas du petit poisson. Celle-ci pencha la tête sur le côté en examinant les traits de James.

« Voilà visage de bon gentillet pour faire accueil d’Allen. Où est-elle ? »
« Le Capitaine Allen est occupé. Est-ce que vous avez un message ? »
« Drôle d’excuse. Est-ce façon Atlante de dire qu’elle est alitée ? »
« Heu...non... » fît Graham qui sentait venir le mur de la culture. « Le Capitaine est occupé. »
« Vous vous répétez, l’Atlante. Vous devez avoir la fièvre. »
Namara glissa un regard par dessus son épaule. Derrière elle, deux soldats Atlantes, manifestement des techniciens programmeurs, initiaient des officiers Natus à l’emploi des ordinateurs portables envoyant des messages depuis le MALP et la Porte des Étoiles. Ils n’en étaient qu’au format préenregistré. De toute évidence, Namara avait été assez maline pour commander un appel en direct à destination d’Allen.
« Ecoutez, madame. »
« Votre technologie est belle. Mais seuls des fous ont pu la concevoir. Avec machinerie du diable et cliquetis de ces signes insignifiant. Maintenant que j’ai trouvé ce que je veux, je viens le chercher. » déclara Namara avec un fin sourire d'espièglerie « Annoncez moi à votre maîtresse, gentillet ! »

Pedge n’avait pas l’image, mais elle avait le son. Et cela l’amusa. Il est vrai que depuis qu’elle employait James, elle aurait pu lui présenter Namara. Mais, elle était partie du principe que tout le monde la connaissait sur Atlantis, surtout depuis qu’elle était devenue meneuse. Fallait croire que non, et ce n’était pas étonnant. Elle même ne se tenait pas au fait de tous les changements chez les peuples alliés.
Elle écouta le dialogue en croisant les bras, tout en toisant son ordonnance pour guetter ses réactions. Les Natus avaient une façon de parler et de s’exprimer qui pouvait vexer facilement.
Du coup, elle avait quelque peu mis de côté le dialogue avec le comptable, déjà chiant à mourir, son intérêt se trouvant orienté vers ce qui se disait du côté du sergent. Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait pas tout bazarder pour répondre tout de suite à Namara. Elle n’était pas à sa disposition. Du coup, elle reporta son intérêt sur le type en face d’elle, laissant le soin à Graham de se débrouiller un peu, ça lui faisait les pieds.

L’aide de camp ramait clairement.
Il détourna un regard inquiet vers l’officier, se demandant s’il pouvait lui demander son aide ou pas. Mais en le voyant toujours occupé avec le comptable, il se racla la gorge et tenta de se reprendre.

« Comme je vous l’ai dit, l’officier Allen est occupé. Je vous invite à laisser un message ou à patienter que nous vous rappelions. »
« Bien sûr, jeune homme. Je me vais de ce pas poser mon séant sur siège et attendre vaillamment que vous pensiez à illuminer ce carré noir du visage de ma Soeur. »
« Pardon ? Votre...soeur ? »
« Même teint de chevelure. »
« Les blondes sont partout ! » rétorqua James qui commençait à s’agacer de s’embourber comme ça.
« Et surtout, même façon de molester les fessiers de soldats retors ! Donnez moi à Allen, vous me donnez l’envie de passer le cercle pour vous apprendre mon identité. »
« Excusez moi. », fit-elle à l’adresse du comptable, avec un petit signe de main. Elle se tourna vers James. « C’est une Meneuse a qui vous parlez James. ». Elle hocha de la tête. Si elle était apte à sourire facilement, elle lui aurait fait un sourire entendu pour se foutre de sa gueule. Mais tout passait par son regard. Elle reporta son attention sur le comptable : « Vous disiez ? »

James lui lança un regard suppliant.
Elle n’avait pas repris la main. Elle venait tout simplement de reprendre avec le comptable.
L’information n’était pas anodine. Une Meneuse, c’était affilié au grade de colonel chez les Natus. Et il savait qu’il y en avait une avec qui Pedge s’était battu de manière courante.
« Oh, heu...je suis James. L’aide de camp du Capitaine. » se présenta-t-il d’une voix respectueuse.
« Voilà qui fait bien mon affaire, James le gentillet. Quel est votre art ? Porter l’appui à officier ? L’écrit, le souper, le soin ? »
« Le souper ? Non. Le...le petit déjeuner. L’administratif. »
Il céda.
« Enfin, j’suis ordonnancier, Meneuse. J’assiste mon officier dans ses tâches courante ! »
« Et donc, vous pouvez lever votre séant engraissé. Prendre votre machinerie dans vos bras vaillant et le déposer devant ma Soeur. Soit, j’attends ! »
Graham se passa une main sur la tête. Il envoya plusieurs regards en direction de Pedge.
Elle le faisait exprès. Elle devait se régaler de le voir ramer comme ça. L’homme aurait bien coupé la connexion d’emblée mais ce n’était pas lui le décideur et Allen ne le lui avait pas ordonné.
« En fait...c’est un poste fixe. Si je... »
« Par les Trois ! Quel bien piètre menteur vous faites, garçon. La patience d’une Meneuse est courte. Elle se paie cher à l’user. »
Namara croisa des bras. Elle s’amusait clairement à le faire tourner en bourrique.
« Soyez surprenant de vitesse. Ou bien je m’en vais venir vous frictionner les oreilles. Non comme votre aimante mère. Mais comme officier le fait envers son soldat en Magna... »

Le comptable avait terminé. Pedge fut ravie de le laisser partir. Elle se paya même le luxe de l’accompagner jusqu’à la porte, pour revenir vers James qui se faisait sermonner par Namara. Elle passa derrière lui pour se montrer dans l’angle de vision de la webcam. Elle fit un salut de la main à la Meneuse, tout en s’appuyant sur le bureau pour surplomber le sergent.
« Meneuse Namara. Puis-je vous aider ? ». Pedge lui adressa un faible rictus, signe qu’elle avait tout entendu. La Natus n’aurait pas de mal à deviner que la Capitaine avait laissé son subordonné galérer sciemment.
Son expression se mua en un sourire de requin. Elle embraya immédiatement :
« Capitaine Allen ! Voilà bien drôle de poète pour faire rempart à tous ceux qui quémandent votre attention. J’espère qu’il oeuvre bien mieux à la couche que dans les diatribes assommantes ! »
« Quoi ? Mais... »
« Trouvez lui une petite candide et elle adorera d’autres divinités que les vôtres. », enchérit-elle.
« Qu’il en soit ainsi. J’ai déjà quelques noms en tête. »
Un léger silence retomba tandis que James ne savait plus où se mettre, trouvant la situation très inconfortable. Il savait que les Natus avaient un franc parlé assez déroutant. Mais sur l’instant, il ne savait pas ce qui le gênait le plus. Une blonde derrière l’écran qui l’espérait plus doué au lit que dans son métier. Ou l’officier Allen qui soutenait son...expérience ?
« Eh bien...heu...je crois que j’ai oublié des documents...à la police militaire. » dit-il finalement en tentant de quitter son siège.
Le rire sadique de Namara résonna.
« Eh timide qui plus est. Tu es toujours source de surprise, ma soeur. »

Pedge s’écarta du siège pour le laisser se lever. Ce n’était pas dans ses habitudes de se moquer d’un de ses subordonnés, mais elle avait trouvé que c’était approprié pour le coup. Même si elle ne connaisait pas les performances nuptiales du jeune homme.
« Je vous en prie. Revenez d’ici une dizaine de minutes avec le prochain rendez-vous. Merci. »
« Bien Capitaine. Permission de revenir avec le café ? »
Il ajouta aussitôt : « Au cas où. »
« Accordée. ».
Elle attendit qu’il s’éclipse de la pièce pour prendre sa place.
« Je suppose que tu ne m’appelles pas pour embêter mon ordonancier. », ajouta-t-elle à l’adresse de la Natus.

Namara penchait la tête un peu sur le côté. A coup sûr, elle observait la technologie et trouvait impressionnant le réalisme du visage qui se dessinait à l’écran. Une lumière dansa dans son regard et elle préféra répondre par une autre question.
« T’ai-je manqué ? »
« Moi je t’ai manquée, pour que tu prennes le temps de t’amuser avec un écran. »., répondit-elle du tac au tac.
« C’est une pensée bien courte ! » répliqua-t-elle, heureuse du petit jeu. « Et quand tu refuses de me répondre “non”. C’est que je tombe dans le vrai ! »
« Je suis en train de me dire la même chose. », ajouta-t-elle.
« Ce n’est pas le hasard qui nous rend amante. »
Namara ricana un peu.
« Les tiens nomment ça “sensibilisation à la technologie”. J’appelle cela “se moquer de la compréhension Natus”. »
La Meneuse regarda l’objet et le bougea un peu.
« C’est plus simple lorsque l’on intègre la logique. Les miens sont encore à chercher les signes sur le cliquetis. On me laisse alors tranquille pour explorer. »
Puis elle donna un coup de menton dans sa direction.
« Et j’ai atteins mon but. »
« Je vois... », fit-elle en opinant du chef. Au moins Namara était débrouillarde, mais ça Pedge le savait déjà. « Tu finiras par apprendre que malgré tout, nous ne sommes pas toujours joignable. Dans ces cas là, il faudra s’armer de patience. ».
La Meneuse fit un petit “oh” de la bouche avant de hocher la tête.
« C’est donc là ta façon polie de dire que je dois m’en retourner lorsque ton homme de service me refuse à ton intérêt ? »
« Je t’informe juste, je n’aimerai pas que tu deviennes comme tous ces terriens accroc à leur téléphone. C’est pour ton bien. ». Elle avait pris un ton sentencieux juste pour la faire chier. N’empêche, cela serait amusant d’avoir un Natus accroc à la technologie. Ca sortirait de l’ordinaire.
« Télémone ? »
« Un appareil qui sert à appeler les gens. Un peu comme ça, mais en plus petit. ».

La jeune femme fronça très légèrement des sourcils, se posant des milliers de question sur cette technologie, la raison pour laquelle quelqu’un pourrait y être si attaché.
« Nul besoin de télémone pour t’arracher à ton devoir. » dit-elle finalement pour dévoiler la raison de son appel.
« Repas de famille la semaine prochaine. Dorale sort de son temple pour dîner avec son aimé. Ainsi que mon père. »
Namara pencha la tête sur le côté.
« Tu viens ? »

Pedge la toisa quelques secondes sans rien dire. Elle était sérieuse ? Manifestement, elle l’était. C’était pas une forme d’officialisation là ? Genre je te présente à mon paternel ? La jeune femme se mordit les lèvres en considérant la question. Pouvait-elle dire non ? Elle le pouvait, parce que la culture Natus n’était pas aussi susceptible que pouvait l’être celle humaine. Très franchement, elle se voyait mal dans ce genre de repas, mais après tout, pourquoi pas. Ce n’était pas tant le fait de rencontrer des personnes de la famille de Namara qui la tracassait, Pedge n’étant pas spécialement timide, c’était plutôt le fait de faire preuve de société, ce qui n’était clairement pas son fort.
« Si on m’avait dit qu’une Natus me donnerait un rendez-vous par visio conférence.... », commença-t-elle à blaguer, histoire de se rassurer. Et d’ajouter : « Je vérifie juste que je sois disponible et je te dis ça tout de suite. ». La texane attrapa la souris de Graham pour passer la viso au second plan et ouvrir son agenda électronique. « Hum… ce serait quel jour ? », fit Pedge en reportant son attention sur le visage de Namara, et pas sur le calendrier.
« Vérilas. »
Elle ferma un oeil en regardant vers le plafond.
« Hm...Jirdi ? C’est comme cela que ça se prononce ? »
« On dit “jeudi” mais tu y étais presque. », s’amusa Pedge qui repassa la fenêtre en second plan. Elle avait fait le lien avec “Vérilas”, commençant à saisir quelques mots et phrases dans le langage Natus. A force… Mais bon, Pedge n’était pas connue pour être particulièrement brillante en langue. « Je serai là. », annonça-t-elle au bout de quelques secondes.

La réponse avait ravi Namara au plus profond d’elle. C’était la première fois qu’elle invitait directement dans le cercle familial et son accord lui fit plaisir. Forcément, elle ne le lui montra qu’à l’expression de son regard et rien d’autre. Elle laissa échapper un murmure satisfait avant d’élever la voix de façon malicieuse.
« Je te connais, Pedge Allen. Ne tracasse point ton esprit à me dire “non” si ton envie bascule. »
Après tout, toutes les deux n’étaient pas du genre à mâcher les mots. C’était surtout le gouffre séparant leur culture, leur façon de penser et d’être, qui pouvait parfois être une source de conflit. D’incompréhension. La Meneuse se souvenait bien de cette fois là, au conseil, quand sa révélation avait mis son amie en colère.
« Ne tracasse point ton esprit à penser que je dis “non” alors que je dis oui. », répliqua Pedge.
Elle lui sourit.
« Ton esprit a hurlé le doute. » fit-elle d’une voix certaine. « C’est d’autant plus volonté flatteuse à mon égard. N’oublie pas la procession. »
La blonde lui avait donné le dernier terme, bien au courant qu’elle ne le comprendrait pas.
« Je n’oublierai pas, pour peu que tu m’expliques ce que c’est. », observa Pedge qui préférait ne pas rebondir sur les premiers propos de Namara en la traitant de parano. Néanmoins, elle se demandait qu’est-ce que c’était que cette procession, espérant que cela n’impliquait pas tout un rituel ou Dieu seul savait quoi d’autre…
« Si tu ne trouves pas...rappelle-moi. » lâcha-t-elle avec une forte expression espiègle. Tout ça l’avait rendu assez jouasse.
La Meneuse lui fit un petit sourire mignon, l’air de dire “démerde toi, l’héroïne de la Magna”, puis elle posa sa main sur le bord de l’écran avec l’intention de l’abaisser et de le fermer.
« Si tu n’as pas peur d’avoir honte jeudi prochain, ne me rappelle pas. », répondit Pedge en coupant la communication. Non mais alors, Namara ne la connaissait pas encore assez pour s’amuser à ce petit jeu. On ne faisait pas de chantage à Pedge Allen, c’était toujours l’inverse. Satisfaite d’elle, la texane se détendit, et s’adossa au dossier de la chaise du sergent, observant l’écran noir pour voir s’il allait se rallumer ou pas. Elle en profita pour fermer l’agenda, non sans indiquer dans la case de jeudi son nouveau rendez-vous.
Elle imaginait volontiers la tronche de Namara à l’heure actuelle et elle devait reconnaître que ça l’amusait plutôt bien. Ça lui apprendra à toujours essayé de la taquiner. Pour une fois, la texane avait pris les devants.

L’appel ne vint pas. L’écran resta noir.
Namara n’appelerait pas et, pour cause, Pedge découvrit que la Porte s’était désactivée. Il n’y avait plus de lien avec la Magna, plus de possibilité de contact. Pourtant, lorsqu’elle revint à son bureau, elle découvrit un mail étrange dont l’expéditeur était “Formation-Tech-Natus”. Pas d’objets.
A l’intérieur, une unique phrase bien écrite. Forcément...en Allemand et en Latin.

“Alle Gefühle me omnia pudore außer der Schande.”

(c) AMIANTE

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Lun 27 Avr - 17:56

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Pedge la lut sans pouvoir en extraire un sens quelconque. Elle se doutait que ça venait de Namara avant même d’ouvrir le mail, mais maintenant, elle en était certaine. Quoiqu’il en soit, elle allait devoir trouver quelqu’un qui pourrait lui parler de la procession, et qui pourrait lui traduire cette phrase. Forcément, elle pensait à Ruth dans ces moments là.
Bref, elle avait jusqu’à jeudi pour trouver le sens de tout ça, et voir si elle s’y soumettait ou pas. Graham n’allait pas tarder à revenir avec un café noir bien serré, qui ferait autant de mal que de bien, mais qui la requinquerait un bon coup pour la suite des festivités.

Pedge connaissait bien son aide de camp. Il revint effectivement avec un plateau qu’il avait pris au mess des officiers, deux grands gobelets en carton contenant le fameux liquide caféiné. Lorsqu’il passa la porte avec, il hasarda un coup d’oeil vers son ordinateur, comme s’il craignait que la blonde Natus y soit encore. Puis il s’approcha doucement du bureau.
« J’ai côtoyé des Natus durant le Boc, Capitaine... » commença-t-il en posant le plateau sur le rebord du bureau. Il amorça un geste et posa le café à côté de son clavier.
Graham était un peu maniaque par moment. Il avait capté l’habitude de l’officier quand elle posait son café ou son verre, quoique ce soit, et il déposait toujours à la même place ce qu’il lui proposait. Comme ça, qu’elle y touche ou non, c’était pile dans son repère spatial.
Il poursuivit son échange.
« Mais je dois dire qu’ils sont assez... »
James peina à trouver le bon mot.
« déroutant, énervant, pénibles, surprenant, et j’en passe. », fit Pedge pour terminer sa phrase. Elle n’était pas bonne à ce jeu là d’habitude, mais pour qualifier les Natus, elle avait de l’expérience, et du recul. Au fond, elle aimait ce peuple, même si des fois elle ne s’y reconnaissait pas, et même si des fois, Namara était la dernière des casses couilles. Mais tout ne pouvait pas être rose tout le temps, et une culture ne s’apprivoisait pas facilement. La réciproque devait être vraie de toute manière. Au moins n’avait-elle pas la prétention de penser qu’elle valait mieux qu’eux, et elle parvenait à se mettre aussi à leur place.
Même si pour Pedge, l’Amérique restait le modèle par excellence.
« Vous avez bien traduit je pense. Merci chef... » répondit-il avec un léger sourire. « J’oublie à chaque fois. Le vôtre est sucré ou non ? »
« Sans sucre. », fit-elle en laissant son regard traîner sur son ordinateur. Elle devait toujours terminer ce mail concernant Wakks. Mais maintenant, ça lui cassait les pieds de le faire. Elle pouvait toujours le compléter dans la journée de toute façon, ou au cours d’un entretien ennuyeux.
Subtilement, Graham échangea les gobelets. Pedge hérita de celui qui n’était pas sucré puis l’homme rejoignit tranquillement son bureau, bien content de ne plus voir l’incendiaire sur son écran.
« J’ai un message pour vous, Capitaine. » dit-il pour attirer son attention. « J’ai croisé votre sergent de peloton en sortant du mess. Un certain Brass. »
« Que voulait-il ? », demanda Pedge avant d’avaler une petite gorgée, histoire d’en tester la chaleur pour ne pas se brûler.
« Vous parler de vos hommes. Lorsque je lui ai dis que vous pourriez le recevoir au prochain rendez-vous, il a immédiatement refusé. J’ai l’impression qu’il connaît la pénibilité de cette journée. »
James haussa les épaules.
« Donc il m’a demandé de vous faire passer le message. Qu’il aimerait bien s’entretenir avec vous quand vous en auriez l’envie... »
« Je vois. ». Elle resta silencieuse un moment. Brass était un bon gars, et elle se demandait ce qu’il avait sur le coeur. Apprendre la nouvelle pour Blake allait certainement lui foutre un coup. Néanmoins, ce serait plus vivable pour tout le monde.
« Je passerai le voir. ». Une petite visite non prévue, c’était toujours sympa. En tant que sous-off, elle n’avait jamais trop aimé cela, même si elle se savait dans les clous et dans le cadre à chaque fois.

La suite des rendez-vous pleurniche reprit.
Long, trèès long. Des plaintes sur untel ou untel. Des dénonciations discutables. Des histoires d’extincteurs fantômes. Des requêtes pour changer d’équipe, de personnel, toujours des difficultés à vivre dans un vase clos les uns avec les autres. Parfois, c’était un peu plus souple, comme lorsqu’un dortoir lui demandait l’autorisation de fêter un anniversaire, alcool et cotillons. Mais d’autres, on la prenait littéralement pour une conseillère conjugale. Comme deux femmes soldats qui avaient décidé de régler les comptes dans son bureau.
Pedge était presque arrivée à la fin de sa journée. Bientôt, il y aurait une réunion concernant la dotation d’armes. Puis viendrait la venue du fameux sous-lieutenant de la logistique qui avait plombé Will.
Au bout d’un moment, elle fût coupée. Histoire tragique d’un aspirateur volé entre deux sections, qu’il fallait que ça cesse etc…
« Capitaine. Un appel du soldat Padilla. Elle dit que c’est important mais peu vital. » lui annonça James, une main sur son oreillette.
« Je suis dans le pas vital aujourd’hui.... », maugréa Pedge qui en avait plein le cul et ça commençait à se voir. « Passez la moi. »
//Mon Capitaine ?//
Elle attendit de l’avoir.
//Bonjour. J’aide à l’organisation des secteurs de vidéosurveillance. Je ne sais pas comment le dire mais...vous n’auriez pas oublié des bagages devant vos quartiers, chef ?//
« Pas que je sache... », répondit Pedge quelque peu étonnée.
//Les démineurs sont en route pour un colis abandonné. J’ai branché les caméras sur le site quand j’ai su que c’était chez vous. Je l’ai sous les yeux en ce moment, c’est...//
Ruth marqua une pause. Difficile de rester sérieuse dans ces circonstances. Elle fit de son mieux.
//Un sac rose vif avec un stickers dessus. On dirait votre visage et celui d’une chirurgienne...//

“Faites péter”, pensa Pedge sans le dire. Elle poussa un soupir. C’était forcément un coup de Bricks. C’était signé. En rose.
Quoique… Elle était sur Paradize et elle lui avait écrit une lettre. Pourquoi préparer un cadeau en plus ? Ce serait le genre de Nelly quand même, mais c’était peut-être aussi ses affaires que Wakks avait récupéré. Et plutôt que de foutre ça n’importe où ailleurs sur la cité, il avait préféré coller ça devant ses quartiers.
« Laissez tomber Padilla, je sais à qui c’est, je vais le faire récupérer. »
//C’est que les démineurs sont pratiquement là, Capitaine. Vous voulez que je m’en charge ? Le temps pour vous de finir la journée, je dépose les effets chez nous.//
Elle parlait du dortoir de l’équipe Charlie, sa section de soldat.
« Je préfèrerai que ça arrive directement dans mon bureau. », répliqua Pedge qui ne voulait pas laisser trainer ce sac n’importe où.
//A vos ordres. J’y vais tout de suite.// répondit Ruth.

Encore deux rendez-vous. Courage…
Ruth Padilla fût assez rapide. Tandis que le Capitaine écoutait les bavasseries d’un soldat qui évoquait un projet de tyrolienne entre deux immeubles, elle vit James se déplacer pour ouvrir la porte. La spécialiste de l’information tenta de rester discrète en allant au fond du bureau pour déposer le colis le plus discrètement possible. Elle lui offrit un salut militaire. Pedge lui répondit par un salut de la tête, seul geste qu’elle pouvait vraiment faire pendant qu’elle écoutait le type.
Ruth s’esquiva rapidement pour reprendre le travail. Pedge, de son côté, continuait le sien. A part le début, elle ne pouvait pas se targuer d’avoir obtenu du constructif. Tout le monde s’était vidé les tripes dans son bureau, si bien qu’elle était en droit d’écouter ses propres acouphènes pendant que son aide de camp cloturait quelques dossiers.
L’homme avait fait ça bien en aménageant une demi-heure pour que son officier puisse se changer les idées.
« Vous souhaitez la bonne ou mauvaise nouvelle, Capitaine ? » dit-il finalement avec le sourire.
« Les deux sergent, les deux. », fit-elle blasée. Elle n’aimait pas ce genre de question de toute façon.
« Votre couloir est vide. En ce qui concerne votre réunion pour la dotation, elle vient d’être reportée. Vous êtes libre, chef... »
« J’suis devenue une putain de bureaucrate... », soupira-t-elle en se levant. Elle était satisfaite d’être arrivée au bout de la journée, mais franchement, plus ça allait et plus ça devenait pénible. Elle ne se voyait pas faire ça tout le reste de sa carrière. Elle avait toujours été une femme de terrain… Se retrouver dans un bureau à gérer des conflits merdiques, ça commençait à lui pomper l’air, et c’était trop civil pour elle. En plus de ça, elle devait mettre de l’eau dans son vin. Bref, elle allait organiser une petite manoeuvre à l’échelle de la section, ça allait remettre quelques pendules à l’heure, et elle pourrait se faire plaisir. Ce serait diablement plus intéressant que de faire ce genre de chose. Ca lui prenait tellement de temps maintenant, qu’elle n’était même plus libre de dire quand elle avait terminé ou non. La tâche revenait à Graham. Bon, dans l’armée, on avait toujours quelque chose à faire faire aux troupes pour qu’elle ne s’ennuie pas, mais là, c’était carrément chiant. Et très loin de sa zone de confort.

Bref, un peu de sport et elle pourrait aller se coucher plus détendue qu’elle ne l’était maintenant !
Lorsque l’officier Allen décida de se rendre directement dans le dortoir de l’escouade Charlie en début de soirée, elle franchit la porte en surprenant tout le monde.

L’endroit était plutôt bien rangé et propre pour une équipe aussi désordonnée. Tim Brass était visiblement en train de faire l’inventaire de chaque soldats. Sur la table, tout le monde avait déposé sa dotation en respectant une compartimentation. Le sergent inscrivait les résultats sur une plaquette et travaillait visiblement Will sur une paire de rangers perdue.

A côté, Ruth Padilla était en train de pianoter sur son ordinateur. Le mur qui se trouvait dans son dos devait lui appartenir puisqu’elle y avait accroché un nombre impressionnant de feuilles raturées avec des codes, des calculs, des plans et des messages aux sens troublants.

Un peu plus au fond, sur un banc de musculation de fortune fait avec des bastins, Rita s’entrainait et faisait gonfler ses biceps en usant de poids d’entrainement. Les disques étaient vieux, rouillés, signe que c’était de la récupération. Izabel était juste à côté, comme une minuscule crevette, tentant de la suivre sur ses exercices en usant...d’aucun disque.
Le reste de l’unité ne semblait pas être là. A l’extérieur ou alors mobilisée sur une mission. C’est Will qui apperçu en premier l’officier. Il avait calé une cigarette entre ses lèvres, révélant sa condition de fumeur, et son geste s’était paralysé sur la tentative d’allumage d’un briquet. Il restait là à la zieuter, en mort cérébrale, se demandant s’il n’était vraiment pas devenu dingue.
« Alors, ces rangeots Will ? »
Il le regarda, intrigué.
« Sandoval. »
Le sergent suivit son regard et il eut la réaction de tout sous-officier en présence d’un supérieur. Il sauta de son siège et se raidit soudainement.
« SECTION. A VOS RANGS, FIXE ! »
Rita jeta ses poids, suivi d’Iza. Ils se placèrent tous en ligne et saluèrent, Will dans le lot dont la cigarette demeurait accrochée aux lèvres par l’humidité. Le jeune homme souffla et la cracha littéralement pour adopter une tenue qui se voulait parfaite. Pas un seul ne mouftait.

Pedge s’avança dans la pièce, passant en revue les lits, puis la table sur laquelle le matériel était en cours d’inventaire. Forcément, le lit de Sandoval était en vrac, et ça sautait aux yeux aussi rapidement qu’un morpion sur un poil pubien. La jeune femme s’arrêta au niveau de la table, pour observer l’équipe.
« Section, repos. », finit-elle par dire au bout de quelques secondes à les toiser.
Ils s’éxécutèrent. Grand silence...on pouvait entendre les mouches voler.
« J’ai entendu parler de la section Charlie un peu trop régulièrement aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça a intérêt à rentrer dans les clous rapidement. ». Elle les toisa un à un avant d’ajouter : « Par ailleurs, je tenais à vous apprendre que le soldat Blake a décidé de démissionner. »
« On le sait déjà, on a fait tout ce qu’on a pu pour... »
« Will, silence. » Lâcha Tim dont la respiration trahissait une légère émotion.
Rita avait le regard haineux et Iza regardait ses pompes.
« Permission de parler demandé, Capitaine ? » demanda Tim.
Pedge toisa longuement Sandoval, sans répondre à Brass pour le moment. Finalement, elle approcha de la médecin du groupe.
« Bowers, bombez le torse et regardez devant vous. ». Elle se tourna vers Brass, et elle acquiesça de la tête pour enfin consentir à lui donner la parole. Cependant, elle restait à côté de celle qui venait de s’attirer son regard.
Le médecin s’était exécuté mais elle peinait à regarder en son officier. Quelque chose n’allait pas non plus de son côté mais elle semblait vouloir le dissimuler. Elle fixa un point invisible en attendant que ça passe.
« Mon Capitaine. Je souhaitais m’entretenir avec vous, à ce sujet. J’aurai souhaité que cela se fasse avant que...vous ne preniez votre décision. »
« Venez. », fit-elle à l’attention de Brass en prenant le chemin de la sortie du dortoir. Inutile d’avoir une conversation devant les autres.
Tim lança un regard apaisant au reste de son équipe puis suivit l’officier.
« Chef. » dit-il d’un ton plus profond.
« Vous savez Sergent, ce n’est pas moi qui ai écrit cette lettre, pas plus qui me la suit remise. Cette décision appartient à Blake, pas à moi. », argua Pedge en entrant directement dans le vif du sujet puisque ça semblait être le fond du problème de Brass.
« Je ne comprends pas comment vous pouvez dire ça, mon Capitaine. » répondit-il tout aussi directement.
« Et moi je ne comprends pas que cette section dysfonctionne autant Sergent. Dois-je procéder à votre remplacement pour avoir enfin quelque chose qui tienne la route une semaine complète ? », répliqua-t-elle abruptement.

Cette phrase choqua pratiquement le soldat qui se reprit bien vite.
« Je pense que vous ne vous intéressez pas suffisamment à votre unité, vos hommes, pour y découvrir le mauvais concours de circonstances. Vous n’avez pas toutes les données, chef. Et vous êtes devenue très difficile à contacter. » se justifia-t-il. Il ajouta à la volée : « Je me soumettrai aux sanctions. Mais vous devez m’écouter, Capitaine. »
« J’ai l’impression d’être dans une garderie Sergent. Il faut toujours que je sois sensible aux problèmes des uns et des autres. Depuis quand procède-t-on comme ça à l’armée ? »
« On aurait jamais dû procéder comme ça. » reconnu Tim. « Mais, Chef, nous ne sommes pas de ceux là. On est pas de ce bois à aller se plaindre. Je sais que Will est venu vous voir. Mais franchement, vous savez bien qu’il n’a aucune intention malveillante en le faisant. S’il a demandé votre intérêt, ce n’est pas pour se faire sauter une prune récoltée au parking du supermarché. C’était pour se justifier. »
« Et Rita ? »
« C’est une sanguine. Vous la croyez néanmoins assez bête pour tirer avec un fusil aussi rare qu’un M1 à lunette en pleine nuit ? »
Il s’arrêta pour lui faire face.
« Ecoutez. Je sais que vous passez des journées de merde. Je ne vous envie pas. Ca me porte salement préjudice parce que je ne peux pas me permettre d’entrer dans votre bureau, vous parler de vos hommes, sans que vous nous mettiez dans le même sac. Rita est accusée parce qu’elle n’a pas de preuves. Elle ne dévoilera jamais à la police militaire qu’elle était, ce soir là, enfermée dans une salle de jeu clandestine où elle adore taper le carton entre Italiennes. C’est une manigance visant à lui faire porter le chapeau. »
Le sergent parlait doucement.
« Je ne peux pas débarquer et vous raconter tout ça sans que vous ne mettiez vos hommes, vos soldats, sous les verrous parce que vous passez une journée à voir des soldats qui ne suivront jamais votre exemple. Pourtant, Charlie, c’est votre escouade. Vivante, chiante, emmerdante à souhait. Qui a résisté à Calahan et qui vous suivra jusqu’au fond d’un vaisseau ruche si vous le demandez. »
« Et pourtant, ce sont ces petites choses qui ont conduit des soldats, des officiers, à des exactions sur des civils. Si vous pensez que faire plaisir à vos hommes, avoir leur approbation, passer sous silence leur connerie, fait de vous un bon chef, vous vous gourez. Si Rita est dans la merde, c’est parce qu’elle faisait quelque chose d’illégal à ce moment là. C’est marrant que vous ne vous dites pas que si elle était là où elle était censée être, elle n’aurait pas eu d’ennui. A un moment donné, nous sommes des militaires, nous sommes un exemple de discipline, si des troupes ne sont pas capables de se tenir en mission extérieure, qu’est-ce qu’il reste ? Une bande de soudards qui obéit aveuglément à son chef ? Et qui, le jour venu, iront cogner du civil ou de l’étranger, parce que de toute façon, on s’en fout ? Non Sergent, la discipline, c’est la base de toute forme de hiérarchie. Vous n’êtes pas leur copain, vous êtes un sergent de l’USAF. Vous êtes le lien entre moi, et eux. Si vous ne pouvez pas assumer ce rôle, je devrai prendre des mesures pour vous remplacer. Ca commence à me gonfler de rattraper les conneries de tout le monde dans cette unité. On ne devrait même pas avoir cette discussion. »
« Capitaine. Nous ne sommes pas une bande de soudards. Et nous ne sommes pas Eversman ! »
Il la fixa. Elle le tua du regard pour oser parler d’Eversman.
« Nous n’agirons pas comme lui et je pense sincèrement que vous n’êtes pas dans une optique objective à la fin de votre journée de merde. J’ai bien compris que ma place est en jeu et je sais qu’aucun argument ne trouvera grâce à vos yeux. »
« Je ne vais pas relever le fait que vous avanciez être différent d’Eversman, parce que pour le moment, y en a deux ou trois que je mettrai dans le même sac. Maintenant, j’entends ce que vous me dites. On va faire simple. ». Pedge observa le couloir, avant de se décider : « Je mets la section au vert pendant deux semaines. Retour sur Terre. Ca fera du bien à tout le monde, moi y compris. Qu’ils reprennent du jus en permission, qu’ils se remettent dedans, et qu’ils prennent conscience qu’ils sont en opération extérieure et pas quelque part je ne sais où où on peut vivre comme des civils. A l’issue de ces deux semaines, je vous orienterai certainement sur un stage pratique d’unité classique quelque part sur un terrain d’opération terrien, et selon vos preuves et vos résultats, je déciderai avec l'État Major si oui ou non vous êtes à nouveau opérationnel pour l’expédition Atlantis. »

Tim ouvrit la bouche et il la referma simplement ensuite. Il était profondément déçu mais, en tant que soldat, ce n’est pas ce qu’on lui demandait.
« Autant faire mes adieux tout de suite j’imagine. » ne put-il s’empêcher de prononcer. « Vous avez le discours de Calahan, mon Capitaine. »
« Cessez de vous plaindre Brass. Je ne vous demande pas votre avis. Si vous même êtes défaitiste, comment suis-je censée voir votre section ? Je vous offre une chance de refaire vos preuves pour revenir ici, certains ne l’aurait pas fait. »
Brass demeura silencieux quelques secondes. Il se mit finalement au garde à vous.
« A vos ordres. Avant de nous quitter, Capitaine, je vous informe que j’ai appris il y a une demi-heure la raison du comportement de Blake. C’est ce que j’aurai souhaité vous transmettre mais je sais maintenant à quoi m’en tenir. »
Il attendit d’avoir l’autorisation de rompre les rangs.
« Je pourrai vous demander cette raison, mais à mes yeux, rien ne justifiera jamais qu’un soldat agresse un officier Sergent. Alors, je préfère m’en tenir là. »
« C’est ce qui nous différencie. Je suis le tampon. Mais vous avez raison, on ne développe pas avec un officier. Est-ce tout, mon Capitaine ? »

Pedge le regarda un instant. Il venait de résumer son rôle en quelques mots, et pourtant, il ne l’avait pas fait.
« Assumez votre rôle de tampon. Que les gars viennent vous causer, qu’ils s'épanchent, qu’ils pleurent sur votre épaule, vous êtes là pour ça. Puis venez me voir, et on en discute. Arrêtez de m’envoyer directement les soldats dans mon bureau, et faites le tampon oui. Vous croyez que je faisais quoi quand j’étais à votre place ? »
« A ma place, vous aviez l’écoute du Colonel. Je n’ai que très peu la votre. Ou alors trop tard. »
« Parce que vous êtes dépassés par les évènements. Prenez le contrôle, arrêtez de subir. Est-ce que c’est normal que ce soit Blake qui se ramène dans mon bureau pour me parler de congé refusé et pas vous ? Est-ce que c’est normal que ce soit quelqu’un qui m’apprenne que Rita est avec la police militaire ? Ou que Sandoval vienne pleurnicher sur un blâme ? Pourquoi est-ce que ce n’est jamais vous ? C’est marrant, j’ai tous les pleurnicheurs de la cité qui se succèdent dans mon bureau, et aux dernières nouvelles, je suis inaccessible... »
« Oui, je persiste, Capitaine. Ces pleurnichards inutiles m’empêchent de vous amener de vraies problématique qui méritent votre attention. A cause d’eux, vous nous placeriez trop facilement dans le même sac. »
Il marqua une pause.
« J’ai demandé à mes hommes de ne pas vous importuner. Will a joué l’enfant. Rita, j’étais en train de la gérer. Et Danny, oui, c’est inacceptable. Sauf que je manquais d’informations. Quand je les ai eu, j’ai tenté d’attirer votre attention en dehors de cette farce qui se déroule dans votre bureau. J’aurai pensé que vous veniez pour me permettre de faire mon job. Au lieu de me le reprocher... je protège les hommes. Je ne les materne pas. Chef... »
« Faut croire qu’ils sont plus débrouillards que vous surtout. Eux, ils ont eu un rendez-vous. Bref. Je reste sur mon idée de vous coller deux semaines en permissions. Quand vous reviendrez ici, j’aurai réorganisé tout ce merdier pour que ça communique mieux entre la hiérarchie et les sections. Puisque ça semble être le fond du problème. »

Tim secoua la tête.
« Capitaine. J’ai beaucoup de respect pour vous et votre travail. Mais nous ne sommes pas des machines. Rita est innocente. Will est innocent. Danny est le seul à mériter ces deux semaines de perm. Tant que vous ne l’aiderez pas pour sa famille, ce qui fait son moteur dans cette expédition, il virera dingue. »
Le sergent lâcha finalement le morceau.
« J’ai appris il y a une demi-heure que son fils est tombé dans le coma. Sa femme ne lui répond plus depuis une semaine. Cette permission était vitale pour lui. Je doute que vous seriez aussi insensible si les rôles avaient été inversé. »

Le sergent Brass n’allait pas se soumettre. Il lui tenait tête en essayant de ne pas entrer dans l’insubordination. C’était le porte-parole de Charlie et il devenait l’avocat du diable. Foutu pour foutu, il lui prouverait que ce n’était pas de la pleurniche. Mais bien un argumentaire, un abcès qui se perçait. Il donnerait du fil à retordre contre un jugement trop hâtif de son unité. Lui ne se considérait pas aussi incompétent qu’elle le soutenait.

« Ces journées vous affecte. Nous en payons le prix. »
Il regarda en direction du dortoir, certain que ses soldats écoutaient en restant planqué.
« Je veillerai à ce que les hommes ne vous importune plus. Je surveillerai leur comportement. Mais peut-être pourrions-nous commencer par ça la prochaine fois - vos règles - avant de parler sanctions, mon Capitaine. »

Pedge écoutait posément. Elle ne savait plus bien quoi penser. Elle comprenait que Blake pète un boulard, mais elle ne comprenait toujours pas sa façon de venir demander les choses. Elle n’y était pour rien dans le refus de sa permission, qu’elle lui aurait sans doute donné qui plus est, mais elle ne pouvait pas aller au dessus de l'État Major dans ce genre de décision. Alors oui elle pouvait appuyer sa demande, mais il n’avait pas mis les formes pour. De toute façon, le courant ne passait pas entre eux deux depuis le début de leur relation, et Pedge ne parvenait pas à lâcher le steak pour lui donner des circonstances atténuantes - même si son fils et sa santé en était clairement une. Etait-elle devenue si inhumaine que ça ? Devait-elle revoir sa façon d’être et de procéder ?

Peut-être.

Peut-être était-ce ces journées qui la pesait le plus. Peut-être était-ce d’avoir perdu son identité qui la rendait plus extrémiste qu’elle ne l’était. Tout le monde semblait avoir mis de l’eau dans son vin vis-à-vis de ça, sauf elle. Était-elle si conne et si ingrate que ça ?

Elle poussa un soupir. Tim s’en sortait bien, jusqu’à sa dernière phrase qui provoqua de nouvelles aigreurs chez la texane. Elle serra les dents, agacée.

« Mes règles ? Ce sont les règles de l’armée Sergent, pas mes règles. ». Franchement elle était dépassée par ce genre de discours. Le métier avait bien changé maintenant. La faute à la télé réalité et à l’individualisation de la société. Aujourd’hui, on devait faire avec des humains, non plus avec des instruments. Elle le comprenait, ce n’était pas non plus un dinosaure sortie tout droit d’une autre époque… mais quand on se considérait soi-même comme un objet, comme un instrument, comme le bras armée des Etats-Unis, et plus largement, de l’humanité… on n’avait du mal à ne pas le transposer chez les autres. La vie militaire avant tout. Avant la vie de famille. Avant la vie personnelle. Avant la vie civile. Avant TOUT.

« Bref. Envoyez moi Blake dans mon bureau demain matin à 6h00 pétante. Je veux qu’il soit nickel, qu’il me présente des excuses, et qu’il me demande sa permission en bonne et due forme. Ok ? Et peut-être qu’il pourra rejoindre la délégation qui passe par la Porte demain à 7h30. Et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dis, je ne veux pas qu’il vienne me lécher les pieds ou me cirer les pompes, je veux juste voir un vrai militaire. Si ce n’est pas trop demandé. », s’agaça-t-elle une nouvelle fois - toute seule pour le coup. Brass pouvait se féliciter d’avoir son attention. Elle lui avait dit qu’il était peut-être incompétent pour gérer l’équipe, mais le pensait-elle vraiment ? N’était-ce pas un coup de pression ? Après tout, elle avait toujours eu une oreille attentive à ses propos, ne serait-ce que depuis qu’ils se connaissaient tous les deux. Au moins, il venait d’avoir gain de cause dans les grandes lignes.

En réponse, le sous-officier acquiesça simplement.
Il était soulagé et très satisfait d’avoir pu récupérer le coup avec le Capitaine. Non pas qu’il s’agissait d’une quelconque manipulation mais il n’acceptait pas la mauvaise image offerte gratuitement sur Charlie. L’homme se mit au garde à vous. Pour Danny, c’était une excellente nouvelle. Il ferait en sorte que le soldat soit impeccable.
« A vos ordres. »
Ordinairement, il se serait arrêté là. Mais pas cette fois.
Quelque part, ils étaient encore en train de se connaître l’un et l’autre. Le but restait similaire, pour l’un comme pour l’autre : veiller à ce que la barque ne prenne pas l’eau.
« Si je puis me permettre, Capitaine. Charlie...nous tous... avons survécu à Calahan, c’est pas rien. Nous avons la chance d’être sous votre commandement, personne ne dira l’inverse. Pas même Danny ou Rita. Alors... »
Il marqua une légère pause pour reprendre sa respiration.
« Si vous avez le doute : les hommes n’hésiteront pas à repartir en manoeuvre rien que pour vous prouver leur valeur. Charlie est et restera la meilleure unité sous votre commandement. »

Pedge n’avait vraiment pas besoin qu’on lui passe de la pommade ou qu’on essaie d’en passer sur l’unité. Il pouvait dire ce qu’il voulait, il n’y avait pas autant de litige dans les autres sections que dans celle Charlie.
« La valeur d’une section ne se limite pas au terrain uniquement Sergent. Vous pouvez disposer. », fit Pedge pour le libérer finalement, et en faire de même par la même occasion.

(c) AMIANTE

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Lun 27 Avr - 18:08

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Deux heures à peu près.
C’était le laps de temps durant lequel Pedge avait eu la paix avant de recevoir un nouvel appel radio. James Graham lui avait demandé sa position et l’autorisation de la rejoindre rapidement. Quand il faisait ça, c’est que c’était urgent, ça n’annonçait rien de bon. La journée de merde de l’officier n’était donc pas terminée.
Ils se croisèrent à mi-chemin dans l’un des couloirs de la cité, se rejoignant l’un l’autre.
« Capitaine. » fît respectueusement Graham. « Je n’apporte pas une bonne nouvelle. Et je n’ai pas de façon subtile de vous l’annoncer alors... »
Il pinça des lèvres.
« Le sergent Taffola vient de mettre fin à ses jours. »
« Non mais c’est une blague… », fit Pedge en devenant blanche comme un linge. Mais comment était-ce possible ? Cette cité était donc gérée comme une garderie ou quoi ?

« On vous demande également au bureau du lieutenant Ridding, de la police militaire, pour une histoire de douille. Je n’ai pas pu en savoir plus. »
« Ridding attendra, je vais de ce pas me rapprocher des cellules pour voir ce dont il retourne pour Taffola. »
« Je vous accompagne. »

Le chemin se fit dans un silence religieux et moribond. Quand la texane atteignit le secteur carcéral, elle croisa inévitablement les infirmiers qui retiraient le corps. Il était enfermé dans une housse mortuaire, posé sur un brancard, alors qu’on le menait à la morgue. Le cliquetis des roues diminua à mesure que le chariot s’éloignait. Non loin, des bandes de délimitation avaient été dressée pour interdire le passage des curieux. On laissa évidemment passer Pedge qui se trouvait être le premier officier sur place, excepté la police militaire déjà au travail.
Plusieurs éléments s’étaient réunis. On interrogeait les geôliers pendant qu’un enquêteur prenait en photo un enchevêtrement de draps pendu depuis l’un des pieds du lit relevé. Apparemment, Taffola l’avait arraché de ses gonds pour en faire un mat depuis lequel elle avait tissé sa corde de chanvre. En s’y pendant, ses pieds touchaient inévitablement le sol.
Alors elle avait dû s’affaisser d’elle-même. Avoir une résolution et une volonté de fer pour se laisser partir comme ça.

Dès son entrée, les soldats s’étaient placés au garde à vous. Ils reprirent le travail dès qu’elle leur ordonna le repos. L’un d’eux se détacha.
« Sous-lieutenant Miliken, police militaire. » se présenta-t-il.
« Capitaine Allen. », se présenta-t-elle à son tour. La jeune femme avait considéré l’ensemble de la scène d’un oeil attentif. Tout cela dépassait l’entendement pour elle.

Il tenait une enveloppe dans sa main.
« Avant de s’en aller, le sergent Taffola a rédigé ceci. Ca porte votre nom... »
L’homme lui remit le message sans le moindre sous-entendu.
« Je vous laisse en prendre connaissance mais je ne pourrai pas vous le laisser. C’est une pièce à conviction qui doit partir au scellé. »


Ce n’est pas une façon de me venger ou de vous faire culpabiliser. Ce serait tellement puéril. Et je pense que vous n’êtes pas du genre à vous émouvoir.

J’ai pu voir quel officier droit, honnête, vous m’avez semblé être. Peut-être bien qu’il n’y aurait pas eu ces suicides et ces dérives si vous aviez été là plus tôt.

J’ai simplement fait mon choix.
Mon choix, madame, c’est tout.

Je pense que vous pouvez le comprendre. Ma vie est ici, sur Pégase, et jusqu’à la fin.
Personne ne m’attend sur Terre. Pas de familles, pas d’amis.
Avoir connu, aimé et s’être battu - dans le sang, les tripes des copains, les larmes - tout ça pour l’Expédition : ça rend tout le reste si fade.
Je me suis même mariée sur place. Avec un extraterrestre, un Natus. Je n’aurai jamais cru ça possible.

Pourquoi vous ? Vous êtes mon meilleur espoir de faire respecter mes dernières volontés.
Ce qui est arrivé à Rafaël est odieux. Je m’en suis toujours voulu. Mais je ne me vois pas coupable.
Je n’ai pas une âme de prisonnière, mon Capitaine. Je ne me laisserai pas dépouillé de mon uniforme, de mon galon - avec tous mes efforts, mes espoirs, mon amour pour ma Patrie- parce que j’ai tardé à dénoncer.
Je ne veux pas de cette fin là. Pas comme ça. J’en choisi une autre.

Je pars simplement un peu plus tôt et j’ai besoin de vous.
Je souhaite que mon corps soit rapatrié en Magna. Et que vous permettiez à mon mari, le chef de corps Méride, de m’inhumer selon ses rites. Nous habitons le quartier Baltius, dans la deuxième rue. Une maison dont la façade a été abîmé d’un tir de canon lors de la Première Guerre.
Il n’en sera pas étonné, croyez-moi.

Je le dis avec sincérité, et de tout mon coeur,
Longue vie à l’expédition.
Longue vie à l’USAF.

Ils m’ont offert le luxe de ne rien regretter.

Votre soldat,
Sergent Taffola.


Pedge se plongea dans la lecture sans sourciller, comprenant phrase après phrase là où Taffola voulait en venir. Elle partageait sa vision des choses sur plusieurs points. Tout comme elle, sa vie était sur Pégase et elle ne se voyait pas revenir sur Terre pour l’éternité. Du moins pour le reste de sa vie. De ce côté là, elle était plus ou moins tranquille puisque dans pas longtemps, elle serait déclarée comme morte pour sa famille, puisque Lays demeurait introuvable, malheureusement.
Peut-être qu’avec ces histoires de liens, de mariage, la justice Terrienne aurait pu s’arranger avec celle Natus, et peut-être que Tafola aurait pu vivre encore quelques années libre après avoir purgé une peine, mais Pedge ne savait pas comment tout cela fonctionnait, et encore moins comment les Natus pouvaient intégrer cela. Franchement, de permettre ce genre de chose était une bien mauvaise idée selon la capitaine. Voilà le résultat. Elle, à l’Etat Major, aurait fait interdire les unions extraterrestres de la sorte. Une question de bon sens. C’était déjà la merde quand il s’agissait de régler des problèmes de droit international dans les mariages de deux personnes de pays différents, alors de deux planètes, pour ne pas dire deux galaxies… C’était ubuesque tout ça.

Elle était coupable. Coupable de n’avoir jamais rien fait. Quoiqu’elle en pense. Mais bon, ça n’avait plus d’importance maintenant. Il n’y avait plus rien à défendre. Pedge replia la lettre. Elle n’était pas atteinte, loin de là. Taffola avait fait un choix. C’était triste, mais c’était comme ça. Malgré tout son phrasé qui consistait à la faire passer pour quelqu’un de bien, elle resterait aux yeux de Pedge comme la femme qui aurait pu sauver une vie si elle avait eu le courage d’ouvrir sa gueule plus tôt. Le seul respect qu’elle pouvait avoir été dans le fait qu’elle avait fini par parler, après des années, et même si c’était trop tard, ça restait louable et courageux. Dommage qu’elle n’ait pas considérait qu’elle avait les moyens de se défendre sur ce coup là. Dommage que malgré son estime d’elle-même, elle n’en eut pas assez pour affronter cette nouvelle aventure. Si elle ne se pensait pas coupable, au fond, pourquoi aurait-elle choisi de mettre fin à ses jours ? Elle le savait au fond d’elle-même, et elle savait qu’elle allait payer pour ça. C’était pourquoi elle avait fait ce geste fou. Elle avait fuit sa conscience en assistant sans rien dire à des exactions contre cet homme, et elle avait une nouvelle fuit sa conscience en faisant face à ses responsabilités. Taffola avait été une lâche une grande partie de sa vie.

La texane redonna donc la lettre à l’officier de la police militaire, la mâchoire serrée. C’était vraiment du gâchis toute cette affaire. Pedge ferait remonter les dernières volontés de la jeune femme à l’Etat Major, mais elle ne se battrait pas pour qu’elles soient respectées. Si les huiles estimaient que c’était envisageable, alors tant mieux pour la suicidée. S’ils estimaient que ce n’était pas possible, tant pis pour elle.
Elle en ferait part à Namara également. Histoire de mettre au courant la politique Natus. Peut-être que ça ferait changer les choses dans le bon sens et que cette pression supplémentaire venue de chez les fils de la Magna aiderait les grands pontes à se décider à rendre la dépouille mortelle à son mari. Mais c’était tout ce qu’elle pouvait faire. En parler à Namara était déjà un acte assez puissant en soi pour foutre le bordel, alors elle ne ferait pas plus. Elle ne devait rien à cette femme. Absolument rien.

« Vous me ferez part des résultats de l’enquête Sous Lieutenant ? ». Pedge ne se faisait pas d’illusion. Ce serait classé comme un suicide et ça n’irait pas plus loin. A quoi bon ? Il n’y avait rien à creuser. Pourtant, elle avait envie que des têtes tombent. Ce n’était pas normal à l’heure actuelle qu’on puisse avoir un suicide en zone carcérale. Tout le monde se branlait ou quoi ? Décidément, rien ne semblait fonctionner sur cette cité, et Pedge en venait à se demander si cette conclusion s’imposait à elle parce qu’elle était en partie aux affaires maintenant. Avant, elle ne se souciait pas de tout ça…. Est-ce qu’elle dormait mieux ? Probablement que oui. Ce genre de soucis administratifs étaient loin de l’enchanter, et elle commençait à trouver sa nouvelle place un peu déprimante.

Certes elle avait toujours voulu monter dans les échelons, parce que c’était un signe évident de réussite, et parce qu’elle n’avait jamais voulu rester militaire de base toute sa vie. Cette expédition avait été une chance pour elle d’y parvenir, et maintenant qu’elle prenait du grade… elle déchantait un peu. Oui elle ne pouvait pas rester une opérationnelle toute sa vie. Elle prenait de l’âge, et déjà aujourd’hui, elle n’était plus aussi affutée que de petits jeunes qui arrivaient, encore frais et vermoulus, près à en découdre et à en faire baver les officiers. De bons gars, pleins de fougues et de vitamine, un peu comme elle au départ. Elle savait qu’elle pouvait rivaliser avec eux, simplement en compensant avec son expérience largement fournie.

« Bien, Capitaine. »

A l’extérieur de la zone carcérale, James était en train de réunir différents documents sous format électronique. Le sergent dépendait de la juridiction administrative d’Allen donc c’est elle qui allait devoir gérer le retrait des effets personnels, la mise à disposition à la police militaire ainsi qu’un rapport préliminaire à destination de Frei. Voir Sheppard.
Cet événement venait de rompre l’opportunité de voir la fin de cette journée. En réalité, elle commençait. Graham savait que son officier en était arrivé à la même déduction mais il n’irait pas remuer le couteau. De toutes les journées pleurniches, celle-ci était décidément la pire qu’il ait connu. Le Capitaine étant fidèle à ses habitudes, le jeune homme sentait qu’elle ne remettrait pas les affaires à plus tard.

Il lui arrivait parfois de se demander s’il avait pas fait erreur en se proposant aide de camp. Ou bien s’il ne devait pas commencer à songer à une mutation. Bosser pour un officier moins rude. Une idée qui lui venait lorsqu’il commençait à fatiguer. Il suffisait alors d’une nuit de sommeil et, dès le lendemain, l’hypothèse était jetée aux oubliettes. Bosser pour la galonnée la plus ambitieuse et la plus sévère (ou en tout cas, pas loin du Major), ce n’était pas donné à tout le monde. C’était, quelque part, somme toute assez flatteur.

James Graham mit donc ses projets de côtés. Il rangea sa tablette fissa, maintenant qu’il avait les données et les outils pour préparer tout l’administratif, laisser un minimum de boulot au Capitaine. Puis il se raidit en la voyant approcher.

« Je m’occuperai des formalités, Capitaine. » lui dit-il simplement.
« D’accord. », répondit simplement Pedge avec un hochement de tête. Ce n’était jamais très agréable d’apprendre la mort de quelqu’un et elle devait accuser le coup l’air de rien.

Il remarqua ensuite la silhouette d’un homme et se mit immédiatement au garde à vous en remarquant les galons. Le lieutenant Ridding, de la police militaire, revenait en compagnie de tout un cortège. Avec plusieurs soldats, ils avaient procédé aux arrestations et amenaient les différents éléments dans des cellules à l’écart de la zone de crime. Pedge allait reconnaître sans mal les différentes têtes qu’elle avait aperçu en vidéo. Toutes jouaient la carte de la surprise et de l’étonnement, ne comprenant pas la raison de leur emprisonnement mais s’y soumettant par devoir militaire.

« Capitaine Allen. Mes respects. » fît Ridding en faisant un signe pour que James se replace au repos.

L’homme attendit que son escorte s’éloigne pour enfermer les différentes prévenues.

« Je vous cherchais, justement. Vous n’êtes pas sans savoir que j’ai le soldat Monciatti dans le collimateur. »

L’officier lui fit un signe pour s’éloigner ensemble et discuter du sujet.

« Je la soupçonnais d’avoir volé une boite de cartouches au stock. De la munition d'entraînement assez rare, calibre 30. Il n’y a pas beaucoup de tireurs de précision qui en utilise sur la cité. Ca se compte sur les doigts de la main. » Il fît une pause. « Monciatti est accusée d’avoir effectué un tir longue distance. Elle a envoyé un chercheur à l’infirmerie avec une épaule déboitée. Sans compter les deux autres qui ont failli se noyer en le repéchant de la digue... »

Ridding avait laissé l’intonation de sa voix en suspens. Comme pour signifier que le “mais” arrivait avec ses gros sabots.

« Incapable de me dire où elle se trouvait au moment des faits. Et heureusement pour ce soldat, quelques heures plus tard, je reçois de votre part un nouvel élément. Je trouve ça assez curieux, Capitaine. D’autant plus que celui-ci à tendance à disculper votre soldat. »

Le lieutenant la sonda.

« Puis-je vous demander où vous avez trouvé cette douille et pourquoi vous avez attendu avant de me la transmettre ? »

Pedge avait le sentiment d’être dans une tranchée et que chaque coup de pioche représentait un nouveau pas en avant, une nouvelle affaire à régler. Elle commençait à avoir les bras lourds, mais elle continuait à creuser son chemin pour avancer. Maintenant qu’elle avait Ridding sous le coude, elle pouvait de nouveau éclaircir un point. Et un nouveau coup de pioche ! Un !
« C’est Norman Wakks qui a trouvé cette douille. Par ailleurs, Monciatti n’a rien à voir dans cette histoire, et je pense que votre enquête va le démontrer, si elle est réalisée correctement et pas à charge contre mon soldat. ». Plus de place pour la diplomatie à cette heure-ci de la journée.
« Vous auriez trouver cette douille, pas Wakks. Enfin… ». Pedge toisa le couloir, puis reporta son attention sur Ridding, après un petit soupir. « Monciatti est la seule à tirer au M1, vous pensez sérieusement qu’elle s’amuserait à faire ça avec son arme ? Vous avez testé l’arme d’ailleurs ? Le gars qui a été touché, avait-il des ennemis ? Monciatti en avait-elle ? D’ailleurs, si ça peut vous aider, Monciatti trainait dans un tripot clandestin en compagnie d’autres italiens à jouer aux cartes au moment des faits. Peut-être qu’elle a une dette envers quelqu’un, allez savoir. C’est pour ça qu’elle ne voulait pas vous dire ce qu’elle faisait. ». Pedge ne comprenait pas le délire. Il y avait un monde entre se faire accuser d’une tentative d’homicide, et se retrouver mêlée dans une affaire de jeu clandestin. Les conséquences n’étaient pas les mêmes. Mais bon, elle n’avait jamais compris Rita.
« Faites votre boulot avant de charger quelqu’un Lieutenant. », ajouta Pedge. La Police Militaire n’était jamais en odeur de sainteté chez les autres militaires. Pedge le faisait sentir, mais elle faisait sentir également qu’elle n’aimait pas bien les pratiques raccourcies de cet homme. Après, elle était certainement injuste, ne serait-ce parce que cette conne de Rita n’avait pas voulu vendre la mèche de son alibi. Ça n’aidait pas à la rendre plus transparente aux yeux de l’enqueteur, il est vrai. Mais ce dernier aurait très bien aller fouiner dans la section pour essayer de se faire une idée de l’emploi du temps de la jeune femme. Brass lui aurait certainement dit…
Bref, elle avait les boules. Les boules parce qu’elle n’aimait pas la PM, les boules parce que ces cons n’avaient pas fait ce qu’il fallait pour sauvegarder un témoin dans cette sordide affaire de torture.

« Vous avez l’air d’en connaitre plus que moi sur mon propre travail, je vous remercie pour vos leçons. » se moqua le lieutenant tout en grattant sur son calepin. Il avait ignoré le ton qu’avait l’officier pour poursuivre.
« Je trouve particulièrement étonnant que ce “Wakks” dépose une preuve déculpabilisante, en votre nom. Vous connaissez bien cet homme ? »
« Dans les grandes lignes. », répliqua Pedge sans en dire plus. Au moins, elle avait un peu le sentiment de le faire chier.
« Les grandes lignes, d’accord. »
Ridding releva quelques pages de son calepin pour y consulter ses notes, il poursuivit :
« C’est un type qui joue un jeu dangereux. Il a fait son apparition dans des vestiaires en cours de contrôle ce même jour. Vous savez pourquoi ? »
Il lui sourit de mauvaise grâce.
« Parce que je sais aussi qu’il vous a rendu une petite visite il n’y a pas longtemps. Qu’est-ce que vous cachez ? »
« Absolument rien Lieutenant. Je ne sais pas trop à quoi vous jouez, mais si vous faites vos déductions sur les visites que je reçois de Wakks… nous sommes mal barrés. »
« Je souligne seulement des petites curiosités. Vous étiez sur la gestion administrative de votre juridiction. Ce soldat n’était pas venu dans ce cadre puisqu’il appartient au Dédale. Est-ce que je pourrai connaître le sujet de votre entrevue ? »
« Il me donnait des nouvelles de Nelly Bricks. Est-ce illégal de recevoir quelqu’un qui n’est pas de sa juridiction pour avoir des nouvelles d’un autre soldat ? Je ne crois pas. Mais si c’est curieux pour vous… je veux bien vous expliquer le concept. »
Le lieutenant Ridding lui afficha un sourire de requin.
« Rien d’illégal à tout cela. C’est juste pour vérifier si sa version sera la même lorsque je le convoquerai. Comme vous ne semblez pas pouvoir m’expliquer la provenance de cette douille, je vais aller chercher l’information à la source. »
Il lui fit un clin d’oeil.
« Vous n’avez rien contre ça, j’en suis certain. Après tout, ca me permettra de faire plus que des déductions. »
« J’allais justement vous le proposer, Wakks parlera mieux en son nom, même si manifestement il aime bien prendre des initiatives en y associant d’autres personnes. Je suis certaine que vous allez le trouver charmant. Bref, c’est lui qui a trouvé cette douille, pas moi, donc… je vous laisse voir ça avec lui. Je ne peux pas mieux vous dire. »
« J’irai vérifier tout ça. Mais en attendant, je vous recommande de rester disponible si une confrontation s’avère nécessaire. »
« Vous savez où me trouver. »

C’était terminé.
Le lieutenant Ridding se tourna vers son affaire d’arrestation en laissant l’officier peinard. Du moins pour l’instant. Lorsqu’elle repartit, elle trouva son aide de camp penché sur sa radio. Il mit sa conversation en attente en voyant son officier débarquer.
« Chef ? »

Pedge était un peu agacée par cet entretien avec ce type de la police militaire. En plus de ça, elle sentait qu’elle n’avait pas bien joué. Cette journée était interminable, mais finalement pas si inintéressante que ça. Elle approcha de Graham.
« Un problème James ? »
L’aide de camp blêmit instantanément. Il aurait préféré régler l’affaire en interne plutôt.
« Non ! » répondit-il si rapidement et si bêtement que ça hurlait l’inverse.
Il se racla la gorge.
« Si. Mais...peut-être préférez vous vous éviter des ennuis supplémentaires ? »
« Est-ce que vous pouvez le régler sans moi ? »
« Au vu des circonstances...je ne sais pas, Capitaine. J’ai le sergent Brass sur les ondes. »
« Et qu’est-ce qui lui arrive ? », demanda-t-elle, puisque manifestement elle allait devoir se charger de ça aussi.
« Le première classe Blake n’a pas rejoint son service. Votre section s’est mise à sa recherche mais il demeure introuvable. Lui et….heu...son blindé. »
Et après on lui demandait de reconsidérer les choses vis-à-vis de ce mec…
« Je ne vais pas être d’une grande aide… Demandez l’appui des unités disponibles pour le retrouver. »
« L’ensemble de Charlie s’est lancée à sa recherche. Le sergent Brass m’a appelé pour autre chose Madame. Il a proposé l’éventualité que vous rapprochiez du Dédale pour faire localiser sa balise sous-cutanée. Ce serait radical. »
« Si je fais ça, s’en est fini de Blake et de son futur dans cette expédition... », bougonna-t-elle.
C’est en ça que l’aide de camp était blanc comme un linge.
« Je me sens forcé de vous demander de ne pas faire feu sur le messager Capitaine. Surtout si je vous souligne que votre sergent a proposé cette solution de façon… plus officieuse.. »
« Je n’ai pas envie de tirer sur le messager Sergent, mais quand ce dernier me donne le flingue chargé à pointer sur lui... Vous êtes mon ordonnance depuis assez longtemps maintenant pour savoir que ce genre de chose ne peut pas se faire. Vous me voyez prendre mon téléphone et passer un coup de fil au Colonel Caldwell et lui demander de bouger son croiseur pour qu’il trouve un soldat qui déserte avec du matériel top secret, tout ça de façon officieuse pour qu’il n’y ait pas de conséquences ? »
« Je le sais bien, mon Capitaine. Je vous connais depuis Le Boc. Mais je sais aussi que vous n’apprécieriez pas que je laisse de côté l’information brute, dans son ensemble. Je pense personnellement que le Sergent Brass reflétait plutôt les contacts que vous avez sur ce croiseur. »
Pedge avait saisi ce que Brass souhaitait faire, avant même de rentrer dans le lard du sergent. Elle n’en avait pas envie pour la bonne et simple raison qu’il s’agissait encore une fois de ce satané soldat. D’un autre côté, si elle gérait ça elle-même sans ameuter tout le monde, elle pourrait le tâner à sa façon… Maintenant, si elle ameutait tout le monde, il serait encore plus simple de le dégager. Elle conservait également sa lettre de démission, c’était encore plus simple. Qu’il se soit barré tout seul comme un grand ne la dérangeait pas, il se mettait dans la merde tout seul. Qu’il soit parti avec son blindé, c’était autre chose. Il devenait… dangereux. Elle était son officier, et elle était au courant. Si elle ne faisait rien, elle était responsable de ce qui arriverait. Si elle ne faisait pas les choses dans les règles, on viendrait lui tirer dessus pour avoir contourné le système. Bref, elle était coincée. Soit elle acceptait de prendre un risque pour un type qu’elle n’aimait pas, soit elle ne le prenait pas en assurant ses arrières. Elle avait déjà concédé une chance à Brass vis-à-vis de Blake, elle ne pouvait pas être la mère noël tout le temps. Sinon, elle n’aurait plus aucune crédibilité, que ce soit pour ses subordonnés, ou pour sa hiérarchie.

Pendant cet instant de réflexion, James avait écarté son oreillette puisque le sergent Brass continuait de parler, essayant vraisemblablement de convaincre l’aide de camp de lui laisser l’opportunité de parler en direct avec son Capitaine. Graham attendait simplement, un peu affecté par le fait qu’il en prenait également sur la gueule, mais il faisait son possible pour en montrer le minimum.
« Je ne peux pas ne pas prendre en compte le degré de dangerosité d’un homme blessé dans son orgueil. Il m’a agressé dans mon bureau, qui sait de quoi serait-il capable maintenant avec un engin militaire entre les mains ? Franchement, c’est signé. On dirait qu’il va faire une grosse connerie, et je ne peux pas le permettre. »
James écarta encore plus son oreillette, gêné par l’argumentaire de Brass au bout.
« Madame ? » demanda-t-il pour connaître sa consigne suite à cette réflexion. Pedge réfléchissait en effet. Elle essayait de rester pro malgré tout. « Passez moi Brass. »
Le soldat hocha la tête pour lui tendre son oreillette. Il regarda derrière elle, se disant qu’ils n’étaient vraiment pas loin de la fouine de la Police Militaire.
« Peut-être devriez-nous nous éloigner, juste au cas où. » murmura-t-il.

//Capitaine !// Répétait Brass au bout de la radio.
// Sergent... //, commença Pedge en faisant un signe de tête à Graham pour qu’il la suive, afin de s’éloigner un peu. // Ramenez Charlie dans ses quartiers, je m’occupe de la suite. //
//Capitaine ! Ne faites pas ça. J’ai besoin d’une information et d’un peu de temps. C’est tout ce qu’il me manque. Danny ne fera aucun dégât dans cette cité, je peux vous l’assurer.//
// Mettriez vous votre main à couper sergent ? //
//Danny est un idiot pour avoir réagi comme ça. Mais si j’avais pu l’informer de notre dernière conversation, ça aurait tout arrangé. Laissez-moi m’en charger Capitaine. Et si ça merde, je serais votre tête à faire tomber. Je prendrai toutes les responsabilités, croyez-le !//
// Si ça merde Sergent, ce sera toute l’unité qui va tomber. //
//Toute l’unité le cherche parce que toute l’unité veut le garder, chef. Son comportement est inacceptable, je dis pas l’inverse. Mais ce type est paumé. Ne l’avez-vous jamais été ?//
// Très bien, nous sommes d’accord. Toute l’unité chargera si Blake fait de la merde. Qu’est-ce qu’il vous faut ? //, qui opta pour ne pas répondre directement.
//Merci chef !// fît le sergent, visiblement très soulagé. //Ruth vient de m’apprendre que Danny est partit avec son blindé sans éveiller l’attention parce qu’il doit procéder à des tests sur le continent. Le problème, c’est qu’il est parti plus tôt avec son char et qu’il n’est pas allé sur la baie des Jumpers. J’ai besoin de sa localisation par balise sous-cutanée. Et je me charge du reste.//

(c) AMIANTE

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Lun 27 Avr - 18:10

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


------------------ LE LENDEMAIN MATIN


Il fallait se lever encore plus tôt.
James savait qu’il n’entendrait même pas ses foutus réveils. Alors, au lieu d’en mettre plus, il avait demandé l’aide de son dortoir. La cohésion et la fraternité qu’il partageait avec ses voisins lui plaisait beaucoup. Les gars savaient qu’il ne pensait pas à mal avec ses réveils et deux collègues lui avaient promis de le lever de force. Par contre...ils n’avaient pas dit comment.
Graham devait reconnaître que le coup des casseroles claquant les unes contre les autres avaient été d’une efficacité redoutable. Encore maintenant, ce bruit désagréable résonnait dans son crâne et il était tenté par l’aspirine.

La journée pleurniche de l’officier Allen ne s’était malheureusement pas terminée. Avec l’aide de Ruth Padilla, le capitaine avait reçu une centrale pour pouvoir obtenir les informations. Elle était tombée sur Robin qui, bien loin de pouvoir couvrir un balayage sur la cité, l’avait amené à contacter le Capitaine LaTour. Un homme qu’elle n’avait jamais vu mais qui avait à sa charge toute la télécommunication du Dédale et la technologie de téléportation.
Avec le temps, elle avait su qu’elle avait obtenu son concours lorsque les Poètes du Cambouis lui avait envoyé Morfalou. Durant son instruction avec Calahan, il transportait un remède à son intention. LaTour avec donc été un allié beaucoup plus discret que les autres et ses motivations étaient parfaitement mystérieuses.

Il accepta une nouvelle fois, et tout aussi mystérieusement, de l’aider. L’officier profitait d’une calibration des instruments pour prendre l’identifiant de la balise sous-cutanée de Blake comme exercice. LaTour et Robin localisèrent rapidement le tankiste renégat. Il n’avait pas quitté la cité, il s’y était enfoncé même. Le hasard voulu que la fameuse réunion de dotation soit de nouveau intégrée au planning du Capitaine, repoussant toutes les autres pleurniches qui auraient dû être résolu ce jour.

James Graham avait sauté sur l’occasion.
Il s’était porté volontaire pour se charger de toutes les affaires en cours ou à venir pour qu’elle puisse se concentrer sur la réunion. C’était également son job : la laisser respirer. Si Allen se détend, il prend moins cher, c’est le deal. C’est bon pour elle, c’est bon pour lui.

James détourna toutes les communications et veilla à ce que rien ne parvienne à son Capitaine le temps de la réunion. En fin de journée, à la sortie de la salle de conférence, l’aide de camp l’informa que l’escouade Charlie avait récupéré le tankiste sans incident et que tout était revenu à la normale. Il fût moins aisé de lui annoncer qu’elle devrait revenir au bureau le lendemain matin pour une série de rendez-vous qui réclamaient son attention.

Bref. Voilà comment Graham se retrouvait debout, en uniforme impeccable, à quatre heures du matin. Il y avait une petite fierté dissimulé à l’idée de s’être levé plus tôt que l’officier. Dans le silence de ce bureau, uniquement éclairé par son écran d’ordinateur, James prit le temps de préparer l’agenda d’Allen.
Une heure plus tard, il alla chercher comme d’habitude le déjeuner de l’officier. Cette fois, c’était une part de tarte sortie tout juste du four, une petite salade de fruit et un bol de café bouillant. Le plateau posé sur le bureau de la patronne embaumait la salle et ça lui en donnait l’eau à la bouche.
Quand la porte s’ouvrit et que la silhouette de la blonde apparut, ce corps d’emprunt, James se releva pour le salut militaire.

« Capitaine... » dit-il par marque de respect.

James ne chercha pas à toiser son regard.
C’était la routine, il la laissait s’installer et consulter ses mails.
Son aide de camp les avait mis de côté puisqu’il lui semblait, en les voyant, qu’ils appartenaient à la catégorie “Loisir”. L’un des messages portait la mention “Confirmation d’inscription au club de boxe du Dédale”.
A l’intérieur, le contenu suivant :

“Inscription par procuration retenue.

Rappel des informations :
Allen P. Coleen, Cpt, Force Engagée d’Atlantis.
Nom de boxeur : WarTexie
Pesée : administrative, poids moyen. Contrôle d’avant match obligatoire.
Mode de rencontre : Mixte, classement pro
Pari : Autorisé.
Rencontre de calibration : mercredi.
Procuration : Wakks N. Joe, pvc, USS Dédale”

Parce que James ne pouvait pas savoir qu’il s’agissait d’une imposture, il avait réservé la présence de l’officier sur le Dédale le lendemain sous la mention “Boxe” dans son agenda.

Entre les divers mails de félicitations de quelques connaissances enjouées à l’idée de la voir boxer, trois autres provenaient de son unité.

-----------------------------
“Heu...donc voilà, j’ai pas l’habitude de l’ordi.
C’est un comble pour un ingé.
Brass nous a dit de vous laisser un peu en paix.
Donc je voulais juste dire que j’étais désolé, voilà.
Moi j’pensais pas à mal. Mais je viendrai plus importuner, c’est promis.

Sandoval.”
-----------------------------

“Capitaine.
La traduction est terminée. Elle était, comme je le soupçonnais, très imagée.
Au vu de son contenu, je songe vous le remettre en main propre.
Je suis à votre disposition. N’hésitez pas à m’appeler.
Padilla.”
-----------------------------

“Mon Capitaine,

Votre aide m’a été inestimable.
Peut-être seriez vous satisfaite d’apprendre que le blindé n’était ni approvisionné ni armé au moment des faits.

Le soldat Blake se présentera comme convenu à votre bureau demain matin à six zéro zéro.
Je prends l’initiative de venir également. Je fais appel à votre bienveillance pour demander de participer à cet entretien. Il apparaît que des malentendus majeurs sont en cause.
Si ce soldat n’est clairement pas pardonnable pour ses actes, je souhaite intercéder en sa faveur sur certains points.

Je respecte tant votre autorité que ce que vous représentez.
Mais il est aussi de mon devoir de préserver l'intégrité de Charlie.
Votre Sergent,
Brass T.”

Pedge se frotta les yeux. Elle avait passé une bonne nuit de sommeil, et elle se sentait d’attaque pour la journée, mais toujours est-il que les écrans, de bon matin, ça piquait la gueule. Elle devrait songer à se trouver une paire de lunettes de repos pour consulter son ordinateur. Cela ne lui faisait pas spécialement plaisir de songer à ça, mais elle prenait de la bouteille, l’air de rien… Encore que l’autre pute qui lui avait légué son corps était plus jeune. Qu’importe si elle lui mettait des kilomètres au compteur, elle était en location. Oui, elle n’avait toujours pas perdu de vue l’objectif de réintégrer son propre corps. Elle espérait plus tôt que tard, mais elle n’avait pas la main là dessus. Elle était certaine que tôt ou tard, un indice tomberait, et qu’ils retrouveraient Teshara Lays. Et son corps. Dans quel état, c’était une autre putain de question.

Si elle en jugeait par les symptômes de manque qu’elle avait ressenti les premiers jours, Lays était une junkie et ça ne l’étonnerait même pas qu’elle se soit shootée avec son corps. Bref.

Encore une journée où elle allait devoir gérer les frasques de Wakks. Encore que… L’idée d’aller se cogner sur le Dédale n’était pas si nulle que ça… Un peu dégradante pour un Capitaine quand même. Mais après ? C’était un sport honorable que la boxe. Et puis, depuis qu’elle était embourbée dans cette allure de blonde, elle n’avait jamais éprouvé réellement les limites de sa nouvelle condition. Elle avait encore un peu de temps pour traiter l’affaire. Elle effaça le message de Sandoval, inutile bien qu’informatif. Elle effaça aussi celui de Padilla, se notant dans un coin de sa tête qu’elle irait la voir aujourd’hui directement. Elle conserva le mail de Brass, trouvant plutôt bien qu’il vienne à l’entretien finalement.

La jeune femme s’étira dans son siège. Le petit déjeuner était excellent comme toujours, et ce café serré lui avait redonné un peu de vigueur. Elle était de bonne humeur, et c’était tout au bénéfice de Blake. D’ailleurs, ils n’allaient certainement pas tarder à arriver. Le temps de traiter quelques dossiers rapides de gestion courante. Histoire de justifier son salaire.

« Capitaine. » demanda James au bout d’un moment, trouvant l’instant bien choisi. « Je me suis chargé de la procédure administrative pour le corps du soldat Taffola. Il s’avère qu’il n’y a pas de famille connue sur Terre. »
Il marqua une pause.
« L’office médico-légale a terminé son travail et la police militaire n’a plus besoin du corps. Du coup… c’est à vous qu’il revient de décider de son expédition. »
« D’un point de vue juridique, c’est possible de l’envoyer à son mari ? », demanda Pedge qui n’y connaissait rien pour le coup.
« J’ai fais des recherches hier. Le juridique est en plein chantier sur le droit légal entre deux sociétés alliées. Je leur ai posé la question et il semble y avoir des cas concrets, surtout chez les militaires. Donc il n’y a aujourd’hui aucune interdiction tant que la position du corps et son identité est bien enregistré sur nos bases de données. Et qu’il fasse le sujet d’une déclaration à l’adresse de l’Etat Major du SGC. »
Graham acquiesça.
« Beaucoup de blabla pour dire oui, capitaine. Si vous penchez pour cette solution, je peux me charger de toute la paperasse. »
« Chargez vous de la paperasse alors. Autant respecter ses dernières volontés si rien ne s’y oppose. », observa Pedge.
« A vos ordres. Et...pour ses effets personnels ? Il faudra y envoyer quelqu’un puisque tout le dortoir est désormais sous les verrous.. »
« Je verrai ça avec la police militaire, mais il est possible qu’ils conservent tout pour le moment. »
« Très bien. »
James rechercha un document qu’il avait fait mis en évidence par un code couleur. Il quitta son siège pour s’approcher d’elle et lui tendre une feuille de rapport.
« En réponse à votre consigne, le sous lieutenant Miliken vous a envoyé une copie de son rapport. »

Le Capitaine remarquerait la totalité d’un interrogatoire dans lequel le sergent Terri reconnaissait les faits. Le reste de l’unité du dortoir était auditionné et poursuivi pour les actes en bande organisée. L’administrateur qui avait volontairement fait déplacer la victime dans le dortoir, Douglas McEghan, se trouvait également en prison. Il ferait l’objet d’un interrogatoire conjoint avec les autorités civiles. Une sale histoire qui se terminait.

« Ah...votre premier rendez vous vient d’arriver. Le soldat Blake accompagné d’un sergent... »
« Hum faites entrer s’il vous plaît James. », fit Pedge distraitement en continuant de lire le rapport du sous lieutenant. Le temps qu’ils soient introduits, et elle en aurait terminé.

L’aide de camp acquiesça silencieusement et se rendit dans le couloir.
Moins d’une minute plus tard, deux hommes se présentaient dans le bureau d’Allen dans des uniformes impeccables et sans pli, rangers ciré, calot au flanc. Le tankiste Blake avait une trogne différente cette fois. Son expression de haine avait fait place à de l’inquiétude qui contrastait avec son aspect soigné. Il était rasé de près cette fois, droit dans sa tenue et au garde à vous sans défaut.
A ses côtés, le sergent Brass avait synchronisé le geste de respect. Ils ne baissèrent le salut que lorsque l’officier en donna l’ordre.
Ni l’un ni l’autre ne mouftait. Discrètement, James rejoignit sa place et sortit un calepin pour prendre des notes sur l’entretien.

Pedge se leva et rendit un salut militaire aux deux hommes. Elle contourna son bureau, pour venir se positionner devant celui-ci, et s’appuyer contre, afin d’être à la même hauteur qu’eux. Elle les toisa tour à tour.
Les deux hommes regardaient droit devant eux, désormais au repos, fixant un point invisible.

« Bien, je vous écoute. », finit-elle par dire.

Passé un petit instant d’incertitude où les deux hommes se trouvaient surpris d’avoir l’initiative, le sergent Brass débuta :
« Hier, Capitaine, l’unité Charlie dans son ensemble a empêché le soldat Blake de couler son blindé en se servant de la baie d’observation sous-marine des niveaux inférieurs. Nous l’avons convaincu de reprendre le service actif et de se tenir. Après quoi nous avons cherché à comprendre ses actes. Des actes manifestement altérés par de forts malentendus. »
Il marqua une pause et, sans tourner son visage, conclut par :
« Soldat Blake. »
Pedge tourna les yeux vers lui.
Blake prit une inspiration et se raidit.
« Capitaine, rien de ce que je ne dirai ne rachètera ce que j’ai fais. Et ce que je vous ai dit. Pendant des semaines. Des mois. J’ai pris pour acquis le fait que vous étiez à l’origine des refus de mes permissions visant à me tenir à l’écart de ma famille. »
Il ferma la bouche et serra les dents un instant.
« Le sergent Brass a mis en évidence ma bêtise. Je ne m’attends pas à récupérer ma place. Mais pour ce que ça vaut, je vous présente sincèrement mes excuses. Pour le geste et les injures. Les mots ont dépassé ma pensée. »

La jeune femme, appuyée contre son bureau, opina du chef, pensive. Elle laissa flotter quelques secondes de silence avant de prendre la parole à son tour :
« Est-ce que vous avez présenté des excuses à votre unité ? Ainsi qu’aux techniciens qui ont travaillé sur votre machine ? », demanda-t-elle de son ton neutre habituel.
« A mon unité hier soir. Aux techniciens après cet entretien, quoi que soit son issue... » répondit-il calmement en continuant de fixer droit devant lui, ne voulant visiblement commettre aucun impair de tenue.
« C’est à vous d’en décider l’issue soldat, c’est vous qui souhaitiez démissionner. », fit-elle en se tournant vers son bureau pour attraper l’enveloppe froissé qu’il lui avait donné. Elle la lui tendit.
« Je n’arrive plus à répondre à cette question, Capitaine. » avoua-t-il sans prendre l’enveloppe. Il la regardait néanmoins, regrettant amèrement de l’avoir donnée.
« Permission de parler demandée, Capitaine. » intervint Brass.
Pedge considéra un instant Blake, repliant légèrement le bras pour ne pas passer pour une conne et adopter une posture d’attente.
« Nous sommes là pour ça Sergent, je vous en prie. », répondit-elle.
« Comme vous le savez, le soldat Blake est également le concepteur du modèle Divorce. Vous n’avez pas à votre connaissance des informations importantes à ce sujet. »
Il fit un geste de tête vers le soldat et lui annonça avec moins de professionnalisme.
« Soldat, répétez à votre officier ce que vous m’avez dit hier. Les circonstances de votre enrôlement. »
« J’étais à l'hôpital quand on est venu me chercher, me dire que mon blindé avait été sélectionné. Quand j’ai signé le contrat de non-divulgation, j’ai appris les moyens médicaux hors norme que le SGC disposait. »
« Que vous a dit l’officier chargé de votre recrutement ? »
Blake inspira longuement.
« Que j’avais une opportunité unique. Que si je signais pour les théâtres d’opération extérieurs, je pourrai faire bénéficier ma famille des accréditations. Que mon fils pourrait bénéficier de traitements avancés pour s’en sortir. »
Il regarda ailleurs.
« Alors, j’ai signé pour les TOEs. »

Le sergent tourna son regard vers l’officier.
« Ca n’a été qu’une parole verbale, Capitaine. L’officier chargé du recrutement n’a plus donné signe de vie depuis que le soldat Blake a posé le pied sur Atlantis. »
C’était moche de se servir de son enfant pour obtenir quelque chose, mais certains dans l’armée n’avaient pas vraiment de scrupules. L’important, c’était le résultat, et peu importait les moyens. Mais qu’y pouvait-elle, elle ? Elle comprenait qu’il ait les glandes, surtout qu’il était clairement le pigeon de l’histoire. Il n’empêche que sa qualité d’officier l’empêchait d’être compatissante à l’extrême, surtout avec un gars comme Blake qui était réactionnaire et qui avait menacé de foutre son invention au fond de l’océan. C’était encore une propriété de l’USAF. Cependant, elle comprenait.
Elle comprenait aussi que c’était un pauvre con qui ne savait pas gérer ses émotions, et plutôt que de clarifier les choses calmement, il préférait péter comme une cocotte et faire de la merde. Elle n’était pas la mieux placée dans l’histoire pour juger de qui gérer quoi en matière d’émotivité, mais elle savait quand même se contenir… D’ailleurs, sa principale justification quant à son contrôle un peu trop poussée de ses émotions résidait dans le fait que ça pouvait déraper. Déraper comme Blake, et elle ne pouvait pas se le permettre elle, même si elle pouvait être une grosse conne quand elle s’y mettait. Mais n’était-ce pas pour le goût du travail bien fait et le sentiment du devoir accompli ? Elle ne demandait jamais plus que ce qu’elle était prête à donner.
« Est-ce que vous vous souvenez de son nom au moins ? », finit-elle par demander après un soupir.
« Capitaine Kemp. Il se chargeait des recrutements d’ingénieurs militaire et des adaptations des technologies Terrestre sur les TOEs. »
« Ok. ». Elle comptait sur Graham pour prendre en note, et elle savait qu’il devait être en train de le faire. « Du coup, est-ce que je dois comprendre que vous ne souhaitez pas revenir tant que cette parole n’est pas honorée ? »
« J’aime mon unité, je m’y sens bien. Mais je supporte plus de ne pas savoir. J’ai tout donné à l’US AIR FORCE, Capitaine. Exactement tout. Et maintenant que j’essaie de rejoindre la famille que j’ai quitté, on me refuse cet espoir. »
Il secoua la tête.
« Si je demande à rester. On m’enterrera dès que j’ouvrirai la gueule. Je veux savoir pour quoi je me bats, chef. »
« Et si votre officier vous apprenait que la réponse était non, que feriez-vous ? »
Blake respirait comme un buffle.
Il tourna la tête pour fixer le sergent, se demandant s’il était sérieux, puis il fit le calcul dans sa tête.
« Je resterai. Pour Charlie. Ils le valent. Et pour envoyer ma paie à ma femme. »
Chacun avait ses motivations. Tout le monde ne pouvait pas se battre pour la gloire de l’Amérique, ou pour la race humaine. Blake n’avait pas beaucoup de facteurs positifs qui pouvait garantir qu’il allait rester sur le long terme, et Pedge se demandait si ça valait vraiment le coup de le garder. Mais bon, il était là, il connaissait les rouages, il connaissait Atlantis, et c’était aussi une façon de le conserver sous contrôle. Dieu seul pouvait savoir ce qu’il pourrait raconter sur Terre… Suffisait de voir à quel point il pouvait être une tête de con.
« Bien. Vous voulez de cette enveloppe ou non ? Je ne peux rien vous promettre, et je ne suis pas du genre à vous donner ma parole sur quoique ce soit alors que je ne maitrise pas le sujet. Et encore moins quand je n’ai aucun pouvoir. Je peux vous dire que je peux me renseigner, et voir ce que je peux faire, mais pas plus. »

Blake parut réfléchir. Il fixa l’enveloppe puis voulu la récupérer.
« Oui, Capitaine. Je renonce à ma démission. »
Pedge laissa l’enveloppe filer.
« Bien, vous partez en permission pour deux semaines par la Porte toute à l’heure, à 7h30. », fit Pedge en se détournant et en repartant du bon côté de son bureau, celui où elle pouvait s’asseoir sur son fauteuil de bureau confort pas si confort que ça.
« Capitaine ? » lâcha-t-il sur le coup de la surprise.
Le soldat ne s’y attendait pas du tout. Il cherchait encore l’arnaque mais, en fixant le sergent Brass, il se rendit compte que ce n’était pas une blague.
« Vous veillerez à faire votre paquetage et à laisser votre partie du dortoir en ordre. » déclara le sergent, cette consigne servant davantage à valider sa pensée.
« A vos ordres. Merci Capitaine. »
Pedge opina de la tête. Pour elle, c’était bouclé pour le moment.
« Bien, avec votre permission, nous allons disposer. » fît Tim Brass.
Il se plaça au garde à vous, immédiatement suivi par le tankiste qui peinait à réaliser, puis ils s’éloignèrent en direction de la porte. Seulement, il n’y eut que Danny qui s’en alla après un bref échange avec son sergent. Celui-ci revint ensuite vers le Capitaine.
« Merci pour votre diligence, Madame. Puis-je vous demander une minute de plus ? Concernant le soldat Monciatti ? »
« Oui ? », fit Pedge en relevant le nez vers le sergent.
« Je l’amène à la police militaire à quatorze heures trente. Nous avons trouvé un moyen de la disculper. Ruth nous a bien aidé. Nous pouvons indiquer à l'enquêteur les heures de présence de Rita sous vidéosurveillance. Des preuves de sa présence à plus d’un kilomètre des lieux au moment de l’événement. » tenta d’expliquer le plus rapidement Brass. « Voulez vous être tenue au courant des suites de l’entretien ? »
« Bien entendu, je veux savoir les conclusions et s’il y a des suites. », fit Pedge, qui voulait se tenir informée sur ce qui se passait dans ses unités.
« Très bien. »

Le sergent Brass se plaça au garde à vous puis s’éloigner, un léger sourire de satisfaction sur le visage. Il fît un signe de main poli en direction du sergent Graham puis disparut du bureau. Le silence revint quelques minutes durant lesquels l’aide de camp planchait sur son ordinateur. Il finit par en lever le nez.

« Capitaine ? Je me suis permis d’investiguer un peu sur le dénommé Kemp en prévision. J’ai peut-être une piste mais la base de donnée réclame un accès officier... »
« Transférez sur mon ordinateur. », demanda Pedge qui n’était pas surprise par l’initiative de James, bien qu’elle pensait ne pas avoir à s’occuper de ça là tout de suite. Mais bon, puisqu’elle était dans le vif du sujet…

Graham s’exécuta. Après avoir tapé sur quelques touches et cliqué sur une icône précise, le partage d’écran se réalisa et l’ordinateur de Pedge s’anima sur la base de donnée des archives administratives. Le champ de recherche concernant Kemp faisait apparaître divers dossiers sur les ingénieurs militaire mais l’accès était effectivement réservé aux officiers.
Dès que la texane entra son code, le moteur de recherche lui ouvrit l’accès sur quatre documents très simples. Mais quatre plaintes adressées à l’encontre du Capitaine Kemp sur des affaires similaires. Ainsi, en lisant certaines de ces plaintes, Pedge découvrait qu’il n’était pas à son premier coup d’essai. Un ingénieur dans le fret d’engins lourds, les nacelles et les robots de chargements, avait accepté d’aller sur Atlantis parce que l’instructeur lui avait promis que son ambition de voler en jumper serait réalisée.
En réalité, la victime dirigeait et entretenait les machines de levage permettant de déplacer un jumper en panne.

Même histoire pour ce manutentionnaire de matière détonante, ingénieur de caisson d’isolement, à qui il avait promis une carrière de démineur.
Les indications sur les plaintes révélaient des dates courant sur plusieurs années. Mais quant à savoir si le SGC avait effectué l’enquête, c’était un mystère. Cela tenait du domaine de la Police Militaire et Pedge n’avait pas ses accès là-bas.

Grosso modo, ce Kemp était un connard. Pedge n’était pas surprise. Il faudrait que Blake dépose une requête contre lui, afin de gonfler le dossier, cela donnerait encore plus de poids. Elle était persuadée que rien n’avait été fait, mais elle ne pouvait pas l’affirmer haut et fort avant de vérifier. Cela dit, elle n’avait pas vraiment de contact chez la PM et ce n’était pas avec sa petite démonstration l’avant veille qui allait lui ouvrir les portes de ce milieu. Elle pouvait toujours aller poser des questions gênantes ici ou là. Il y avait Wakks qui avait certainement des accès. Ce gars était un connard fini qui était le dernier des gros bourrus de bases, et il avait des contacts partout. Bon… de là à ce que le contact en question soit réellement consentant, il y avait un monde. S’il se comportait comme avec elle, il prenait pour argent comptant sa proximité avec ce type et c’était dans la poche.
Elle verrait bien comment elle procéderait.

« Un sous-lieutenant est en attente. Bryatt, sous-officier de la logistique. »
James chercha sur sa tablette.
« Ah oui, la sanction à l’encontre du soldat Sandoval... »
Il leva le nez.
« Je le fais attendre un peu ? »
« Bien matinal le garçon. », fit Pedge en se levant. « Je vais le recevoir maintenant. ». Et après, ce serait une petite pause café. Assez de social pour un début de matinée. Elle alla ouvrir la porte, épargnant Graham pour le coup.
Il était là, assis sur un banc installé dans le couloir. Aussi ennuyant qu’avait été le monologue de Will, sa description avec un rat était malheureusement assez ressemblante pour le pauvre homme. Il était petit, le crâne dégarni, les yeux creusés et le nez long. Sa jambe battant un rythme effréné témoignait de son état de stress et il regardait fixement devant lui.
Mais lorsqu’il se rendit compte de la présence de l’officier, il se releva d’un coup puis se plaça au garde à vous en faisant bien claquer ses bottes.
« Sous lieutenant Bryatt, au rapport, chef ! Paré à faire son devoir, chef !!! » hurlait-il pratiquement en se raidissant au point d’avoir le dos creusé.
« Repos sous lieutenant. Suivez moi. », fit Pedge plus posément. Elle s’effaça pour le laisser entrer dans son bureau. Histoire de le détailler en passant. Elle ne le connaissait absolument pas celui-là.
Le sous-officier lui passa devant au pas cadencé. On aurait presque pu entendre les tambours à chacun des pas. Il s’avança jusqu’au siège et se figea devant le bureau, comme une statue, les mains droite le long du corps. Il posait comme les soldats en parade, une fois fixe, ou devant des monuments aux morts durant la commémoration.
Pedge le suivit, constatant qu’il était plutôt nickel dans sa façon d’être. Tous les militaires n’étaient pas aussi bien réglés que lui. Dommage quelque part, car la texane trouvait que cela faisait tout son charme à l’armée. Qu’importe. Elle contourna à nouveau son bureau, lui fit un signe de prendre place, attendant qu’il le fasse pour le faire à son tour.
« Sous Lieutenant, nous n’avons jamais eu le plaisir de nous croiser jusqu’à présent. », commença-t-elle.
« Oui Capitaine, nous menons des fronts radicalement différents. Vous sécurisez l’extérieur, les intérêts de la cité. Je sécurise l’intérieur. » affirma-t-il, sûr de lui.
« J’ai cru comprendre que vous étiez à la logistique... », laissa-t-elle flotter.
« Une obligation secondaire du devoir élémentaire dont je me sens investi. Je suis effectivement à la logistique des différents mess militaires. Je gère également les cantineries, les cuisiniers et les agents de propreté. »
« Et c’est tout à votre honneur. Que serait une armée sans une bonne logistique n’est-ce pas ? », fit-elle posément, en croisant les jambes derrière son bureau, les mains posées sur le bois du meuble.
« Des batailles entières ont été perdue à cause d’une mauvaise logistique, d’incompétences ou de manque de discipline dans les cantines. Oui, Capitaine, j’apprécie votre prise de conscience. Je trouve que l’on ne reconnaît pas suffisamment la précision que demande notre fonction. »
Il se moqua, bien loin de se douter que le Capitaine pourrait se sentir concerné.
« Les Forces Spéciales sont des figurants comparés à nous. »
« Chacun son domaine d’expertise, et nous dépendons tous des uns des autres. Pas de soldat à envoyer au front, pas de logisticien pour gérer la cantine. L’inverse est aussi vrai. Force Spéciales ou non sous lieutenant. ». Elle prit sur elle pour ne pas le clasher directement. Elle appréciait les personnes qui aimaient leur job, et elle avait une très haute opinion des métiers annexes à celui d’homme du rang dans l’armée, car le fonctionnement dépendait essentiellement d’eux, mais ce n’était pas une raison pour se la ramener non plus.
« C’était vrai à l’époque. Mais aujourd’hui, je trouve qu’il y a un vrai relâchement dans la discipline. Il y aurait bien des groupes entiers à renvoyer sur Terre et qui, pourtant, restent là par copinage. »
« Qu’est-ce que vous entendez par copinage ? », voulu savoir l’officier qui restait dans le ton de la conversation.
« La Cité est loin de la Terre. Le Groupe Armée d’Atlantis a tendance à faire à sa sauce sous le commandement Sheppard. Des soldats non rien à faire ici et s’ils sont couverts, ce n’est pas grâce à leurs compétences. »
Il haussa les épaules.
« C’est mon opinion Capitaine. Il faut surveiller ce genre de personne et signaler les comportement déviants. »
Pedge était plutôt d’accord avec lui sur le fait que la discipline de manière générale n’était pas aussi “normale” qu’elle devrait l’être. Mais était-ce parce qu’elle était en ce moment même confrontée à plusieurs problèmes au sein de ses unités ? Est-ce que son jugement était biaisé ? Peut-être. En tout cas, elle trouvait que ce gars avait raison. Faisait-elle autant de zèle que lui ? Au point de coller un rapport sur un soldat qui discuterait avec un autre du sexe opposé ? Elle ne le pensait pas. Il fallait remettre les choses dans leur contexte et prendre un peu de hauteur. C’était ça aussi le boulot d’un officier. Savoir laisser respirer les troupes. Bon de là à autoriser les militaires à forniquer, il y avait un monde.
Ce qui la dérangeait outre mesure dans son discours, c’était le sous-entendu à peine voilé envers le Colonel Sheppard. Ce gars lui faisait plus penser à un politicien qu’à un officier.
« En parlant de comportement déviant, vous avez adressé un rapport à la PM concernant un harcèlement sexuel. Vous vous souvenez ? »
« Parfaitement ! » répondit-il du tac au tac. « J’ai surpris un soldat tentant de fraterniser d’une façon totalement orientée. Mon intervention a été reçu avec dédain et les propos de cet homme laissait clairement sous-entendre son mépris du règlement. Compte tenu de la réaction de la militaire, qui n’était aucunement sur une disposition d’échange classique, j’ai émis un rapport pour harcèlement à caractère sexuel. »
Il hocha la tête.
« Et je l’ai également signalé à l’office de surveillance de l’armée. »
« Ces deux militaires étaient en service actif ? Ou sur un temps de permission ? »
« Manifestement de permission. Ils marchaient côte à côte. »
« D’accord... », fit Pedge pensive. « Et vous, vous étiez en permission ? », demanda-t-elle à nouveau ?
« En effet, je rentrais dans mes quartiers aprés avoir une nouvelle fois fait un service de gestion impeccable des mess du niveau quatre à six. »
« Ok. En fait, je voulais vous voir parce que ces deux soldats sont sous mon commandement, ils font partis des sections que je supervise. »
Bryatt fît un gros “AH” silencieux. Il hocha fièrement de la tête avant d’assurer, d’une voix qui ne souffrait d’aucun doute :
« Et bien je suppose que vous êtes satisfaite d’avoir été mis au fait de l’agissement de l’un de vos soldats sur un autre. J’apprécie cette reconnaissance pour mon action. »
« Votre action qui manifestement, considère que mon commandement est à jeter aux orties. »
« Et bien cela dépend. Si vous n’étiez pas au courant, cela n’a rien à voir. Si en revanche vous cautionnez cela...vous savez :... »
Il était en train d’entrer dans un monologue lorsqu’une note clignota sur son écran. Elle venait de James qui rédigeait en direct :
“Le sous-lieutenant Miliken, PM, m’a appelé. Vous fait savoir qu’il a surpris trois fois le sous-officier à “patrouiller” dans les coursives de la cité durant ses pauses pour “protéger”. Rapport de harcèlement n’est pas le premier qu’il a déposé chez eux.”
« ...donc ne vous en voulez pas pour ça, vous n’êtes pas omnisciente et cela se défend parfaitement bien face à un supérieur... »
« Je me demande juste pourquoi vous ne vous rapprochez pas des responsables de section plutôt que d’envoyer des rapports à la PM ? Personnellement, j’ai l’impression d’être court circuitée, et d’être mise devant le fait accompli. », fit Pedge qui avait pris connaissance du mémo de James.
« Le copinage. » se justifia Bryatt. « C’est beaucoup plus dur de couvrir le déviant une fois devant le fait accompli. »
Il fronça des sourcils.
« Oh ! Vous vouliez couvrir ce soldat alors ?!? »
« Non, ce soldat ne sera pas couvert et s’il doit y avoir sanction, il y aura. Cependant, je vais me rapprocher de votre responsable de section pour discuter de vos méthodes et de votre défiance vis-à-vis de la hiérarchie. Après tout, la discipline ne serait rien sans une obéissance totale à notre chaîne de commandement. », observa Pedge d’un ton neutre.
« Comme vous le souhaitez, Capitaine ! » répondit-il non sans avoir blanchi. « Je sais être parfaitement dans mon droit et vous n’aurez pas une couleur différente en vous adressant à ma hiérarchie. Je fais mon devoir, comme tous devraient le faire, et je brille dans cet exercice. Cependant...peut-être devrais-je aussi aller voir la vôtre pour expliquer vos méthodes de pression pour couvrir vos déviants ? »
« Sergent Graham ? », fit Pedge en levant les yeux vers le concerné.
« Oui, Capitaine ? » répondit-il en terminant une page couverte de note.
Il avait senti l’embrouille et consignait l’ensemble de la conversation par des abréviations en pattes de mouche.
« Est-ce que je porte mes galons ? », fit-elle en exagérant un peu le questionnement.
« Affirmatif, Capitaine. Clair et net. »
« Merci Sergent, j’ai eue peur l’espace d’un instant, en assistant à cette conversation “entre potes” que je n’étais pas clairement identifiée comme un Capitaine. ». Pedge croisa les mains et reporta son attention sur le sous lieutenant. « Du coup, sous-lieutenant… nous en étions où ? Au moment où vous étiez en train de me menacer ? »
« De la menace ? Non. Je vous préviens simplement que je connais mon droit et que vous ne pouvez pas jouer de votre grade pour faire pression, Capitaine. Je n’ai pas fait preuve d’irrespect jusqu’à présent. Sauf si vous m’ordonnez de couvrir, à votre suite, un déviant... »
« Premier responsable du mess, Capitaine Robert Mershal. » informa James l’air de rien.
« Il est de permission, je suis son second et je le remplace. » dit-il en bombant le torse, comme s’il répondait à une provocation.
L’instant d’après, James secoua la tête, l’air désabusé. Il restait néanmoins discret et fit glisser vers l’ordinateur de Pedge le tableau de service qui indiquait bel et bien la présence du Capitaine Robert Mershal au service de logistique.
« Est-ce que je suis en train de vous demander de retirer ce rapport ? », demanda-t-elle simplement. Non parce qu’il insistait là dessus alors que le sujet n’était pas là.
« Vous l’insinuez habilement, Capitaine. » lâcha-t-il, tendu.
« Pas du tout, je vous redis clairement que ce soldat assumera les conséquences de votre rapport. Ce qui m’embête, c’est que vous usez de votre position pour vous lancer dans une vendetta personnelle. »
« Et vous auriez été probablement moins embêtée si j’avais lancé cette vendetta avant 2015. » répliqua-t-il. Bryatt leva un sourcil. « Il y aurait eu bien moins de dégât si j’étais venu plus tôt. En attendant, tous les soldats droit dans leurs bottes n’ont rien à craindre. »
« Heureusement qu’on vous a maintenant alors. », ironisa Pedge qui commençait à s’agacer sérieusement. « Bref, la prochaine fois que vous vous décidez à sanctionner quelqu’un, faites le pour le bon motif, et en affichant clairement votre position d’officier. »
« A vos ordres. » répondit-il d’un ton laissant clairement sous-entendre “rien à foutre”.
« Bien. ». Pedge se tourna à nouveau vers James.
« Sergent, informez le Capitaine Mershal de cet entretien, ainsi que de ma recommandation expresse de faire suivre des cours d’éthique et déontologie au sous-lieutenant Bryatt. Je pense qu’un rappel de ce qu’on peut faire ou pas ne fera de mal à personne. »
« Tout de suite Capitaine. » Fît Graham en portant sa main à l’oreillette.
« Je vous ai dis que le Capitaine Mershal était... »
Il ne termina pas sa phrase, blanc comme un linge. Dès que James eu le capitaine par radio et lui expliqua la teneur de son appel, un brusque éclat de voix le coupa net. L’aide de camp se figea et tourna son visage vers Allen.
« Le Capitaine Mershal souhaite s’entretenir avec vous, Capitaine. »

//Ici Mershal...je veux l’officier qui m’a fait parvenir ce message, à vous ?// faisait une voix nerveuse dans la radio.
// Ici le capitaine Allen, désolée de vous déranger pendant votre permission Capitaine. Cela pouvait attendre, mais mon ordonnance a pris les devants. //. Pedge ne pensait pas que Graham appellerait directement le concerné, mais plutôt qu’il lui enverrait un mail. Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher de ne pas faire avancer les choses rapidement. C’était aussi pour ça qu’elle l’appréciait.
//Ne vous excusez pas, Capitaine, je ne suis pas le moindre du monde en permission ! Il semble qu’un sous-lieutenant se trouve dans votre bureau, pouvez-vous m’en dire plus ?!?//
« Voyez-vous ça. », fit Pedge sans ouvrir le commutateur de la radio, en toisant Bryatt. Celui-ci s’affaissa comme une guimauve. // Le sous lieutenant Bryatt, en effet. Je souhaitais le voir concernant un rapport de harcèlement remis à la PM récemment. //
//QUOI ?!? ENCORE ???// gueula la voix dans la radio.
La voix s’éloigna, surement pour jurer en intimité avant de revenir.
//Capitaine, me permettez vous de vous rejoindre ? Une mise à jour s’impose !//
Pendant ce temps, le sous-lieutenant Bryatt avait des yeux ronds. Il ne savait clairement plus où se mettre et son expression démontrait clairement qu’il souhaitait disparaître.
// Je vous attends. //, fit-elle avant de couper la radio.

« Heu...Capitaine. Il...y a peut-être moyen de s’arranger finalement...ce n’est pas si utile de déplacer tant d’attention et de... »
Pedge l’arrêta d’un signe de la main.
« Économisez votre salive. », fit-elle en se levant. Elle était tentée d’aller se chercher un café en attendant que le Capitaine Mershal arrive, mais elle préférait ne pas laisser Graham seul avec cet espèce de petit con. Pas plus qu’elle ne voulait rester seule avec lui. Au moins, il ne pouvait pas dire qu’on l’avait maltraité ou autre. Elle commençait à apprendre un peu quelques notions de management. Elle laissa le sous-lieutenant pour se rapprocher du Sergent.
« J’ai d’autres rendez-vous ensuite ? »
« Négatif. Vous avez fait le grand schlem Capitaine. J’ai noté que vous deviez vous rapprocher du soldat Padilla mais cela vous concerne. »
« Bon heu...le travail m’attend, donc, de toute façon, je dois y aller... » fît le sous-lieutenant en se levant, les jambes flageolantes. Il repoussa la chaise et s’approcha de la porte en maugréant de façon inaudible.
« N’insistez pas, sous-lieutenant. » déclara James en appuyant sur une commande Lantienne à côté de son bureau. Il venait de désactiver l’ouverture automatique du sas, ce qui laissa Bryatt comme un con en train d’essayer de se placer devant le capteur.
Perplexe, l’aide de camp tourna son regard vers le Capitaine Allen pour poursuivre la conversation. Pour modéliser ses propos, il tourna son écran pour lui montrer le champ incroyablement vide de son agenda.
Allen avait le reste de sa journée de libre.

(c) AMIANTE

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Lun 27 Avr - 23:01

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


Bien, la journée était presque terminée, dans le sens administratif du terme. Peut-être qu’elle aurait le temps de se rendre dans une section pour aller les faire courir un peu, histoire de foutre un coup de pied dans la fourmilière. Mais elle devait se garder un moment pour Padilla. Elle jeta un coup d’oeil du côté du sous-lieutenant qui n’en menait pas large. Elle ne pouvait pas compatir pour lui, vu qu’il venait de lui mentir, et tout de suite, ses grands discours sur la discipline, l’intégrité des soldats, et tout le bordel, tout de suite, ça prenait une saveur un peu dégueulasse en bouche.

« Par contre. Je me dois de vous dire que le soldat Padilla m’a aussi demandé comment obtenir une autorisation de sortie de territoire pour Le Boc. Il semble qu’elle ait quelque chose à vous demander... »
« Hum… Je verrai ça avec elle directement. ». Padilla ne demandait jamais rien pour rien. C’était un de ses éléments les plus fiables. Elle songeait d’ailleurs à lui faire prendre du galon prochainement… Mais elle se tâtait encore, car elle n’avait jamais eu le privilège de le faire, et elle ne voulait pas le faire pour la première fois à n’importe qui.
Elle remercia Graham de la tête, avant de retourner à sa place pour considérer le sous-lieutenant.
« C’est clairement de la séquestration ! » lui annonça-t-il.
« James, ouvrez lui, je discuterai directement avec son supérieur, et comme il n’a pas assez de couilles pour se défendre, on statuera de son sort à deux. », fit Pedge sans y mettre les formes. Les lâches, elle leur écrasait la gueule au petit matin. Et ça tombait bien… c’était le petit matin.
« Et vous m’insultez ! Et bien, on est bien loin du Capitaine Allen héroïque ! » fît l’homme alors que les portes s’ouvraient dans son dos. Une large silhouette se trouvait derrière, d’un calme annonçant une tempête terrible. Le visage et le regard dur, il entendait parfaitement cette réplique adressée à ce Capitaine de légende en hochant la tête d’un air “toi mon gars, tu vas salement morfler”.
« C’est vous qui insultez vos couilles sous-lieutenant, pas moi. Bref, si vous voulez partir, vous pouvez, votre Capitaine vient de vous ouvrir la porte. », fit Pedge en montrant l’huisserie du menton.
Bryatt vit ça comme un mensonge pour lui faire peur. Il haussa les épaules, du genre qui s’en foutait, et se retourna pour se retrouver à deux putains de centimètres de son supérieur hiérarchique. Le sous-lieutenant se tendit comme un arc et se plaça au garde à vous, une réelle lueur de détresse dans le regard.
« ASSIS ! » gronda le Capitaine d’un ton violent, couvent d’une sourde colère. Il ne donnait pas l’air d’être lunatique ou rapide à énerver. Il était clairement à bout de sa patience.
Le fameux Bryatt étouffa un gémissement et se rangea dans le siège en baissant les épaules et fixant ses rangers. L’officier, quant à lui, perdit légèrement de la couleur rouge pourpre pour considérer Allen avec respect.
« Bonjour Capitaine Allen, merci de me recevoir. » lui dit-il.
« Je vous en prie Capitaine », fit Pedge en se levant et en saluant rapidement mais droitement le capitaine. « Je ne voulais pas que cette histoire prenne de telles proportions mais… nous y voilà. Merci de venir aussi rapidement pour traiter ça ensemble. »
« Vous avez eu parfaitement raison de me tenir au courant sans délai, Capitaine. » dit-il après avoir répondu du même salut rapide. Il s’approcha pour s’installer. « Cette affaire a déjà pris des proportions avant votre intervention, je suis satisfait d’avoir reçu aussi rapidement votre information. »
Il fixa le sous-lieutenant d’un air mauvais.
« Je présume que mon subordonné a gratifié l’un de vos hommes d’un rapport accusatoire à la Police Militaire ? »
« Parfaitement. Je voulais le voir pour en discuter, pas pour en contester la véracité, mais maintenant… je me sens obligée de le faire, vu que c’est un menteur. »
« Un menteur ? C’est à dire ? »
« Voyons, chef, elle affabule, elle... »
« … vous pensait en permission. Parce que le sous-lieutenant lui a dit clairement qu’il vous remplaçait pendant votre perm’. Mais vous voilà, et manifestement... » Manifestement, il n’était pas en permission.
Mershal hocha simplement la tête. On sentait clairement que le fameux Bryatt n’était pas à son premier coup de ce genre et l’officier tourna la tête vers lui, un tic nerveux lui soulevant le coin de la lèvre comme une babine de chien.
« Elle ment... » lâcha-t-il, totalement piégé.
« Vous mettez en doute la parole d’un officier de l’US Air Force reconnu pour sa discipline et sa diligence dans ce groupe d’armée. Dites-le plus fort en la fixant dans les yeux. »
Le type se mura dans le silence.
« D’autant plus que je vois mal l'intérêt qu’un officier aurait à mentir pour vous enterrer. Vous le faites très bien tout seul. »
Il hocha la tête, ayant bien fait taire ce menteur, puis tourna son regard vers Allen.
« Puis-je vous demander ce que j’ai raté durant ma “permission”, Capitaine ? »
Pedge n’était pas mal à l’aise, loin de là, d’autant plus qu’elle se sentait droite dans ses bottes. Ce mec pouvait raconter ce qu’il voulait, il n’était clairement pas à la hauteur.
« Pas grand chose, je souhaitais lui faire prendre des cours de déontologie et d’éthique pour calmer ses ardeurs et son zèle. Je pensais sa démarche louable, mais la volonté de faire le bien ne veut pas dire qu’on doit faire n’importe quoi. Et c’est là que j’ai appris que vous n’étiez pas en permission. »
« Et voilà. » déclara simplement le Capitaine Mershal. Il se tourna entièrement vers le coupable. « Je vous avais pourtant prévenu Bryatt. »
« J’ai fais mon travail, j’ai fais... »
« VOTRE TRAVAIL EST EN CUISINE ! » corrigea-t-il. « Les officiers sont garants de la bonne tenue du comportement des hommes. Pas vous ! Je vous avais prévenu et vous avez désobéi. Je vous place aux arrêts pour vos abus répétés et l’usage inadéquat de votre grade. »
« Quoi ? C’est une machination ! » il fixa le Capitaine Allen. « C’est vous qui.... »
« Bordel de merde ! Vous saluez et vous déguerpissez ! Rendez vous à la police militaire. C’est UN ORDRE ! »
Le sous-lieutenant voyait son monde s’effondrer. Arrivé à ce point où il n’y avait plus aucun échappatoire, il se leva lentement, ses jambes le portant à peine. Puis il salua avant de repartir, tentant vainement de reproduire son pas cadencé, n’ayant plus l’air que d’un canard.
Mershal profita du silence pour souffler.

« Capitaine Allen, je regrette ces incidents. Les autorités m’ont rapporté les exagérations du sous-officier Bryatt depuis quelques mois. Il était supposé rentrer dans le rang pour sa dernière chance. »
Il marqua une pause.
« Nombre de ses déclarations à la police militaire ont été suivi et n’ont pas abouti. S’il a eu de bonnes intentions un jour, mon subordonné est clairement entré dans une démarche acharnée. Et vous savez tout aussi bien que moi qu’on ne porte pas d’accusations en poursuivant des motivations de malveillance. »
L’officier se tût avant de terminer.
« Je peux déposer une requête d’annulation concernant cette plainte. C’est à vous qu’il revient de traiter d’un quelconque écart de comportement chez vos soldats. Et certainement pas mon subordonné. Qu’en dites-vous ? »
« Ne vous excusez pas, ce n’est pas tout le temps facile avec les hommes, et on ne peut pas toujours être derrière eux. Je veux bien que vous déposiez cette requête, ça m’évitera de le faire, et je préfère que vous laviez votre linge sale en famille, au moins cela ne regarde que nous et pas la PM. »
« En effet. J’apprécie votre concours. Je vois que vous avez un ordonnancier réactif. Je lui ferai parvenir une copie de cette requête et demanderait à ce que la réponse vous soit également adressée. Bryatt est devenu plus un danger dans ces couloirs qu’une sécurité. Je veillerai à ce que cela ne se reproduise pas. »

Mershal ne traîna pas. Pedge n’avait pas plus à dire de toute façon, et elle aimait quand les choses se déroulaient naturellement de cette façon. C’était parfait. Finalement, tout le monde ne pouvait pas se targuer d’être un bon officier, mais ce Mershal semblait être quelqu’un d’efficace. C’était plaisant.
Une heure plus tard, James l’informait du retrait de la procédure, ajoutant que la PM avait été très réactive. Se débarrasser d’une courte enquête sur une dénonciation de harcèlement, surtout quand Bryatt en était à l’origine, c’était une aubaine. Il n’y avait plus de rendez-vous et Pedge pouvait se concentrer sur des missions bien moins pénibles.
Après avoir réglé quelques détails avec Graham, elle pouvait vaquer à ses occupations. Son aide de camp lui apprit que le soldat Padilla était de quartier libre mais qu’elle passa beaucoup de temps chez les xénosociologues, apparemment en train d’étudier beaucoup d’éléments culturels appartenant aux Natus.

Ruth était très maniaque dans son organisation.
Quiconque la connaissait un peu savait qu’elle serait au mess du niveau trois à quatorze heures pile. Elle aimait profiter du peu de fréquentation à ce moment-là et du calme qu’offrait la fin de service. Comme d’habitude, elle mangeait comme un moineau, avec une salade très simple, une bouteille d’eau et un fruit en guise de dessert. A cause de son tempérament plutôt réservé, elle se restaurait seule et s’isolait sur une table inoccupée, généralement dans le fond de la salle.
Cette fois ne faisait pas exception à la régle. Dans son uniforme tiré à quatre épingle, elle réagençait sa chevelure pour la coincer avec une pince, formant un mixte entre le chignon et la queue de cheval. Le capuchon d’un stylo coincé distraitement entre les lèvres, elle couvrait son petit bloc-note d’une série d’inscriptions. A voir sa façon d’insister sur le papier, elle était arrivée à la fin de son encre. Son outil étant clairement en fin de vie. Ruth avait une consommation de stylo aberrante et elle déprimait à chaque fois qu’elle manquait de matériel.

Manifestement, la jeune femme avait repoussé temporairement son repas sur le côté, même s’il était toujours à disposition. Elle faisait aller son regard de son bloc-note à un ouvrage que sa main libre gardait bien ouvert. Elle semblait complètement absorbée par cette oeuvre, se fermant littéralement à tout l’environnement qui l’entourait. La couverture était composé d’un cuir bouilli que l’âge avait beaucoup vieilli. Son index s’arrêtait parfois sur les lignes manuscrites, rédigé à la plume et l’encre. Le type de papier et la couverture ressemblaient à ce que Pedge avait déjà vu dans la bibliothèque de Namara. Un mélange d'Allemand et de Latin qui terminerait de valider l’hypothèse : c’était un ouvrage Natus. Ruth rédigeait régulièrement une courte traduction en Américain sur son bloc-note.

Peut-être pour libérer la tension persistante dans sa nuque, Ruth posa son stylo et roula de la tête en soufflant lentement. Elle dévoila ainsi un visage grevé par un nombre hallucinant de boutons. L’intellecte avait désormais le visage d’une adolescente couverte d’acné.
Elle n’avait pas remarqué son officier. Parce qu’elle était revenue à la réalité quelques secondes, la jeune femme abandonna un instant son stylo pour picorer deux morceaux de salades avant de reprendre sa lecture. Elle avait le regard sérieux, comme lorsqu’elle travaillait. Elle se mobilisait à 100% dans sa lecture.
Le passage qu’elle parcourut lui étira un léger sourire.

L’officier en question s’approcha de la table de sa subordonnée. Histoire de ne pas lui laisser le temps de se lever promptement pour saluer, Pedge tira la chaise et pris place devant Ruth en lui intimant du regard de ne pas se déranger. Après tout, c’était une entrevue qui sortait du cadre du boulot, et dans une cité où le boulot était quotidien, 24h sur 24, il fallait parfois se détendre un peu pour ne pas imploser. A l’image de ce Bryatt. Si au départ, ses intentions étaient louables, elles avaient finies par devenir tellement envahissantes qu’elles l’avaient conduit à la faute.
« Padilla. », salua Pedge, avant de poursuivre : « Désolée de vous déranger pendant votre pause repas. J’ai bien eu votre mail. », fit la texane avec intérêt.
« Vous ne me dérangez pas, Capitaine. » répondit-elle en reposant ses fesses sur son siège. Allen l’avait prit de court et elle n’avait eut que le temps de se lever un peu.
« La traduction n’a pas été facile à cause du manque de contexte. C’est comme user de nos expressions courantes face à quelqu’un qui n’en a aucune connaissance, ni parallèle, l’inverse est aussi vrai avec les Natus. » expliqua-t-elle en sortant deux feuillets qu’elle avait plié.
« Celui-ci, c’est la traduction basique. »
A l’intérieur, une simple phrase indiquait : “N’aie honte, nous mangerons des fruits ensemble”.
« Est-ce que ça vous semble adapté au contexte ? » lui demanda-t-elle après que le Capitaine ai lu.
Machinalement, elle jouait avec le deuxième papier.
Pedge comprenait parfaitement ce que Padilla essayait de lui apporter. C’était comme les dictons sur Terre. Les français disaient une choses, les anglais une autre, les américains encore autre chose, pour au final avoir un sens commun qui était similaire. C’était juste une question culturelle. La jeune femme parcourue du regard la traduction littérale de la phrase de Namara.
« Oui et non, on doit manger ensemble, mais ça ne me semble pas adapté. », fit Pedge en relevant le nez vers Ruth. Elle voyait bien qu’elle avait une seconde feuille, se doutant qu’une traduction plus imagée devait s’y trouver.
« Je penche surtout pour celui-là, c’est...plutôt personnel. » dit-elle sérieusement en lui tendant le second papier.
“N’aie honte en mangeant mon fruit”.
« Ah… Oui… En effet. », fit Pedge après avoir lu le papier. Inutile d’essayer de faire une pirouette en justifiant d’autre chose, l’image était ce qu’elle était, et malgré sa tronche d’ado boutonneuse, Padilla n’était pas née de la dernière pluie. Pedge se demandait d’ailleurs ce qu’elle avait foutu avec sa peau pour en arriver là, en venant presque à se dire qu’elle devait développer une varicelle tardive.
Toujours est-il que c’était un peu gênant pour le coup. Ce n’était pas tellement dans ses habitudes de laisser ses subordonnées accéder à ce genre d’information personnelle. Bref, elle ne comptait pas perdre la face de toute façon, et elle plia le papier pour le conserver. Inutile de laisser trainer ce genre de “preuve”.
« Merci d’avoir fait cette traduction… Va falloir que je m’y mette sérieusement. », ajouta-t-elle pour détendre l’atmosphère, avant de se rendre compte que là aussi, ça pouvait prêter à confusion. « A l’étude du Natus j’entends… enfin dans le sens littéraire, pas corporel. Enfin, vous voyez, bref. Je ne vous fais pas perdre votre temps plus longtemps. », fit Pedge en se levant.
Ruth regretta le sourire qu’elle n’avait pu retenir en voyant son officier ramer. Elle aurait été très mal à l’aise à sa place et ça l’avait longuement travaillé de savoir si elle lui donnait cette traduction ou non.
« Capitaine.... » fît Ruth simplement. « Vous n’êtes pas la première à vous attacher à un Natus... »
Franchement, elle pouvait comprendre le côté délicat de faire traduire une phrase en étant loin de s’imaginer du contenu. C’était malaisant mais, en même temps, ils étaient entre adulte. Et Ruth n’était pas un soldat lambda qui se serait forgé une quelconque opinion sur ce bout de papier.
Pour éviter d’approfondir le malaise, elle ajouta, en espérant la voir se rassoir sur cette chaise :
« J’ai trouvé ce qu’est la procession. »

(c) AMIANTE

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Mer 25 Nov - 18:52

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Pleurniche Day
feat James Graham (Papi) & Pedge (dans le corps de Tesh)


« Quelque chose de bien catholique j’espère. », répondit-elle du tac au tac, soucieuse de ne pas se retrouver face à quelque chose de l’ordre du privé encore une fois. Elle reprit place sur sa chaise. Au final, il valait mieux que ce soit Padilla l’experte en traduction, que Will. Au moins, elle savait que Ruth n’irait pas cancaner sur tous les toits.
« Oui. » affirma-t-elle en souriant, appréciant le trait d’humour de la texane.
Elle s’approcha du bord de la table et farfouilla dans son bloc note.

« La Procession, c’est une forme de coutume. Vous m’avez parlé d’un dîner et ça s’y rapporte. Lorsque les Natus rencontrent des amis, des cousins lointains ou de la famille éloignée, à l’occasion d’un rassemblement, ou d’un événement particulier, ils offrent quelque chose au plus ancien. Vous avez une idée de qui cela peut-être ? »
« Elle m’a parlé d’un repas de famille, Dorale et son mari, ainsi que son père. Donc il faudrait que je trouve quelque chose à offrir à son père, si je comprends bien.. », fit-elle pensive.
« Il semblerait. Mais il ne faut pas tomber dans le piège. Vous savez que les Natus sont assez extrême dans leurs schémas de pensées. Ils détestent les intentions mal déguisées ou inadaptées. Chez nous, nous faisons des offrandes généralement basée sur de la valeur. Si vous faites la même chose...ils le prendront pour une tentative de corruption ou un déballage de cupidité. »
Padilla se mit à réfléchir et tapota l’ouvrage.
« J’ai la solution à l’intérieur. C’est une lecture très intéressante sur la façon qu’ont ces gens de se voir les uns les autres. Ils ont vraiment une autre perception. Si vous offrez quelque chose pour la Procession, ce sera pour faire acte d’humilité ou de reconnaissance. Les plus vieux Natus sont considérés comme des Anciens très respectés. Même s’ils n’ont pas fait la guerre, ils sont symbole de droiture. D’une vie achevée dans une discipline totale... »
Elle pinça des lèvres après l’avoir un peu dévisagé.
« Je ne vous avance pas beaucoup ? »
« Je ne suis pas trop du genre à choisir un cadeau pour sa valeur pécunière de toute façon… Vous m’aidez quand même. Il me reste à trouver quelque chose qui fera l’affaire. », confia la jeune femme. Cependant, elle n’était pas connue pour son imagination fantasque mais plutôt pour son côté terre à terre. Si elle n’offrait rien de clinquant ou de très cher, c’était souvent parce que ça devait être utile.
« La Guerre du Boc a généré beaucoup d’artefacts abandonnés. Les symboles qu’ils représentent pourraient être quelque chose de fort pour un ancien soldat... » déclara Ruth en réfléchissant à voix haute. « Après tout, c’est autant dans leur religion que dans leur façon de vivre, ils se sont préparés à la guerre durant des générations. Donc lui offrir le vestige d’une guerre remportée des mains d’une héroïne... »
« C’est une piste intéressante... », et c’était une occasion d’aller se promener là bas, histoire de revoir un peu Coleen. Et les clones. Après tout, elle n’y était pas encore retournée. Décidément, elle devait en faire des pèlerinages ici et là....

« Vous savez... »
Ruth prit une petite tomate qu’elle picora.
« Il y a quelques linguistes qui ont traduit des ouvrages Natus pour garnir la bibliothèque. Je vous recommanderai bien “L’essence”. Ca pourrait vous offrir de précieuses informations sur le tempérament Natus. J’entends souvent dire qu’ils sont durs et peu évident à cerner. »

Pedge réprima un rictus. Elle prêchait une convaincue. « A qui le dites vous… mais à les entendre, nous ne sommes pas faciles nous non plus. Quoiqu’il en soit, j’essaierai de me procurer cet ouvrage. », tout en essayant de trouver du temps pour le lire. Avant la procession.
La jeune femme hésita.
« Puis-je vous poser une question, Capitaine ? »
Elle attendit son accord, qui vint d’un signe de tête, avant d’ajouter :
« Je me suis occupé de votre dossier avant et après la guerre de la Magna. Mais, dans le fond, ce n’est que de l’encre et du papier. Je peux me permettre de vous demander comment vous l’avez vécu ? Est-ce que c’était différent de vos engagements passés en Irak ou en Afghanistan ? ? »
Pedge toisa quelque peu la jeune femme. Elle ne s’attendait pas à ce genre de question, bien qu’elle pouvait comprendre la curiosité de Padilla à ce sujet. Elle savait que la jeune femme n’était pas l’élément le plus à l’aise de son unité quand il s’agissait d’aller tirer les poils de dessous de bras des méchants.
« Et bien... », commença Pedge qui ne pouvait s’empêcher de repenser à tout ça. Comment est-ce qu’elle l’avait vécue ? Ce n’était pas la première fois qu’on lui demandait en réalité, la psycho s’en était chargée. « Dans le fond, c’était pareil que l’Irak ou l'Afghanistan, l’horreur est la même. Là où c’est différent, c’est que les Wraiths ont une technologie plus avancée qui permet de faire prendre de degré supplémentaires à l’horreur. Et je n’ai jamais eu besoin de me transformer en Taliban pour aller botter le cul d'Oussama…. », ironisa-t-elle en pianotant avec ses mains sur la table.
Ruh fixa un instant les doigts de son Capitaine, sensible à son humour, avant de poursuivre.
« Vous savez… on m’avait ordonné d’enquêter sur vous. Sur les conséquences possibles qu’aurait eu la guerre. Et le fait que les Natus vous ai élevé à ce rang. J’ai le sentiment que ça n’a rien changé chez vous... »
« Et pourtant… J’ai bien changé. », confia Pedge, sans entrer dans les détails. « Il faut vivre avec ce qu’on a fait et pas fait, avec ses choix, ses regrets… C’est comme ça. L’essentiel, c’est d’avancer. J’ai failli demander à prendre ma retraite après le Boc. », avoua-t-elle.

Ruth mit en comparaison la confidence de son officier avec les résultats de son ancien emploi. C’était un sentiment étrange d’avoir enquêté pendant des années sur les risques opérationnels qui pesaient sur les effectifs et se retrouver, bien plus tard, sous leur commandement. La militaire appréciait le parcours qu’elle avait pu lire sur le document mais ça ne valait pas le vécu sur le terrain. Profitant de la compagnie d’Allen durant son déjeuner, Ruth se permit de poser quelques questions sur son histoire. Elle voulait connaître celle qui la commandait, se montrait polie et peu invasive, respectant tant ses barrières que ses réserves.

Peu avant de partir, Padilla se jeta à l’eau pour lui demander une autorisation de permission sur le Boc afin de pousser ses études. Elle lui proposa également de l’accompagner pour choisir elle-même l’offrande pour la procession.

Malheureusement, un appel de Graham coupa court à leur échange. Pendant un instant, l’officier Allen avait oublié sa journée spéciale pleurniche. Un officier l’attendait dans son bureau. Manifestement, Atlantis avait trouvé une piste sur Teshara Lays et son corps d’origine.
Pedge Allen la quitta sur ces derniers échanges.


(c) AMIANTE

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Mer 25 Nov - 18:55

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FIN DU RP LE 25/11/20

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