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Le Rite des Vertues

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Jeu 2 Nov - 18:31

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Durant ses trois semaines de convalescence, Vadrielle avait été pénible et difficilement tenable. Il lui était apparemment inconcevable de demeurer immobile dans une chambre à ne rien faire. Le sommeil venait parfois l’emporter après ses nuits, à des moments de la matinée et en milieu de journée, sans qu’elle ne comprenne qu’il s’agissait de la récupération naturelle de son corps. Pour la jeune femme, cette inactivité encroûtait son corps et l’affaiblissait plus qu’il ne rendait d’énergie.
C’était comme devoir résister à une nouvelle malédiction qui lui faisait perdre ses capacités extrêmes, durement acquises, de la maîtrise élitiste de son art. Vadrielle s’était entrainée durant un temps dans sa chambre jusqu’à ce que les infirmières le lui interdisent. Et encore, la jeune femme ne l’accepta à contrecoeur que lorsque cela vint directement d’Isia.
Par la suite, elle avait cherché à aider pour payer ce qu’elle considérait comme une dette pour avoir agressé le personnel. Mais une fois de plus, on ne lui répondait à cette quête personnelle que par un repos sans résistance.

Ces journées furent aussi difficiles à vivre pour la Vertueuse que pour le personnel soignant. Au final, tous ne respiraient que lorsqu’elle recevait la visite d’Alek ou lorsqu’elle apprenait des rudiments de combat à Isia, en réponse à leur promesse respective. C’est d’ailleurs la seule chose qui semblait pouvoir occuper cette femme énergique et ces sorties représentaient sont seul répit face à l’inactivité. Un vrai paradoxe : le repos la minait à la longue…

Il pouvait être étonnant de voir quelqu’un d’aussi extrême que Vadrielle se conformer et se soumettre, bien qu’à contrecoeur et avec virulence, aux propos d’Isia et d’Alek. Mais ils étaient devenus pour elle comme les représentants d’un peuple dont elle était l’invitée, des guides dans une immensité de mystères qu’elle se plaisait à expérimenter. La jeune femme nourrissait beaucoup de respect à leur égard et elle avait tendance à les écouter comme un enfant turbulent qui n’oublie jamais une parole supérieure.
Cela pouvait même parfois prendre une dimension assez comique.

Ce jour-là, Vadrielle faisait les cents pas dans sa chambre.
Les infirmières venaient de refaire le lit après avoir changé les draps et emporté ceux usagés. La chambre était prête à être allouée à un autre patient. C’était le jour J pour la vertueuse, le quatorze juin, le moment où elle pouvait enfin retourner auprès des siens. Même si elle ne voulait pas le reconnaître ouvertement, elle se sentait beaucoup mieux. Son corps s’était pleinement remis de ses blessures, ce qui n’était pas gagné au départ, et elle sentait de nouveau l’énergie déferler en elle. Il était temps de rejoindre les Vertueuses pour reprendre sa place à leur côté. Vadrielle ne savait toujours pas si les sages avaient survécu et si les autres soeurs étaient toujours là. Cela lui déclenchait une appréhension très vive qu’elle peinait à dissimuler.

« Nul doute n’étreint le coeur d’une Vertueuse. Les Trois comptent en mon infaillible détermination... » Murmura-t-elle en faisant de nouveau un tour dans la chambre.

La jeune femme tira sur les vêtements qu’on lui avait donné. Elle n’était toujours pas à l’aise en les portant. Trop serré par endroit, trop ample ailleurs, elle ne comprenait pas le système de boutons et de braguette qu’une infirmière avait été contraint de lui expliquer.
Vadrielle psamoldia une énième prière avant de tendre l’oreille en entendant un bruit. Mais c’était juste l’infirmière qui passait avec son chariot. Vadrielle soupira en retournant à son errance.

Elle attendait Alek...

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Ven 3 Nov - 20:09

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ALEK

Depuis que Vadrielle s’était réveillée -et quel réveil- mon quotidien sur la cité avait changé. Je continuais toujours à m’entrainer, j’entrainais aussi Kalash mais au lieu d’aller zoner au bar avec d’autres militaires ou de regarder des films, j’allais la voir pour l’aider à surmonter cette période. Non je n’étais pas devenu une nounou mais je savais à quel point ça pouvait être frustrant de rester là sans rien pouvoir faire. En plus elle n’était pas chez elle donc c’était double peine pour elle. J’allais la voir le plus souvent avec Kalash car son pouvoir de calmer les gens fonctionnait très bien sur elle.

Nous le savons tous que par définition une femme est chiante, mais là ça dépassait tout...Elle réussissait même l’exploit d’être encore plus pénible que Blondie. D’ailleurs en parlant de la sorcière blonde, Vadrielle avait tenu sa promesse de lui donner des cours de corps à corps. J’avais assisté à quelque séances et j’avais même servi de cobaye. Ouais je sais mon bon coeur me perdra un jour. Par contre je vous dis pas ce que mon cerveau d’hommes aimant beaucoup les femmes, s’était fait comme scénario en les voyant faire. Souvent je partais avant la fin parce que bon...hein après tout je suis un homme de base.

Les semaines passèrent donc assez vite pour moi mais très lentement pour la Natus et tout le personnel médical chargé de veiller à ce qu’elle se remette le mieux possible de ses blessures. Un jour lors de nos discussions, elle m’avait fait part de sa demande de la raccompagner sur Magna. J’avais accepté car je voulais retourner là bas pour revoir Madnel, le speedy lézard et d’autres personnes. Par contre quand elle m’avait parlé d’une haute instance où je serais surement amené à témoigner, lààààà j’avais moins fait le fier. Euh moi témoigner devant des Natus super estimées? avec ma manière de me comporter? J’étais bon pour me prendre un blâme Natus...quoique en y réfléchissant, il irait bien encadré à côté de mon blâme terrien.

Bref le jour J était enfin arrivée pour elle...et pour moi ben euh on pouvait pas dire que j’en menais très large. Je savais que je devais dire comment je l’avais sauvé, mais en faisant ça j’avais aussi abandonné des Natus donc...la vie d’une vertueuse valait t’elle plusieurs vies civiles ? Enfin j’avais ma tenue normale de soldat d’Atlantis mais moins armé jusqu’aux dents. J’avais quand même pris Kalash qui lui était armé jusqu’au dent niark. Je la rejoignis une dernière fois dans sa chambre.

« Alors contente ? C’est le grand jour pour toi. Tu rentres chez toi et avec le meilleur des Atlantes pour t’escorter, si ça c’est pas la classe…»
Je lui souris et Kalash arriva pour venir lui donner un coup de museau affectif. J’hallucinais mon chien était encore plus dragueur que moi. Et le pire ? les femmes tombaient toutes dans le panneau, même une Natus guerrière.

CALDWELL :

Vadrielle avait accueilli Alek avec un sourire léger.
Comme à son habitude depuis trois semaines, elle évitait de poser des questions sur les termes qu’elle ne connaissait pas. Chez elle, la classe concernait le travail d’un individu et elle situait mal son expression dans le contexte. Ayant appris à connaitre petit à petit le maître-chien, même si elle avait encore du chemin à faire, elle ne réservait ses interrogations que pour les sujets les plus importants et qui méritaient qu’on s’y attarde. C’était un équilibre de patience de son interlocuteur auquel elle tenait particulièrement. Elle se contenta donc de ce sourire pour toute réponse.

Kalash demanda de son attention d’un coup de museau dans sa main.
Vadrielle, encore plus que les autres, n’échappait pas au charme de cet animal dont il n’y avait aucun équivalent sur Magna. Elle adorait le contact de sa main sur le pelage, les réponses charmantes de l’animal et sa tendresse dont elle ne comprenait toujours pas le but. Elle avait parfois profité de l’absence d’Alek pour quitter sa posture de Vertueuse, devenant la jeune adulte admiratrice qui n’était pas avare en caresses. A chaque fois que le maître-chien la surprenait, elle reprenait une allure guerrière totalement désintéressée.

« Il me tarde de rejoindre les miens, en effet. Ta compagnie m’est des plus appréciable. Je pourrais remercier Isia de son intérêt pour ma santé en partant ? »

ALEK

Je me retins de rire à la phrase de Vadrielle. Je savais qu’elle avait dit ça de manière très sincère mais en général quand une femme me disait ça ce n’était pas vraiment pour le plaisir de ma capacité à tenir une discussion. Mais la Natus ne connaissait pas ma réputation et c’était très bien comme ça.

« Ravi d’avoir pu rendre ton attente moins pénible. Oui, on va passer dans son bureau avant de partir. »

On sortit de la chambre et je récupérais le sac qui contenait ses affaires. Dans le couloir je ne parlais pas et on arriva vite au bureau de Blondie. Avant même que je frappe pour nous annoncer, Kalash entra comme s’il était chez lui et alla direct vers le tiroir aux gourmandises.

« Ah j’ai la preuve que tu le gâtes trop quand je te le laisse Blondie. On est là car Vadrielle voudrait te parler avant qu’on parte sur Magna. »

ISIA

La jeune femme accueilli Kalash avec joie, flattant la tête de l’animal en lui disant les commodités du jour : comme quoi il était beau, meugnon et surtout un super chien. Il écopa d’une friandise bien méritée. Et la belle blonde releva la tête vers les deux personnes qui pénétraient dans son bureau. Se leva, pour les saluer. Elle leur fit un sourire radieux.
Il serait bête de ne pas reconnaître que le départ de la Natus soulageait grandement le corps médical, qui en avait un tantinet marre de celle-ci.

« Panda, Vadrielle. Le grand jour où notre furie prend son envol. »
« Oui. L’heure est venue. » Fit Vadrielle avec un pincement au coeur. Elle appréciait bien la docteur crieuse mine de rien. « Je vous témoigne mes remerciements pour vos soins. A vous et vos servantes... »
Isia ne put avoir un petit rictus fortement amusée en entendant le mot “servantes”... elle lança un regard à Panda, digne d’une impératrice, pour ironiser, comme pour lui dire “eh s’ils vous plait j’ai des servantes prend en de la graine”.
« Mais de rien, il est normal de vous remettre sur pied Vadrielle. Et je transmettrai à mes infirmières vos remerciements »
Vadrielle inclina la tête d’un air satisfait.
« J’apprécierai de vous accueillir un jour auprès des soeurs. Vous méritez cette expérience après m’avoir partagé la vôtre. Tairius. »
Puis elle fixa Alek, prête à s’en aller.
« Merci pour l’invitation. A ma prochaine visite je viendrai vous voir » répliqua la jeune femme ravie. Son regard alla sur Panda, qui décidément était l’objet de toute l’attention. « Amusez-vous bien » Elle leur fit un signe de salut amical à tous deux.


Caldwell

Vingt minutes plus tard, la Porte des Étoiles s’activa sur Magna.
Les Natus avaient été prévenu du retour de Vadrielle et Alek allait enfin s'apercevoir de l’étendue de sa renommée auprès du peuple. Imaginez vous qu’un seul être soit choisi pour représenter les valeurs les plus belles et les plus nobles, non pas de notre nation, mais carrément de notre espèce. Imaginez un seul instant que cet être ait été entraîné, conditionné et préparé pour rencontrer le créateur à la tête de nos religions respectives. Un être reconnu de tous comme le vaisseau de tous les espoirs les plus fous, un symbole de morale irréprochable commun au moindre individu de la planète.

Voilà ce qu’était Vadrielle au regard des Natus.
Voilà pourquoi la majorité de l’armée était apprêtée et dans un rang parfaitement ordonné autour de la Porte lorsque Alek débarqua avec elle. Les traces des combats s’y voyaient encore mais l’armée présente semblait quasiment neuve. Les uniformes étaient briqués, impeccables et leurs porteurs dans un aspect martial sans reproche. La ligne s’étirait jusqu’au centre du musée où plusieurs carrés de tirailleurs d’une part, et des groupes éparses de duellistes d’un autre, se tenaient de manière parfaitement géométrique.

Au centre de ce dispositif se tenait la Batailleuse Vida en compagnie du Meneur de Combat Paresok. Ils semblaient tendus et soulagés à la fois. Mais à travers le silence, un ricanement caractéristique monta. Un rire guttural qu’Alek ne pouvait pas ignorer pour l’avoir entendu lors de sa première visite salvatrice. Tout au fond, non loin de l’un des accès, se tenait Gizzig, l’immense caméléon de Madnel. D’ailleurs, il se trouvait là lui aussi, parfaitement propre devant un chariot quasiment neuf et immaculé. L’animal était le seul à faire du bruit et ses yeux amovibles se tournaient joyeusement dans tous les sens en faisant une fixette sur Alek. Sa tête passait aisément au-dessus des rangs de soldat pour le considérer avec une certaine envie de bétises en tout genre. Il tapota du pied sur le sol, comme s’il était heureux à l’idée de l’emmener quelque part, là où il le désirerait.

Mais pour le moment, le silence régnait mis à part le cirque du Délue.
Alek fût le seul à entendre la lente inspiration de Vadrielle. A l’issue, elle devint la soeur Vertueuse Pugiliste, la Septième, qui revenait auprès de son peuple. Ils la regardaient tous avec un grand soulagement, comme si sa simple présence les inspiraient tous d’un nouvel espoir et d’une réussite inéluctable. La jeune femme de vingt deux ans était alors devenu la guerrière et l’étendard reconnue par tous, progressant sans la moindre hésitation en direction de la Batailleuse Vida.

Celle-ci était vêtue d’un uniforme bleu aux dorures bien plus présente que son subordonné à ses côtés. Ses épaulettes supportaient des insignes étranges qui témoignaient probablement de son grade. Elle portait sa fine lame à la hanche, une main assurée posée sur le pommeau, tandis que l’autre montait sur son coeur. Elle exerça en premier l’étrange salut qui consistait à montrer son arme sans la sortir du fourreau et elle fût immédiatement imitée par le reste de l’armée dans un mouvement unique et parfaitement coordonné.

« Soeur Vadrielle, c’est avec un grand soulagement que je vous souhaite un bon retour en votre foyer. »

Vadrielle se tenait droite mais sa prestance était largement diminuée par l’absence de son armure. Elle s’approcha de deux pas lourds et chargé d’un sens certain, comme si elle reconnaissait sa position et tout ce qu’elle avait fait pour en arriver là. Sa main se posa sur son épaule et c’est comme si l’expression d’une divinité venait de s’écouler à l’intérieur d’elle. Le regard humide, Vida acquiesça face à un immense soulagement, comme d’un poids dont elle était délestée par ce simple geste. Puis elle répondit d’un sourire empreint de gratitude.

« Le plaisir de nos retrouvailles sont miennes, Batailleuse. » Répondit Vadrielle. Elle se tourna alors pour considérer tous les hommes et les femmes qui montraient encore leurs armes. Vadrielle parla d’une voix forte et audible :

« TAIRIUS ! »

Ils répondirent ensemble à leur cri de guerre.

« Mes pensées ont toujours été tourné vers mon peuple, vers vous, courageux guerriers ! Les récits de vos exploits me sont parvenus par la bouche des Atlantes. J’y ai su la valeur de vos sacrifices, de votre ténacité, du respect de notre enseignement sacré. »

Vadrielle allait et venait le long des lignes de soldats. Elle faisait un effet détonnant chez chacun d’entre eux. Rien que le fait de reconnaître tous les sacrifices consentis, tous les efforts de ces survivants durant la Guerre, les faisait frémir par l’émotion. Les rangs tenaient mais il y avait maintenant des mouvements perceptibles. Certains pleuraient silencieusement, d’autres la considérait avec un visage tordu par une forme de récompense morale inespérée.

« Car s’il est une leçon des Trois qui ne doit jamais se perdre en l’oubli : c’est la liberté ! Tels furent les derniers mots du LiberTairius. Vous n’avez pas oublié, Natus, vous avez rendu honneur aux Trois. »

La Vertueuse progressait le long des rangs.

« La perte de nos familles ne représente point l’échec au regard des Hauts-Seigneurs. Il en devient notre ultime épreuve, l’essai de notre foi inéluctable envers les valeurs qu’ils enseignèrent à nos ancêtres, et que nous nous évertuons de suivre jusqu’alors. »

Elle fit une pause en fixant un instant Alek. Elle reprit en terminant sa ronde.

« Par notre honneur et nos valeurs, la Magna perdurera par la volonté des Trois. Et la preuve de notre engagement sans faille. Les Seigneurs Tairis se gonflent de fierté par vos actes. Je suis fière de vous tous. »

Un grand silence retomba. Elle les fixa tous dans une lente rotation avant d’hurler une dernière fois un grand « TAIRIUS ! » . Un cri guerrier particulièrement vibrant et lourd de sens qui fût rejoint par une véritable liesse parmis les soldats. Ils étaient tous heureux et soulagés, non pas par une quelconque victoire, mais d’avoir reçu la reconnaissance de la part de leur étendard vivant. C’était une juste récompense que tous appréciait et, rompant à la discipline la plus essentielle, tous les soldats convergèrent jusqu’à Vadrielle pour la remercier. Ils la touchaient délicatement, lui appliquaient des petites tapes emplies d’une saine gratitude. Mais il n’y eut pourtant aucun mouvement de foule.
La Vertueuse perça la masse comme si elle était protégée par un bouclier invisible et revint auprès de Vida. Elle lui annonça que le Haut-Cercle était en train de se former et que les sages avaient survécu. Il était donc temps de s’y rendre.

ALEK

Vadrielle avait fait ses remerciements à Blondie qui même dans cette occas n’avait pas pu s’empêcher de m’envoyer des tacles ni des regards que je n’avais pas compris. Je vous jure un jour je l'abandonnerais aux Wraiths...mais pauvres Wraiths. Mais nous voilà enfin partis pour Magna. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre quand nous aurions passé la porte. Y’aurait il un comité d'accueil ? Sûrement si Vadrielle était aussi importante que ce qu’on m’avait dit. La Natus était par contre restée assez discrète sur ce qu’elle était réellement.

On passa la porte et là de l’autre côté nous avions toute l’armée -du moins ce qu’il en restait- devant nous en tenue d’apparat. Ca faisait un sacré effet. Tous bien alignés en rang d’oignons, l’air très sérieux. J’aurais pu entendre une mouche voler s’il n’y avait pas eu Speedy Pascal qui tentait de faire des siennes. Je lui fis un clin d’oeil. Cet animal m’avait beaucoup amusé , il était aussi intenable que moi.

J’entendis Vadrielle prendre une inspiration, comme pour se donner du courage. Je l’aurais bien encouragé mais je sentais que je ne devais pas le faire. Elle s’avança vers Vida et je la vis se transformer en quelque chose que je ne connaissais pas. D’un point de vue terrien comme le mien c’était très compliqué de comprendre vraiment son statut. On aurait dit une personne de la royauté, mais en étant plus que ça. Je regardais discrètement la réaction des militaires, ils lui vouaient tous un respect sans limites. Ca en était même dérangeant. On aurait dit des croyants voyant leur déesse. Vous savez déjà à quel point je déteste tout ce qui touche au mystique ben là j’étais servis.

Kalash s’était assis, il était contre ma jambe. Je le sentais un peu tendu et je posais ma main sur sa tête pour le détendre. Tout ce qui se passait sous nos yeux nous étaient inconnus et là à cet instant je perçus réellement le décalage de culture. Je ne l’avais pas tant ressenti jusque là. Je voyais cette jeune femme parler à une armée entière avec des mots d’encouragement et je sentais que l’armée aurait pu la suivre si elle l’avait demandé.

Je restais vraiment en retrait car ce n’était pas ma place d’être au milieu des Natus en cet instant. Je captais le regard de Vadrielle et lui fit un signe de tête d’encouragement. C’est surement très con de ma part mais les entendre tous crier “TAIRIUS” me glaça le sang. Il y avait selon moi une petite ou moyenne partie de fanatisme et je n’aimais pas ça du tout. Il faudrait que je trouve un moment pour en parler.

Vadrielle continua dans ses belles paroles, je voyais toute l’armée commencer à réagir face à ses mots. Certains pleuraient, je pouvais éventuellement comprendre. Là je pris conscience que les mots des leaders me passaient largement au dessus de la tête. Que je ne suivais aucune façon de penser, de religion, à part la mienne. Bien sur je voyais l’effet bénéfique de la présence de Vadrielle parmi les siens. Et quand je vis les soldats s’approcher d’elle, la toucher je me rendis compte du poids qu’elle devait porter sur ses épaules et à son âge.

Me connaissant j’aurais tout envoyé chier depuis des années, mais elle non. En un instant elle devint un mystère pour moi, comment à son âge on peut supporter une position pareille ? Quoi que moi à 22 ans j’étais déjà dans l’armée en fait. Je finis par m’avancer moi aussi pour saluer respectueusement Vida et Paresok. Mais je m’échappais assez vite pour aller saluer plus chaleureusement Madnel et son lézard de course.

« Salut vous deux, ça fait plaisir de vous revoir…» Je regardais le lézard « Même toi le sac à main de compétition. » Kalash me suivit et grogna un peu quand il se retrouva face à Gizzig. « Y’a pas de menace Kalash, repos. »

Vadrielle était encore au milieu de la foule et échangeait quelques mots avec Vida et Paresok. Ceux-ci avaient répondu poliment aux salutations d’Alek mais sans l’envahir, l’événement actuel semblait les accaparer et c’était tout aussi bien quelque part. Seul Madnel était resté en retrait car il avait besoin de tenir Gizzig et qu’il savait qu’il conduirait la Vertueuse jusqu’au temple.

Ainsi, lorsqu’il trouva le regard d’Alek alors que celui-ci le rejoignait, il le gratifia d’un large sourire accueillant alors qu’il se battait presque avec son lézard. Celui-ci passait sa tête devant le cuisinier pour être le premier à entrer en contact avec le maître-chien. Il se souvenait très bien de lui et l’une de ses pattes battait le sol de manière très turbulente. Comme s’il était impatient de l’emmener quelque part. Madnel le repoussa en rigolant avant de serrer la main de l’Atlante.

« Mon ami, c’est un plaisir bien partagé ! » Répondit-il de manière chaleureuse. « Ton absence a creusé un vide dans mon chariot et Gizzig en vivait une lourde déprime. »

Le concerné pencha la tête sur le côté en considérant Kalash. Sa propre gueule faisait la taille du chien. Mais loin de toute agressivité, il déplaça ses yeux amovibles jusqu’au chien pour l’analyser avec une grande curiosité puis, comme si cela avait été tout à fait normal, il se raidit soudainement en portant sa tête à bonne hauteur.
C’était...un comportement similaire à un chien fou qui voulait jouer. Le lézard géant se cambra en position de jeu, cherchant Kalash d’une évidente expression espiègle, sautillant soudainement pour donner le coup de départ. Imaginez ce que cela donnait avec sa taille. Le ricanement guttural monta alors qu’il faisait tout pour embarquer Kalash dans le jeu.

Le truc fou dans toute cette situation c’est que je n’étais plus étonné de voir une tête géante de lézard venir vers moi. Blasé moi ? Non du tout mais à force on s’habitue même à l'inhabituel. Je fis une légère gratouille sur la tête du Vuitton géant.

« Mais c’est que tu t’es fait tout beau dis donc...même le chariot. Alors quoi de neuf depuis mon départ ? » Je m’approchais de lui pour me permettre de parler en baissant la voix. « As-tu des nouvelles de la jeune maman avec son bébé ? Va-t’elle mieux ? » J’avais parlé plus bas car je ne voulais pas que tout le monde entende ma question, même si là ils étaient tous concentrés sur autre chose.

Je regardais Gizzig tenter de vouloir faire jouer Kalash. Le berger allemand n’arrivait pas trop à comprendre à quel type d’animal il avait à faire et ça se voyait dans son comportement. Il s’approchait prudemment mais reculait au moindre mouvement un peu trop vif du lézard. Il se mit à aboyer pour répondre au son provenant de Gizzig. Bon ben là on repassera pour la discrétion car un aboiement de berger allemand est un son assez fort.

« Kalash calme toi. »

Mon ton était autoritaire et le chien s’arrêta de suite pour reprendre une position assise face à Gizzig.

CALDWELL

D’ailleurs, Madnel avait réagi en même temps que le maître-chien. Pointant un doigt accusateur sous son nez, il avait dit d’un ton semblable :

« Gizzig ! Continue donc comme ça mon gaillard et tu n’emméneras personne ! J’ai dis ! »

Le reptile s’était redressé tout en se tournant vers le Natus. Sa tête de lézard s’était étiré sur une expression d’effroi, ses yeux globuleux écarquillés à l’idée d’être privé de sa raison d’être, et il siffla avec sa langue tout en toisant son maître. Lorsqu’il comprit qu’il n’y avait pas de plaisanterie, il s’écroula lourdement sur le sol en se couchant dans un gémissement bien exagéré de tristesse. Sa tête s’était tournée à l’opposé du groupe pour lui permettre de bouder comme un enfant : cirque qui ne marchait pas du tout puisque ses yeux étaient sortis des orbites pour continuer de fixer Alek et Kalash avec beaucoup d'intérêt.
Madnel trouva le regard de son ami après avoir vu le comportement obéissant du chien et éclata de rire.

« Par ma barbe ! Te voilà bien plus persuasif que moi, Alek. » Il lui fit une tape avant de poursuivre. « Arhela et son bébé vont bien. Sa soeur, Véprane et son frère d’arme Hanock, sont à leurs soins. » Il parut gêné durant un instant. « Je n’ai pas très bien compris tes amis médicastres en revanche. Ils ont parlé d’un syndrome qui auraient amené folie dans l’esprit de notre jeune mère. Elle se doit au repos, à d’étranges médicaments qu’ils lui donnent et à des discussions régulières avec un...euh...un psécholonge ! »

J’éclatais de rire en voyant l’attitude boudeuse du lézard. Non mais j’hallucinais là cet animal était un vrai acteur. Et parfois Kalash me faisait ce type de comportement , décidément les animaux étaient une source de surprises régulières. Je les préférais vraiment et largement aux humains. Bref une fois que les deux terreurs furent calmées je pus parler avec Madnel.

« Des années de dressage pour qu’il obéisse comme ça, mais parfois il fait comme Gizzig et fait l’enfant. » Je l’écoutais me parler de la Natus qui s’appelait Arhela..je l’avais peut être su mais comme souvent avec les prénoms, j’avais oublié. « Pour faire simple quand la personne subit quelque chose de grave, son cerveau n’arrive plus à fonctionner normalement et donc de passer à autre chose. Beaucoup de nos soldats en souffrent. » Il n’allait pas lui dire que lui aussi dans un certain sens en souffrait aussi, par contre il rigola en entendant le mot psychologue. « On appelle ce médicastre un psychologue, c’est un médicastre pour le cerveau. Il va l’aider à aller mieux. » Ouais ça c’était dans la théorie si ces gens servaient à quelque chose...moi j’en doutais beaucoup. « Je suis content de savoir qu’elle et son bébé vont mieux. »

Madnel écouta attentivement son interlocuteur et acquiesça, plutôt content d’apprendre que les soins pouvaient également exister pour l’esprit. Il ne comprenait pas bien mais il faisait confiance aux paroles d’Alek. D’ailleurs, il ne voulait pas s’épancher là-dessus mais il était véritablement heureux de le retrouver. Faire la piste pour distribuer la gamelle avec lui avait rappelé une époque heureuse et son départ précipité avait été douloureux, comme un baume que l’on applique avant de le retirer sèchement dès qu’il faisait effet. Même Gizzig l’avait démontré.
« Oui, l’ami. Ils vont bien, vos médicastres sont bienveillants. » Il grimpa sur le chariot et ouvrit une caisse qui se trouvait à l’intérieur. Le bruit d’une fouille malhabile monta, attirant même l’attention d’un Gizzig qui boudait toujours malgré une impatience incamouflable, puis le cuisinier redescendit avec un morceau de papier. Une enveloppe Natus était plié en deux, reliée par une petite cordelette et scellée par un cachet de cire brun. Une écriture à l’encre portait la mention “Alek, l’Atlante” sur le dessus.
« Je n’étais pas certain de te voir en ce jour agréable. Mais tiens, c’est pour toi. »

Contenu :

Atlante,
Le maniement de la plume m’a toujours fait défaut, soyez en indulgent.
Au nom des hommes du poste cinq, je loue votre honneur et votre implication. Vos médicastres sont parvenus à raisonner notre soeur et, même si nous n’avons pu l’approcher, elle a été amené à un abri plus sûr, et dans sommeil réparateur à l’aide de vos plantes.
Son esprit semble embrumé et détruit. Mais les vôtres gagent de son retour progressif.

L’anxiété et la crainte ont quitté les visages de mes hommes et vous n’y êtes pas étranger. S’il vient un jour à votre intérêt de nous revoir, rendez-vous dans la rue Agellon, trouvez le casernement Vhotar.
Nous saurons remercier votre presence d’un repas des plus chaleureux.

Rezaul.
Principal de groupe.



Il avait raison nos médics étaient parmis les meilleurs voir même les meilleurs que j’avais pu connaître dans ma carrière militaire. Faut dire qu’avec la névrosée qui leur servait de numéro 2 il n’y avait pas de place pour l’amateurisme. J’avais décris du mieux que je pouvais ce dont pouvait souffrir cette Natus et j’espérais que nos chères blouses blanches leur avait dit que le processus de guérison pouvait être très très très long.

Tout d’un coup je le vis s’agiter pour chercher quelque chose. Ca arriva même à sortir Pascal de son boudage intensif. Je rigolais de le voir faire. Ce lézard sans dec s’il n’existait pas faudrait l’inventer. Enfin Madnel finit par me tendre une enveloppe. Que je dépliais pour lire. Woooow celle là j’allais la garder car c’était une première pour moi qu’on me remercie pour un bon acte. J’étais plus habitué aux remontrances qu’aux félicitations. Bon ben j’allais me faire un repas avec ces Natus si j’en avais l’occasion et puis par respect pour eux je trouverais le temps.

« Merci d’avoir gardé cette enveloppe pour moi. »
« Il aurait été bien dommageable qu’elle se perde. » Répondit Madnel en ignorant son contenu. Il savait simplement que le chef du poste cinq l’avait rédigée. Il haussa les épaules, presque gêné : « J’aurai pu la faire suivre à ton attention par l’un des médicastres qui rentrait en ton foyer mais je préfère te la donner en main... »
Il ne termina pas sa phrase.

Avec leur conversation un peu à l’écart, personne ne s’était rendu compte que la masse de soldat avait commencé à s’éparpiller avec la fin de la cérémonie. Il restait bien plusieurs groupes épars et une file monstrueuse de personnes autour de Vadrielle. Mais celle-ci s’était approchée d’Alek silencieusement et le cuisinier avait soudainement blêmit en la voyant si près.

« Les Trois m’en soient témoins... »

Si on lui avait dit que lui, Madnel, se trouverait un jour aussi près d’une vertueuse, de la septième, il en aurait forcément ri, pensant à une bonne blague. Mais ce n’était pas le cas. Le cuisinier ne savait plus du tout où se mettre, son visage s’empourpra dès qu’il croisa le regard de la jeune femme alors qu’il tirait machinalement son uniforme pourtant parfait. Le seul élément externe à cette soudaine pression, je vous le donne en mille, était un Gizzig curieux qui basculait ses deux yeux extensibles autour de Vadrielle.

« Heu...je...heu... »
« Ne soyez pas si malmené, Natus, mon corps fonctionne à l’image du vôtre. »
« Oui, Soeur Vertueuse ! » Balbutia-t-il maladroitement en malmenant les pans de sa veste. « Nous sommes prêt à partir dès que vous le souhaiterez… »
Vadrielle acquiesça et se tourna vers Alek.
« Le Haut-Cercle se regroupe. Mais cela demande du temps, souhaites-tu une certaine solitude ou demeurons-nous ensemble jusqu’à l’audition ? »

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Invité
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Ven 3 Nov - 21:02

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ALEK :

On parlait tranquillement quand tout à coup je vis Madnel blêmir. Ben qu’est ce qu’il avait là tout à coup ? Il avait vu un fantôme ? En me retournant je vis Vadrielle qui venait vers nous. Je reportais mon attention sur Madnel qui ne savait plus où se mettre. J’éclatais de rire de le voir comme ça. Je vis qu’il rougissait et moi j’étais proche du fou rire. Alors là, j’allais le charrier un moment avec ça. Bon c’était donc l’heure de décoller, et ouf j’avais encore un peu de répit avant de passer devant mon conseil de classe.

« Je ne souhaite pas être seul, donc restons ensemble jusqu’au conseil de cla..., ah non mince pardon, jusqu’à l’audition.»

Je m'étais copieusement foutu de la tronche de Madnel mais moi là je n’en menais pas large de me retrouver face à elles.
L’air interrogateur de Vadrielle s’effaça pour demeurer dans son rôle de Vertueuse renommée. Elle demanda à Madnel de l’amener au temple des Vertueuses et, comme si Gizzig avait compris immédiatement qu’Alek serait du voyage, le lézard se redressa d’un seul bond. Ses quatre pattes tapotèrent brutalement le sol avec une telle vitesse qu’on voyait à peine les mouvements et son rire monta dans une excitation soudaine. Madnel l’aurait sûrement ramené à l’ordre mais il ne semblait plus lui-même. D’ailleurs, il avait à peine réagi aux éclats de rire d’Alek, il avait complètement buggé en voyant avec quelle légèreté le maître-chien se tenait aux côtés de cet exemple de vertu.

Vadrielle grimpa sans accepter d’aide sur le chariot et demeura debout, bien droite, en considérant du regard toutes les personnes qui la saluaient. Le voyage allait se faire sans discrétion, comme une parade royale, puisque les blessés et les estropiés seraient au fenêtre pour recevoir un signe de sa part. Le pire dans tout ça, c’est qu’il ne s’agissait même pas d’une cérémonie pleinement religieuse. C’était seulement dans le but de s’assurer que leurs maux, leurs blessures, leurs efforts, étaient bien vu par leur Vertueuse tant aimée. Ils s’amassaient aux fenêtres simplement pour avoir la certitude de la voir bien vivante, et rien que cette image, faisait souffler un impressionnant vent de soulagement. C’est comme si son retour était perçu comme une promesse d’espoir très concret.

Mais cette fois-ci, si Alek ou Kalash témoignait de leur présence, elle ne pouvait leur répondre dans l’immédiat. La jeune femme se faisait d’elle une figure de proue, inébranlable et pleinement assuré. Sa prestance, sa manière de se tenir et même ses saluts témoignaient d’une certitude martiale qui regonflaient tout le monde.
Gizzig rampa à sa manière bien à lui le long de rue nettoyée de tout gravats. Trois semaines après la première visite d’Alek, les Natus avaient abattu un travail des plus impressionnants. Les bâtiments étaient parfois crevés, ou emportés, leur fondations simplement à nu, mais il n’y avait plus de déchets aux alentours. Bien au contraire, quelques hommes qui ne s’étaient pas présenté au rassemblement, des militaires blessés, reconstruisait malgré tout en posant des pavés de roches. Des tailleurs étaient même en train de récupérer au mieux les sculptures des Trois qui ornaient les places et les intersections qu’empruntaient le chariot. Et comme toujours, ils s’arrêtaient soudainement pour saluer Vadrielle militairement, les regards soulagés d’un poids à sa réponse. C’était comme si elle avait le pouvoir de faire disparaître leur déprime. Pourtant la disparition de toutes leurs familles les avaient anéanti durant un temps.
Vadrielle était la promesse de tous les retrouver en vie.

Lorsqu’ils arrivèrent au temple, Madnel se racla la gorge et osa un timide « Vertueuse ! » avant qu’elle ne s’éloigne. La soeur se retourna et le considéra d’un air doux. Cela l’encouragea à poursuivre.
« Mon fils s’est battu comme diable au rempart du quartier Terapecq...enfin, je veux vous demander.... que...enfin je... »
La Vertueuse comprit et elle acquiesça :
« Je bénirai sa sépulture. Une telle détermination pour les Trois n’est jamais ignorée... »

Je montais dans le chariot direction le procès, je restais silencieux car encore une fois tout ce qui se passait sous mes yeux, me mettait mal à l’aise. Toute cette dévotion, cet espoir, sur une seule personne. Ca aurait fait quoi de plus pour eux qu’elle vive ou pas? Ils auraient continué à vivre et à se battre non ? Enfin pour le moment tout ça ne me regardait pas. Si ça faisait du bien aux Natus d’aduler Vadrielle, je n’allais rien dire. Par contre j’espérais bien qu’elle ne compte pas que je me comporte comme ça avec elle...D’ailleurs une fois le conseil passé et le repas fait avec les hommes du poste cinq, je rentrerais sur Atlantis.

On arriva au temple, je descendis du chariot, Kalash me suivant et j’allais faire une gratouille à Pascal. J’attendais patiemment que Vadrielle me rejoigne mais je la voyais parler avec Madnel. J’entendis ce qu’ils disaient et décidément ce côté religieux me dérangeait. Je saluais Madnel.

« Je passerais te dire au revoir avant de rentrer sur Atlantis. »
« J’y compte bien l’ami. » Répondit Madnel avec émotion.
Il salua poliment le maitre-chien puis entraina Gizzig dans la rue. Celui-ci plaça l’un de ses yeux par-dessus sa propre tête pour garder Alek en vue le plus longtemps possible. Il semblait heureux de se déplacer, comme d’habitude, mais triste d’abandonner l’Atlante.

CALDWELL :

Vadrielle se tenait sur les premières marches d’une longue série. Elle considérait silencieusement Alek et semblait se faire des hypothèses, ou une idée, sur ce qui le tracassait. La jeune femme ne lisait pas en lui comme dans un livre, sa personnalité lui était difficile à cerner et elle continuait d’apprendre de lui, de ses réactions. Mais ses trois semaines passées à ses côtés sur Atlantis, tout comme avec Isia, lui avait appris la large différence de la conception religieuse entre leur culture. Elle se doutait que toute la cérémonie et la parade n’avait pas dû être à son goût. D’autant plus qu’il semblait apprécier davantage la discrétion.

Là-devant, une bonne centaine de marches serpentaient le long d’un éperon rocheux très élevé. Une série de bâtiment très joliment décoré représentait une architecture unique qu’il n’avait encore jamais vu en Magna sauf, à priori, dans les églises des carrefours. Ces différentes bâtisses s’étalaient autant sur les bords de l’éperon que sur sa surface plane. Un mur d’enceinte protecteur serpentait un peu partout, rendant l’endroit plutôt difficile d’accès et à l’abri des regards si ce n’est son esthétisme.

Vadrielle commença à grimper les marches à ses côtés.

« C’est un honneur que tu m’as fait en répondant à ma soif de curiosité. Il en est de même d’Isia. » Elle le regarda. « Tu m’as montré ton monde Alek, alors je vais te montrer le mien. »

Le temple commençait à se dessiner devant eux à travers le mur d’enceinte. Il était immense et magnifique. Des colonnes se trouvaient ceinturées de sculpture représentant toutes les Vertueuses au cours des différentes générations. Tous ces siècles où douze soeurs veillaient à perpétuer un art sacré de combat uniquement tiré de l’étude du LiberTairius et d’un héritage secret. Un cycle perpétuel d’une religion poussée et d’un savoir martial extrême.

Il y avait une entrée unique gardée par deux femmes recouvertes de fourrure d’animaux. Elles avaient un bouclier très large et épais d’un côté, et maintenait une lance sur une perpendiculaire impeccable des deux côtés de l’entrée. Mais c’est surtout l’aspect général vestimentaire qui marqua Alek. C’est comme si elles s’étaient déguisées en tigre. La fourrure avait été agencée et conçue pour répondre à une image précise. Les jointures de leurs doigts étaient muni d’une paire de griffes acérées faite en métal. Et outre cet aspect purement animal, la prestance de celles-ci les rendait naturellement dangereuse. Celle de droite avait perdu un oeil, celui-ci étant blanc et contrastait fortement avec l’aspect de son visage. L’autre était recouverte d’une cicatrice de brûlure très large partant de sa mâchoire jusqu’au sommet de son crâne.
Les lances interdirent l’entrée en formant une croix devant le nez du maître-chien.

« Tu dois annoncer ton identité. Si les soeurs l’ont accordé, l’accès te sera ouvert Alek. »

A l’intérieur, là où Vadrielle l’attendait, plusieurs jeunes femmes passèrent en courant pieds nus sur le sol rocailleux. Même pas d’hésitation et à une allure telle qu’on aurait cru que leur vie en dépendait.

ALEK :

Je levais les yeux pour voir devant moi un escalier immense. C’était très bizarre comme lieu..en accès on aurait dit Peyredragon. Ouais ouais ça n’existait que dans une série mais pas grave ça me faisait penser à ça. Bon j’étais bon pour un séance d'exercice montée des escaliers. J’écoutais Vadrielle et sourit un peu. En réalité elle n’avait rien vu de mon monde mais tant pis je n’allais pas la contrarier.

« J’ai hâte de découvrir plus en détail ton monde. »

Sauf l’aspect vénération religieuse que je venais de voir mais ça aussi je n’allais pas le dire. Et puis tout n’était pas obligé de nous plaire dans une culture étrangère, déjà que je n’aimais pas tout dans ma culture américaine.

Plus on avançait, plus je marchais en regardant en l’air pour voir le bâtiment. Putain c’était impressionnant. Très beau, imposant. Ca ne respirait pas la déconne mais le sérieux. La montée fut longue mais sans dec ils connaissaient pas les ascenseurs les Natus ? On pourrait leur montrer. J’allais avoir des fessiers parfaits. Une fois arrivés devant l’entrée, je la vis gardée par deux femmes d’allures pas très avenantes. L’entrée était barrée et elles n’avaient pas l’air de vouloir me laisser entrer. Par contre je remarquais deux choses : la première elles avaient une allure de tigres, mais encore ça je m’en foutais par contre c’est la deuxième chose qui attirait et retient mon attention...les griffes. J’avais devant moi des Wolverine...ça devait être très pratique en combat au corps à corps, faudrait que je vois comment c’est fait.

J’étais trop intéressé par les griffes que je n’avais pas vu que Vadrielle était déjà rentrée. Je relevais la tête pour m’annoncer.

« Je suis l’Atlante Alek Hamilton, je suis convoqué à une audition. »

J’avais été convoqué donc pourquoi fallait il que je me présente ? C’était pas logique mais je n’allais pas discuter. Je m’étonnais moi même de mon calme. Depuis quand j’étais devenu calme et ouvert d’esprit ? Ouais bah c’était pas le moment de me creuser la tête pour savoir.

Les gardiennes dévièrent lentement leurs regards sur lui et demeurèrent silencieuse. On aurait dit qu’elles étaient en train de sonder son âme, de voir s’il était digne d’entrer. Et dans le cas contraire, se faire transpercer de toutes parts par les lances et les griffes. C’était loin d’être de la rigolade et ces regards faisaient froid dans le dos. Finalement, les lances s’écartèrent de manière parfaitement synchrone, permettant à l’homme de rejoindre la Vertueuse.

CALDWELL :

Vadrielle semblait détendue, un fin sourire illuminait son visage avec une curieuse tendresse alors qu’elle l’attendait. Son regard alla dans un mouvement circulaire, cet endroit lui avait manqué. Une immense statue des Trois faisait le centre de la place, entourée d’une fontaine naturelle où poussait des plantes à travers un carré de terre très bien entretenu. Le sol rocheux était parfaitement aplani et taillé sur des formes géométriques parfaites et ordonnées. C’était carré, soigné et tout simplement beau. Le cadre se divisait en quatre chemin distinct qui convergeaient harmonieusement vers différents bâtiments.

Des cris s’élevaient régulièrement depuis celui de droite, là où se rendait tranquillement Vadrielle après avoir fait une prière devant la statue. Encore une fois, trois jeunes filles d’à peine douze ans émergèrent du fond de la cour en un sprint intense. Elles étaient essoufflées, à bout, et tenait pourtant malgré une évidente douleur de flanc. Aucune ne se laissait dépasser, évoluant côte à côte. Elles passèrent devant le duo sans les regarder et entamèrent un tour supplémentaire.

« Vois mon quotidien. » Fit-elle doucement en lui montrant l’entrée du bâtiment.

L’intérieur était incroyablement vaste.

Au moins deux terrains de football entièrement équipé pour l'entraînement de l’art. Il y avait une aire de combat cerné de différentes armes, une autre avec du sable où deux jeunes femmes travaillaient des prises de renversement et des clés de bras. Une autre où la roche taillée en pic de manière irrégulière avait une vocation à déstabiliser. Une candidate ne cessait de s’écrouler et redémarrait du début.

Des poids, des barres en tout genre, des obstacles de parcours de combattants.
Les candidates Vertueuse étaient très peu nombreuses. Elles avaient chacune une entraîneuse qui vérifaient leurs exercices. C’était différent d’un club ou d’un entraînement d’art martiaux classique. C’était bien plus que ça. Les combats se faisaient un peu partout. A mains nues ou avec des armes. Certaines, même, demeuraient immobiles en encaissant des coups qui claquaient avec brutalité. Ces candidates s’entrainaient jours et nuits sans relâche et c’est ce qu’avait vécu Vadrielle durant vingt-deux ans. Elle, de son coté, se réjouissait de trouver cet endroit. Mais il était évident qu’elle ne savait pas du tout ce qu’était le repos et le loisir. Pas étonnant qu’elle fût aussi intenable pendant sa convalescence.

Un peu plus loin, il y avait différentes fosses cernées par une demi-douzaines de femmes armées de longs bâtons. Vadrielle s’approcha d’elle et les salua. Elle discuta un petit peu et, quand Alek la rejoignit, il constata qu’elle se trouvait au bord d’une fosse d’au moins huit mètres de profondeur. Au centre, il y avait une sorte d’énorme ressort très souple qui montait depuis le sol. Il était surmonté d’une coupole oblique en fer. On l’avait amené au bord de ce foutu gouffre.

« Laisse-moi te faire exemple. Viens... »

Elle monta sur la coupole qui trembla sous son poids et tendit une main encourageante vers Alek. Son visage était serein, une certaine malice brillait dans son regard et elle semblait avoir à coeur de lui faire vivre cette expérience. Alek allait expérimenter un exercice de Vertueuse. Il était le premier à avoir cet honneur et, si l’aspect ne donnait vraiment pas envie, Vadrielle semblait sûre d’elle.

« Fais moi confiance. »

Elle agrippa la main d’Alek et l’attira sur la coupole désormais très étroite. Elle se colla contre son dos, ceinturant son ventre d’une main ferme, ses jambes se collant à l’arrière des siennes, mais ses pieds encadrant les siens des deux côtés. Puis elle posa son menton sur son épaule droite pour pouvoir voir devant elle.

« Quel que soit le mouvement, douceur ou brutalité, imite le mien en réponse et suis-le lentement. »

Et avant même qu’il ne puisse répondre, l’une des femmes relâcha la coupole qui revint au centre du gouffre. Le ressort, donc, envoyait ce poids commun dans un mouvement de pendule aléatoire et anarchique qui risquait à tout moment de les faire chavirer durement. Il ne valait mieux pas avoir le vertige, c’était la roche qui se trouvait huit mètres en dessous. Vadrielle garda son emprise très ferme contre Alek pour le forcer à adapter son poids et prévoir les oscillations. Pendant quelques minutes, la jeune femme l’aida à jouer avec le centre d’équilibre, lui montrant comment faire pour ne pas tomber sous les accoups de vitesse et les soudains changements de direction. C’était très exactement comme l’image typique d’un clown à ressort sortant de sa boite. Sauf qu’il y avait deux personnes sur une coupole incurvée et bien glissante. Et qu’ils se baladaient au-dessus d’un gouffre !
Avec l’aide de la Vertueuse, Alek demeura sur la coupole et vit les six femmes les entourer en pointant leurs bâtons.

« A force de cet apprentissage, le savoir de l’équilibre devient notion instinctive. Le corps répond immédiatement malgré la fatigue, les coups et la désorientation, pour conserver posture naturelle. Use de tes avants-bras pour parer les coups qui parviennent à ta gauche. Je m’occuperai du reste... »

Un cri, ce fameux “Tairius”, et les femmes commencèrent à donner des coups de bâtons à tour de rôle, lentement, sans violence, et dans le sens des aiguilles d’une montre. Elles allèrent très doucement au début. Mais à chaque mouvement que faisait Alek, chaque impulsion de ses pieds, chaque changement dans son équilibre aussi infime soit-il ; tout cela, le moindre accoup, modifiait l’oscillation dans une direction purement aléatoire et chaotique. A chaque fois, Vadrielle récupérait immédiatement le défaut d’équilibre tout en maintenant Alek contre elle.

« Détends-toi. Concentre-toi. » Lui murmura-t-elle alors que les coups gagnaient en intensité et en vitesse.

Les attaquantes étaient partout. A l’avant, les côtés et dans le dos.
Ce n’était qu’un échauffement, ça allait s’aggraver dans peu de temps. Très peu de temps !!!! Kalash se trouvait là, à regarder son maître se balancer avec des étrangères qui voulaient le frapper. Comment allait-il réagir ?

ALEK :

Les cerbères féminines me dévisagèrent avant de me laisser entrer. Honnêtement je n’aimais pas me sentir sondé au plus profond de moi et ça avait tendance à m’énerver. Sauf que là je savais que je devais me contenir tant que je serais sur Magna, mais il ne fallait pas non plus qu’elles me poussent dans mes retranchements car mon réveil risquerait de ternir les relations entres Natus et Atlantes. Je soutins leur regard glaçant, celui ou celle qui allait me faire baisser les yeux n’était pas encore né...si j’avais résisté à une Reine Wraith ce n’était pas pour rien. En fait je crois que je n’avais aucune notion du danger, c’était quand même un léger soucis et même pire : plus je risquais ma vie, plus je m’amusais.

Enfin je passais leur examen et elles me laissèrent entrer en enlever leur lance en parfaite synchronisation. En passant, je leur fis un signe de tête en remerciement et j’entrais pour rejoindre Vadrielle. C’était la première fois que je la voyais avec un air heureux sur le visage et là on voyait très bien qu’elle n’avait que 22 ans. Après normal qu’elle soit contente de rentrer chez elle, je l’aurais été aussi...enfin peut être. Trois jeunes filles déboulèrent en courant, vu leur état elles n’en pouvaient plus mais aucunes ne semblaient vouloir au moins ralentir. Bah on doit faire des marches de plusieurs dizaines de kilomètres avec un paquetage de plus dizaines de kilos en entraînement donc je ne m’en formalisais pas plus que ça. La différence était que nous étions adultes et qu’elles étaient des enfants, mais j’avais compris que dans leur culture les Vertueuses étaient choisies? recrutées? très jeunes.

Je suivis Vadrielle et j’hallucinais de la taille de leurs terrains d'entraînement. Des armes de partout, différents ateliers d'entraînement. Si Frei voyait ça elle serait surement au taquet, c’était disneyland pour elle un truc pareil. Je regardais avec plus d’attention une apprentie avec une “maître”. Je ricanais comme un con en pensant à Star Wars “ Toujours par deux ils vont...le maître et l’apprenti, ni plus ni moins”. Ce que je voyais me faisait vraiment penser à ça. J'observais aussi les différents types d’exercices, il y avait de tout, du corps à corps, de l’utilisation des armes, de l'entraînement à encaisser les coups. Je me disais que si on associait notre armement plus évolué que celui des Natus, avec un entrainement pareil nous arriverions à devenir des supers soldats prêts à botter l’cul des Wraiths.

Je suivis Vadrielle vers un groupe de femmes armées de bâtons...euh...j’avais encore rien fait pour mériter de me faire battre. Ouais, autant être clair, j’allais bien gaffer à un moment ou un autre. Enfin, j’arrivais devant une fosse très profonde avec un ressort en son centre surmonté d’une coupole. Je regardais plusieurs fois pour tenter de comprendre à quoi ça pouvait bien servir. A première vue le truc était très instable, pas besoin d’être un génie pour s’en rendre compte. Je regardais les femmes, puis le zébulon gérant...c’était quoi le but ? Courir, sauter sur le truc, et arriver à passer de l’autre côté sans se gaufrer avec le mouvement du ressort ?

Vadrielle monta sur la coupole et me demandait de la rejoindre..je sentais le traquenard arriver, lui faire confiance ? Ouais en théorie en combat y’avait pas de problèmes mais là...
Mais comme j’étais d’un naturel curieux je la suivis sur la coupole en prenant sa main. Comme je l’avais anticipé, le truc n’était pas stable DU TOUT. J’écartais un peu mes pieds et mes bras pour me stabiliser et la rejoindre sans tomber et me prendre une honte de compétition et voilà comme des années de surf me permettait de trouver un équilibre rapidement. Mais j’étais honnête fallait pas que le bordel bouge trop...

Par contre je n’avais pas du tout anticipé qu’elle m’enlace et se colle à mon dos. Là j’eus un léger bug mental, enfin léger, un moyen quoi. Là d’un coup je me rappelais ce que m’avait dit Christenson et je le maudissais du plus profond de mon être malfaisant. Enfin je repris mes esprits rapidement pour éviter qu’elle ne s’aperçoive de mon trouble.

« D’accord »

Ouais en fait non pas d’accord ! Car quand la coupole pris son mouvement, là, j’en menais pas large du tout. Heureusement que j’avais Vadrielle pour m’aider à ne pas me retrouver huit mètres plus bas. Je suivais ses mouvements et finalement on se stabilisaient au centre de la fosse. Parer les coups ? Mais de quoi elle parlait là ? Enfin, le temps que je réalise, je me prenais un coup de bâton mais très léger. J’arrivais cependant à parer le deuxième avec un réflexe mais ça fit bouger la coupole et je manquais de tomber si Vadrielle n’avait pas été là pour nous remettre en équilibre. Un troisième coup, un quatrième, j’en prenais plus que j’en contrais et avec mes mouvements la coupole bougeait dans tous les sens.

Maintenant je comprenais vraiment l’intérêt mais par contre je m’énervais tout seul à être si mauvais. Je suivis ses conseils et je me calmais. J’analysais la situation et les coups allaient dans le sens des aiguilles d’une montre ok, à partir de là j’arrivais à les parer tout en essayant de ne pas trop faire des mouvements amples pour réduire les mouvements de la coupole. J’avais réussis à faire le vide pour me concentrer, et oui on dirait pas mais quand on était un taré comme moi il était important de savoir faire le vide pour se concentrer sur la connerie à faire et ne pas la louper. J’entendis Kalash aboyer et grogner.
Alors même que les coups étaient plus forts je lui intimait de se taire et de rester où il était d’un ton très autoritaire. Sur le coup j’étais prêt à attrapper un baton pour entrainer sa propriétaire dans la fosse mais je me ravisais pour éviter un incident diplomatique. Par contre les coups pleuvaient et maintenant j’arrivais à en parer un sur deux pendant quelques minutes avant de commencer à ressentir les effets de la fatigue et des muscles qui me tiraient. Autant ceux des jambes qui forcaient pour rester en équilibre que ceux des bras. Mais je m’étais pris au jeu et je tentais de faire du mieux que je pouvais.

CALDWELL :

Les six attaquèrent de manière de plus en plus agressives. En réponse, Vadrielle aidait Alek en récupérant son équilibre et en le forçant à jouer avec l’élan de la coupole. L’exercice ne consistait pas seulement à travailler le sens de l’équilibre et à le rendre instinctif. C’était sa fonction première, bien entendu, mais il permettait également d’apprendre à adapter son environnement à son avantage. Un dernier coup fut porté sur la droite que Vadrielle para de son avant bras puis les attaquantes baissèrent les armes, saluant respectueusement. L’exercice semblait prendre fin...semblait seulement...

« L’échauffement est terminé. Elles vont maintenant chercher nos faiblesses, nos failles, pour s’y attaquer. Leurs armes vont évoluer. »

Et ce n’était pas du chiqué. Trois assaillantes prirent l’avant et les arrières de leurs bâtons tandis que deux autres, sur chaque flanc, s’armaient de lances de duelliste dont la pointe semblait avoir été tronquée pour ne pas pénétrer la chair. Mais cela restait une arme faite dans du métal solide et qui ferait sacrément mal. Mais le summum provenait de la dernière, qui se déplaçait continuellement, en marchant calmement sur un arc de cercle, tout en tenant dans ses mains un mousquet de tirailleurs. Un arc de cercle COMPLET ! Elle se déplaçait également dans leur dos et elle regardait le duo en attendant le moment opportun pour leur tirer dessus.
Vadrielle assura sa prise autour du ventre d’Alek tout en prenant une grande inspiration, une simple façon de se préparer. Elle allait se concentrer à fond, le début n’avait été qu’une partie de plaisir. Maintenant ça devenait sérieux. Elle parla sans trahir la moindre anxiété, elle était sûre d’elle et n’avait pas l’air de craindre les attaques à venir.

« La tirailleuse est la plus dangereuse. Elle profitera du moindre moment d'inattention pour nous atteindre. Protège toi des attaques les plus dangereuses, encaisse les autres. Le moment venu, nous esquiverons la tirailleuse. »

Un soupir d’amusement évacua le souffle de Vadrielle.

« Sérénité et patience sont la clé. Choisi judicieusement les assauts à contrer sur ta gauche et ne dissipe surtout pas ton attention. Es-tu prêt ? »

ALEK

Le jeu continuait et je n’étais pas le meilleur élève possible mais je faisais ça avec le plus grand sérieux. Je tentais d’être le plus calme possible pour contrer les coups, voir même les anticiper. Cet état d’esprit très sérieux et appliqué, les Vertueuses étaient surement les premières à le voir depuis des années. Je voulais progresser et j’encaissais les coups sans rien dire ni grimacer. Par contre oui je fatiguais beaucoup et là je réalisais qu’elles avaient une condition physique vraiment exceptionnelle. J’étais quelqu’un de sportif et je savais que j’avais des capacités physiques mais là j’avais l’impression d’être un enfant face à des adultes.

« L’échauffement ? Hein ? »

Oh merde ! Je m’attendais pas à ça. C’était que pour de faux depuis tout à l’heure ? Pourtant les coups je les avais bien sentis. Je jetais rapidement un oeil à Kalash qui restait toujours sage mais je voyais bien que ce n’était pas facile pour lui. Il faudra que je pense à le récompenser de son obéissance. Bon vu que maintenant j’allais mourir, je m’y préparais du mieux que je pus, et je les vis arriver avec des vraies armes. Je tentais d’être le plus détendu possible pour minimiser les mouvements de la coupole. Vadrielle n’avait pas lâché sa prise et je commençais à m’y habituer. Même si je me connaissais : je voudrais vite tenter sans aide.

Si j’étais prêt ? Euh joker mais avais-je vraiment le choix ? Je voulais aller jusqu’au bout par défi personnel. Vadrielle semblait s’amuser du moins je le déduisais au ton de sa voix. Fallait vraiment que je lui apprenne ce que voulait dire s’amuser. Je reportais mon attention sur les Natus autour de la fosse...des bâtons ok je gérais, des lances ????? Là je gérais moins. Et enfin la cerise sur le gâteau : un mousquet.

« Euhhh tu es sûre qu’on va arriver à esquiver une balle de mousquet ? »

Si j’étais blessé je ne sais pas trop comment la cité allait réagir. Mais surtout Kalash là je ne pourrais pas le contrôler. Et l’autre, là, elle avait intérêt à ne pas me louper car moi je la louperais pas.
Encore plus surprenant, Vadrielle rigola.

« Ma consécration, pour cet exercice, s’est faite en armure et mes maîtres en assaillants. Aie confiance Alek. »

Le célèbre “Tairius” démarra un cycle d’assaut monumental.
Cette fois-ci, les assaillantes avaient à coeur de briser la stabilité d’Alek, considérant qu’il était le plus faible et donc la faille du duo. Les coups se faisaient de manières vives et de façon très sèches, orientées volontairement sur ses articulations pour tenter de le faire bouger dangereusement sur la coupole. Il n’y avait plus d’ordre, c’était purement aléatoire de son point de vue, mais pleinement stratégique dans le camp opposé. Dès que le maître-chien parait un coup, c’était pour l’obliger à exposer son flanc et y frapper durement. Cela dit, les attaques n’avaient visiblement pas pour vocation de le blesser. Le bâton qui s’était enfoncé dans ses côtes avait suffisamment de force et de violence pour contrarier son équilibre. Il est certain que ses os auraient cédé sous une attaque autrement plus violente.

Cela ne changeait pas le fait qu’Alek était durement malmené. A chaque fois, Vadrielle récupérait son équilibre, parfois même de justesse en l’obligeant à se serrer contre elle, comme si le fait que son dos se détache aurait divisé le poids et rendu la chose ingérable. Parfois, un choc témoignait de coups que recevait Vadrielle. Le souffle qui jouait sur la nuque et l’épaule d’Alek était la seule indication de ses efforts. La coupole, sous ces nombreux mouvements, tanguait maintenant dans tous les sens comme un bateau fou, pris dans une tempête anarchique. Et la tirailleuse venait de disparaître.

Soudain, une lance percuta la jambe gauche d’Alek. La pointe tronquée évita qu’il y ai blessure mais il allait s’en tirer avec un sacré bleu. Son appui céda sous cette contrainte et l’équilibre que maintenait Vadrielle fut pulvérisé. Elle poussa un cri en attrapant Alek par les épaules avant qu’il ne franchise le point de bascule puis elle le tira de toutes ses forces, lui faisant faire carrément un demi-tour sur la coupole qui tremblait dangereusement. Son oscillation changea brutalement, déséquilibrant le duo une nouvelle fois et Vadrielle, serrée contre Alek, cria :

« Maintenant ! »

Elle se pencha sur le côté droit, en espérant qu’Alek fasse la même chose.

Je me préparais mentalement à subir des assauts. Physiquement je ne pouvais rien faire car je n’étais pas entraîné à encaisser ce genres de coups. Quand je les entendis crier leur mot magique je savais que j’allais dérouiller. Après une rapide réflexion je me demandais bien pourquoi j’avais accepté de venir ici moi. Je devais même commencer à perdre la raison car il m’avait semblé entendre Vadrielle rire. Enfin bref le déluge de coups commença.

Je ne pus rien faire contre les premiers coups et mes flancs ou jambes encaissèrent les frappes alors que je tentais maladroitement de les parer. Je me rappelais que Vadrielle m’avait dit de protéger mes flancs et du coup je tentais moins de parer mais j’encaissais les coups sur mes bras et mes jambes. J’avais bien compris aussi qu’elles visaient les articulations pour me déséquilibrer pas de bol pour elle je savais comment recevoir des coups dans ces zones sans flancher. Ben oui au foot on apprend ça.

Ce que j’avais aussi bien remarqué c’est que j’étais leur cible favorite et c’était logique car j’étais le faible dans le duo. Psychologiquement c’était dur à supporter. La coupole bougeait de plus en plus alors que je faisais mon maximum pour limiter ses mouvements, je commençais d’ailleurs à mieux parer en étant à cent pour cent concentré. C’est à cause de cette concentration extrême que je pouvais aussi sentir les efforts de Vadrielle pour qu’on échoue pas lamentablement. Une lance me percuta la jambe gauche et je chancelais entraînant la coupole avec moi : je mis même un genou sur la coupole car un nerf me faisait mal. Et merdeuhhh !

Là on allait échouer, le fait de mettre le genou contre la coupole avait augmenté les mouvements aléatoires de celle ci. Là j’allais passer par dessus bord mais Vadrielle me rattrapa au dernier moment et se pencha vers la droite. Ses conseils me revinrent en tête « Quel que soit le mouvement, douceur ou brutalité, imite le mien en réponse et suis-le lentement » donc je suivis son mouvement et je me penchais vers la droite.

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Invité
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Sam 4 Nov - 10:51

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CALDWELL :

Une véritable anarchie !
La coupole partit dans tous les sens sous l'enchaînement de diverses tentatives pour reprendre l’équilibre. Mais le résultat était là ! La détonation avait eu lieu dans un fracas qui avait fait aboyer Kalash. La bourre du fusil, qui n’était pas chargée d’une véritable cartouche de pierre à feu, avait manqué sa cible et failli toucher l’une des assaillantes. L’esquive avait parfaitement fonctionné, la tirailleuse avait adapté son tir lorsqu’ils étaient passé sur la droite, lorsqu’ils se penchaient, et le contrecoup soudain de l’oscillation les avaient renvoyé dans l’autre sens. Une esquive parfaite qui leur ôtait d’un poids important. Débarrassé de cette menace, les cinq autres tentèrent alors d’achever le reste d’équilibre en profitant de la folie apparente des mouvements de la coupole.

La Vertueuse poussa des plaintes sous de violents efforts, le plus généralement en retenant Alek pour qu’il ne tombe pas et en forçant pour qu’il demeure bien calé contre elle. Il y avait malgré tout une large différence de gabarit entre une jeune femme de vingt deux ans et le maître-chien. Maintenir son point d’équilibre lui demandait des efforts et les adversaires essayaient de viser Alek en profitant du fait que Vadrielle soit occupée à calmer ce rodéo infernal.

Les coups pleuvaient mais ils résistèrent ensemble. L’oscillation commençait même à se calmer et Vadrielle paraît de plus en plus. Il y eu une forme d’apothéose où les cinq frappes se firent exactement en même temps et de manière synchrone. Malgré le fait que Vadrielle emprisonnait toujours Alek d’une main, elle alla intercepter le jet de la dernière lance et parvint à la dévier avant qu’elle ne percute le torse de l’homme. Le silence retomba alors, les assaillantes se figeant sur leur premiers saluts respectueux alors que le balancier était encore en train de s’agiter dans tous les sens. Dans son dos, Vadrielle récupérait d’une respiration haletante. Un léger rire monta alors qu’elle desserait son emprise autour de lui.

« C’est l’exercice qui m’était imposé durant mon enfance. Avec l’âge augmente la difficulté et le nombre d’assaillant. » Elle remercia les soeurs qui ramenèrent lentement la coupole jusqu’à la terre ferme.

Vadrielle gardait une main fermement agrippée au poignet de son ami pour l’empêcher de tomber si près de sa réussite. Il allait surement se sentir désorienté, comme si le sol bougeait sous ses pieds ou qu’il avait fait un tour de trop en tourniquet. Le pauvre Alek allait surement se sentir vidé de ses forces. Le travail de l’équilibre sur ce type de système éprouvait la quasi-totalité des muscles. Qu’il s’agisse du dos, les bras, les épaules, tout l’avant du corps, et sans oublier les jambes : chaque mouvement comptait sur l’équilibre de la coupole.

Un éclat de lumière brûlait dans le regard de Vadrielle alors qu’elle s’assurait qu’il récupérait de son expérience. Son léger sourire témoignait d’une auto-satisfaction. Elle s’éclatait à lui montrer son monde, son mode de vie, comme si c’était un juste retour des choses. La jeune femme était presque fière de ce partage, comme si elle l’avait attendu longtemps, mais se contenait sérieusement pour ne pas entrer dans l'exagération.

« Il y a nombre d'entraînements autrement plus dangereux et violents. Peut-être te les montrerai-je si ta curiosité t’y appelle. Mais tu ne les expérimenteras pas. Ceux que je te propose de vivre sont les plus doux... »

Elle l’invita d’un signe de tête.

« Allons. Je vais te faire connaître l’art du réflexe. Maintenir l’utilisation de ses sens lorsqu’ils sont déstabilisés. Par ici. »

Vadrielle transpirait à peine. Son souffle s’était régulé très rapidement et elle donnait l’air de n’avoir rien fait. Seule une petite teinte rosée demeurait sur ses pommettes alors qu’elle se dirigeait vers une série de portes contre le mur de roche de cette salle d’entrainement. Plusieurs chambres supplémentaires s’enfonçait plus loin, c’était un véritable dédale.

Mais cette fois-ci, il fallait descendre un escalier en sous-sol. Il faisait donc très sombre et quelques rares cristaux de lumières permettaient de s’y retrouver. Il y avait beaucoup de gravure et de sculpture le long de ce couloir, une forte humidité y régnait. C’était comme sortir d’une douche très chaude sans avoir ouvert la fenêtre.

Vadrielle s’arrêta devant un petit groupe d’entraineuse qui laissait partir une candidate de douze ans. Elle les salua de manière religieuse puis leur demanda un entraînement similaire pour le faire connaître à Alek. Celles-ci le considérèrent silencieusement avant d’accepter. Une grande porte en bois, à double battant, permettait d’entrer dans une salle un peu plus vaste.

« Il ne faut pas se séparer. Je prie pour que Kalash reste auprès de nous et demeure aussi calme qu’il le fût plus tôt. » Lui demanda-t-elle avant de pousser brusquement les portes.

Un véritable brouillard d’humidité leur tomba dessus. Un épais écran de fumée qui ne permettait pas d’y voir le bout de son nez. Des gouttelettes d’eau perlaient rapidement, comme une forme d’averse continue, en formant un rectangle dans la pièce. Il avait au sol le même rectangle en minerai de feu, dégageant une chaleur certaine, ce qui produisait cette accumulation excessive de vapeur. Mais il n’y avait pas que ça. Alek allait rapidement le sentir et se mettre à tousser. Des particules d’une plante se trouvait en suspension, également brûlée par le minerai de feu, pour en faire une sorte de gaz lacrymogène mais qui ne dérangeait que la respiration et la gorge.

La salle était effectivement conçue pour perturber les sens. Toutes les conditions étaient réunies pour empêcher de s’en servir efficacement.

Concernant la vue, le brouillard limitait forcément la distance. Les effluves virvoltaient sous des cristaux savamment disposé pour faire penser à une salle non géométrique, sans aucune rationalisation de taille et de surface.
Pour l'ouïe, les gouttelettes d’eau qui crissaient sur le minerai de feu empêchait d’entendre quoi que ce soit d’autre.
Le toucher ? Des textures quasiment différentes à chaque pas sur le sol, avec des irrégularités très prononcées au risque de se tordre la cheville.
Et pour l’odorat ? Ce lacrymogène qui n’attaquait que la gorge et différentes odeurs très forte, comme de la poudre brûlée mais avec une réelle intensité.

La main de Vadrielle agrippa l’avant bras d’Alek.
Rien qu’en avançant, il ne se rendait pas compte qu’il déviait déjà de sa trajectoire. Il avait failli se perdre tout seul juste en progressant en direction du centre. Le brouillard était si épais qu’une trentaine de centimètres d’écart lui aurait suffit à perdre Vadrielle. Une fois sur place, elle attendit simplement. Elle se concentrait, la tête baissée, le regard remonté, en gardant une posture de combat classique de biais. Elle parla un peu plus fort pour qu’Alek puisse l’entendre malgré la pluie.

« Au combat, il n’est pas rare de subir la perte de ses sens par une tactique de l’ennemi. La dispersion qui survient à cet instant est l’assurance d’une mort imminente. Il faut donc apprendre à ignorer l’affliction. Accepter la diminution, s’y adapter, la contrôler, pour continuer à l’utiliser dans le calme et un contrôle parfait. »

Il y eut un grondement.

« Elles arrivent... »

Plusieurs ombres dansèrent sans qu’on ne puisse réellement les distinguer. Elles ressemblaient clairement aux spectres que projetaient les Wraiths, le bruit en moins. Ce n’était pas un hasard. Vadrielle ne l’expliqua pas puisqu’il s’agissait de l’un des secrets protégé du LiberTairius mais les Natus, avec l’aide des Trois à l’époque de leur règne, avait reproduit à l’aide de ce principe, de lumière et de jeux d’acteurs, l’apparition des spectres pour en habituer les combattants, en retirer tout sentiment de peur.

Soudain, une explosion eut lieu sur leur droite. Une sorte de série de petites détonations qui illuminait le brouillard, au loin, de plusieurs éclairs orangés. Cela attira forcément l’attention d’Alek et il tomba, de ce fait, fatalement dans le piège.

« Non. » Fit simplement Vadrielle en l’attirant brusquement vers elle.

Une flèche perça brutalement le brouillard depuis un autre angle et manqua de le toucher. S’il était resté à regarder la détonation, il se serait fait avoir. Il ne pouvait pas le percevoir directement mais les traits n’avaient pas de pointe, il ne serait pas blessé autre que dans sa fierté d’avoir été manipulé si facilement. Un autre sifflement, Vadrielle fit un pas en arrière en le poussant doucement vers l’avant cette fois. La flèche passa entre eux deux.
Le minerai de feu crépita sous l’action d’un procédé inconnu et d’immenses flammes bleues montèrent pour former un écran de feu. Le craquement continue du brasier empêchait d’y entendre quoique ce soit. Vadrielle cria :

« Adapte tes sens pour faire le tri. Accepte ce nouvel environnement, comme s’il t’était naturel et écoute au-delà... »

Une dizaine de secondes s’écoulèrent.
Cette fois-ci, elle le bouscula brutalement sur le côté droit. Elle veilla autant à emporter Alek que Kalash malgré le peu de douceur qu’elle employa. Un bélier de bois noirci perça l’écran de flammes non loin et manquant de les percuter avec violence. Il recula alors doucement, comme s’il se rechargeait. Ou comme si les entraineuses étaient parties ailleurs.

« Adapte tes sens, Alek. Accepte le bruit comme naturel, voit au travers de celui-ci. »

ALEK

Je ne savais pas du tout combien de temps cet exercice allait encore durer et je commençais à atteindre mes limites. Je rageais intérieurement de voir qu’au final je n’étais pas un si bon soldat que ça. La coupole partait dans tous les sens, mais en suivant le geste de Vadrielle la balle de mousquet nous loupa et manqua d’atteindre une autre des pénibles. Pfff dommage. J’aurais bien aimé qu’elle soit touché, je ne souhaitais pas qu’elle soit blessée mais bon j’aurais pas pleuré non plus. Je faisais de mon mieux pour être le moins possible un poids mort pour Vadrielle mais c’était peine perdue. Bien que j’arrivais quand même à garder mon équilibre, j’avais du mal à anticiper les mouvements de la coupole et elle dut m’empêcher plusieurs fois de me retrouver en bas de la fosse.

Je ne savais pas comment elle faisait car je n’étais pas un poids plume, par rapport à son gabarit à elle. Mais on tint bon jusqu’à la fin et une attaque commune des autres Vertueuses. J’arrivais cette fois à en parer un peu plus que d’hab, mais c’est Vadrielle qui me sauva la mise en parant le coup de lance qui arrivait vers mon ventre. Cette fois l'exercice était terminé et j’étais épuisé...mais vraiment là je ne blaguais pas. Entre l’effort physique et mental j’étais vidé.

Et là je ne rêvais pas, je l’avais bien entendu rire...je rejoignais la terre ferme et ça me faisait bizarre. J’avais l’impression de marcher sur un nuage, j’avais aussi un peu mal à mes cervicales. Merde, je les avais zappées celles-là. Kalash me rejoignit de suite et je lui caressais la tête en le félicitant d’avoir si bien obéi. Faudrait pas que j’oublie de demander de la viande pour lui plus tard.

« Dans mon monde on a des unités de soldats d’élite...mais là ils ne verraient pas le jour. Mon respect pour vous en est grandi. »

Je reprenais mes esprits petit à petit. Je la voyais sourire et il me semble bien que c’était la première fois. Mais j’hésitais entre interpréter ça comme un sourire sincère ou de foutage de tronche comme je l’aurais fait si les rôles étaient inversés. Façon, dans les deux cas, je trouvais ça cool de voir qu’elle était capable de sourire. Ca c’était doux ? Je ricanais plus par réflexe qu’autre chose. Je n’osais même pas imaginer ce que devaient être ceux dangereux.

« Je serais ravi de les voir, et qui sait si un jour, je serais assez entraîné pour les faire. »

Bah ouais, fallait pas m’agiter un truc dangereux sous le nez et me dire que je ne pouvais pas. Mon esprit de contradiction et de danger allait tout faire pour être prêt à passer ces tests là. Je me voyais comme une arme et je voulais être l’arme la plus mortelle et efficace possible. Hein ? Quoi ? Comment ? Un autre entrainement ? J’étais littéralement dépité, moi j’étais mort, j’avais du mal à reprendre mon souffle et elle, rien...Elle n’avait presque aucune marque physique de l'entraînement qu’on venait de faire et pourtant elle avait dû retenir quatre vingt kilos de muscle pendant un bon moment. Cependant, il était hors de question pour moi de faire ma chochotte car je savais que j’avais un immense honneur de pouvoir expérimenter ces exercices.

« Je te suis et là par contre je connais ça : on nous entraîne aussi à nous en sortir sans un ou plusieurs de nos sens. »

On partit donc en direction d’un bâtiment, Kalash marchait collé à ma jambe. Là ça voulait dire: “je vous fais pas confiance avec mon maître je reste proche de lui au cas où”. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Lui aussi n’avait jamais été entraîné pour ce genre de situation. On descendit des escaliers pour aller sous terre, bon jusque là rien d’anormal. Moi par contre j’avais repris un rythme de respiration normal. Les deux gardes acceptèrent de nous laisser passer et je vis une gamine sortir de là. Et qui allait encore se prendre une honte ? c’est bibi.

Bof, pas grave, au moins j’apprenais des choses à chaque fois et c’était le plus important. Quand les portes furent ouvertes je me retrouvais dans un sauna ou hammam je sais plus, mais le truc dans lequel ou va pour transpirer en était quasiment nu. On s’avança dans la pièce et là je commençais à tousser et à avoir les yeux qui me piquaient...rahhh non pas du lacrymo je détestais ça. Kalash s’agitait n’aimant pas ça non plus, mais on avait déjà reçu des grenades de ce type sur le pif.

Quand on s’infiltre dans un bâtiment ou dans des rues, souvent, on est attaqués avec ça puis après par des rafales de tir. Enfin là on était sur magna et je me disais que j’aurais dû prendre un masque à gaz. Ils savaient que ça existait ? Au lieu de s'entraîner à la dure comme ça ? Tout en étant perdu dans mes pensées, je m’étais un peu éloigné d’elle et elle m’agrippa l’avant bras. Ah cool, sympa, parce que là je ne sais pas où j’allais aller.

J'attrapais Kalash par son collier pour avoir toujours la main sur lui. Je le sentais tendu, lui aussi avait ses sens perturbés et ça ne lui plaisait pas. Par contre il pouvait quand même encore entendre et voir. Donc il avançait en suivant Vadrielle. Là, elle pouvait se rendre compte des capacités du chien et de notre travail en binôme. J’étais diminué donc c’était lui qui prenait la direction du duo. J’avais aussi entendu le grondement et je vis les ombres des Wraiths, moi je savais que c’était un test mais pas Kalash qui grogna et se mit en position d’attaque immédiatement. S’ensuivit une série de détonation et par réflexe, je me mis à croupi et Kalash s’allongea.

A ce moment là, Vadrielle ne pouvait pas savoir que ça correspondait exactement à une situation de combat que j’avais vécu plusieurs fois et mes réflexes ressortaient ainsi que ceux du chien. Pourquoi “non” ? Le temps que je réalise, une flèche passa pas loin de moi mais sans me toucher. Je voulais bien écouter ses conseils, mais là je ne voyais rien, j’entendais quasiment rien. Kalash était mes yeux et mes oreilles et j’avais aussi mon instinct de danger. Pas le temps de m’adapter qu’une autre menace arriva sur nous et Vadrielle nous embarqua au sol pour éviter un bélier.

Bon ok, maintenant j’avais pigé l'entraînement. Je me relevais, Kalash aussi. Il allait passer devant moi, je gardais ma main non plus sur son collier mais sur sa fourrure pour ressentir le moindre de ses changements à lui. Cet entraînement allait surtout démontrer les capacités du chien et la confiance que j’avais en lui. Moi aussi j’allais apprendre à analyser.


CALDWELL


La Vertueuse aussi avait du mal à passer outre tout cet environnement déplaisant. Par moment, elle baissait la tête ou pivotait de trois quart dans l’espoir d’obtenir plus d’informations de ses sens malmenés. Quand Alek avait agi par réflexe en se couchant sur le sol, elle avait craint un instant qu’il soit blessé et s’était portée vers lui, l’air inquiète. Mais elle ne pouvait pas vérifier son état ni y songer davantage. La dissipation était la plus grosse erreur et elle évita, d’ailleurs, une nouvelle attaque et se reconcentra immédiatement sur ce qui l’entourait.
Le rideau de pluie vint de nouveau. Les fausses copies des spectres Wraiths dansaient un peu moins et Kalash miraient plusieurs endroits en même temps, comme s’il y avait du déplacement. Le fait que l’attaque ne survienne pas tout de suite devait forcément venir du fait qu’ils s’adaptaient aux réactions du chien. Les entraineuses voyaient bien qu’il parvenait à les distinguer malgré tout ça.

Alors elles corsèrent rapidement l’assaut.
Un amas de sac fût apparemment lâché du plafond pour lui atterrir dans le dos, faisant suffisamment de bruit pour attirer l’attention. Puis deux béliers percèrent les eaux pour fondre sur eux, un à l’avant et un autre sur le côté. Vadrielle, elle, esquivait déjà une flèche avec peine.
Kalash les avait déjà repéré lors des déplacements. Est-ce que Alek avait fait la même déduction ?

C’était le but des nombreuses attaques sur la fin. Occuper suffisamment la jeune Vertueuse, détourner l’attention de Kalash au mauvais endroit pour atteindre Alek. Mais à chaque fois, le brave chien suivait les entraineuses, les pointant de son museau comme s’il savait où elles se rendaient.

A l’issue, ils ressortirent par une porte opposée, comme si c’était un parc d’attraction. Les soeurs se trouvaient là et saluèrent autant Alek que Vadrielle sur leur départ. Le soudain retour à la normale procurait un bien fou, un soulagement qui vibrait à l’intérieur du maitre-chien alors qu’ils remontaient jusqu’à l’air libre. La Vertueuse semblait toujours aussi réjouie à lui montrer ce qu’était son quotidien. Alors qu’elle quittait le bâtiment d'entraînement où les candidates ne cessaient les exercices, elle lui expliqua d’un ton profond :

« J’ai voué ma vie entière à l'entraînement, à l’étude de l’art Tairius et à forger mon esprit pour le combat. Lorsqu’une future Vertueuse se juge prête à prendre sa place, elle est testée par ses mentors et les membres du cercle afin de prouver ses valeurs. J’ai été victorieuse il y a cinq cycles. La plus jeune, cela impressionna les membres du Haut-Cercle. »

Ils pénétrèrent dans le bâtiment principal. Il était entièrement décoré et d’immense gravures couraient le long des murs en représentant les histoires et les rôles des douzes soeurs du Haut-Cercle. Vadrielle tourna dans un couloir puis alla jusqu’à une frise bien particulière.

« Vois Alek. Les candidats sont sélectionnés à la naissance parmi les enfants d’une Vertueuse vieillissante. Seules les héritières des héros de la Première Guerre contre le Dévoreur peuvent prétendre à cet honneur. » Son doigt parcourait les images et les gravures qui montraient l’étape du procédé. « Je suis fille de soeur Lypax et du tirailleur Natus Halgort. Ils furent tués par un effondrement meurtrier peu de temps après ma naissance. Le temple me selectionna malgré des réticences à mes capacités physique. »
Elle hocha la tête, un instant pensive.
« Et je suis là... »
La jeune femme invita Alek à repartir. Ils longèrent un couloir où se déplaçaient plusieurs soeurs qui discutaient. Puisque c’était un temple, elles n’étaient pas Vertueuses. Et elles n’étaient pas entraineuses non plus. Probablement des religieuses qui enseignaient le contenu de leurs croyances.

L’hypothèse fût la bonne puisqu’ils débouchèrent bientôt dans une salle circulaire très vaste et impressionnante. Les gravures y étaient toujours mais, cette fois-ci, le sujet portait essentiellement sur les trois. A l’entrée, il y avait deux femmes-wolverines, d’après les descriptions d’Alek, qui gardaient l’antre avec beaucoup de sérieux. Il y en avait six autres qui entouraient une d’immense autel au centre de la salle. Extrêmement bien gardé par ces femmes intimidantes, un cerclage d’une multitude de bougies émettait des lumières dansantes autour de trois immenses sculptures, cette fois-ci très réaliste et détaillées, des trois Tairis qui avaient dirigé le peuple à l’époque.

Vadrielle s’était murée dans un silence révérencieux. Elle croisa le regard d’Alek et l’invita à progresser jusqu’à l’autel. Les trois statues de Tairis avaient leurs pattes se réunissant au centre de l’autel pour former un piédestal. Toute la surface autour était recouverte de bougies et de cire, rendant l’aspect très particulier, voir presque mystique. Il n’y avait que quatre marches de bois permettant de s’y agenouiller pour prier et, pour cela, il fallait passer devant les gardes.
Encore une fois, les regards inquisiteurs s’étaient portés sur Alek, à la recherche d’une quelconque intention malveillante. Mais elles regardèrent ensuite de nouveau devant elles en l’absence de ce qu’elles semblaient “sentir” en lui. Il fût libre de se présenter devant l’autel.

Vadrielle progressa d’un pas léger mais avec une certaine émotion. Elle se porta jusque devant le piédestal où se trouvait un livre, plus un grimoire vu son âge et son état de délabrement, qui en rajoutait une couche au côté mystique. Il était énorme et recouvert de symbole, de gravures et de dorures.

« C’est pour lui que tant des nôtres sont morts en ce jour. » Lui murmura-t-elle doucement. Elle s’installa sur le banc pour faire la prière. « Le LiberTairius, le codex sacré. Le guide qui fût rédigé à l’intention du peuple Natus par les Trois qui nous dirigèrent. Afin que ces écrits soient suivis et que nous ne perdions jamais ces valeurs pures et honorables qu’ils nous avaient enseigné sans relâche. Que nous soyons prêts à l’arrivée du Dévoreur. »

La tête basse, une main sur sa poitrine, l’autre à la taille comme si elle faisait le salut militaire avec une arme qu’elle n’avait pas, la jeune femme murmura quelques quantiques. Elle laissa Alek libre de ses choix, elle savait qu’il n’avait pas la même ferveur religieuse et ne lui demandait pas de s’y adapter. C’était un invité du temple.
Vadrielle prit une position plus confortable et regarda les statues ainsi que la relique vieille de dix milles ans.

« Te rends tu comptes, Alek ? Notre détermination infaillible, le courage Natus, ces générations entières de préparation de l’arme, est issu de cet écrit. Ce tome est le fondement de notre peuple. Il a une valeur inestimable à nos yeux. C’est pour cela qu’il demeure en la garde du Haut-Cercle, dans le temple. »

ALEK

L'entraînement continuait, j’étais privé de mes sens mais j’avais reporté ma totale confiance sur Kalash. Lui aussi était diminué mais beaucoup moins que moi. Il arrivait à voir, entendre et aussi sentir les déplacements des Natus pour réagir quand il le fallait. Ma main restait posé sur sa fourrure pour suivre ses déplacements, ses réactions. Grâce à lui j’évitais d’être une cible trop facile. Même si cet exercice était difficile, j’adorais quand on travaillait tous les deux en symbiose. C’était pour ça que j’étais devenu maître chien. Et là on démontrait toute l’étendue de notre complicité.

Par contre je n’aimais pas ça, je m’explique faire confiance à Kalash était naturel pour moi mais être autant dépendant de lui non. Enfin l’exercice prit fin après plusieurs coups tordus tendus par les vertueuses. Encore une fois j’étais enchanté d’avoir pu tester ça. Le premier m’avait été purement bénéfique à moi, mais celui là était très utile pour notre duo avec Kalash. Il faudrait que je trouve comment tenter de refaire un truc de ce genre sur la cité pour nous entraîner. J’avais bien fait d’accompagner Vadrielle.

Je toussais encore pendant quelques secondes et je me grattais les yeux. Bordel que je n’aimais pas cet effet style lacrymo. Kalash avait les yeux qui pleuraient un peu et je le voyais se gratter le museau avec ses pattes pour tenter d’enlever ce qui le grattait. Je pris ma gourde et je lui donnais à boire pour calmer sa gorge et je nettoyais ses yeux avant même de prendre soin de moi même.

« Je suis très impressionné par votre entrainement, et encore le mot impressionné est faible. » Je lui souris sincère.« Tous mes plus profonds respects Vadrielle, et tu es peut être la seule envers qui je le pense vraiment. »

La jeune femme le regardait s’occuper de son chien en demeurant immobile, elle fut perplexe.

« Tu n’as nul respect pour ceux qui partagent ton foyer ? Ou est-ce expression imagée pour me...complimenter ? »

Sur la cité il y avait des soldats très efficaces mais rien à avoir avec les Vertueuses. Nous étions soldats depuis l’âge adulte et pas enfants, notre entraînement était beaucoup moins intense et poussé que le leur.

« Nous sommes très loin de vos entraînements, nous basons notre puissance de nuire sur nos armes, pas sur notre corps. »

On arriva dans le bâtiment principal. C’était très beau mais aussi très “chargé” en peintures. Je n’étais pas un grand amateur d’art pour la simple et bonne raisons que je n’y connaissais rien. Pour vous dire j’avais trouvé la chapelle Sixtine bof..et là ça me faisait un peu le même effet. C’était très bien réalisé mais pas spécialement à mon goût. Je suivi Vadrielle qui m’indiqua une fresque à regarder. Elle me raconta son histoire et j’avais donc la réponse à une question que je m’étais posée : Comment les Vertueuses étaient elles choisies ? Maintenant je le savais. Il fallait donc être d’une lignée de prestige. Ca ne m’étonnait pas. Par contre ça confirmait que Vadrielle n’avait connu que ça dans sa vie...eh ben je ne l’enviais pas du tout.

« Vous avez le droit de refuser ? Je veux dire tu peux ne pas aimer cette vie ou te sentir pas capable d’être à la hauteur. »

Vadrielle resta silencieuse un instant, comme si elle réfléchissait.

« Les candidates sont rares et peu d’entres elles atteignent la fin de l’apprentissage. Il n’est pas mal vu de renoncer mais... » Elle secoua la tête. « C’est un trop grand honneur pour abandonner. C’est en partie ce qui a motivé ma détermination. »

On repris notre marche et je ne disais rien. Je me contentais de regarder autour de moi, l’architecture même si j’y comprenais un beignet. Je savais apprécier les belles choses et là c’était très impressionnant. On croisa des bonnes soeurs, du moins je déduisais que c’était ça car elles n’avaient l’air d’êtres des combattantes, mais avec les Natus on savait jamais. Sauf que là finalement j’avais eu raison lorsqu’on déboucha dans une immense église. Arf...je me sentis de suite très mal à l’aise.

Il y avait des gardes avec leurs griffes et ça, vraiment, fallait que je m’en procure. Tout le lieu était hautement gardé. Ici plus de fresques sur les vertueuses mais sur les trois, leurs dieux à eux. L’autel au centre était très imposant mais voilà, là j’étais en terrain hostile pour moi. Vadrielle ne disait plus un mot et je respectais ça mais moi par contre j’avais grave envie de sortir d’ici.

Clairement je n’avais pas envie de m’approcher de l’autel mais par respect je le fis. Bien sur je n’allais pas m’agenouiller. Cette religion n’était pas ma foi et d’ailleurs je n’avais pas de foi. Je laissais Vadrielle se mettre à prier et moi je restais droit, Kalash assit à mes pieds. J’avais bien remarqué les regards pas commodes des cerbères mais bon c’était leur boulot. Elle me parla de leur code, leur bouquin guide de vie...pfff foutaises mais je gardais tout ça pour moi.

« Sur ma planète nous avons aussi des dieux...avec leur livre pour nous apprendre à vivre. Ces dieux là ont causé plus de chaos que les maladies...Une parole divine est une chose, l’interprétation qu’on en fait, en est une autre. Et chez moi on s’entretue facilement pour ça. »

Vadrielle fronça les sourcils, ne comprenant visiblement pas.

L’amertume, voir même la colère et le dégoût étaient perceptibles dans ma voix. J’étais entré en guerre à cause de fanatiques avec leur dieu donc le sujet était très sensible chez moi. Et j’avais aussi pris un malin plaisir à blasphémer leurs croyances pour les humilier. Selon moi la religion était quelque chose créé pour contrôler les faibles d’esprit. C’était un cancer qui devait être supprimé.

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Sam 4 Nov - 10:54

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CALDWELL


Vadrielle pencha légèrement la tête sur le côté, elle sentait l’émotion dans la voix de son ami et s’en trouvait peinée, quelque part, qu’une question de religion l’atteigne tant. Mais d’un autre côté, si celle-ci détruisait des vies là où il avait grandi, elle comprenait son état d’esprit.
L’idée, néanmoins, qu’un écrit légué par les générations soit plus source de destruction que d’ordre la laissait pantoise. C’était, pour elle, des mauvais dieux et des mauvais hommes pour agir de la sorte.

La jeune femme était heureuse de lui montrer sa vie. Elle différait largement de ce qu’elle avait pu voir sur Atlantis. L’endroit était soumis à un ordre très strict et immaculé. La faiblesse, le désespoir, toutes les émotions négatives n’avaient pas lieu d’être ici. Mais voilà, la bonté des Atlantes, comme leurs rires, les sourires, la façon qu’il avait d’apprécier la vie, était tout aussi absent de ce lieu. Et à vrai dire, c’est probablement ce qui allait manquer à cette jeune femme.
Ce qu’Isia et Alek lui avait montré, ce qu’ils avaient expérimenté ensemble, tout ça lui était inconnu à cause de sa vie sérieuse et de sa dévotion sans faille envers son devoir et sa religion. Y avoir échappé pendant quelques temps l’avait regonflé d’un moral encore plus solide. Il n’y avait qu’un seul regret qu’elle dissimulait très bien : le fait qu’elle ne reverrait probablement ni l’un ni l’autre.

Vadrielle sentait que cette colère chez Alek avait un passé, une histoire. Elle s’approcha doucement de lui et posa une main bien à plat sur son torse, comme pour y sentir les battements de son coeur. Elle eut un léger mouvement de tête, comme si elle comprenait que cela lui importait, que c’était davantage qu’un simple sujet.

« Tu as mené le combat contre cette religion meurtrière, je sens cela lié à tes propos Alek. La guerre cause la souffrance même chez le porteur des intentions les plus nobles. J’espère qu’elle ne t’a pas atteinte au plus profond de ton être. »

Je restais un moment sans rien dire, j'assimilais ses mots. Comment avec juste un simple contact et quelques mots, elle avait pu deviner ce qu’il s’était passé ?

« Je crois bien qu’en fait, cette guerre m’a détruit tout simplement. »

C’était la première fois que je l’admettais à haute voix face à quelqu’un. J’étais parti car j’avais des convictions, et je les avais toujours. Mais quelque chose en moi était mort et une autre part s’était réveillée.

« Peut-être que cet endroit guérira ta blessure Alek. Je l’espère de tout coeur. L’affliction qui perdure en ton âme n’est pas méritée. Et ma religion ne sera jamais celle qui a marqué ton esprit. »

Elle décrocha sa main pour regarder l’ensemble de l’église, de manière générale, avant de le regarder de nouveau.

« La conviction et l’art d’une Vertueuse n’a pas pour but d’amoindrir et semer la destruction chez ses frères. Sa vocation est purement protectrice, défensive, et reflète tous les espoirs et les valeurs pour lesquelles ils se sont sacrifiés. »

Elle eût un moment de silence avant de reprendre.

« Je ne veux pas causer ton mal-être par cette expérience. Tout ce que tu vois là fût ma vie depuis ma naissance et je n’en éprouve aucun regret, si ce n’est celui d’avoir failli sur cette étrange objet volant. Mais tu as préservé ma vie, pour que je puisse reprendre le combat et repartir en quête de mon peuple, je te serais toujours reconnaissante pour cela. »

« Tu as sauvé Kalash sur cet objet volant, et pour ça je t’en serais toujours reconnaissant moi aussi. »

Un léger sourire accompagna ce compliment.
D’un geste simple, la jeune femme l’invita à poursuivre leur chemin un peu plus profondément dans le bâtiment principal. Un chant commençait à se faire entendre. Plus ils progressaient et plus celui-ci raisonnait de manière harmonieuse et poétique. La chanteuse devait en avoir fait sa vocation, c’était pleinement empreint de religion mais c’était tout aussi doux et, quelque part, salvateur pour l’esprit. Un vrai Chant reposant.

La vibration remontait dans les couloirs et rencontrait la Vertueuse qui semblait tout aussi détendue qu’enjouée. Elle fredonnait cette chanson avec plaisir, comme si elle en était accroc, mais pas forcément fanatisé.

« La complainte de l’espoir. Je ne l’avais pas entendu depuis longtemps... »

Ils traversèrent alors une vaste salle où commençait à s’étaler un tapis rouge muni de dorure. Quelques soeurs les dépassaient lentement pour se rendre à l’endroit du chant tandis que Vadrielle s’immobilisait devant une grande porte à double-battant entrouverte. La forge et l'armurerie du temple. La jeune femme s’était soudainement figée, quasiment tremblante, alors que sa bouche entrouverte témoignait d’un grand étonnement.
« Par les Trois... »

Le chant continuait de monter tandis que Vadrielle pénétrait dans la salle. Il y faisait beaucoup plus chaud et deux soeurs au visage noirci par le travail du métal et du cuir s’affairait autour d’un mannequin. Une lourde armure s’y trouvait...et pas n’importe laquelle...c’était celle de Vadrielle. Les soeurs finissaient les réparations, elle était véritablement comme neuve, lustrée et magnifique. L’étendard, sur l’arrière, montait en offrant le signe des Trois. Et l’arme brisée demeurait sur un présentoir à côté, très bien entretenue et aiguisée.

Vadrielle était sous le coup de l’émotion.
Elle ne répondit pas aux deux soeurs qui la saluèrent en s’écartant et ses doigts rencontrèrent le cuir de l’armure. Le contact la fit tressaillir, elle inspira sous une déduction horrible qu’elle ne voulait surtout pas partager avec le maître chien.

« Elle était dans l’eau ? » Demanda-t-elle à l’une des soeurs avec une certaine appréhension.

Celles-ci acquiescèrent et cela eut l’effet d’un coup de poing pour Vadrielle.
Sa main quitta le cuir de l’armure, ce contact qu’elle affectionnait tant, et recula comme s’il lui était impossible de la revêtir de nouveau.

« Merci, mes soeurs. »

Vadrielle fût silencieuse et complètement fermée pour le reste du chemin.
En plein centre du monastère, en face de deux énormes portes en bois, elle demeura un instant silencieuse avec le visage tiré d’une certaine nervosité. Le chant était en train de se conclure, ça se sentait, ça s’entendait. Et Vadrielle en profitait.

« Il est temps de rencontrer le Haut-Cercle. »

Le chant de l’espoir se termina sur une belle note. Les vibrations étaient encore en Vadrielle qui priait intérieurement les Trois. Elle posa les mains sur le bois et appuya avant de se raviser. Sans regarder Alek, son mouvement en suspension, elle lui fît d’une voix douce :

« Ne leur cache rien Alek. »

Puis elle poussa enfin la porte pour pénétrer dans une immense salle circulaire. Le sol était recouvert d’un sable fin, des marches montaient tout autour en amphithéâtre et trois énormes statues montaient depuis un espacement géométrique des plus parfait. Les têtes de ces immenses tigres allaient jusqu’au plafond et leur regard se portaient sur le sol, en plein centre, là où Vadrielle se posta. Ces trois paires d’yeux semblaient émettre la seule source de lumière, un lueur plus vive que les cristaux et les torches qu’ils rencontraient habituellement. S’en était au point qu’on se serait demandé si cette lumière n’était pas véritablement divine. Et puisqu’elle venait du dessus, elle n’éblouissait pas le duo.

Juste au sommet de ces quelques marches d'amphithéâtre, il y avait douze pupitres qui s'espacaient en un demi-arc de cercle. Onze femmes en armure, dont l'âge était environ dans la quarantaine, voir la cinquantaine, se trouvaient derrière, debout, vêtue de leur armures et de leurs armes.
Les regards neutres, mais clairement inquisiteurs, empreint d’une grande sagesse et d’un esprit de religion très poussé, détaillaient la jeune femme et l’Atlante. Plusieurs semblaient être blessées mais elles tenaient debout et, derrière ces pupitres, ont se serait cru dans un tribunal divin. Le septième pupitre était le seul à être inoccupé, c’était celui de Vadrielle.

« Soeurs Vertueuses, membre du Haut-Cercle, je reviens vers vous. » Fît-elle d’une voix forte.

Quelques murmures montèrent sans qu’on ne puisse les entendre. La lumière uniquement au centre de la pièce permettaient aux autres soeurs de rester dans la pénombre. On les voyait assez mal même si on pouvait discerner de nombreux détails en fronçant des yeux.
La plus vieille était au centre, cette soeur avait facilement la soixantaine et se montrait fatalement comme la matriarche du groupe.

« Soeur Vadrielle, nous sommes heureuses de votre retour en pleine santé. Les Atlantes ont visiblement pris soin de vous. L’homme qui vous accompagne fût-il votre protecteur ? »
« Oui, soeur Véranore. »

Vadrielle était clairement nerveuse. Elle faisait tout pour le dissimuler mais elle en tremblait de tous ses membres. Avoir retrouvé son armure et son arme avait apparemment changé la donne et son état mental. Elle ressemblait à une enfant prête à prendre la punition de sa vie pour avoir fauté et elle était très anxieuse.
La plus vieille des soeurs tourna son regard vers le maître-chien.

« L’Atlante Alek Hamilton, guerrier accompagné de son familier à fourrure. La Magna a parlé de vos exploits tout autant que de vos actes au cours de la Guerre. Mais nous n’accordons de crédit qu’au témoignage du concerné. »

Un instant de silence ponctua les quelques murmures discret qui montaient dans la salle.

« Nous sommes les onze Vertueuses Pugilistes, gardienne de l’art Tairius et protectrice du peuple, ainsi que de ses convictions. Nous avons mandé votre présence pour entendre l’histoire de vos actes. Prenez le temps nécessaire et n'omettez aucun détail jeune homme. Nous partagerons l’expérience par votre regard et le combat que vous avez vécu aux côtés de notre plus jeune soeur. » Un signe de tête l’invitait à débuter. « Parlez... »

ALEK :

Je n’aimais pas du tout la tournure de la discussion sur les conséquences de la guerre et je fus bien content qu’on parte de ce temple pour aller ailleurs. Je suivais Vadrielle en restant toujours très silencieux. J'observais tout, les décorations, les textures, les gens. On marcha encore un moment avant d’arriver à une pièce. Sur le trajet j’entendais un chant monter dans les couloirs, un truc style moyenâgeux et religieux. Un chant qui me foutait très mal à l’aise. Mon rapport avec la musique était comme mon rapport avec tout le reste...spécial. Vadrielle semblait être à fond et vraiment apprécier...moi par contre j’allais vite avoir besoin d’air si je continuais à entendre ça. C’était beau dans le sens où c’était bien chanté mais alors ce que ça dégageait me rendait fou. Heureusement on ne s’attarda pas trop et on continua notre chemin.

La vertueuse ouvrit les portes et on arriva dans un magasin de jouets pour moi. Des armes partout ..et de armures...je devais avoir des étoiles dans les yeux. Tellement de moyens de donner la mort avec plus ou moins de souffrances. J’aurais adoré essayer chaque arme et voir comment les utiliser de la meilleure manière possible. D’ailleurs en parlant d’armes je cherchais si je voyais les griffes des gardes car moi aussi je voulais me la jouer Wolverine. Je fis une moue d’enfant pas content car je ne les trouvais pas.

Sur le coup je n’avais pas remarqué qu’il y avait une armure au milieu de la pièce. Mes yeux pleins d’étoiles étaient trop occupés à regarder les armes. C’est en me retournant que je vis Vadrielle placée devant l’armure en la regardant d’un regard bizarre. Je ne savais même pas comment qualifier ce regard, elle était émue ? Honorée ? J’en savais foutre rien. J’écoutais l’échange entre elle et la Natus qui était en train de terminer son armure.

« Quand tu étais dans l’eau j’ai du te l’enlever pour éviter qu’elle t’entraine par le fond. »

Voilà maintenant elle savait toute l’histoire. Après le passage à l’armurerie Vadrielle n’était plus la même, quelque chose avait changé mais je n’arrivais pas à savoir quoi. On marcha encore un moment pour arriver devant deux lourdes portes en bois. Allez, le conseil de classe allait commencer. Pendant tout ce temps Kalash était resté à mes pieds sans japper une seule fois. Lui n’allait pas comparaître à son conseil de classe. De toute façon, dans notre duo c’était lui le militaire efficace, donc s’il était convoqué un jour ce serait pour recevoir une médaille.

Ne rien leur cacher ? Elle en avait de bonnes sur ce coup là. Concrètement, je ne savais pas pourquoi j’étais ici. A moins que eux aussi n’aiment pas quand on décapite un Wraith déjà mort. La prochaine je le ferais quand il sera vivant, comme ça au moins, ma sanction sera justifiée. J’avais accepté de venir car selon moi je n’avais rien à me reprocher, et puis si on voulait avoir des relations diplomatiques avec les Natus autant se prêter à ce genre de convocations. Ceci dit, là, en étant pile devant les portes, je n’étais plus trop sûr de moi. Mais voilà, ce n’était pas le moment de faire machine arrière et j’avais tendance à respecter ma parole.

Les portes s’ouvrirent et on entra. Il y avait du sable sur le sol mais ce qui me frappa le plus fut la taille des statues. Je levais le nez pour regarder jusqu’où elles allaient. Donc en fait en plus d’avoir un ..deux...trois, douze pupitres face à moi, il y avait trois tigres qui me regardaient de haut. Franchement, j’avais connu mieux comme ambiance rassurante et qui donnait envie de parler. Je pris une grande inspiration et m’avançais vers le centre de la salle. Celle qui me semblait la plus âgées des vertueuses prit la parole. Assez cliché le coup de l’ancienne qui a la plus grande sagesse mais passons je n’étais pas là pour juger quelque chose que je ne comprenais pas. Je sentis le malaise de Vadrielle, je connaissais que trop bien ce sentiment de savoir que quelque chose va vous tomber sur le coin de la figure car vous avez fait quelque chose qu’il ne fallait pas. Au début, j’étais comme elle, je me faisais petit et puis maintenant j’en avais plus rien à cirer. Bon, pas besoin de me présenter par contre avant de me tourner le dos mes parents m’avaient appris la politesse.

« Tout d’abord, je tiens à vous remercier de l’honneur qui m'est fait d’être ici. » Je posais ma main sur la fourrure de Kalash pour me donner un peu de courage. Je savais que ce geste serait observé, mais ça me passait au dessus du crâne.

« Je vais vous raconter tout ce dont je me rappelle mais il se peut qu’il y ai des trous dans mon histoire car la Reine Wraith s’est bien amusée à martyriser mon cerveau et je ne me rappelle pas de tout, vous m’en voyez désolé. Je vais aussi commencer par le début à savoir notre arrivée sur Magna. Nous avons été de suite pris sous un feu nourri de l’ennemi et nous avons aidé les Natus à éviter que les Wraiths arrivent à faire une jonction dans les tunnels. Ce fut une entrée en matière très violente et intense, mais en combinant nos forces et celles de votre armée notre objectif a été réussi. »

Je marquais une pause car tout était très flou dans ma tête. Concrètement je ne me rappelais que d’explosions.

« Notre objectif suivant fut d’être parachuté pour aider l’évacuation de civils. Lors du vol j’ai été séparé des autres Atlantes. Je me suis retrouvé seul avec des wraiths aux fesses, euh excusez moi , à mes trousses dans un quartier détruit. J’ai réussi à en tuer un ou deux et à semer les autres et c’est en voulant retrouver les autres Atlantes que j’ai entendu des bruits de lutte. Je me suis approché et j’ai vu Vadrielle mettre en pièces plusieurs Wraiths. Il me semble l’avoir aidé en tirant sur eux d’une position en hauteur mais je n’en jurerais pas. Nous avons ensuite décidé de faire équipe pour retourner sur le front. »

Nouvelle pause de ma part et je gratouillais Kalash qui restait toujours très calme.

« Lors de cette recherche nous avons rencontré une patrouille Wraith et c’est là que mes trous de mémoire arrivent..je ne me souviens que d’un collier bombe autour du cou de mon chien. Vadrielle en nous prévenant nous a sauvé tous les deux. Elle a réussi à enlever le collier et comme je suis un homme poli je suis allé le rendre à leurs propriétaires. Ensuite nous avons rejoint les Atlantes et des civils Natus dans un vaisseau barge. Lors de ce vol, un Originel s’est invité et nous avons lancé le combat au milieu des civils. Vadrielle lui a tenu tête mais j’ai été sonné. Quand j’ai repris connaissance, elle était passé par dessus bord et j’ai sauté dans l’eau pour la sauver elle et mon chien. J’ai réussi à les sortir de l’eau et j’ai demandé à ce qu’elle soit amené sur Atlantis pour avoir des soins les plus poussés possibles...et je suis reparti au combat. Nous avons commis tous les deux une erreur de jugement à ce moment là..car nous avons laissé l’Originel seul au milieu de tous ces civils. Et voilà vous savez tout. »


CALDWELL :


Le silence régnait durant son explication.
A part quelques murmures qui s’évaporait rapidement, les onze soeurs considéraient Alek pendant qu’il racontait son histoire. Vadrielle se tenait à côté, bien droite, mais disait rien de plus. Elle tourna seulement son regard dans sa direction, l’air quelque peu surprise lorsqu’il indiqua qu’ils étaient deux à avoir fauté en tombant de la barge. Mais la jeune femme retourna immédiatement sur la contemplation de ses soeurs, à moins qu’elle ne fixe un point invisible devant elle.

La matriarche, soeur Véranore, le questionna ensuite :

« Soeur Vadrielle. Mon enfant, pourquoi avez-vous chuté ? »

La jeune femme blêmit. Alek pouvait la sentir frémir à côté de lui.

« Car j’ai...j’ai... »
« Parlez. »
« J’ai échoué au combat, mère Véranore. » Vadrielle trembla. « La victoire fut celle de l’ennemi. »

Il y eu une montée de murmures que la matriarche dissipa d’un geste.

« Vous avez été mortellement blessée par le Dévoreur, mon enfant. Les braves âmes ont été exposé à l’ennemi par cette faillite. De plus, votre armure et votre épée ont été récupéré par de courageux nageurs. Savez-vous ce que cela implique ? »
« Qui échoue à la bataille, quitte l’arme de sa main et la défense de son peuple est un indigne de la confiance de celui-ci. Car la faiblesse de l’esprit née en celle du coeur et d’une détermination trop pauvre pour être saluée. » Cita Vadrielle, la voix chargée d’appréhension.

La matriarche hocha lentement la tête. Elle ne semblait pourtant pas être là pour abattre Vadrielle mais quelque chose se tramait. Quelque chose que la Vertueuse craignait plus que tout.

« A la Bataille, la victoire fût celle de l’ennemi et nous avons failli vous perdre. Vous, notre meilleur espoir. Votre consécration en la place de Septième soeur s’avère prématuré, puisque l’ennemi a visiblement su mettre votre avenir en péril. »

Vadrielle baissa la tête, le couperet était prêt à tomber.

« Nous ne pouvons laisser tel espoir que vous êtes, à nos yeux, s’éteindre par la cause d’une précipitation irréfléchie. »

Véranore tourna la tête des deux côtés, obtenant des approbations à l’unanimité. Puis elle déclara :

« Vous êtes temporairement destituée de votre rang et retournerez à l’enseignement de vos maîtres. Le temps pour vous de parfaire votre art et de veiller à ce que l’ennemi ne puisse vous atteindre à l’avenir. »

Elle fît une pause avant de reprendre.

« L’allié Atlante a émis la date de la rencontre avec le peuple des Haut-Seigneurs. Les Tairius arriveront en Magna dans deux grands-cycle. Soit l’expression “onze octobre” dites par nos alliés. »

Vadrielle reçu un coup terrible. Elle balbutia, quittant sa position.

« Mais ! Seule la septième est pressentie pour rencontrer les seigneurs Tairius. J’y ai voué ma vie entière, mon âme ! Si je ne suis que... »
« Le rappel de votre enseignement demandera plus de temps qui ne vous sépare de la date. En conséquence, Soeur Ottyle, la neuvième, vous remplacera en cette circonstance. »
« NON !... » S’écria subitement Vadrielle au bord des larmes. « La Septième est pressentie à la rencontre. Je suis l’étendard vivante des valeurs Natus. Ne me privez pas de l’honneur de... »
« Contenez-vous, mon enfant. N’agissez pas par l’ambition et la colère de sa perte. L’occasion ne se renouvellera peut-être pas de votre vivant. Mais la perfection de votre art est plus important que cela. Pour les batailles à venir. »

ALEK :

J’en croyais pas mes oreilles, elle était sanctionné pour avoir survécu ? Et puis j’avais été au front plus d’une fois je n’avais pas vu d’autres Vertueuses…

« Sauf votre respect vous la sanctionnez car elle a survécu ? Sur cette barge, nous étions deux contre cet Originel et il nous a battu tous les deux sans même forcer. Que Vadrielle s'entraîne encore plus, oui, mais la destituer c’est ridicule, vous sanctionnez quelqu’un qui a donné sa vie en suivant les idéaux de votre peuple… »

Et hop une alliance foutue en l’air. Aux culs de plombs du CODIR de remettre les relations au beau fixe.
La matriarche le considéra un instant tandis que Vadrielle le regardait, les yeux écarquillés, comme pour lui supplier de se taire, que ses propos seraient encore pire pour son avenir.

« Il n’est pas un devoir des soeurs Vertueuses que de se justifier auprès d’un Atlante. Mais je conçois que vous poursuiviez votre élan protecteur. L’ambition est absente de notre mode de vie jeune homme. Soeur Vadrielle a été trop dangereusement exposée pour l’être de nouveau. Un retour à l’enseignement est l’oeuvre d’une candidate, non d’une soeur Vertueuse. La Septième sera donc temporairement destitué en l’attente des renforcements de ses capacités. »

« Donc vous m’avez fait venir ici pour avoir des informations contre elle ? Je n’apprécie que moyennement qu’on ne joue pas franc jeu face à moi. Tous les gens qui ont combattu pendant cette guerre ont été dangereusement exposé que ce soit les Natus ou les Atlantes. Je préfère m’en aller avant de dire des choses que je ne regretterais pas.. Encore une fois merci pour votre accueil. »

Je tournais les talons et sortit de la salle d’audition. Kalash me suivit.
Vadrielle, en revanche, était restée à sa place. Les soeurs restèrent silencieuse face au reproche d’Alek, comprenant sa vision tout en demeurant campé sur les leurs. Alors que le maître-chien entamait son départ, la voix de Vadrielle monta :

« Alek. Attends... »

Son visage était décomposé. Et comme Alek avait besoin de son chien pour assurer son courage, Vadrielle avait besoin de sa présence pour ce qu’elle s'apprêtait à faire. La jeune femme avait le regard de quelqu’un qui s’apprêtait à se sacrifier. Il y avait de la crainte et de l’incertitude mêlé d’effroi. Elle garda son regard rivé un certain temps dans celui du maître-chien, quelques secondes, puis se retourna vers les soeurs en priant intérieurement.

« Soeurs Vertueuses. Membres du Haut-Cercle. Je suis Vadrielle, la Septième. En cela j’ai voué ma vie entière, et demeurerait en cet honneur jusqu’à ma mort... » Elle prit une profonde inspiration. « J’exige, par ma foi et au nom des Trois, d’être soumise au Grand Rite des Vertues... »

Ce fût l’effet d’une bombe. Un brouhaha s’éleva immédiatement et la matriarche eut du mal à ramener le silence.

« Voyons, mon enfant. Soyez sérieuse. »
« C’est le droit de toute Soeur Vertueuse et je l’exige. Je veux passer le rite ! »

Vadrielle n’était pas sûre d’elle, c’était comme si elle avait directement le pistolet sur la tempe et qu’elle le tenait à contrecoeur. Une autre soeur intervint soudainement :

« De toutes les braves qui initièrent le rite, seule Soeur Audiale nous revint, à l’agonie et défaite. Le rite est impraticable. »
« C’est mon droit et je l’exige ! Je demeurerai Septième et vous en donnerait la preuve par ma vie. Ou par ma mort. Tel est inscription sur le LiberTairius, notre guide. Je l’exige Soeurs. Je serais et resterais la plus qualifiée en la rencontre des Haut-Seigneurs. »

Comme Vadrielle me l’avait demandé je n’avais pas quitté de suite la pièce. J’avais soutenu son regard mais là j’étais surtout en colère qu’elles se permettent de jouer avec les gens. Je l’écoutais parler...euh….koikecé le rite? Vu la réaction des donneuses de leçons ça avait l’air d’être un truc costaud. Je restais silencieux, mais j’avais croisé les bras, position beaucoup moins avenante vis à vis des Vertueuses. Kalash ne s’assit pas. On attendait d’en savoir plus.

De ce que je comprenais c’était quelque chose de très dangereux. Elles s’attendaient peut être toutes à ce que j’intervienne en disant non ? Loupé. Chacun était libre de disposer de sa vie comme il l’entendait. Et vu mon CV de fou inconscient je n’allais pas juger.

Véranore demeura silencieuse pendant un long moment. Elle consulta silencieusement les autres soeurs qui peinèrent à donner le consentement. Il y en eu que deux, puis deux autres, puis trois autres. Et au final, elles acceptèrent mais bien à contrecoeur.
La matriarche se retourna vers Vadrielle qui était dans une position de défi constant.

« Nous, membre du Haut-Cercle, n’avons ni le droit, ni le pouvoir de vous interdire le Grand Rite, soeur Vadrielle. Bien qu’il nous navre de vous perdre de la sorte, nous acceptons votre initiation. Quel est le membre qui vous accompagnera jusqu’à l’antre ? »
« Je n’ai nul besoin de Vertueuse pour accompagnement jusqu’au chemin du rite. Je connais son emplacement. »
« Il est obligation inscrite en notre guide, Vadrielle. Vous devez choisir la combattante qui vous accompagnera au début du chemin... »

« Si vous m’en donnez l’autorisation je l’accompagnerais. »

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Sam 4 Nov - 11:07

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CALDWELL :

« Soit... » Fit simplement la matriarche.

Les soeurs se ressèrerent ensemble pour faire face à Vadrielle et toute se penchèrent dans une semi-révérence des plus respecteuse. La jeune femme répondit d’un simple hochement de tête, la respiration altérée par l’émotion. Elle se retourna, considérant Alek d’un regard de gratitude, lorsque Véranore reprit :

« Soeur Vadrielle, la septième...vous pouvez récupérer votre armure et votre épée pour initier le rite. Quant à vous, Atlante... » Toutes les soeurs le fixèrent. « Malgré votre divergence évidente, les Vertueuses n’oublieront pas le secours que vous avez porté à l’une des leurs. Apprenez que vous serez à jamais autorisé à l’asile en nos murs. Si un jour la vie venait à vous malmener, notre temple sera votre foyer et nos armes votre protection...Tairius. »
« Tairius. » Répondit Vadrielle en quittant la salle en compagnie d’Alek.
Dès que les portes se refermèrent, la jeune femme s’appuya dos au mur en un souffle de déprime et d’émotion d’intense tristesse.
« Je prendrai le chemin du Grand Rite demain matin. Merci de m’avoir soutenu, Alek. Merci pour ta bienveillance. »

Vu ce qu’il venait de se passer je me passerais royalement de leur invitation. Je n’aimais pas du tout ces méthodes et ma capacité de tolérance avait atteint ses limites. Mais ce n’était pas dis que je demande à les voir avant de partir. Vertueuses ou pas, y’avait des choses qui ne se faisaient pas.

Je ressortis de la pièce avec Vadrielle. Mon regard était noir...un peu difficile quand on avait les yeux bleus mais je ne devais plus avoir un visage très amical.

« Ne me dis pas merci, tu vas droit à la mort pour prouver quoi au juste ? Qu’elles ont tort ? Foncer tête baissée vers la mort je fais ça souvent mais parce que je n’ai rien à perdre dans ma vie, toi oui donc réfléchis bien. »

Vadrielle secoua négativement la tête. Elle ne comprenait pas. Le visage d’Alek, son regard et le changement sur son expression lui serrait le coeur sans qu’elle ne puisse savoir pourquoi. Elle répondit lentement :

« J’ai voué ma vie entière pour cette rencontre, pour être la septième. Alek, j’ai consenti à bien trop de sacrifice pour abandonner. Je ne sais rien faire d’autre que de suivre la voie de la Vertueuse, c’est ma raison d’être. Je suis comme tu le prétends, je mourrais en tant que Septième. Je ne veux pas perdre cela. »

Elle fronça les sourcils.

« Je ne comprends pas ce qui motive ton inquiétude à mon égard. Pourquoi se soucier de mon bien-être, de ma mort prochaine ? Nous mourrons tous un jour. Je préfère l’être en tant que Vertueuse. Ou revenir en vie pour rencontrer, en ma qualité d’étendard, les Haut-Seigneurs. Pourquoi ? »

Et c’était reparti pour le laïus sur vouer sa vie à être une Vertueuse. Bien sur que je comprenais sa réaction car elle n’avait connu que ça. Mais dans ces comportements il y avait quelque chose d'extrême, de fermeture d’esprit qui me hérissait le poil. Je savais aussi que je n’avais aucun droit de la juger car je n’étais pas de cette culture.

Je n’aimais pas non plus ses questions car si je devais répondre honnêtement...pfff comme si j’allais répondre honnêtement et puis quoi encore ?

« La guerre contre les Wraiths n’est pas terminée, tu auras pleins d’occas de mourir en vertueuse...mais au moins mourir au combat. Pas pour prouver à onze femmes qu’elles ont tort. » Je marquais une pause. « Et je t’ai déjà dis que je me souciais du bien être des gens qui comptaient pour moi. »

« Le rite est dangereux, je mourrai également au combat. » Elle considéra ses derniers propos. Elle avait du mal à saisir. « Mais je perdrai effectivement quelque chose en disparaissant. » Avait-elle ajouté en le regardant.

Elle repartit en direction de l’armurerie.

« As-tu déjà entendu mention des Tréfonds ? C’est terre inconnue à la faune et flore des plus dangereuses. Il y a une tribue de féroces primitifs qui investissent une zone précise. Il y a des centaines d’années, ils arrachèrent l’étendard de la Septième et en firent leur trophées de guerre. »

Vadrielle bifurqua dans le couloir, l’air déterminée.

« Atteindre le camp nécessite de franchir nombre d’obstacles qui mettent à l’épreuve toutes les vertues d’une soeur. Et il est du devoir de l’initié de répondre à l’appel de cet étendard perdu. Le chef tribal doit être détruit, et son armée avant lui, pour atteindre tel objectif. La Vertueuse qui vaincq un tel ennemi néfaste est indiscutablement légitime en sa place. »

ALEK :

Je ne remarquais même pas le regard qu’elle m’avait lancé tout en disant qu’elle allait perdre quelque chose. C’était son choix et je ne l’approuvais pas mais je n’avais pas à interférer. Je ne voudrais pas qu’on le fasse pour moi donc je n’allais pas le faire envers quelqu’un.

Ohhh la belle mission suicide...seule contre une armée, génial non ? En jeux vidéos je pouvais le comprendre mais en réel beaucoup moins. Bien sur je m’étais retrouvé dans des situations à être qu’une poignée d’hommes pour infiltrer une ville de plusieurs milliers de combattants, mais c’était de l’infiltration pas de l’affrontement direct.

« Tu as pris ta décision, donc comme je l’ai dis je t’accompagnerais jusqu’à l’entrée. Je te souhaite de revenir en vie et je pense que tu peux le faire mais je me préparerais aussi à ta mort. »

Alek réconforteur professionnel. Tout comme elle j’étais un soldat donc la mort n’était pas une chose inacceptable pour moi. Ce qui l’était , c’était d’aller l’affronter de cette manière. Bon de toute façon on allait pas en parler cent sept ans non plus.

« Ta mission suicide est demain, donc comment veux tu passer le temps d’ici là ? T'entraîner ? Te préparer mentalement ? Ou autre ? »

Vadrielle ne savait pas vraiment ce qu’elle avait secrètement espéré. Son soutien peut-être ? De la compréhension, de l’encouragement ?
La jeune femme ne sut pas vraiment ce qui lui causa cette vexation profonde, ce sentiment de ne pas avoir l’appui qui lui aurait soulagé le coeur. Les mots d’Alek étaient sincères et adaptés à la situation. Mais alors pourquoi est-ce que ça la navrait de les entendre ? Pourquoi est-ce que ça la blessait de voir cette réaction chez lui ? Peut-être parce que cette façon de lui dire qu’il se préparerait à sa disparition, à son trépas, ressemblait à une formalité qu’il lui jetait tranquillement au visage. En tout cas, c’est comme ça que la Vertueuse le ressentit en son for intérieur. Elle-même ne comprenait pas l’émotion de tristesse qui l’étraignait à ce moment là. Car ils avaient vécu des moments durs au combat, des meilleurs au repos. Il l’avait même défendu auprès des Soeurs. Mais là, c’était différent, elle ne voyait que cette façon de lui dire qu’elle mourrait et qu’il s’y préparait. Cette façon de dire qu’elle avait les capacités de revenir mais que demain serait des adieux en règles. Elle avait beau lutter contre cette aigreur envahissante, elle fût incapable d’échapper à l’idée que, finalement, elle ne comptait peut-être pas autant à ses yeux.
Son visage se ferma davantage.

« Je te libère à tes projets, tu dois avoir bien d’autres choses à faire en Magna. Nous nous retrouverons demain matin pour le départ, en bas des escaliers. » Répondit-elle simplement.

« Et te laisser seule avant une épreuve pareille ? Hors de questions et ce n’est pas négociable. »
« Je ne serais pas en danger ici. » Répondit-elle sans comprendre.

Par moments nos différences de réactions me revenaient dans la tête comme un boomerang. Donc il allait falloir que je m’explique mieux.

« Sur mon monde c’est une coutume que de ne pas laisser seuls des gens qui vont affronter une très grande épreuve. Quand on tient à eux, qu’on soit d’accord ou pas avec eux, ça importe peu au final, on se doit de les soutenir. »

Vadrielle acquiesça en comprenant finalement la logique de son ami.
Elle pencha la tête un moment, regardant ses pieds tout en étant plongée dans une intense réflexion, puis elle le regarda de nouveau.

« Si cette journée est bien celle qui me sépare du trépas, je souhaite connaître la normalité Natus. Veux-tu m’y aider ? »

La normalité Natus ? euh...Je restais très con avec cette question. Déjà ben j’étais pas un Natus donc comment je pouvais connaître leur normalité ? Sur Terre ok j’aurais pu, même sur Atlantis mais là…

« Que veux tu dire par “normalité Natus” ? »
« Je veux vivre cette dernière journée à tes côtés en tant que Natus, non Vertueuse. » Précisa Vadrielle d’un ton très sûr.

Je marquais un arrêt dans notre marche. Euh j’avais bien compris? Si oui...merde..enfin non pas merde, mais si un peu quand même. Alors là j’étais dans une situation inédite et plutôt galère.
« D’accord. »

Mais quel con...je n’avais pu sortir qu’un seul mot. Mais là je n’étais plus trop sûr de rien. Je caressais la tête de Kalash nerveusement.
Vadrielle pencha la tête sur le côté, s’attendant visiblement à une suite sans l’obtenir. Elle ajouta, comme pour l’aider :

« Que font les Atlantes à la veille de la mort ? »

« Ca dépend des personnes, certaines pleurent, d’autres font la fête. Y’en a qui veulent rester seuls, d’autres non. Certains cherchent du réconfort physique avec d’autres personnes. La réaction face à la mort est très personnelle. »

La jeune femme réfléchissait, elle avait du mal à formuler son voeu mais y parvint tout en le regardant dans les yeux.

« Je veux vivre ma dernière journée auprès de ceux pour qui je compte. Non pas en tant que Vertueuse à leurs yeux. Mais simplement en tant que Vadrielle. En cela n’existe que deux personnes en mon coeur : toi. Et la crieuse Isia aussi. Je ne vois nul autre. »

Elle haussa des épaules tout en regardant Kalash.

« Je ne connais pas la culture Atlante pour les souhaits des mourants. Mais si tu veux aider à accomplir ce voeu : je veux connaitre une belle journée auprès des Atlantes pour qui je compte. En tant que Vadrielle. »

Je ne savais pas si on pouvait faire venir Isia comme ça et en plus la connaissant elle risquait de passer un savon bien corsé à Vadrielle.

« Je ne pense pas qu’on puisse faire venir Isia. » Je lui souris « Je serais donc le seul Atlante mais si je veux, je compte pour deux. Alors en général on exauce tous les souhaits du mourant, exemple...un bon repas, s’amuser, chanter, danser, partir voir un lieu qu’ils aiment….en fait cette soirée est à toi, tu ne suis aucun code, juste tes envies. »

Je me plantais devant elle avec un regard joueur.

« Alors Vadrielle de quoi as tu envie ? Comme un truc que tu n’aurais jamais fait par exemple. »
« Je n’ai jamais dansé... » Fit-elle presque timidement. « Je ne sais pas à quoi cela sert. »

Arf danser...elle aurait pas pu plus mal choisir mais soit...sauf que là aller danser comme ça de but en blanc non.

« Ok alors on va danser, mais avant on va aller faire un bon repas, boire un bon alcool, sans en abuser et nous irons danser. »

J’hallucinais un peu de ce que je devais faire. Normalement lors de ces soirées fallait aussi bien se fringuer mais bon moi je n’avais que ma tenue militaire donc ça allait rester comme ça. En fait c’était quasiment une soirée de rendez vous amoureux...du moins dans les films parce que moi je ne faisais pas ça. J’étais plus du genre à recevoir chez moi. C’était plus pratique si la soirée “dérapait”, mais là ça n’allait pas être le cas donc..dehors serait très bien.

Par contre elle avait intérêt à survivre que je n’ai pas fais le super gentleman pour rien. Quoi que si elle survivait pas y’aurait personne pour raconter que j’étais capable d’être comme ça.


CALDWELL :

De toute sa vie, Vadrielle ne s’était jamais relâchée.
Elle avait voué toute sa jeunesse, elle avait vécu chaque journée dans l’enseignement des valeurs Tairis. Dans l’étude du LiberTairius et dans un entraînement extrême et continu. L’accès au rang de Septième des Soeurs Vertueuses était un aboutissement. La raison, ce qui expliquait tous ses efforts, son refus d’abandonner. Mais aujourd’hui, tout ce travail était menacé par la décision du Haut-Cercle.

Il n’y avait pas de plus grand honneur pour une Septième que de rencontrer les Haut-Seigneurs. Des générations entière de Septième avaient vécu, vieillit et péri dans l’attente de ce moment historique. Et c’est Vadrielle qui avait cette chance unique. Elle était à portée de main. C’est en partie pour cela qu’elle existait, qu’elle vivait. Et il n’était pas question d’abandonner tout ça pour retourner à l'entraînement

Le Grand Rite était une bonne solution pour elle.
Soit Vadrielle revenait vivante pour rencontrer les Haut-Seigneurs, soit elle mourrait l’arme à la main en qualité de Septième. C’était tout gagnant pour elle. Ses relations avec Alek, la crieuse et le chien était probablement le seul élément qu’elle perdrait avec sa disparition. Mais le comportement de son ami avait dissipé la maigre hésitation qu’elle avait pu ressentir.
En faisant le calcul, elle avait vécu depuis sa naissance en Vertueuse. Donc pour cette dernière journée de calme et de sécurité, elle voulait connaître une simple vie de femme. Sans armes, sans cris, sans brutalité. C’est qu’elle espérait, inconsciemment, d’un peu de tendresse et de chaleur humaine. Juste ça.

Alek n’était visiblement pas le plus doué pour ça. Il semblait gêné, englué dans une forme de service qu’il voulait rendre. Est ce que c’était une corvée pour lui ?
La jeune femme se posa peu de questions. Elle voulait en profiter au maximum, consciente que c’était le plus important. Le maître-chien n’avait pas une énorme marge de manoeuvre. Il savait qu’emmener une Vertueuse dans un endroit comme l’Antre des Egarements ne serait probablement pas une bonne idée. Sans oublier tout le monde qui lui sauterait dessus pour l’adulter.
Alors il ne lui restait qu’à faire confiance à Madnel en lui demandant son aide.
La rappeler avec son chariot ne prit que peu de temps et le brave homme comprit le danger que pouvait représenter le Grand Rite pour Vadrielle. Alors il proposa simplement d’accepter l’invitation des soldats du poste cinq. Au casernement, ils étaient au repos et ils se sentaient redevable envers Alek.
Pas un seul de ces hommes et femmes ne refuseraient de préparer une soirée festive, de faire un repas en famille de combattants, pour faire passer à tous un bon moment. Ils organisèrent le tout avec une vitesse ahurissante. Le temps que l’ensemble du casernement soit au courant, ils avaient débarrassé leur réfectoire et ils préparaient le tout comme une salle des fêtes, comme un banquet général qui se préparait.

Vadrielle prit plaisir à les y aider.
Au début, ce fut extrêmement compliqué puisqu’ils étaient tous surpris et abasourdi par sa présence, sa prestance. Mais le mot avait fait le tour concernant le souhait d’être traitée comme quelqu’un de classique. Les collègues et amis les plus proches avaient participé. Ils amenèrent les couverts, les différents mets que Madnel préparait depuis un sacré moment dans les cuisines maintenant.
Même Gizzig était présent. Il passait difficilement la tête par l’une des énormes fenêtres et s’intéressait à la marmite que préparait son maître. Un oeil gourmand s’étirait juste au-dessus et l’homme le chassait d’un coup de cuillère à bois qu’il retenait au dernier moment.

Quelques duellistes s’étaient également invitées. Des épouses de ces soldats, des soeurs et des mères qui décoraient gentiment les lieux. D’autres avaient embarqué la Vertueuse pour lui faire changer de vêtement, la mettre dans de beaux atours. Cette mobilisation soudaine du casernement entier et des civils proches témoignaient d’un lourd chagrin bien dissimulé, d’une tristesse soudaine à l’idée que leur étendard si vénéré allait risquer sa vie le lendemain.
Alors ils respectaient son souhait avec une ferveur pratiquement fidèle à ce que lui avait expliqué Alek. Deux heures plus tard, les musiciens de l’Antre des Egarements débarquèrent par surprise avec Vida et Paresok. Elle salua les hommes et leur demanda d’oublier la rigueur militaire pour ce soir. Elle aussi était attristée d’apprendre la décision de la Vertueuse et elle le dissimulait.

La fête commença.
Les tables dressées allaient accueillir une cinquantaine de couvert et, tandis que Madnel montrait d’un air particulièrement timide sa Trayle dans la masse bouillonnante de soldats, les éclats de voix se transformèrent en une félicitation générale lorsqu’une Vadrielle complètement métamorphosée débarqua dans une robe noire sublime. Elle souriait, intimidée, en ramenant une mèche à l’arrière de son oreille.
Les tirailleurs et duellistes la félicitèrent tout en levant leur verre à l’unisson. Mais ils s’écartèrent sur le chemin de la jeune femme qui découvrait une toute nouvelle expérience : celle de la camaraderie militaire et de la fête.

Madnel vint apporter un verre à Vida et Paresok.
La Batailleuse se tenait comme une figure de proue à l’arrivée de la Vertueuse. Elle l'accueilla avec ce verre en la félicitant de sa beauté puis la musique monta dans la grande salle. Un air joyeux et plein de vie, avec du rythme et de la délicatesse qui donnait envie de danser. Les musiciens jouaient visiblement sous l’égide de la joie. Les couples de danseurs, par deux voir trois, se formaient déjà.

« Par les Trois, entends ma Trayle. Oh, regarde, elle monte auprès des joueurs. Tu vas voir... »

Clamé par le public, la jeune femme aux cheveux brun, une longue tresse passant sur son épaule pour retomber jusqu’à hauteur de son nombril, attira Vadrielle par le poignet puis la serra d’un bras autour de la taille. Elle l’invita à répéter et elles chantèrent ensemble, la Vertueuse visiblement joueuse et essayant au mieux de reproduire un son aussi pur. Malgré les hésitations de Vadrielle, le chant était beau et agréable. C’était un moment unique pour elle comme pour les soldats du casernement.
Trayle était une chanteuse incroyable et Madnel fondait sur place.

« Que je sois dévoré par les Tréfonds. Je l’aime cette magnifique perle... »

ALEK

Bon comment j’allais faire pour lui faire manger un bon repas et danser après ? La première option qui m’étais venu en tête était d’aller à l’antre des égarements. Je sais que là bas il y avait les mets les plus délicats à manger et des très bons alcools, mais il y avait aussi tout l’aspect candides. Bizarrement je me sentais un peu mal à l’aise de l’emmener dans un endroit pareil. Ma seule solution était donc de faire appel à Madnel. Je sais qu’il m’aidera à trouver le lieu parfait.

Son idée d’aller faire le repas avec les soldats du cinquième poste était une super idée. Vadrielle aurait droit à une soirée comme une femme normale de vingt deux ans. C’était un peu con de faire ça avant son éventuelle mort mais c’était comme ça. D’ailleurs pendant qu’elle était allée aider à tout décorer j’avais eu une conversation avec Madnel. Je lui expliquais que je ne comprenais pas cette décision et il m’expliqua du mieux qu’il pu, mais je faisais ma tête de mûle sur ce sujet.

Enfin je devais me faire à l’idée et jouer un rôle pendant quelques heures. Rien de difficile pour moi. Je laissais Madnel a sa cuisine pendant un moment pour aller prendre un bain...bah ouais, entre l'entraînement d’équilibre et celui de privation des sens j’avais transpiré donc me laver ne serait pas du luxe. Et puis j’avais aussi besoin d’être seul pour réfléchir. Ma réflexion ressemblait un peu à avoir un ange Alek sur l’épaule droite et un démon Alek sur l’épaule gauche chacun me donnant son avis et ce que je devais faire.

L’ange me disait d’être charmant souriant et de la soutenir, le démon lui me disait de bien montrer que j’étais contre mais de profiter de l’occasion. Profiter de l’occasion ? Il voulait dire quoi celui là ? Et pour une fois je décidais d’écouter l’ange. Je sortis de la baignoire, je me séchais et m’habillait dans une tenue Natus. Ouais, la mienne était pas adaptée à ce genre de situations. Me voilà donc tout propre, je rejoignis les autres pour les aider à faire les derniers préparatifs et puis comme j’avais aussi la dalle, j’allais dans la cuisine voir s’il n’y avait pas quelques trucs à piquer.

Je n’avais pas été le seul à avoir cette idée puisque super lézard était déjà là à tenter de chaparder des trucs et il se faisait menacer par une cuillère en bois, j’en profitais pour prendre un peu de pain et lui tirer la langue histoire de me foutre de sa tronche. Ouais je faisais une compétition avec un lézard et j’assumais. D’ailleurs, il eu une expression de profonde vexation, jaloux de la réussite mon forfait, alors qu’il faisait claquer sa langue sans pouvoir m’atteindre. Il afficha une mine exagérément triste à mon manque de compassion. Une fois mon vol fait je retournais dans la salle pour aider aux derniers préparatifs.

Je regardais les tables et je comptais au moins cinquante couverts...on repassera pour le côté “normal” mais bon ça faisait plaisir aux Natus et à Vadrielle donc je n’avais rien à dire. J’allais saluer les soldats du cinquième poste et parler un peu avec chacun d’eux, je vis arriver les musiciens de l’antre des égarements ainsi que Vida et Paresok. Ah ben merde alors tout le gratin était là. Je les regardais et je voyais dans leurs regards qu’ils étaient tristes de ce choix mais qu’ils ne diraient rien. Mais ils étaient tous venus pour la soutenir.

Quand je voyais ça, je me disais que sur Atlantis jamais ça arriverait. Je ne restais pas longtemps dans mes pensées quand je vis arriver Vadrielle dans une magnifique robe noire. Woooow ça la changeait de l’armure, un sourire naquit sur mes lèvres sans que j’ai besoin de me forcer. Elle semblait heureuse. Mais surtout elle était magnifique, réellement magnifique. J’entendis Madnel parler de sa belle et je me mis à rire. Je lui fis une tape amicale dans le dos.

« Et tu attends quoi pour aller lui dire à ta perle ? Ce genre de soirée permet ça...»
« La crainte me dévore l’entraille au possible refus, je te l’ai déjà dis Atlante... » Fit-il en s’offusquant.
”Si tu n’y vas pas tu ne le sauras jamais.”

Je souriais de voir Trayle entraîner Vadrielle pour chanter. Alors là demain il allait pleuvoir des grenouilles, une Vertueuse se mettait à chanter devant une salle pleine de monde. Ca se voyait qu’elle n’était pas des plus à l’aise mais elle se prêtait au jeu. Je pris un verre pour boire un peu. Punaise cet alcool était délicieux mais très fort, j’allais devoir faire attention.

Je regardais autour de moi alors que je sirotais mon verre, tous les yeux étaient braqués sur la Vertueuse. Ils semblaient tous conscients de vivre un moment exceptionnel. Je ne lâchais pas Vadrielle du regard. Elle s’éclatait et j’avais beaucoup de mal à imaginer que demain il y avait de grandes chances qu’elle meure. Je secouais la tête pour m’enlever ces idées noires.


CALDWELL :

La jeune Vertueuse souriait et appréciait ce moment.
La joie, la bonne humeur, le jeu, le plaisir, tout ça avait été absent de son quotidien et c’est comme si elle vivait une partie entièrement inconnue de ce qui faisait la vie.
A la fin de la musique, les éclats de voix s’élevèrent de part et d’autres en la félicitant. Elle répondit d’un signe de gratitude, particulièrement intimidée, tandis que Trayle l’aidait à descendre du gradin en pointant le sol. Elle ne savait pas que son entraînement suffisait à lui seul à la préserver d’une quelconque chute. Quand on voit ce qu’elle était capable de faire avec Alek sur la bascule…

Plusieurs personnes vinrent la saluer, se présenter, tout en montrant leurs amis et membre de la famille. Autant d’attention, de proximité, avec l’absence de toute adulation religieuse lui faisait un baume au coeur. Cela se voyait dans ses yeux et l’expression de son visage. Le fait qu’elle tire parfois sur sa robe, au niveau des hanches, indiquait qu’elle n’était pas des plus à l’aise avec le vétement. Mais il mettait en valeur une jeune femme qu’on aurait jamais deviné sous l’armure.

Peu à peu, Vadrielle progressa dans la foule tout en répondant à chaque personne qui engageait la discussion. Elle répondait poliment, avec un sourire, mais semblait chercher quelqu’un en particulier. Ce n’est qu’en repérant Kalash parmi les cinquantes convives qu’elle se reporta sur l’homme le plus proche. Son regard s’éclaira alors qu’elle s’approchait. Madnel, lui, avait quitté le maître-chien pour s’avancer très timidement jusqu’à Trayle, alors occupée à discuter avec deux autres hommes.

« Alek... » Fit Vadrielle, plutôt surprise, en détaillant sa nouvelle tenue. « Tu vis également la normalité Natus... »

C’était une tentative pour blaguer.
Alors qu’elle lui sourait, elle balaya la salle d’un geste de main léger tout en parlant avec une certaine émotion.

« Voit Alek. Leurs regards, leurs visages...ils semblent heureux. »

Et elle aussi par définition.
Vadrielle était heureuse de connaître cet événement, elle se laissait porter en regardant les façons de se comporter, d’agir, des militaires qui s’étaient si bien battu durant la Guerre. On aurait cru qu’elle n’avait jamais eu lieu. Une musique plus douce et lente monta alors, chargée d’une émotion et d’un soupçon de romantisme. Les hommes et femmes s’étaient naturellement rapprochés, dansant par deux ou trois, sur un moment où rien d’autre ne semblait exister.
Vadrielle pencha la tête, très intriguée et plutôt perplexe. C’est tout naturellement qu’elle se tourna vers le maître-chien pour lui dire :

« Les Atlantes font-ils pareil ? Tu me montres…? »


ALEK :

La chanson se terminait et la chérie de Madnel indiqua à Vadrielle comment descendre. Geste très gentil mais totalement inutile quand on connaissait les capacités physiques des Vertueuses. Quoique dans cette robe je ne sais pas si elle allait être aussi agile. D’ailleurs je la voyais tirer sur la robe, ah oui ça la changeait des armures, elle ne devait pas être très à l’aise.

Madnel était parti pour tenter une approche vers sa chanteuse. Heureusement qu’on était pas sur Terre car j’aurais levé la voix pour l’encourager et aussi lui foutre la honte. Enfin là je suivais Vadrielle des yeux, tout le monde venait lui parler, mais pas comme une Vertueuse, enfin si mais pas avec l’aspect religieux. Les gens venaient la voir pour qui elle était, ses faits d’armes et non pour ce qu’elle représentait. Quand elle approcha, Kalash alla vers elle, et lui donna des petits coups de têtes pour avoir des gratouilles.

Elle lui avait sauvé la vie et j’étais persuadé qu’il le savait et la remerciait comme ça. Et puis il appréciait aussi avoir de l’attention de la part des jolies filles. Non promis je ne l’avais pas éduqué pour ça. Je lui souris penchant la tête pour regarder mes vêtements d’un soir, me voilà habillé en soldat Natus. Ca ressemblait beaucoup aux uniformes de la première guerre mondiale. Je n’avais jamais connu mon arrière grand père mais il avait dû combattre dans un uniforme similaire.

« Mon uniforme Atlante n’était pas adapté et puis après avoir eu la chance et l’honneur d’expérimenter certains entraînements des Vertueuses, je me suis dis que je pouvais pousser l'immersion jusqu’au bout. » J’écartais les bras en lui souriant. « Me voilà Natus pour une soirée. »

Oui ils étaient heureux, ce peuple avait une grande capacité à ne pas s'apitoyer sur leur sort et j’avais beaucoup de respect pour eux. Pendant que nous parlions tous les deux, la musique changea pour passer à un rythme lent..sur Terre on aurait appelé ça un slow. Là d’un coup j’étais quand même beaucoup moins à l’aise.

« Les Atlantes font pareil, parfois oui. » Je lui tendis ma main pour qu’elle la prenne. « Mademoiselle me ferait elle l’honneur de danser avec moi ? »


CALDWELL :


Elle considéra cette main tendue un instant avant de l’accepter, un sourire aux lèvres. Elle se laissa guider par Alek en suivant la musique. Elle suivit ses conseils, les respecta tout en demeurant auprès de lui. Elle fut secrètement surprise d’apprécier cette proximité, le contact humain, l’accolade. Elle se déplaça avec lui de la sorte sans véritablement faire attention au rythme, ne se laissant guider que par ces pas qu’elle faisait pour la première fois. Son regard demeura rivé dans le sien tout au long de la danse et, en arrivant à la fin, elle détacha sa main pour la poser sur son torse, comme elle l’avait fait plus tôt, pour y déduire des réponses. Elle y sentit un battement qui n’avait rien de calme ni de serein, peut-être un peu comme elle. Alors, au moment où les danseurs se séparaient, elle se ravisa et l’étreignit doucement dans ses bras en posant son menton sur son épaule. C’était comme si elle en avait eu besoin depuis longtemps, ou comme si elle suivait un instinct trop longtemps endormi.
Ce n’était qu’un câlin, une étreinte, rien de bien méchant. Mais ce fût la première que connut la Vertueuse de toute sa vie.

« Compter en ton regard, non en Vertueuse mais Natus, me berce d’une étrange allégresse Alek. Mon coeur est irrégulier, j’ignore pourquoi...et cela m’est plaisant. »

Et elle se détacha à contrecoeur.
Alek n'eut pas le temps de réagir. Trayle débarqua soudainement en brisant l’environnement. Elle empoignait vivement Madnel par un pan de sa tunique et le traînait dans son sillage comme pour s’assurer qu’il ne s’échappe pas. Il était d’ailleurs rouge comme une tomate et ne parvenait pas à formuler le moindre mot.
La chanteuse s’excusa poliment d’interférer de la sorte et demanda à Alek, de but en blanc :

« C’est mille occasions que ce Natus-là m’approche sans sortir le moindre mot. Donnez-moi la réponse, Atlante, j’enrage de ne pouvoir la deviner seule !!! »

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Mer 8 Nov - 15:10

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ALEK :

Je n’étais pas le meilleur danseur et de loin mais pour un slow je savais faire. Le problème c’était que la proximité de Vadrielle n’était pas géniale pour rester calme. Je me maudissais intérieurement d’être comme ça, mais comme j’étais bon acteur j’arrivais à ne pas me trahir. Vadrielle semblait vraiment heureuse de danser, elle suivait mes mouvements et vu la musique elle avait la chance que ce soit un rythme lent.

La musique se termina et j’allais retourner prendre un verre et lui en proposer un quand elle posa sa main sur mon torse. Je savais qu’elle tentait de savoir ce que je ressentais en faisant ça et mon coeur ne pouvait mentir. Je fus surpris par son câlin et je me raidis juste un moment mais je passais mes bras autour d’elle pour qu’elle soit plus proche de moi.

« Parfois il faut juste profiter sans demander le pourquoi. »

On restait un moment comme ça. J’appréciais l’avoir dans mes bras. Mais je n’eu pas le loisir de plus profiter car débarqua Trayle avec un Madnel rouge tomate. Je l’écoutais et rigolais, punaise c’était vraiment un boulet ce Natus. Je jetais un regard à Madnel pour qu’il comprenne que j’allais mettre les pieds dans le plat pour lui. Et qu’après ce serait à lui de gérer.

« Ce Natus s’appelle Madnel et...comment dire….il vous trouve très belle et aimerait pouvoir mieux vous connaître. »
J’avais protégé le secret qu’il l’aimait, ce serait à lui de le lui dire. Mais maintenant il devait assurer et je pense que j’avais pas terminé de me marrer.

CALDWELL :

Trayle se dévia peu à peu sur un cuisinier qui se ratatina sous la violence de sa timidité. Pourtant, elle le regardait comme pour dire Et c’est si dur que ça ?!?

« Merci Atlante. »

Elle partit immédiatement en attirant le cuisinier avec elle, le tenant toujours par sa tunique, tout en s’écriant :

« Viens par là, je vais te faire retrouver la parole, foi de duelliste ! »

Vadrielle rigola en même temps qu’Alek. Elle trouva ça particulièrement comique et considérait la scène comme si ça avait été un spectacle. Inconsciemment, elle caressait distraitement Kalash alors que les convives s’étaient éloignés et qu’ils restaient seuls sur la piste de danse.
C’est le Meneur Paresok qui brisa le malaise qui commençait à s’installer quand sa vocalise bourrue raisonna dans toute la salle. Le repas était prêt, chacun allait s’installer. Naturellement, la Vertueuse resta auprès d’Alek. Madnel avait curieusement fini à côté de Trayle qui le forçait à articuler chacun de ses mots. Le cuisinier avait beau être rouge, elle lui posait des questions et insistait gentiment jusqu’à ce qu’il lâche le morceau.
Il tenta même, à un moment donné, de l’abandonner en se levant sous le coup d’une colère dirigée contre lui-même. Mais Trayle et une de ses amies pressèrent ses épaules pour lui interdire toute fuite. Son regard se posa un instant sur Alek pour lui supplier d’intervenir, de l’aider à se sauver.

La journée se transforma très rapidement en soirée.
Il suffisait de prendre son temps pour manger et de s’embarquer dans des discussions pour voir le temps filer à une vitesse ahurissante. Vadrielle profita des mets de son assiette pour faire une distribution à Kalash, elle trouvait très attendrissant la façon qu’il avait de le prendre des mains sans violence ni accoup. Et elle aimait lui offrir de la nourriture.
Autant dire que le chien de combat avait rapidement mangé par la semaine avec le tour de table auquel il eut le droit.
Parfois, les soldats parlaient de leurs familles, de leurs loisirs, ou d’anecdotes qui n’avaient rien à voir avec la guerre. La plupart des gens écoutaient ou murmuraient pour laisser l’histoire profiter à tous. On entendit par exemple celle du peintre qui avait reçu le rocher qu’il peignait sur la tête, le malaise d’un sculpteur qui avait accidentellement décapité une tête des Trois, ou une duelliste en difficulté dans l’eau qui avait elle-même sauvé le tirailleur venu à son secours.

Les moments passaient sous les rires et les éclats de voix.
Il arrivait régulièrement que l’on demande des anecdotes à Alek puisqu’il était Atlante. Kalash finit même par se coucher entre Alek et Vadrielle pour digérer la quantité ahurissante de nourriture auquel il avait eu le droit, quitte à en ronfler.

Après la musique vinrent les jeux.
Le premier, c’était un étrange jet de quilles. Les joueurs se mettaient les uns à côtés des autres pour former un cercle et devaient s’envoyer des quilles. Un arbitre en plaçait de plus en plus dans le circuit et, bien sûr, l’échange se faisait de plus en plus vite. Dès qu’un joueur en perdait trois d’affilés, il était éliminé, ce qui augmentait la difficulté pour les autres puisque moins de temps pour réagir.

Le premier tour eut lieu sous la joie et la bonne humeur jusqu’à ce que la clameur finisse par monter :
L’Atlante ! L’Atlante ! L’Atlante ! L’Atlante ! L’Atlante ! L’Atlante !

Vadrielle avait un sourire radieux sur le visage. Elle voulait essayer et lui pressa le bras pour l’inviter à aller dans le cercle avec elle. Les Natus, pendant ce temps, tapait des pieds au sol, et des couverts sur la table.

ALEK

J’aurais pu plaindre un peu Madnel mais je n’en fis rien. Il avait enfin ce qu’il voulait, il parlait avec la femme de ses rêves. Je les regardais quand nous étions à table et c’est vrai qu’elle ne lui laissait pas trop le choix. En fait j’étais mort de rire et du coup j’évitais de croiser le regard du cuisinier sous peine de fou rire incontrôlable.

J’étais assis à côté de Vadrielle et les plats défilaient dans nos assiettes. Tous plus bons les uns que les autres. J’avais remarquais qu’elle donnait à manger à Kalash et en tant que bon gourmand qu’il était, il ne refusait rien. Les Natus se mirent à raconter des histoires que j’écoutais avec attention, beaucoup étaient très drôles. J’avais raconté quelques anecdotes comme la fois sur Frozen où malgré moi j’avais bu un breuvage avec la mauvaise plante

Tout le monde avait bien rigolé sauf Vadrielle. Je ne sais pas si elle avait bien compris ou pas. Leur alcool commençait à me rendre très joyeux, et l’ambiance y était aussi pour beaucoup. En fait, c’était clairement une des meilleurs soirées que j’avais passé depuis un long moment. Kalash était devenu tout rond avec toute la nourriture qu’il avait mangé, d’ailleurs il s’était couché entre nous et avait même poussé ma chaise en s’allongeant, du genre “ pousse toi que je m’y mette”.

Le repas se terminait et les Natus décidérent de passer à des jeux. Je les regardais faire sans trop comprendre le but du truc, c’était d’être agile et avoir des réflexes ? Il y avait des rires, des cris et rien ne dérangeait Kalash qui s’était mis à ronfler. Donc il fallait se lancer des quilles et ne pas les faire tomber ? Vu les clameurs, je n’avais pas le choix que d’y participer.

Je me levais et je pris la main de Vadrielle pour l’emmener dans le cercle vu qu’elle voulait y aller.

CALDWELL

La jeune femme se laissa entraîner avec plaisir.
Les invités encore à table rigolèrent et sifflèrent Alek en remarquant qu’il n’avait toujours pas compris le procédé. Il se faisait chambrer par des soldats hilares tandis que “l’arbitre” le positionnait à côté de Vadrielle. L’ensemble des joueurs formaient maintenant un cercle et une quille se passa de mains en mains. Tout bête, vraiment tout bête et très facile. Le temps qu’elle fasse le chemin on avait parfaitement le temps de rire avec son voisin.
Mais voilà, ce voyage se faisait de plus en plus vite et l’arbitre n’arrêtait pas d’inclure de plus en plus de quilles dans le circuit. Si bien qu’au final, il fallait se dépêcher de les passer à son voisin comme une patate chaude dans l’espoir de ne pas être débordé.

A chaque fois qu’Alek manquait de se faire avoir, les Natus scandaient des “ah ? ah ?” puis une fausse déception lorsqu’il s’en sortait. Forcément, Vadrielle avait d’excellents réflexes et elle se prit entièrement au jeu, passant les quilles encore plus vite à Alek dans la délicate attention de le faire tomber dans le panneau.
Mais c’était surtout pour le chercher, le provoquer, puisqu’elle ne voulait pas qu’il se fasse exclure tout de suite. Du coup, lorsqu’elle voyait qu’il était en retard, elle jetait une ou deux quilles bien haut au-dessus de sa tête pour faire gagner de précieuses secondes avant de les lui rendre.

Hélas, au bout d’un moment, il fût éliminé.
Le hasard voulu qu’elle fasse face à Madnel jusqu’à la fin du jeu et elle gagna avec une facilité étonnante. Les invités scandaient son nom en tapant sur la table pour la féliciter. Le deuxième jeu allait bientôt commencer. La joie, la bonne humeur, tout ça ne quittait pas la salle des fêtes. L'arbitre du premier jeu agrippa Alek et lui donna un sac en toile qu’il devait se glisser sur la tête. Il lui expliqua qu’il allait porter l’équipier de son choix sur son dos et devoir courir, les yeux bandés, autour des tables en se laissant guider par celui qui y voyait. Et bien entendu, les participants risquaient de se coller les uns aux autres à cause des virages et des détours qu’ils matérialisaient à l’aide de chaise.
Le gagnant semblait avoir le droit d’imposer un gage à tous les autres.

Vadrielle ne se démonta pas, elle atteignit le dos d’Alek tout en lui rappelant dans un éclat de rire l’exercice de la bascule. Elle n’avait pas l’intention de tomber de ses épaules et elle voulait que ce soit lui qui impose son gage aux autres.

ALEK :

Se passer des quilles ne représentait pas de difficultés majeures, sauf que le nombre augmenta très très vite. Pour le moment j’arrivais à gérer car je me concentrais exclusivement sur la tâche à faire mais il fallait avoir une parfaite coordination des deux bras et je manquais plusieurs fois de faire tomber des quilles.

Les Natus en plus étaient de super mauvaise foie car ils espéraient que j’échoue assez vite, bon bien sur ça arriva et je fis une tête dépitée. Du genre tout le malheur du monde s’était abattu sur mes épaules, j’éxagérais juste un petit peu. Je retournais à ma place boire un peu et je regardais la fin du jeu avec un affrontement entre Madnel et Vadrielle. Le pauvre, le duel n’était pas équilibré. D’ailleurs la Vertueuse gagna ce duel.

Bon moi je pensais que les jeux étaient terminés, mais non, je me fis arrêter par l’arbitre et foutre un sac sur ma tête Euh c’était quoi leur nouveau délire là ? Faire une course en y voyant rien et guidé par quelqu’un ? Vous savez quoi ? Les jeux à boire commençaient à me manquer.

Je sentis un poids sur mes épaules et un rire que je commençais à connaître maintenant. Je bloquais les jambes de la demoiselle avec mes bras pour qu’elle tienne bien sur mes épaules. Je lui faisais entièrement confiance.

Je me mis sur la ligne de départ avec d’autres binômes et au top départ je m’élançais en courant. Je courais en ligne droite sans trop de difficultés, Vadrielle me guidait par des mots ou mouvements du corps que je comprenais de suite. J’entendis des mots simple, gauche ou droite et je suivais les indications. On se débrouillait très bien et elle ne pesait rien sur mes épaules donc je pouvais courir assez vite. J’avais pour habitude de courir avec mon paquetage et ou des fois mon chien, donc au moins 60 kilos, Vadrielle ne devait pas peser plus que ça donc je filais. Quand je doublais des gens, ils me bousculaient mais encore une fois ça me faisait ni chaud ni froid, cette fois c’est mon entrainement militaire terrien qui m’aidait.

CALDWELL

Quelques concurrents chutèrent sous la clameur générale.
Mais voilà, Alek et Vadrielle atteignirent l’arrivée en premier.

La jeune femme était joyeuse, le jeu la transformait en quelqu’un d’autre et elle n’avait plus grand chose à voir avec la Vertueuse Pugiliste qui pouvait être aussi brutale et violente. Rien à voir avec celle qui avait démoli sa chambre ou frappé Isia. C’était quelqu’un de plus enjouée et douce. Le public réclama le gage mais, puisque rien ne lui venait à l’idée, elle se tourna vers Alek.

Je la regardais d’un air désolé.
« Je n’ai pas d’idées…»

Un air malicieux se dessina sur son visage.
« Tu peux aider ton ami cuisinier ? »
« Oui… tu as quoi en tête ? »

Vadrielle l’attira pour lui murmurer quelque chose à l’oreille.

Je souris complice à Vadrielle en réponse, et mon regard se changea en regard “ je vais faire une connerie”. Ce regard là tout le monde le craignait sur Atlantis mais pas ici.

« Mon gage sera pour Madnel...mon ami ton gage sera d’embrasser Trayle. »

Madnel se figea soudainement en ouvrant de grand yeux. Les convives l’encouragèrent tout de suite alors que Trayle, en plus, jouait le jeu en le fixant avec envie. L’homme n’avait quasiment plus qu’à se pencher, incroyable, du tout cuit. Mais c’était sans compter sa timidité qui le contraignait à enfoncer ses mains bien profondément dans les poches, les épaules voûtées, alors qu’il murmurait des excuses incompréhensibles.

Des « Allez !», « En avant !», « A la charge.», référence idiote à leurs habitudes martiales, ne cessaient de monter alors qu’il se tournait difficilement face à cette femme désormais hilare. Elle avait ramené sa tresse en arrière pour ne pas être gênée et lui faisait face dans un pure élan de provocation.
Elle rigola en le voyant esquiver son regard et en gardant ses mains dans ses poches.

« Si tu ne t’exécutes point, je m’en retourne embrasser l’Atlante ! »

Une volée de rire accompagna le grognement de mécontentement du cuisinier. Ils scandèrent alors son nom de plus en plus fort, de plus en plus vite, à la manière d’un « Bois ! Bois ! Bois ! Bois ! ». Trayle s’approcha d’un pas, il recula d’un pas. On entendait Gizzig se fendre la poire avec sa grosse tête qui passait par la fenêtre, les Natus avaient disposé les restes en un amas dans lequel il se servait et se régalait. Kalash, d’ailleurs, regardait dans cette direction.

La duelliste tendit une main pour qu’il lui donne la sienne. Elle l’emprisonna, puis lui demanda la seconde. Et une fois ses deux mains prises, la jeune femme exerça une attraction de plus en plus forte accompagné des joyeux Aaaaaahhhhh ? de suspens qui s’élevait en les accompagnant.
Finalement, Madnel se laissa déposer un baiser sur le coin des lèvres. Il resta de marbre. Trayle rigola puis en déposa un deuxième, puis un troisième, et le bloc de roc qu’était le cuisinier céda lorsque ses bras enserrèrent la taille de duelliste et qu’il répondit enfin à l’embrassade.
Quand le petit couple se sépara, l’homme clignait des yeux en se demandant si c’était une hallucination. Il se frotta la tête, visiblement déstabilisé et sur un nuage duquel il ne voulait pas descendre. Les applaudissements accompagnèrent son exploit et tout semblait être réglé.

Mais il y a toujours un mais…
Trayle assura sa grande tresse en la ramenant devant elle puis s’adressa à Alek d’un ton tout aussi joyeux :

« Le même gage s’en retourne sur toi Atlante. Il y a Natus sublime à tes côtés. »
Elle avait remarqué qu’ils ne s’étaient pas quitté de la soirée et elle avait joué le jeu, en partie, pour l’y contraindre à son tour. Une sorte de donnant-donnant particulièrement vicieux.
Vadrielle se raidit et cessa de respirer, complètement surprise. Elle considéra Alek avec une certaine anxiété tout en demeurant silencieuse.

ALEK :

De toute ma vie je n’avais rarement vu un homme aussi gêné par une femme. Attention, une femme pouvait me déstabiliser, mais de là à me rendre comme Madnel en cet instant là c’était impossible. Je voyais bien que la duelliste s’amusait aussi de ce petit jeu au détriment de ce pauvre cuisinier.

Avec Vadrielle on aurait pu s’en vouloir de ce gage, mais non. Il avait eu besoin d’un petit coup de pouce donc on lui avait donné. Peut être qu’il nous remerciera un jour...lointain car là à mon avis il devait nous hair. Les convives présents étaient tous à fond et là par contre je devais reconnaître que c’était très déstabilisant pour Madnel.

Même surper lézard se fendait la poire, mais lui il rigolait tout le temps. Tiens Kalash avait fini sa sieste digestive et regardait dans la direction de Pascal, mais je ne savais pas s’il visait la nourriture ou le lézard. Je ne pouvais pas le laisser manger autant, il n’y était pas habitué et allait être malade.

Enfin au bout d’un moment qui me parut être une éternité, les deux z’amoureux s’embrassèrent enfin sous les hourras de la foule en délire. Bon voila une bonne chose de faite, me voilà à jouer les Cupidons aussi...ma foi pourquoi pas. Je distribuais bien la mort alors pourquoi pas l’amour de temps en temps.

Donc moi je pensais que là les jeux étaient terminés, que la musique allait reprendre et la soirée continué encore plusieurs heures avant que chacun rentre chez soi. Tiens d’ailleurs j’allais me pieuter où moi ? J’aurais pu demander à Madnel s’il avait de la place chez lui mais vu le tour de con que je venais de lui jouer, j’allais m’abstenir.

Enfin toujours est il que les jeux continuaient car Trayle me renvoya mon gage. Hein ? Quoi ? Comment ? Mais d’où elle avait vu que les gages étaient des boomerangs elle ? Je ne savais pas trop comment réagir, car merde un gage ça se renvoyait pas, c’était écrit dans la convention intergalactique des gages.

J’aurais pu refuser mais je serais passé pour un dégonflé aux yeux des Natus et peut être que Vadrielle l’aurait mal pris. Oui j’avais envie de l’embrasser et, non, pas dans le cadre d’un gage. Je lui ferais bien bouffer sa natte au canarie chantant Natus là…

Je me tournais vers Vadrielle qui ne savait plus où se mettre. A sa place j’aurais agi pareil je crois. Je décidais de la prendre délicatement dans mes bras en cherchant son regard. Si j’y décelais la moindre trace de refus je m’arrêterais. Mais je n’en vis pas. Je me penchais vers elle et posais délicatement mes lèvres sur les siennes. Je ne sais pas trop pourquoi j’étais si doux tout d’un coup - pas que je sois un bourrin en temps normal - mais en fait je réalisais que je voulais être doux avec elle.

CALDWELL

Les appels tendancieux, les exclamations de suspens comme avaient eu Madnel, les encouragements glissèrent sur la Vertueuse qui se retrouvait véritablement partagée entre une envie secrète et une certaine crainte de l’inconnu.
C’est le problème de n’avoir jamais connu ce genre de sentiment et de l’avoir seulement observé, comme un témoin plein d’infortune, un fantôme qu’on ne voyait que pour sa valeur martiale. Il aurait été hypocrite de dire que Vadrielle n’avait jamais espéré s’amouracher de quelqu’un. D’ailleurs les Vertueuses ne se renouvelait pas à travers les générations et l’héritage du sang par la prière et la religion.

Mais voilà, aussi douée et puissante que soit Vadrielle, ce terrain-là lui était inconnu et elle savait combien l’attachement sentimental pouvait être douloureux. Elle l’avait parfois vu sur de pauvres bougres et des malheureuses venu battre des poings contre la porte du temple à renfort de supplique et de pleurs. C’était rare...mais d’une telle intensité.
La jeune Vertueuse s’était promis de ne jamais vivre cela, de ne jamais vouloir être à cette place. Mais là, même dans le cadre d’un simple jeu sans engagement, avec les mains d’Alek qui vinrent l’emprisonner, la Vertueuse ne fût plus sûre de rien. Elle sentit simplement l’ensemble de son être l’y appeler et l’agréable sensation d’avoir de l’intérêt pour quelqu’un. Un intérêt qui franchissait l’image religieuse et le rôle qu’elle devait supporter.
C’était peut-être naïf de sa part. Mais c’était là le coeur d’une simple femme de vingt deux ans qui n’était pas si insensible à l’homme qui l’avait sorti du lac.

Alors Vadrielle se laissa faire. Elle se laissa entraîner et ferma les yeux pour apprécier le bouillonnement de sentiments étrangers et inconnu qui n’arrêtaient pas d’éclater en elle. Un instinct naturel et mystérieux l’amena à répondre à cette étreinte et ce baiser sous les applaudissements des Natus. Ils riaient et s’écriaient comme si elle venait de franchir un cap et connaître la plus grande partie de la vie.

Lorsque le maître chien s’écarta, Vadrielle maintenait son regard dans le sien, un millier de questions inondant son esprit. Elle décida de suivre son précédent conseil, celui qui disait de ne pas se demander pourquoi et elle recula d’un pas avec un sourire satisfait sur le visage. Madnel croisa le regard d’Alek, il semblait étonné, comme s’il était le témoin d’une révélation qu’il n’aurait jamais cru crédible chez lui. Puis, comprenant finalement une hypothèse, il le pointa d’un doigt vengeur tout en éclatant de rire. Une façon de lui dire : “AH ! TOI AUSSI !!!!”

Heureusement, l’attention générale se détacha d’eux alors qu’ils réinstallaient les tables et que les musiciens reprenaient leurs morceaux. L’ambiance de fin de soirée fût beaucoup plus calme, des groupes s’unissant sous les différents sujets de conversation tandis qu’un alcool du genre digestif et des petits biscuits circulaient autour de la table. Certains allaient parfois danser, d’autres montaient sur scène pour défier Trayle sur leurs talents de chanteur bien plus médiocre. D’autres répétaient parfois le jeu de quilles.
Madnel s’était approché d’Alek pour lui demander pourquoi il avait fait ça. Mais finalement, lorsqu’il comprit que son intention avait été bienveillante à son égard, il le remercia chaleureusement de lui avoir permis d’accomplir ses rêves. Il espérait en obtenir plus à partir de cette soirée et, vu les échanges de regard, l’homme ne comprenait pas qu’il avait toutes ses chances.

La soirée devint une nuit bien avancée.
Les invités commencèrent à quitter la salle les uns après les autres en saluant l’assemblée. Tous vinrent offrir les encouragements à Vadrielle, en lui souhaitant de revenir en vie. Quelques personnes chassaient même quelques larmes de tristesse, regrettant qu’une personne finalement si humaine les quitte dès le lendemain. Ce fût le cas de la Batailleuse Vida qui ne put dissimuler son chagrin qu’avec le Meneur qui l’attirait à l’écart pour la rassurer.

Vadrielle commençait à comprendre peu à peu que sa fête touchait à sa fin. Entre plusieurs adieux, elle croisait le regard d’Alek et essayait de garder une contenance pour dissimuler une forme de tristesse : celle que l’on ressent tous à la fin d’un excellent moment. Pour elle, il n’y en aurait probablement plus et c’est ce qui lui paraissait horrible l’espace d’un instant.
Alek pouvait se rassurer, il y avait une chambre pour lui au casernement. C’était l’un des seuls avantages d’avoir subi autant de perte, la moitié du bâtiment était inoccupé. Au final, il était l’heure également pour lui et Vadrielle qui avait sa propre chambre.

Les derniers adieux se firent une heure plus tard, Madnel fût le dernier à les laisser après avoir fait un peu de rangement. La Vertueuse remercia chaleureusement Alek pour ce magnifique moment et le planta tout simplement dans le couloir pour rejoindre sa chambre. Quelque chose semblait manquer pour eux deux. Mais ni l’un ni l’autre ne semblait vouloir le trouver.

Ce n’est qu’au beau milieu de la nuit, quand Alek était pleinement endormi, que les mouvements de Kalash l’alertèrent. Il était allé calmement renifler le bas de la porte qui s’ouvrit lentement. Malgré la pénombre, la silhouette de Vadrielle était facilement reconnaissable. Et le calme du berger allemand ne faisait que le confirmer : ce n’était pas une intrusion.
La jeune femme avança puis alla s’installer sur le lit, se couchant à moitié sur le ventre, moitié sur le côté, pour pouvoir s’étendre auprès de lui, l’étreindre. Elle était toujours en robe et ne semblait pas vouloir de couverture. D’ailleurs, elle ne semblait pas vouloir davantage que la chaleur et la présence du militaire. Et cela valait déjà tout un trésor pour elle.
Avant de poser sa tête dans le creux de l’épaule du soldat, elle lui répéta simplement les mots qu’il avait prononcé plus tôt :

« Parfois il faut juste profiter sans demander le pourquoi... »

Et elle s’endormit ainsi.
Sa respiration était douce et régulière, elle semblait apaisée, sereine.

Lorsque Alek se réveillerait le lendemain matin, ce côté du lit serait vide. Et la robe noire resterait sur la couverture juste à côté...tout simplement comme si le corps avait disparu. La matinée serait bien avancée, Kalash le regarderait comme si de rien n’était. Et Alek se rendrait compte, vu l’activité à l’extérieur, qu’elle était partie depuis longtemps...et pour de bon

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Sam 11 Nov - 14:35

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.ALEK

J’avais apprécié ce baiser mais je tentais de ne pas trop le montrer aux autres. Je restais juste quelques secondes à la regarder pour qu’elle soit la seule à voir que j’étais content. Même si nous étions entouré de beaucoup de monde, ce moment nous appartenait à nous et pas à eux. J’avais entendu les encouragements des Natus mais honnêtement je n’étais pas Madnel, j’en avais pas eu besoin.

Je m’étais douté que Vadrielle n’était pas très habituée à ce genre de démonstration d’affection et j’espérais m’y être pris comme il fallait. Bah ouais, rigolez pas, mon premier baiser était passé depuis un bail et en général je chassais des femmes expérimentées donc j’avais bien oublié comment on s’y prenait pour la première fois. Je la vis sourire donc c’est que ce n’était pas une mauvaise expérience pour elle. Bien sur, j’aurais voulu aller plus loin dans le baiser mais je m’étais contrôlé. Je captais le regard de Madnel qui se foutait royalement de ma tronche, je lui fis un sourire en coin à lui de comprendre s’il avait raison ou pas.

Finalement l’attention fut détourné de nous et j’en étais soulagé. Je retournais à table pour boire un digestif que je faillis recracher d’un coup tellement il était fort. Les Natus à côté de moi rigolérent, me disant que les Atlantes n’étaient pas assez solides pour leurs alcools. Je ne dis rien pour les contredire car c’était tout à fait vrai. J’avais eu l’impression de boire du feu et que mon oesophage était en train de se dissoudre.

Madnel vint me parler et je lui expliquais que vu qu’il était pas capable de parler à son fantasme je l’avais un peu aidé. Je taisais le fait qu’à la base c’était une idée de Vadrielle. Je lui ajoutais aussi sur le ton de la rigolade que pour le reste faudrait qu’il se démerde tout seul, j’allais pas lui faire des dessins pour lui montrer comment il fallait faire. C’était un grand garçon. On rigola tout les deux en buvant un autre verre de digestif mortel pour moi. C’est bon je crois que là on pouvait m’ouvrir sans anesthésie je ne sentirais rien.

Des Natus dansaient, d’autres faisaient un concours de chant en mode casserole. La bonne humeur était encore présente partout. Mais je sentais la fatigue arrivé et je luttais contre. Assez tard dans la nuit ou tôt le matin, les gens étaient quasiment tous partis et je me levais pour aller aussi me coucher. Vadrielle ne s’attarda pas pour les au revoir et c’était mieux comme ça. De toute façon le lendemain serait assez difficile comme ça.

J’allais vers mes quartiers pour la nuit. Une chambre simple, de toute façon là tout ce que je voulais c’était un lit pour pioncer. Je quittais l’uniforme Natus que je pliais pour pouvoir le rendre demain. Ouais j’ai beau être un boulet je respecte quelques notions de rigueur militaire. Je restais en sous vêtements et m’écroula comme un souche dans le lit.

J’étais déjà dans les bras de Morphée en tout bien tout honneur - d’ailleurs c’était une femme ou un homme Morphée ? Ouais je me pose des questions existentielle très tôt le matin - quand j’entendis Kalash s’activer dans la chambre. Je sortis l’arme de poing que j’avais caché sous mon oreiller pour me défendre au cas où. Même sur Atlantis je dormais avec une arme sous mon oreiller. Pourtant que ce soit ici ou sur la cité j’étais en relative sécurité mais on ne perdait pas facilement certaines habitudes.

Quand je reconnus la silhouette qui entrait dans la chambre, je rangeais l’arme. J’étais encore dans la brume donc je me demandais bien ce qu’elle me voulait. Je la laissais s’approcher et s’allonger...en même temps que voulez vous que je fasse d’autre ? J’étais paumé, mais je compris très vite qu’elle voulait juste ne pas être seule. Je me rallongeais sur le dos passant un bras autour d’elle. Je ne fis aucune remarque à sa phrase...ouais je sais, je suis un grand parleur. Par contre, je me rendormis très vite

C’était con mais je crois que c’était la première fois que je dormais avec une femme depuis mon engagement dans l’armée. Ouais, en général, en grand gentleman que j’étais, soit je me barrais juste après soit je dégageais la fille. Mais là c’était différent pour moi, déjà nous n’avions pas couchés ensemble et c’était très bien. Là, je devais vraiment dérailler.

Quand j’émergeais le lendemain, j’étais seul dans le lit. La robe était encore là mais plus la personne qui la portait la veille. Je me redressais et sortais de lit. J’entendis les bruits dehors et la journée semblait déjà bien avancée...merde j’avais dormi combien de temps ? Leur alcool m’avait eu. Je remis mes vêtements d’Atlante rapidement ainsi que mes armes et sortis avec Kalash sur mes talons. Allez savoir pourquoi mais je n’étais pas de bonne humeur du tout.

Il n’y avait personne dans les couloirs et je dus sortir pour trouver un Natus qui passait par là.

« Bonjour, pouvez vous me dire à quel moment du jour on est ? »Il me répondit ce que je craignais, c’est qu’il était tard...trop tard. « Pouvez vous m’indiquer où se trouve l’entrée des Tréfonds ? »
« Les Tréfonds ?!? Mais...vous n’êtes pas sérieux Atlante. Grand danger s’y trouve, vous n’y feriez pas deux pas... »
« Ne vous inquiétez pas pour ma sécurité, dites moi juste où c’est. »

Le soldat Natus restait stupéfait par cette volonté de s’approcher d’un tel danger. Tout autour, il y avait des tirailleurs et des duellistes qui briquaient et nettoyaient le casernement, lui rendant peau neuve. C’est comme si la soirée d’hier n’avait pas eu lieu.
L’homme fini par pointer une direction du doigt.

« Après la ligne de confinement du Dévoreur, il y a un accès scellé du réseau des eaux usées...c’est l’entrée la plus proche mais... »

Bon il allait cracher le morceau là ? J’étais déjà assez de mauvais poil comme ça sans qu’on vienne m’emmerder.

« Mais quoi ? »
« C’est scellé...Les Vertueuses sont seules gardiennes des clés qui ouvrent ces accès aux dangers de l’extérieur... »


Décidément ces Vertueuses allaient me les briser jusqu’au bout. En plus d’accepter d’envoyer l’une des leurs en mission suicide elles scellaient l’entrée/sortie ? Super...en voilà des gens sur qui on peut compter que si tout va bien. Bref là j’avais deux choix, soit je volais dans les plumes des onze autres madames je sais tout ou soit je rentrais sur Atlantis. Je ne savais pas pour combien de temps Vadrielle en aurait à décimer une population et surtout si elle allait revenir.

J’allais vers le temple que j’avais eu la chance de visiter hier espérant y trouver Vadrielle et au lieu de lui dire au revoir, lui dire bonne chance. Une fois arrivé là bas pas de signes
d’elle...Je souriais en coin de blasage intense. Elle avait filé à l’anglaise. J’étais encore partagé entre rentrer sur Atlantis ou l’aider, entre mon devoir et ma morale. Seulement si je voulais l’aider je ne pouvais pas y aller si peu équipé. Je n’aimais pas être de la chair à je sais pas quoi, j’aimais bien donner du fil à retordre. Elle était déjà partie donc je devais prendre une décision rapide. Je me mis à genoux face à Kalash.

« Ca te dis une mission suicide comme au bon vieux temps pour aller aider une soeur d’arme ? » Comme seule réponse Kalash aboya une seule fois et me donna la patte, je lui caressais la tête.« Encore une fois à la vie à la mort mon vieux. ».



FIN DU RP le 11/11/17

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