Retour en classe [avec Matt Eversman]

C’était une petite journée tranquille. L’ordinaire, appréciable à ses heures, ennuyant à l’occasion, avait l’air d’être la seule joyeuseté de la journée. Mais je ne m’en plaignais pas. J’avais pu envoyer un drone de bon matin par la porte des étoiles pour faire les relevés sur une planète puis j’étais retournée à l’atelier entretenir mon matériel de travail. Ce serait toutefois très rapide, puisque je n’avais que quelques pièces à graisser, et un coup de chiffon à passer, histoire que cette belle mécanique soit rutilante. Ca faisait bien mieux tout de même que l’appareil boueux, en plus de limiter la corrosion.

Mon travail fait, je me décidai à aller faire un petit tour. Pourquoi rester sur place si je n’avais plus rien à faire ? De toute façon, s’il y avait besoin de moi, l’on me ferait bip bip à la radio, et j’en avais une sur moi. Alors, avec ma trousse à outils, et un drone d’observation, je quittai la pièce pour me rendre sur l’une des esplanades d’Atlantis, pour vérifier son bon fonctionnement -dont je ne doutais pas mais j’avais ce besoin de m’occuper et de justifier mes envies d’escapade sur les heures de travail-. Là-bas, je posai la mallette de transport sur le sol, l’ouvrai et faisais décoller le drone… Pour faire joujou… Pitié… Que mes supérieurs ne découvrent pas mon manque de sérieux !

Par chance, je vis très vite le drone venir s’écraser non loin de moi. Bon, sur le moment, c’était tout sauf de la chance. Je lançais des insultes violentes dessus, dans le registre des « Espèce de saloperie de merde fini à la pisse ! T’es pas un missile ! Alors vol vieille crotte ! », évidemment sans résultat.

Ça m’agaçait toujours lorsque ce qui était censé fonctionner ne fonctionnait justement pas. En plus, il était clair que j’avais, dans la chute, tordu les hélices. Il allait beaucoup moins bien voler maintenant ! J’allais donc le récupérer et étais là, à me gratter la tête devant, en me demandant ce qui avait bien pu lâcher. La batterie ? Elle était pleine, normalement. L’aurais-je mal remonté la dernière fois ? Bon… J’étais bonne pour retourner à l’atelier, et expliquer dans une note la raison de cette réparation « Dysfonctionnement pendant l’essai ayant entraîné des dommages matériels. ».

Je repris la mallette, tenant le drone dans une main (puisque son poids et sa taille me le permettaient), les yeux posés dessus, en évaluant les dégâts. Deux rotors de tordus, un qui pourrait sans doute être remis en état, les lentilles à changer, très certainement. C’était fragile les capteurs photographiques après tout.

Pourquoi est-ce que je n’avais pas de petites mains pour faire ça ? Moi qui pensai profiter de ce temps de libre pour faire autre chose… L’air ronchon, je traversai donc les couloirs, esquissant à peine un sourire quand je croisai quelqu’un. Ca devait leur faire bizarre de ne pas voir ma tronche enjouée de d’habitude !

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Se faire arrêter dans un couloir, alors que j’étais chargée de mon cher drone fraichement abimé et de sa mallette de transport, ma trousse à outils n’étant rien de plus qu’un poids se promenant près de ma hanche au bout de sa lanière, tombait vraiment mal. Toutefois je ne pouvais pas me permettre de passer sous le nez de la personne, surtout qu’il s’agissait d’une personne dont le grade avait été très sensiblement supérieur au mien, avant de se faire dégrader ; les habitudes ont la vie dure ! Que pouvez donc me vouloir le beau Eversman ?

« Oui. Que puis-je pour vous sergent, euh première classe ? » demandais-je poliment, avec le sentiment d'avoir retourner le couteau dans la plaie, avant de le regarder la tête sur le côté, comme si ça aidait vraiment à comprendre les trucs surprenants. Il avait un message de l’officier de garde pour moi ? C’était une blague ou quoi ? Il y avait des mails, des radios, des interphones… Bref, l’on était plus à l’époque où il fallait recourir à un coursier ! C’était la première fois que l’on me faisait le coup sur Atlantis ! Et bien sûr ça tombait quand j’avais les deux mains de prises. Mais Matt était plutôt serviable, comme je pouvais le constater puisqu’il tendait une main pour que je me décharge dans ses bras. Ce n’était pas utile, je n’avais qu’à poser ma caisse, prendre le papier et y jeter un œil. Je pourrais même ranger le drone, mais sur la terrasse je n’avais pas pensé à le faire, partant du principe qu’avec la pièce tordue, même de peu, cela ne passerait pas et maintenant que j’étais presque arrivée je n’en voyais plus l’intérêt puisque je devrais le ressortir presque aussitôt.

« Merci. » répondis-je avec un grand sourire, lui tendant la mallette de transport. Cela me permettrait de marcher tout en lisant et puis l’on ne refusait pas les bonnes volontés, surtout que cette boîte solide mais légère ne risquait pas de mettre au sol ce fier gaillard. J’aurais évidemment pu la poser pour lire, et la reprendre ensuite mais je ne voulais pas le vexer. Je pris donc la feuille et lu les quelques lignes, esquissant un sourire amusé. Je devais préparer un drone et je venais d’en mettre un hors service. C’était le comble de l’ironie ! Mais le plus amusant restait sans doute l’usage d’une feuille de papier et d’un coursier pour me prévenir, ce qui indiquait soit une mission top secrète, et encore il y avait mieux que la feuille volante pour ça, soit une grosse nouille incapable de se servir de sa boîte à mail. Sitôt lu je fourrai le papier dans une poche et amorçai un geste pour reprendre ma caisse. Il avait sans doute mieux à faire que jouer les garçons de course et je ne voulais pas l’encombrer de mes affaires. C’était une question de principe.

« Bon, bah je vais aller chercher un autre drone. Celui-là ne va pas voler tant que je ne l’aurais pas réparé. Vous avez pas plus d’infos sur le pourquoi ? Mon mot doux est plutôt avare en détails ! »

La plaisanterie m’était venue naturellement. Un coursier portant à une demoiselle un petit papier, ça me faisait tout de suite penser à un poulet. Allez savoir pourquoi… Mais je me doutais que le pauvre gars n’en savait pas plus que moi au final. L’on ne disait pas au coursier s’il livrait un sachet de clous ou un ballotin de chocolat ; il en serait certainement de même de lui.

« Et mes excuses ! Je reviens de la digue nord. Je préfère faire mes essais en extérieur. » et voilà que je commençais à m’excuser et me justifier ! Il n’était pourtant pas un haut gradé mais cela suffisait pour réveiller ma sur-politesse. Je devrais peut être consulter pour ça ? Allons… Hailey, c’est tout à fait normal que de faire preuve de respect envers ses supérieurs !

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Evidemment, Matt n’en savait pas plus que moi. Il n’était plus que le garçon de course, à qui l’on ne disait rien, pas même s’il s’agissait d’une mission à mener dans le plus grand secret. Je devais donc préparer un drone, pour une mission dont je ne savais pas grand-chose, avec la possibilité qu’il y ait un lien avec cet appel reçu d’une des équipes d’exploration.



« Tant pis. Ce sera de la découverte pure et dure au moins ! » je prenais ça plutôt bien, du moins jusqu’à ce que je ne commence à me demander s’il ne vaudrait pas mieux que je m’équipe. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’impression que l’on allait me dire d’aller sur une planète inconnue pour la mission. C’était peut-être là la signification de « prenez votre équipement. »…

« Hmm…C’est vrai que Big Brother nous regarde… » dis-je en haussant les épaules. J’oubliais parfois cette petite puce aussi pratique qu’agaçante. Elle nous empêchait d’être toujours vraiment seul, de pouvoir mener des activités discrètement. Il n’y avait vraiment pas intérêt à ce qu’un membre d’un couple ait accès à ce merveilleux GPS sinon il y aurait plus de furies dans les couloirs.

« Si cela ne vous dérange pas. L’on n’a qu’un rapide passage à faire. Il y a au moins un Reaper MQ-9 près à faire une petite ballade. » répondis-je, appréciant son aide pour porter la mallette même si je me serais fort bien débrouillée sans. Je repris donc la direction de l’atelier, dressant une liste d’hypothèse sur les besoins d’un drone. Je n’avais pas vu qu’il devait être armé, ce qui indiquait plutôt une mission de reconnaissance. Ce n’était pas plus mal, tirer sur des gens c’était pas aussi sympa que ça en avait l’air.

Passée la porte, je me dirigeai vers le coin que j’utilisai habituellement et posai le drone sur une étagère voisine, tout en lançant à Matt, en faisant un geste vers la table de travail « Posez ça par-là ». Le ranger maintenant serait idiot, puisque dans moins d’une heure -en tout cas je l’espérai- j’irai la chercher pour réparer mes petites bêtises. Puis j’ajoutai « Je reviens de suite avec le chariot. ». Il était hors de question que je me promène avec un Reaper sur le dos. Il me fallut trois minutes pour mettre la main dessus et revenir avec, m’arrêtant devant mon poste pour m’assurer que les niveaux de carburants, huiles et autres étaient bon et comme ce n’était pas le cas pour tous, je complétai. J’ajoutai à ce petit chargement mon ordinateur portable, bien pratique pour analyser les données et me mit en route.

« Bon, allons retrouver le lieutenant pour partir à la découverte des secrets d’Atlantis ! » dis-je gaiement, direction la salle d’embarquement.

« Et sinon comment ça va vous ? » demandais-je, par sympathie mais aussi pour lancer une conversation. J’aimais bien parler, connaître les gens et si je connaissais Matt, ce n’était pas une relation assez travaillée pour que je puisse le cataloguer ailleurs que dans la case « Connaissance ».

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Pendant que je travaillai, je remarquai le regard de Matt. Je supposai qu’il regardait simplement ce que je faisais, par curiosité, notamment parce que c’était plus simple à gérer que se dire que c’était moi qui faisait l’objet de tant d’attention. Puis je disparus en quête de mon prochain jouet, le laissant au milieu des outils et autres manettes si tentantes, pour retrouver un gosse résistant à l’envie de choper le premier jouet dans le magasin et le montrer à sa mère pour qu’elle le lui achète. Dommage pour lui, je n’allai pas céder devant des collègues, par principe et pour ne pas avoir à réparer des petites bêtises embarrassantes.

Je débutai en partant la conversation d’une façon bien bateau et classique, me surprenant à le voir lui-même surprit que je puisse vouloir faire la conversation sur le chemin, comme si personne ne faisait ça sur Atlantis, que les militaires étaient des gens froids et sérieux (et en ce cas je n’aurais pas du tout ma place dans ce corps).

« Ca va. Merci. »
Puis il trouva vite le chemin de la plaisanterie, tout en me faisant douter d’un point : je n’avais pas laissé une bombe sur le Reaper quand même ? Au pire ça servirait mais… Non. A la réflexion personne ne stockai un Reaper armé d’explosifs, juste des balles à la rigueur donc aucune chance.

« A votre avis pourquoi on est aussi musclé nous autres les opérateurs drones? » lui rétorquai je avec un grand sourire. C’était totalement faux, on était loin d’être les plus gros bras de l’armée. L’on arriva très vite au téléporteur, qui nous rapprocherait de la salle d’embarquement et comme Matt était plus libre que moi derrière mon chariot, le fessier tout près de la porte, avec le fameux risque de m’appuyer contre et de me péter la tronche quand elle se rouvrirait, je le laissai nous envoyer à notre destination.

Un instant plus tard l’on se retrouvait à pousser le chariot jusqu’à la porte des étoiles et il m’aidait, bien aimablement, sans que je n’ai à lui demander, à déployer le drone. Il n’y avait que quelques directives basiques pour le placer à lui donner car je n’allais pas lui laisser des tâches plus techniques, comme vérifier des réglages ou des bidules du genre.

« Ok. » répondis-je, me demandant toujours le pourquoi de la mission. Je n’avais pas fini ma partie quand j’entendis Matt m’annoncer que le lieutenant voulait me parler. C’était évidemment pour me donner les informations sur la mission. Il m’expliqua ainsi qu’une équipe avait des difficultés et demandait un support aérien pour retrouver un équipier égaré qui jouait à silence radio. Je ne pus m’empêcher de me dire qu’envoyer un jumper, avec toute sa batterie de senseurs aurait été plus efficace et rapide mais je n’allais pas faire part de cette pensée à ce supérieur, avant d’avoir fait le tour avec le drone sans résultat.

« Bien, monsieur. Nous avons une idée de sa dernière position connue et de celle de l’équipe ? »

Ce serait un bon début pour commencer les recherches. Tout en écoutant sa réponse, assez précise quant à la dernière position connue de l’équipe et plutôt trop vague quant à celle de notre paumé, je réfléchissais à ce qui serait le mieux. La salle d’embarquement était sûr mais une porte des étoiles ne restaient ouvertes que 30 minutes consécutives et cela impliquait de condamner toute rentrée d’urgence d’une autre équipe. Il y avait des milliers d’entrées pour une sortie, ce qui était un problème. Je devrais donc aller de l’autre côté et pour cela je n’allais pas me priver d’une petite escorte, même d’un gars.

« Vu que cela risque de prendre du temps, je devrais peut être me rendre sur place ?Je ne voudrais pas bloquer la porte. Et si je pouvais pour ça avoir un homme au moins par sûreté j’apprécierai. Pourquoi pas Eversman ? S’il n’a rien à faire d’important, bien sûr… »

Je suggérai ça d’un ton poli, lâchant le nom parce qu’il était là, que je savais qu’il était d’une assez bonne compagnie et que je n’avais pas trop envie de me farder un silence pesant ou une conversation casse pied. Ma demande n’était pas trop exagérée, et relevait du bon sens, donc je m’attendais à une réponse positive.

Puis je me mis à préparer le drone pour son envol, terminant les ajustements et entamer les procédures de décollage. Ca allait être un vol agréable pour lui et une mission pas du tout marrante pour moi.

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« Requête acceptée, Caporal » ; des mots rassurants à mes oreilles mais un peu inquiétant tout de même. Cela signifiait qu’il y avait bien un risque que cette disparition ne soit pas juste le fruit d’une équipe un peu trop détendue de la radio. J’aurais bien aimé qu’il s’arrête là mais non, monsieur l’officier voulait me mettre la pression en me disant « Ramenez nos gars ! ». Alors que, primo, je suis toute seule avec Matt, deuxio je suis juste une opératrice drone qui va faire de la prise de vue en hauteur et qu’ensuite mon idée c’était de faire mon boulot de base : obtenir les informations nécessaires puis envoyer l’équipe de secours sur les lieux. Jouer les héros ? Ok mais faut pas abuser des bonnes choses !

« Merci. Faudra p’tet prévoir une équipe plus importante que deux zigotos. Difficile de savoir dans quoi ils sont tombés… »

J’avais été polie, comme à mon habitude tout en rappelant que je n’étais pas membre du peloton d’élite et n’étais pas vraiment qualifié à faire du secours, ou plutôt que je n’étais pas la plus qualifiée parce que, mine de rien, l’on a tous la même formation de base.

Je laissai Matt gérer l’équipement, profitant de ces quelques minutes à affiner les réglages des drones puis comme il était revenu, bon comme un camion dans sa tenue, je passai le gilet tactique qu’il m’avait pris et le foutu casque puis ce fut la route vers la porte des étoiles et la découverte de l’autre côté sur un stupide : « On est prêt et presque près ! ». C’était venue tout seul, c’était bête mais j’approuvais intérieurement.

Au moins l’on débouchait dans une clairière, ce qui avait l’avantage de nous offrir de la visibilité sur les environs mais l’inconvénient de nous mettre à découvert, donc, par précaution je me mis à chercher un point plus défendable et moins visible.

C’était soit la lisière de la forêt soit autour de la console de la porte mais un tir mal placé et l’on était mal pour revenir, donc ce serait sans doute la lisière. Deux types, pas vraiment militaire, étaient là près d’un espèce de chêne, ou de hêtre (je suis pas vraiment calée question nature et en plus l’on est pas sur Terre). C’était certainement à eux que l’on devait ma présence et Matt se carapatait pour le tour du périmètre…

« Minute…. C’est à moi d’aller leur causer ? Croooottttee !!! » m’exclamai-je en y allant. J’allais leur demander quoi au juste ? Et je devais les gérer comment ? En leur demandant de fermer leur gueule, retourner sur Atlantis et faire leur rapport ? C’était sans doute ce qu’il y avait de mieux. Cela réglait le problème de leur protection, même si cela nous aurait aussi offert une paire d’yeux en plus. Mais c’était aussi bon pour envoyer un message à Atlantis, et obtenir des renforts suivants les informations qu’ils baveraient une fois de retour en terrain connu.

« Hey les gens ! Alors vous avez perdu combien de gars au juste depuis votre appel ? Dans quel coin ? Il y a combien de temps ? Vous avez tenté de les rappeler récemment à la radio ? »

Questions de bases, réponses vaseuses. Normal !

« Un seul ! Ca fait cinq heure qu’on est sans nouvelles ! Il s’est éloigné du groupe et… » me dit l’un d’eux dont la tête me faisait penser à un gamin ; l’autre ne pipait pas un mot et moi je me retrouvai avec à peine une partie des réponses que je voulais.

« Et il a disparu. Traces de sang, lutte ?.Et si vous pouviez me montrer ça sur une carte avant de regagner Atlantis et expliquer ce qu’il s’est passé ça m’aiderait ! »

« Non ! Il n’y avait rien ! C’est ça qui est bizarre ! Montrez-moi votre carte. »

La zone indiquée n’était pas d’une immense aide. C’était quelque part dans les bois, et vu qu’il avait disparu depuis un bout de temps déjà il était potentiellement loin. Je les remercia rapidement puis alla exposer mon plan à Matt, tant pour le prévenir que voir ce qu’il en pensait.

« Bon un disparu, quelque part dans les bois. Je vais envoyer le drone d’ici, puisque j’ai la place de le faire décoller et voir ce que ça donne. Je compte renvoyer les deux membres de l’équipe ci présente sur Atlantis afin qu’il puisse expliquer la situation, et nous libérer du problème de leur surveillance. Vous en pensez quoi ? »

Soit j’allais passer pour une personne sans confiance en elle, soit la dirigeante qui prenait soin de solliciter les avis de son équipe mais dans les deux cas cela reviendrait au même : j’aurais un petit avis sur le plan foireux.

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Une équipe de quatre personnes ? Ah oui…. C’est vrai… C’est dingue ce que le stress peut vous faire oublier comme détail… Heuresement que j’avais pris Matt dans mes bagages !

Par contre je me demandai s’il n’était pas une grosse quiche en mathématique, vu qu’il nous manquait en vérité deux personnes : le chef d’équipe et le disparu. Mais peut être l’avait il exclu volontairement du compte aussi ne lui fis je pas remarquer. J’étais plutôt inquiète à l’idée que la radio ne passe pas car si cela se trouvait je risquai d’avoir une mauvaise connexion avec mon drone. Les deux utilisés les ondes hertziennes, ce qui signifiaient que les problèmes rencontrées par l’un pourrait bien l’être par l’autre.

« Si la radio ne passe pas, y a pas grand intérêt à les avoir là. Mais oui… Au cas où que ce soit juste un problème de distance ils peuvent faire relais… Si ça chauffe vous nous prévenez et vous vous mettez à l’abri sur Atlantis. Compris ? »

Je ne m’attendais pas à autre chose que le « Oui madame » auquel j’eu le droit de leur part. Ce détail réglé, j’entrepris de déployer le drone. C’était le retour de la routine. Une tâche simple, mécanique. Une mission comme les autres en somme et le voir décoller tranquillement pour prendre la direction que je voulais me rassurai un peu. Il n’y avait plus qu’à trouver notre compagnon disparu, ce qui impliquait de longues minutes à regarder l’écran, dans l’espoir de trouver un signe quelconque.

« Bon, tant que ça vole c’est bon. Plus qu’à prier que les ondes passent là bas parce que l’on a pas vraiment de satellites dans le secteur ! »

C’était le gros défaut de ce genre d’équipement : puissant mais pas du tout adaptée à des missions extraterrestres. Le deuxième étant son encombrement évident et le troisième l’obligation pour l’opérateur de ne pas quitter des yeux les commandes trop longtemps. Sans pilote à bord n’a jamais voulu dire sans pilote du tout, hélas.

« Dès que l’on a de bonnes informations, je le fais revenir et l’on pourra aller voir sur place. Mieux vaut ne pas prendre de risque et ne l’utiliser que si on a l’assurance que ça passe. Il paraît que ces jouets là coûtent un peu cher ! »

Je n’avais pas quitté l’écran des yeux, analysant ce que je voyais tout en naviguant. Il y avait surtout des arbres dans les tons verts et bruns, quelques clairières et ce qui me semblait être des cours d’eau mais je n’allais pas me mettre à zoomer sur l’écran tout en tenant le joystick. Ce n’était pas vraiment le genre de geste recommandé avec du matériel précieux ; percuter un oiseau, un arbre, un objet quelconque était vite arrivée. De plus je ne connaissais pas toutes les données sur cette planète et il pouvait fort bien y avoir des zones où les courants aériens étaient dangereux, violents, imprévisibles. Et puis le principe du vol de reconnaissance était la collecte de données et leur analyse et rien ne m’obligeait à faire à fond les deux en même temps. Mieux valait bien quadriller la zone. C’était plus utile pour trouver un type disparu en forêt. C’était un peu l’aiguille dans la botte de foin.

D’ailleurs qui nous disait que le gars n’avait pas décidé de faire une petite promenade, avait rencontré une belle indigène et était partie dans les fourrés en oubliant ses petits copains ? Ca faisait scénario de mauvais film mais bon… Au fond, l’on ne savait pas du tout ce qui s’était passé. Même l’équipe ci présente n’avait pas trop d’informations dessus.

Bon… Après une dizaine de minutes j’avais réussi à trouver notre chef d’équipe, ou en tout cas u petit gars en promenade, et je commençai à avoir quelques difficultés pour communiquer avec le drone. Il y avait des interférences, légères encore mais continuer signifiait faire face à plus de difficultés et donc à des chances (si tant est que l’on puisse parler de chance ici) de perdre le drone, de l’écraser. Mieux valait se montrer prudente à partir de maintenant et le faire revenir à l’abri avec ce que j’avais déjà pu récolter. Rien ne pouvait m’assurer que deux mètres plus loin ce ne serait pas la fin des communications.

Sur le vol de retour, je me disais que des antennes relais pourraient être une bonne solution pour favoriser l’exploration mais pour cela il me faudrait aller en prendre à la base, et nous promener avec pour les placer aux bons endroits. C’était pas une sinécure et nous perdrions beaucoup de temps pour un résultat à peine meilleure qu’une enquête sur place.

« Je fais revenir le drone. Je commence à avoir des difficultés à garder le contact. Mais je crois avoir une idée d’où il a dû disparaître. Faut que je vérifie les données avant par contre. »

J’avais remarqué une sorte de trou, peut être une crevasse ou une faille entre des rochers, à une distance à peu près cohérente avec le lieu des recherches de l’équipe responsable de ma présence sur cette planète. Si ça se trouvait, il était simplement tombé dans un trou…

Le drone revenu au sol, je m’empressai d’aller en extraire la moindre donnée pour pouvoir les analyser. Ce n’est qu’après que je me mis à réfléchir à un nouveau problème : je faisais quoi du drone ? Le mieux était de le renvoyer sur Atlantis pour sa protection. Il serait malheureux de se le faire voler ou détruire. C’était ce qu’il y avait de mieux à faire à mon avis. De plus ce serait une excellente occasion pour aller prendre ce qui allait certainement nous faire défaut dans notre mission de sauvetage.

« Dite vous avez pensé à prendre une corde et une trousse de secours ? Des lampes aussi ? Au cas où que la nuit nous tombe dessus ? J’envisage de mettre le drone à l’abri de toute façon et je commence à me dire qu’un tout petit serait plus pratique lorsqu’on sera sur place… »

Je gardai ma dernière question bien au chaud dans ma bouche : Matt était il aussi doué que moi pour se perdre en forêt ? Si oui nous étions mal, très mal…

Il me fallut un quart d’heure pour passer en revue les relevés avant d’être à peu près satisfaite de mon travail. J’avais réussi à identifier la zone du campement, celle où le gars avait disparu et la direction dans laquelle le chef d’équipe était partie pour ses recherches. Je pouvais donc facilement identifier les endroits potentiels pour « disparaître mystérieusement » ou estimer un lieu potentiel sur cette partie de la planète.

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L’échange entre Matt et Altantis fut des plus brefs. Il ne demanda qu’une corde, ce qui signifiait, logiquement, que nous avions le reste de l’équipement requis, à part le petit drone bien sûr mais j’y renoncé en me disant que c’était un encombrement inutile. A partir de maintenant, tout ce dont nous avions besoin c’était de la carte que j’avais pu obtenir, de nos jambes et d’une bonne dose de chance pour trouver notre route.

« Yep ! Allons sauver le cul de nos camarades ! Et p’tet le reste aussi ! » dis-je gaiement, avant d’indiquer d’un geste de la main la direction à prendre « Par là ! ».

Je marchai en regardant mon écran par intermittence, me répétant que tout irait bien, que nous n’allions pas finir devant un ravin ou une rivière infranchissable. Ce serait vraiment la poisse mais je n’y pouvais pas grand-chose. Aussi précis soit les relevés je n’avais pas toutes les informations et détecter un guet sur une vue d’avion n’était pas de la première des simplicités, surtout avec une étude de quinze minutes.

« Si je me plante pas, d’ici trois ou quatre kilomètres on devrait croiser un cours d’eau. Là faudra le traverser puis continuer vers… Les montagnes… Donc le côté où ça monte… Je suppose… »

Ça y est. La grosse nulle en orientation se dévoilait enfin. Mais j’étais confiante. Nous étions sur la bonne piste ! J’avais même pu remarquer une empreinte de pas, du même genre que celle que nous pouvions laisser avec nos chaussures mais un peu plus effacé. Bon, j’avais aucun mérite, elle était nettement visible sur le côté gauche de l’espèce de chemin que nous suivions. C’était d’ailleurs certainement un chemin fait par le passage des animaux plutôt que par l’homme vu son irrégularité.

Peu après nous tombions enfin sur la rivière. Elle était plutôt calme mais avait l’air assez profonde. C’était donc soit le bain soit partir d’un côté pour trouver un coin moins profond. Il y avait bien un truc qui ressemblait à ce qui nous fallait mais il n’était pas à quelques pas seulement et je n’étais pas certaine que nous avions tellement de temps pour le sauvetage, surtout si l’on devait se retrouver avec un blessé.

« Soit on traverse là, et on se fait bien mouillés soit on peut tenter vers l’amont. Je suppose que ce sera moins profond que… » à ce moment je remarquai qu’il y avait des arbres des deux côtés de la rivière et que l’un d’eux avait une belle branche qui se penchait presque jusqu’au milieu de l’eau, assez haut pour que je me dise que l’on pourrait se servir d’une corde et jouer à Tarzan.

« Où alors… Vous voulez être Tarzan pendant que je serais Jane ? Il me faut juste une corde, réussir l’accrocher à la grosse branche et faire un nœud que l’on puisse défaire de l’autre côté pour la récupérer… Même si ça servirait pas à grand-chose… » C’était théoriquement possible et rien de plus qu’un bricolage ; le seul intérêt était le côté fun de la traversée de la rivière et c’était tout. Autant dire que je ne m’attendais pas à voir quelqu’un me pousser à accomplir cette idée. Même moi je ne la trouvé que partiellement brillante. C’était surtout l’éclate qui allait avec cette expérience qui me paraissait intéressante.

« Hum… Oubliez ça… » dis-je presque aussitôt. Ce n’était pas du tout professionnel et s’amuser sur une mission de sauvetage était vraiment de mauvais goût. J’attendais toutefois la réaction de Matt avant de me remettre en route. Sa tête devait mériter le coup d’œil !

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Il fallait que j’arrête de stresser. Cette mission allait très bien se passer, nous n’allions pas finir égarer par ma faute… Tout allait bien ! Tout ! Bon sauf pour le blessé et le chef d’équipe silencieux… Peut être… Il fallait rester optimiste ! Et puis Matt était là. Au pire, l’on rentrerait bredouille, demanderait de l’aide pour une battue, plus de moyens techniques… La planète était grande et nous n’étions pas vraiment nombreux. Il n’y avait que dans les séries télévisées que cela marchait systématiquement, parce que le script l’avait décidé !

Je ne me retenais pas de sourire quand Matt m’annonça devant la rivière que l’on avait oublié ma bouée. Je savais nagée que diable ! Mais il m’offrait la chance de le taquiner sur ce même terrain !

« Ah bon ? Et vous avez bien pensé à prendre vos flotteurs vous ? J’ai cru comprendre que vous vous noyez facilement et que l’on vous avez envoyé sur le Dédale pour votre survie… »

C’était un coup bas, mais c’était tout de même moins mesquin que de venir lui rappeler pourquoi il n’était plus aussi gradé qu’avant. J’aimais bien son humour à la noix en tout cas. C’était juste dommage qu’il ne saute pas sur l’occasion d’agir en Tarzan ; nous aurions bien rigolé au moins même si c’était tout sauf professionnel et plutôt risqué ! Mais il ne fallait pas oublier que nous aurions un blessé, voire une civière et la technique de traversée n’irait sans doute pas. Et à la réflexion nous ne pourrions peut être même pas le déplacé et devrions faire venir un jumper.

Nous longeâmes donc la rivière, en quête d’un guet. Nous traversions les fourrées et branchages, perdant à chaque pas du temps. Rapidement j’en avais plein les pattes et les bras à force de me hisser aux branches d’arbres, lever haut les jambes pour éviter des obstacles et plonger jusqu’à mi cuisse dans l’eau froide. J’aurais préféré une bonne douche mais ça… C’était pas vivifiant, juste particulièrement horripilant !

Pendant ma traversée, Matt beugla après d’éventuels survivants. Atlantes, locaux… Le but était d’attirer du monde et même si ce n’était pas une brillante idée c’était aussi la seule à notre disposition pour signaler notre présence à nos compagnons qui avaient peut être piégés la région ! Et nous eûmes une réponse. Une qui se perdit entre les arbres mais qui voulez dire une chose : quelqu’un était là ! Nous touchions au but ! Nous étions proches et nous pressâmes le pas. Je serais tombée si Matt ne s’était pas écrié « Stop ». Devant nous le chemin prenait fin, laissant place à une descente abrupte. Mais de bien entendu je lui fis du rentre dedans et il tomba, se retenant à une branche un mètre plus bas. Six de plus et il aurait fini avec les deux membres manquants de l’équipe.

Une question se posait : ma corde était elle assez longue pour atteindre le fond ? Où l’accrocher ? Déjà je devais sortir Matt de là, car il finirait par tomber, par fatigue ou parce que la branche céderait sous son poids.

« Jane ? Faudrait plutôt Hulk là je crois ! » répondis je, parce que je n’imaginai pas avoir la force de le tirer jusqu’en haut, ni de résister à son poids. Le sol était glissant, fait de cailloux qui roulaient sous les pieds.

Comment faire ?

Je sortis ma corde et fit un nœud solide autour d’un rocher. Oh il n’était pas compliqué ! Un nœud gansé suivi d’une nouvelle ganse dans la ganse et un coup sec. Pas le temps de faire des beaux nœuds ! J’envoyais l’autre extrémité à Matt. Il allait devoir tenter de remonter, ou descendre. C’était à lui de voir.

« Essayez de remonter, je descendrai après pour eux. Ce sera moins dur pour vous de me remonter que le contraire ! »

Ah et il m’avait pas demandé de faire sortir la Jane qui était en moi ? C’était quoi son cri déjà ? Le « AAAahhaaaah ? » comme pour Tarzan ? Aucune idée… Tant pis, pas de répartie idiote de plus ici ! Et de toute façon il fallait qu’il se dépêche, j’entendais des craquements de bois… J’en étais sûr ! Et en bas il y avait les voix des deux Atlantes, visiblement blessés. Ils demandaient de l’aide mais là on était déjà assez dans la merde pour pas se presser pour les amener à l’hôpital ! C’était les urgences pour eux ! Trois heures d’attentes au minimum !

Dos droit, jambes plantés dans le sol, muscles près à chauffer, j’étais prête à réceptionner le poids de Matt et prier pour ne pas le suivre dans le trou. Ce serait la poisse. Un regard dans le gouffre me fit soupirer : la corde était trop courte pour permettre de remonter des blessés. Déjà que pour descendre elle me paraissait limite…

Il allait donc falloir que je rentre sur Atlantis pour choper un Jumper ! La veine ! Je savais bien que l’on aurait dû le prendre dès le début !

« Euh par contre je crois qu'on va être bon pour que j'aille chercher un jumper pour les déplacer ! Je suis une bille en médecine mais je suis sûr qu'on va jamais les sortir de là sinon ! »

Après Matt serait peut être pris d'une illumination ingénieuse... Mais vraiment... Là ? Je ne voyais pas d'autres options !

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